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De vaccins douteux en variants vicieux, l'adieu piteux aux « jours heureux » ?: Tome 2 : Juillet 2020-juillet 2021
De vaccins douteux en variants vicieux, l'adieu piteux aux « jours heureux » ?: Tome 2 : Juillet 2020-juillet 2021
De vaccins douteux en variants vicieux, l'adieu piteux aux « jours heureux » ?: Tome 2 : Juillet 2020-juillet 2021
Livre électronique511 pages8 heures

De vaccins douteux en variants vicieux, l'adieu piteux aux « jours heureux » ?: Tome 2 : Juillet 2020-juillet 2021

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À propos de ce livre électronique

Une suite à la « Chronique égocentrique d’un vieux gugusse épargné par le virus », publiée à l’été 2020, s’imposait-elle ? Pas fatalement… Mais rien n’est plus frustrant pour un « résistant » que de ne pas raconter sa guerre. Surtout s’il croit l’avoir gagnée. Au sortir du 1er confinement je considérais en effet qu’Emmanuel Macron s’était adressé à moi seul quand il s’était félicité « d’une première victoire sur le virus » ! Nous étions alors à la mi-2020 et « la vie d’après » s’annonçait radieuse… Impardonnable naïveté ! Le relâchement redouté par les autorités s’est vite produit malgré les campagnes de prévention. Et ce laxisme contagieux a logiquement incité le Coronavirus à prendre ses quartiers d’été. Avec les funestes conséquences que l’on sait : répétition des confinements, instauration des couvre-feux, saturation des hôpitaux et augmentation vertigineuse des décès !
L’arrivée des vaccins, début 2021, apporta une lueur d’espoir. Mais n’empêcha pas les contagions de flamber alors que nous pensions le virus à son terminus. D’où l’obligation d’ajouter à ma « Chronique » un second tome pour la période juillet 2020-juillet 2021. En me gardant bien de prédire, au vu de la « quatrième vague » amorcée, qu’il serait le dernier…
LangueFrançais
Date de sortie25 août 2021
ISBN9782312083230
De vaccins douteux en variants vicieux, l'adieu piteux aux « jours heureux » ?: Tome 2 : Juillet 2020-juillet 2021

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    De vaccins douteux en variants vicieux, l'adieu piteux aux « jours heureux » ? - Enrico Rhôna

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    De vaccins douteux

    en variants vicieux,

    l’adieu piteux

    aux « jours heureux » ?

    Enrico Rhôna

    De vaccins douteux

    en variants vicieux,

    l’adieu piteux

    aux « jours heureux » ?

    Tome 2 : Juillet 2020-juillet 2021

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    Les droits d’auteur de cet ouvrage seront intégralement versés à l’Institut Pasteur pour la recherche médicale.

    Illustration de la couverture : Iximus de Pixabay (DR)

    © Les Éditions du Net, 2021

    ISBN : 978-2-312-08323-0

    À Jeanine B, terrassée

    par le Covid, et à mes amis

    Anne M, Iñaki A, Jean-Louis S,

    foudroyés dans l’année par le cancer.

    À tous les chercheurs

    qui, en un temps record,

    ont créé les vaccins salvateurs.

     « Ceux qui savent

    ne parlent pas.

    Ceux qui parlent

    ne savent pas. »

    Lao-Tseu

    « Tao Tö King »

    « Ceux qui ne savent rien

    en savent toujours autant

    que ceux qui n’en savent

    pas plus qu’eux… »

    Pierre Dac

    « L’Os à moelle »

    Préface

    LES QUATRE SAISONS D’UNE HYPOTHÉTIQUE RÉSURRECTION, DE CONFINEMENT EN COUVRE-FEU… ET RÉCIPROQUEMENT !

    Une suite à la « Chronique égocentrique d’un vieux gugusse épargné par LE VIRUS » ne s’imposait pas, vraiment pas ! Mais rien n’est plus frustrant pour un résistant de la première heure que de ne pas raconter la fin de sa « guerre ». Qu’il l’ait irrémédiablement perdue ou qu’il croit l’avoir momentanément gagnée…

    En terminant, le 10 juillet 2020, ma « Chronique égocentrique » je pensais sincèrement être débarrassé du virus ! J’avais pondu plus 250 pages entre la fin de l’hiver et le début de l’été, ça suffisait à mon malheur ! Écrire tous les jours quelques poignées de lignes sur un germe inconnu de tous, mais mondialement dévastateur ne constitue pas, sauf à être masochiste, un exercice littéraire particulièrement exaltant et jouissif. Même si durant ce printemps hors du temps, durant cet incroyable confinement, je n’ai à aucun moment été infecté par la répugnante bestiole. Répugnante, mais surtout invisible et insaisissable ce qui ajoute à la difficulté de l’exercice narratif. Mais comme j’avais eu l’outrecuidance de me convaincre qu’il fallait un diariste de mon acabit, c’est-à-dire totalement incompétent sur le plan médical, pour laisser aux lecteurs, aux historiens et épidémiologistes des siècles à venir une trace « primaire » de la pandémie je me suis auto-piégé, prisonnier volontaire d’un devoir de mémoire que rien ni personne n’exigeait à l’exception de mon incurable et secrète mégalomanie !

    Quotidiennement et laborieusement, entre le 5 mars et le 10 juillet 2020 j’avais donc sévi, précédant de 12 jours l’annonce officielle du « grand enfermement » par le Président de la République le 17 mars. Dans le feu de l’inaction totale en ce qui me concerne, j’avais prolongé légèrement ma période d’observation au-delà du 11 mai, date à jamais inoubliable de la fin du maudit confinement. Tout en me réjouissant de cette libération, j’avais alors cru bon d’ajouter à mon journal un « épilogue provisoire » en date du 14 juin à la suite d’une nouvelle déclaration solennelle d’Emmanuel Macron se félicitant « d’une première victoire sur le virus ». Méfiant malgré ces belles et anesthésiantes paroles présidentielles j’ai ensuite attendu la fin de l’état d’urgence sanitaire décrétée le 10 juillet pour baisser la garde, ranger ma plume et me sentir pleinement soulagé ! La vacance du pouvoir de nuire du Coronavirus était attestée, il n’y avait aucune raison valable pour que les Français ne partent pas eux aussi en vacances. Dont acte… et grave erreur !

    Oui énorme et tragique erreur, car le relâchement post-confinement tant redouté par les autorités politiques et médicales ne s’est pas fait attendre malgré toutes les campagnes publicitaires nous incitant à la prudence, au respect des gestes barrières, à l’évitement des grands rassemblements, au port du masque, au lavage des menottes, au refus des embrassades et autres attouchements suspects. Tristes consignes, mais il en allait de notre responsabilité.

    Le pari était osé ! Sans vouloir s’autoflageller, on s’aperçut rapidement que nous n’étions pas très motivés pour le gagner ! À notre corps défendant et en toute impunité, le Coronavirus avait bel et bien pris, en notre compagnie, ses quartiers d’été… Et comptait bougrement en profiter. D’où cette suite anecdotique, non pas au jour le jour comme précédemment, mais à la « petite semaine », que je m’autorise. D’aucuns trouveront superfétatoire cet interminable récit intime d’une pandémie qui nous conchie et qui de nos comportements se rit ! Ils auront raison. Qu’ils me pardonnent, passent leur chemin, et me laissent à mes radotages de vieux gugusse…

    1. L’été de tous les déboussolés

    Avant de reprendre le fil chronologique de la triste saga du Coronavirus aux premiers jours de l’automne il convient se remettre en tête les hauts faits de l’été si l’on veut comprendre pourquoi nos espérances d’en terminer avec le virus se sont envolées avec les feuilles mortes. L’éphéméride de ce doux répit n’a pas la prétention d’être exhaustif, le cheminement qu’il propose n’a qu’une seule utilité : attester que nous avons repris goût avec modération à notre petite vie. Fin juin nous avons accompli notre devoir électoral pour le second tour des élections municipales, quasiment trois mois après le 1er tour ! Jamais scrutin n’avait été aussi étalé et les abstentionnistes aussi nombreux. Fallait s’y attendre !

    Tout comme il fallait s’attendre à ce que le Covid-19 nous oblige à rendre le masque aussi obligatoire dans les lieux clos que le maillot de bain sur les plages non naturistes. Alors que la mesure était prévue pour le 1er août, le Premier ministre demande son application pour le lundi 20 juillet. Il n’a pas osé l’imposer pour le samedi 18, jour de la Saint-Frédéric donc le dicton aurait pu susciter l’hilarité : « À la Saint Frédéric, tout est vert, tout est nids, plantes, bêtes et gens sourient. » Plaisanterie mise à part, cette nouvelle précaution s’explique par le taux de reproduction du virus qui est repassé au-dessus de 1 au niveau national, avec des scores inquiétants en Bretagne (2,62) ou encore en Provence-Alpes-Côte d’Azur (1,55). Comme par hasard des hauts lieux de fréquentation touristique. Chez nous, en Occitanie, les touristes doivent être plus sains ou plus respectueux des règles puisque le taux de reproduction n’est que de 1. Ni plus ni moins.

    Malgré ce score acceptable pour la région où on ne compte que 55 personnes hospitalisées dont 11 en réanimation de nombreux maires, à la suite de celui du Grau-du-Roi, exigent le port du masque en ville. Ce n’est pas encore le cas à Montpellier, mais ça ne saurait tarder. Là où en revanche on semble s’en foutre effrontément c’est en Lozère. À la surprise générale, 10 000 jeunes ont déboulé le samedi 8 août sur un terrain agricole pour y organiser une rave-party géante ! Les gendarmes mobilisés singent drolatiquement ceux qui étaient sous les ordres de Louis de Funès pour traquer les culs-nus dans le golfe de Saint-Tropez, mais à la Préfecture de Mende ce remake n’amuse personne ! Sans être particulièrement informé de ce happening en Lozère le professeur Delfraissy, Président du Conseil scientifique ne tergiverse plus dans Le Journal du Dimanche daté du 9 : « Le port du masque à l’extérieur va s’imposer ». Selon le sondage publié dans les mêmes pages, 64 % seraient d’accord et 36 % encore opposés à l’obligation. La proportion à Montpellier doit être la même, mais le nouveau maire socialiste Michaël Delafosse décide d’appliquer la mesure de protection sur une grande partie de la ville. Ce qui comble d’aise Jean Castex lors de sa visite le lendemain au CHU de la ville qui fête discrètement les 800 ans de sa faculté de médecine. L’anniversaire ne pouvait pas tomber plus mal ! Et comme le deux poids-deux mesures serait mal vu Saint-Roch, le patron de ville, se voit privé de sa traditionnelle procession à travers les rues de la cité le 16 août ! Pas de dérogation pour le « guérisseur de la peste », la loi est dure, mais c’est la loi !

    Le sport n’est pas plus à la fête. En ouverture de la saison rugbystique, mon petit groupe de supporters est certes invité à assister à la rencontre Montpellier – Aurillac, mais ce sera en comité restreint. Une seule tribune a été ouverte aux abonnés du club sagement répartis et dûment masqués. Sur pelouse les joueurs doivent nous trouver étrangement silencieux et atones. Le mois d’août s’étire ainsi entre parodie de match et balade à vélo sur le bord de mer en évitant de télescoper des promeneurs en claquettes, mais bouche cousue. À Marseille les footeux sont moins précautionneux et se font un plaisir de se s’attrouper sur le Vieux Port pour célébrer la défaite du Paris Saint-Germain – l’ennemi juré de l’OM – en finale de la Champions League contre le Bayer de Munich (1-0). Le chauvinisme se moque du coronavirus et réciproquement. Ça va lui en faire des clients au professeur Raoult !

    D’une absurdité l’autre. Une décision officielle fait le « buzz » : l’État ne paiera pas les masques aux élèves. Comparaison vaseuse pour justifier cette pingrerie d’un conseiller de l’Élysée : « on ne fournit pas des préservatifs aux lycéens. » Réplique cinglante du leader du PS Olivier Faure : « Les préservatifs ne sont pas obligatoires à l’école. » Le débat politique gagne en gravité. À moins que ce ne soit en crudité ?

    Le mois se termine plus intelligemment et plus joyeusement pour moi avec le mariage de mes amis Nathou et Iñaki le 28 août. Par souci de respecter les mesures sanitaires une vaste terrasse nous attend, mais un orage tonitruant ramène vite la noce à l’intérieur. Mariage pluvieux, mariage heureux… Ce changement de pieds ne nous empêche pas de danser et de chanter, mais l’exercice n’est pas simple à négocier. Sublime soirée malgré ces contrariétés. Et aucun des participants, apprendra-t-on plus tard, n’a été contaminé. Champagne !

    La liesse de notre petit cercle ne sera qu’éphémère, car partout ailleurs l’inquiétude gagne du terrain. Marseille apprend à survivre avec les bars et les restaurants qui doivent fermer à 23 heures. À Paris, le port du masque devient obligatoire ainsi que dans les trois départements de sa proche banlieue, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne. Pour les contrevenants, l’amende sera de 135 euros ! Dans ma région Occitanie, le Gard, l’Hérault et la Haute-Garonne passent en zone rouge. Le taux d’incidence qui était de 19 cas pour 100 000 habitants au 25 août est passé subitement dans ces trois départements à 46, 86 et 47. Mauvais signe. Dans le droit fil de cette aggravation de la situation sanitaire Le Monde du 28 août en rajoute sur toute la largeur de sa première page « L’exécutif face au risque de chômage massif ». Coup d’œil sur les sous-titres : « Près de 600 000 emplois ont été détruits au premier semestre, plus de 50 000 cet été et le mouvement ne devrait pas ralentir à l’automne » ; « La France pourrait compter 1 million de chômeurs supplémentaires début 2021. Les jeunes et les moins qualifiés sont les plus exposés ». Je ne suis pas personnellement concerné, mais la perspective me fait craindre le pire. Les gens sont trop à cran et l’explosion sociale peut intervenir à tout moment. Les manifestations si elles se produisent seront d’une autre ampleur que celles organisées jusqu’ici dans quelques villes ainsi qu’en Allemagne ou au Royaume-Uni par les « anti-masques ». Je lis les « bonnes raisons » de ces rebelles et suis effaré : « Je suis en colère contre les mesures liberticides qui n’ont aucune justification médicale. » dit l’une. « Stop au mensonge et à la corruption ! » indique la pancarte d’un autre. Pendant que ces guignols défilent la rage aux dents, la France enregistre le 29 août 5453 nouveaux cas de contamination en 24 heures…

    Au terme de ce mois un peu fou, qu’attendre de septembre ? Un vaccin enfin ? Le ministre de la Santé continue d’en parler et nous le promet pour le printemps prochain. C’est loin le printemps camarade ! Béni soit le Tour de France, reporté puis finalement lancé, qui nous aide à tuer le temps. Mais voilà-t-il pas que son directeur abandonne, en cours de route, déclaré lui aussi « positif ». Rien ne tourne plus rond ! Le Premier ministre qui a suivi dans sa voiture l’étape du 5 septembre se retrouve logiquement « cas contact » et se met à l’isolement bien qu’ayant été testé « négatif ». Les journalistes politiques sont aux abois, le virus s’est infiltré dans les Palais ! Les séminaires du gouvernement et les Conseils des ministres vont devoir se tenir en visioconférence. Nous voilà repartis pour quelques séances de cinéma très officielles ! Et pour images inédites, captées ici et là, pour nous garder concentrés. À Clermont-Ferrand on voit Emmanuel Macron s’étouffer en plein discours et être obligé de changer de masque ! Dans la foulée notre star du ballon rond Kylian Mbappé ne participe pas à la victoire de la France sur la Croatie (4-2), car il a été détecté « positif ». Mauvais tacle ! Par prudence, après le mariage, j’avais pris rendez-vous dans un laboratoire de la Grande-Motte pour un test PCR. Ce 8 septembre, cela fait dix jours que les amis ont convolé. Si j’ai attrapé le virus, ça doit se voir. J’ai du mal à résister aux chatouilles nasales provoquées par l’écouvillon, mais je parviens à retenir un éternuement gigantesque qui aurait pu contaminer toutes les pyramides de la station balnéaire. Pour me détendre, je me dis que ce curetage du nez est nettement moins pénible à vivre que la palpation de la prostate subie en début d’année, bien avant le confinement. La comparaison est triviale, mais efficace. Une paire de jours après, j’apprends par mail que je suis « négatif ». Mariage pluvieux, mariage pas contagieux !

    J’arrose ce résultat en famille sur le port de Carnon. Repas en terrasse à La Plancha avec de part et d’autre des lampadaires sur lesquels sont accrochées les affiches rappelant les mesures à observer. Ces avis municipaux ne mettent pas en appétit, mais personne ne pourra dire que nous n’étions pas avertis. Une actualisation de ces avertissements pourrait peut-être renforcer leur puissance de conviction : ajouter chaque fin de semaine un chiffre « parlant ». Pour cette semaine ce serait : le Covid-19 a déjà tué 900 000 personnes dans le monde. Insoutenable argument ? Bien sûr et pourtant… Le professeur Delfraissy, toujours à la tête de son Conseil scientifique, ne vient-il pas d’annoncer de « nouvelles mesures de rétorsion » pour les jours à venir ?

    Chaque jour qui passe apporte des informations qui vont dans ce sens d’un nouveau tour de vis. Dans l’Aveyron, mon département d’origine l’Ehpad de Séverac-le-Château vient de révéler, en ce début septembre, que 38 de ses résidents et 11 de ses salariés viennent d’être contaminés. Nous sommes fragiles, de plus en plus fragiles. Le Monde qui s’est « amusé » dans son numéro du 2 septembre à dresser un tableau de la vulnérabilité des espèces face au risque du Sars-Cov-2 met l’humain en tête de liste devant le chimpanzé, le gorille des plaines, le bonobo, etc. Les animaux qui ont le moins de souci à se faire sont les lions de mer, les souris, les corbeaux et en queue de peloton les alligators. Ces derniers ont plus à craindre des braconniers. C’est-à-dire des humains. Serions-nous incorrigibles et « punis » pour ce mauvais traitement infligé à nos colocataires de la planète ?

    Malgré les recommandations du Conseil scientifique qui tire le signal d’alarme et demande aux autorités de « prendre un certain nombre de mesures difficiles », le gouvernement se défausse et semble se résoudre à vivre avec le virus. Les éventuelles réactions hostiles de la population face à de nouvelles restrictions des libertés paralysent Emmanuel Macron qui renvoie aux Préfets la responsabilité de décisions locales contraignantes. Entre malin et coquin, j’hésite. Et ne vois donc aucune raison d’annuler ma participation au forum des associations qui se tient à Pézenas en ce 11 septembre. Le stand de « SOS Méditerranée » que nous animons est placé face à une imposante statue de Marianne qui brandit un court message en fer forgé : « Droits de l’Homme ». Je prends une photo en souvenir et m’en retourne en imaginant ce qu’aurait écrit sur notre époque le grand Molière lui qui a longtemps foulé les pavés de la cité piscénoise. Tragédie ou comédie ? Un mélange de deux assurément. Le lendemain, au Gazette Café de Montpellier c’est le club de poètes « Les voix de l’extrême » qui organise un après-midi de récitation au profit de notre association. L’auditoire est fourni, masqué et… généreux. Ses dons permettront de renflouer les caisses de L’Océan Viking quand il reprendra la mer pour aller sauver du naufrage les migrants qui fuient leurs pays où « les droits de l’homme » ne sont pas statufiés. Le Covid n’empêche donc pas les élans de solidarité même s’il continue à décimer les rangs. 10 561 nouveaux cas ont été recensés ce 12 septembre et selon l’agence Santé Publique France ce chiffre est sans précédent depuis le début de la pandémie.

    En repartant du Gazette Café je passe par le rond-point de la route de Palavas sur lequel les « Gilets Jaunes » effectuent leur retour. Ils montent une tente et se préparent à passer la nuit. Les klaxons des sympathisants accompagnent leur installation. Leurs gilets semblent neufs ou lavés de la veille. Ils ont fait le break cet été, mais semblent parés pour repartir au combat, virus ou pas. Louable opiniâtreté. Il leur en faudra à en croire l’ex-Premier ministre Édouard Philippe qui sort de son silence le 16 septembre à l’occasion d’un meeting dans le cadre des élections sénatoriales. Avec son flegme ahurissant, il promet « une tempête économique, sanitaire, sociale et peut-être politique… » Je prends bonne note en me disant qu’il doit avoir des dossiers en « béton » pour prédire ainsi la prochaine apocalypse.

    Le lendemain le ministre de la Santé Olivier Véran reprend presque la balle au bond pour annoncer qu’après Bordeaux, Marseille et la Guadeloupe de nouvelles zones sont dans le viseur et vont devoir renforcer le dispositif de protection : Lyon, Nice, Lille, Toulouse, Rennes, Dijon et Paris. Le couperet est tombé à côté de Montpellier, Nîmes, Béziers et Perpignan, mais pour combien de temps ? Pas pour l’éternité si on interprète comme un indice pessimiste la réactivation du « plan blanc » du CHU de Montpellier le vendredi 18 septembre. « Avec 39 patients hospitalisés, dont 12 en réanimation la situation se tend », confie à Midi Libre le directeur général François Bérard. Et le représentant à la commission médicale d’établissement François Taourel de surenchérir : « La vague est lente, mais on ne peut pas vivre normalement. Les experts disent que ce sera très difficile en octobre et novembre, mais les experts se sont beaucoup trompés… » Ce raccrochage aux branches me laisse perplexe, car en dessous de sa déclaration mi-fatigue, mi-raison le journal présente le tableau qui classe les pays selon la qualité de la gestion de la pandémie. Sans m’attarder sur les critères je constate que l’Allemagne pointe première et totalise 762 bons points. Elle devance la Nouvelle-Zélande et la Corée du Sud. La France figure elle dans la troisième colonne avec un piètre score de 542 points ce qui la relègue à la 54e place sur 250. Commentaire de Midi Libre : « Le pays reçoit une très mauvaise note sur le critère de la détection et de la surveillance, soit les tests et le traçage, et ne s’illustre pas non plus sur la question de la préparation aux soins ».

    Le jour suivant j’achète Le Journal du Dimanche escomptant trouver une enquête qui creuse le sujet et explique nos mauvaises notes, mais l’homme qui occupe toute la « une » est le professeur Bruno Dubois, neurologue et chef de service à la Pitié-Salpêtrière. Le gros titre qui justifie cette mise en avant m’ébahit : Alzheimer : les recherches qui donnent de l’espoir. La rédaction de cet excellent journal ne serait-elle pas victime de troubles spatio-temporels qui provoqueraient ce léger décalage avec la priorité sanitaire du moment ? À moins que le rédacteur-en-chef ait choisi délibérément ce « hors sujet » pour nous changer les idées. Comment le lui reprocher après cet été qui nous a tous tourneboulés et déboussolés ?

    2. L’automne des mauvais symptômes

    SEMAINE DU 21 SEPTEMBRE 2020

    LE SPECTRE VIREVOLTANT DU « RECONFINEMENT »

    Je résume : le virus nous a volé le printemps, nous a gâché l’été, que va-t-il nous réserver pour l’automne et la morte-saison qui suivra ? Les soupirs craintifs que m’inspirent mes revues de presse, la contemplation affligée des chaînes d’information et l’exaspération générée par les réseaux sociaux n’augurent rien de folichon. Les allusions à une possible, éventuelle, probable « deuxième vague », d’abord insidieuses, prennent jour après jour de la consistance dans les propos des responsables politiques et médicaux. Si bien que le refrain « bronzez braves gens, mais restez vigilants » a fini par virer à la rengaine et m’a assombri l’esprit. Pour ne rien perdre de cette nouvelle prise de tête, qui marquera l’histoire des psychoses séniles, je me suis donc résolu à retourner à mes cahiers. Le lundi 21 septembre, veille de l’automne m’a semblé le jour idéal pour effectuer cette rentrée sanitaire. Mais avant de reprendre ma chronique subjective sur l’évolution de la pandémie je me dois de répondre à deux interrogations : l’une quantitative, l’autre académique.

    Depuis que je n’ai plus les yeux quotidiennement rivés sur les statistiques de « Santé Publique France », c’est-à-dire depuis le 10 juillet, où en est-on exactement ? Je concède que j’ai perdu le fil. J’avais laissé la douce France avec 105 750 cas de Covid-19 ayant été hospitalisés, on en dénombre en cette fin septembre 124 377. Soit une progression de 14,9 % en moins de 80 jours ! En ce qui concerne les décès nous sommes passés de 30 120 à 31 893, soit une augmentation plus faible de 5,55 %. Ce qui pousse à conclure que le Coronavirus, pour virulent qu’il demeure dans le pays affiche un taux de mortalité sur le recul. Analyse rassurante, mais sommaire s’il en est… Les statistiques pour la planète n’ont en revanche rien de comparable. Début juillet j’avais laissé le monde pleurer ses 554 721 morts et voilà que tous les experts nous expliquent que le cap tragique du million de décès va être franchi d’ici la fin septembre.

    C’est avec cette dernière et effroyable statistique en tête que je me penche sur ma seconde interrogation qui pour futile qu’elle soit en comparaison de l’horrible bilan mérite à mes yeux d’être éclaircie. Doit-on dire et écrire « le » Covid-19 ou « la » Covid-19 ? Depuis le début de la pandémie, j’ai, comme la plupart d’entre nous, « masculinisé » le virus. Un monstre pareil ne peut appartenir qu’au genre macho ! Impardonnable faute. Au détour d’une émission sur l’Académie Française j’apprends que la vénérable institution s’est penchée que le sexe du virus et que les « Immortels » ont décrété qu’il convenait de se montrer courtois et dire « la Covid-19 ». Non pas par respect de la parité en ces temps d’offensive féministe justifiée, mais au nom de l’usage syntaxique et des principes grammaticaux intangibles. Je ne résiste pas au plaisir de rapporter la synthèse de leurs travaux de sexologues du langage transmise le 7 mai 2020 :

    « Covid est l’acronyme de corona virus disease, et les sigles et acronymes ont le genre du nom qui constitue le noyau du syntagme dont ils sont une abréviation. On dit ainsi la SNCF (Société nationale des chemins de fer français) parce que le noyau de ce groupe, société, est un nom féminin, mais le CIO (Comité international olympique), parce que le noyau, comité, est un nom masculin. Quand ce syntagme est composé de mots étrangers, le même principe s’applique. On distingue ainsi le FBI, Fédéral Bureau of Investigation, « Bureau fédéral d’enquête », de la CIA, Central Intelligence Agency, « Agence centrale de renseignement », puisque dans un cas on traduit le mot noyau par un nom masculin, bureau, et dans l’autre, par un nom féminin, agence. Corona virus disease – notons que l’on aurait pu préférer au nom anglais disease le nom latin morbus, de même sens et plus universel – signifie maladie provoquée par le corona virus (virus en forme de couronne). On devrait donc dire la Covid 19, puisque le noyau est un équivalent du nom français féminin maladie. Pourquoi alors l’emploi si fréquent du masculin le Covid 19 ? Parce que, avant que cet acronyme ne se répande, on a surtout parlé du Corona virus, groupe qui doit son genre, en raison des principes exposés plus haut, au nom masculin virus. Ensuite, par métonymie, on a donné à la maladie le genre de l’agent pathogène qui la provoque. Il n’en reste pas moins que l’emploi du féminin serait préférable et qu’il n’est peut-être pas trop tard pour redonner à cet acronyme le genre qui devrait être le sien. »

    C’est donc en étant convaincu que la Covid-19 est bien une sorcière maléfique ayant sur la conscience presque un million de victimes que je repars sur ses traces en ce lundi 21 septembre. Avec prudence, faisant mienne cette réflexion de l’écrivaine Leila Slimani sur le plateau de « C politique » : « Aujourd’hui on vit dans une société qui laisse peu de place à la nuance. Dans une société qui survalorise la radicalité. Or je trouve ça facile d’être radical. Il est beaucoup plus facile de s’indigner que de penser. » Salutaire avertissement. Il convient de prendre désormais chaque information avec doigté, sans en rajouter. Pas évident quand je lis que l’Italie, pays qui a ouvert la porte au virus, impose des tests aux voyageurs de plusieurs régions françaises dont la mienne, l’Occitanie ! Ils poussent un peu les Ritals, non ? Nous faire ça à nous ? Enfin on s’exécutera, pas moyen de faire autrement. Heureusement que dans le même temps on nous annonce que les tests salivaires ont reçu un avis favorable de la Haute Autorité de Santé (la HAS). Ces tests sont plus faciles, plus rapides à réaliser et moins désagréables que le prélèvement actuel de référence, le test PCR pratiqué avec un écouvillon dans le pif. Le même que j’ai déjà subi. En 48 heures on devrait avoir le résultat, ce qui constitue un sacré progrès et évite l’attente anxiogène pendant une semaine.

    Voilà pour la bonne nouvelle du moment. Vite effacée par le titre qui barre la Une de Midi Libre le jeudi 24 : « Montpellier en alerte Covid-19 renforcée. Le CHU proche de la saturation ». Un commentaire aussi spontané qu’élaboré m’échappe : « Merde, ça recommence ! » Ce qui justifie cette annonce alarmiste du quotidien est lié aux déclarations de la veille du ministre de la Santé Olivier Véran qui a ressorti sa carte de France désormais découpée entre départements placés en simple alerte, en alerte renforcée et en alerte maximale. La preuve par trois que le Coronavirus reprend de la vigueur. Neuf départements de mon Occitanie sont donc placés en alerte (Aude, Aveyron, Gard, Haute-Garonne, Hérault, Gers, Pyrénées-Orientales, Tarn, Tarn-et-Garonne) les métropoles de Toulouse et Montpellier en alerte renforcée. Ce qui signifie qu’à partir de la fin de la semaine ou au plus tard le lundi les bars devront clôturer à 22 h, les restaurants à minuit, que les salles de sport et les gymnases seront fermés, que la jauge des grands rassemblements sera ramenée à 1000 personnes et que les évènements comme les fêtes locales ou les fêtes étudiantes seront interdits ! Enfin pour corser le tout, les visites dans les Ehpad ne seront possibles que sur rendez-vous et le télétravail devra être encouragé autant que possible. Bref, ce n’est pas le retour du confinement stricto sensu, mais on s’en approche. Covid soit qui mal y pense…

    Puisqu’il faut se forcer à la nuance, nous qui sommes sur la rive droite du Rhône nous ne devons pas nous plaindre. Surtout si l’on compare le traitement réservé aux restaurateurs et bistrotiers de Marseille et d’Aix-en-Provence qui ont reçu l’ordre de tirer le rideau dès le week-end pour quinze jours ! Ordre qui, il fallait s’y attendre, suscite la colère de la nouvelle maire de Marseille qui dénonce des mesures sectaires : « Rien dans la situation sanitaire ne justifie cette annonce. Je n’accepte pas que les Marseillais soient victimes de décisions politiques que personne ne peut comprendre. » Une rébellion qui n’impressionne pas plus que ça le ministre de la Santé : « Si la situation sanitaire devait encore s’aggraver dans ces territoires, l’état d’urgence sanitaire sera instauré ! ». À bon rouspéteur, salut !

    Il faut avouer que vu de loin la situation marseillaise s’apparente à une sacrée bouillabaisse. D’un côté, pour ne pas le citer, l’extraordinaire professeur Raoult nous a asséné en juin-juillet que le pire ennemi du Covid-19 restait la grosse chaleur et que son cocktail à l’hydroxychloroquine était encore plus performant pour les guérisons que l’eau bénite de Lourdes. Bilan à la fin de l’été : les Provençaux affichent un taux d’occupation des lits de réanimation par les malades du Covid supérieur à 30 % contre 19 % au niveau national ! À noter, même s’ils sont éloignés, que les Guadeloupéens partagent avec les Marseillais et les Aixois ce pourcentage inquiétant. Vu l’aggravation de la situation, on reparlera sûrement très longtemps des prévisions météorologiques de l’infectiologue chevelu sur le ton de la galéjade. Même s’il persiste et signe en tweetant allègrement le 25 septembre que « les données de Santé Publique France (consolidées) ne sont pas en mesure de justifier la moindre panique concernant la circulation du virus à Marseille ». Et ce ne sont pas les craintes de ses collègues qui redoutent une saturation des services d’urgence qui vont le perturber. « Pour l’instant on arrive encore à jongler, déclare dans Le Journal du Dimanche le colonel Pierre Yves, chef de l’équipe de réanimation de l’hôpital d’instruction des Armées Laveran de Marseille, mais on est proches de nos capacités maximales. » Du même, plus loin dans le reportage : « Je comprends que les mesures annoncées soient vécues comme des contraintes, mais il faut mettre ces contraintes face à la réalité qui est très préoccupante… » Et d’ajouter pour simple rappel : « Les soignants et les paramédicaux ont à peine pu se reposer cet été. » Nous avions presque oublié…

    Si chez nous, en Languedoc-Roussillon et plus largement en Occitanie, les protestations contre les nouvelles restrictions sont moins « pagnolesques » que chez les cousins de l’est du Rhône le malaise qu’éprouve le personnel hospitalier est identique. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter Xavier Capdevila, chef du service de réanimation du CHU de Montpellier interviewé dans Midi Libre : « Dans les équipes il y a un absentéisme important. 25 % supplémentaire par rapport à septembre 2019. La première vague est passée par là. Il y a la fatigue, la prime, beaucoup de choses. Ça a laissé des séquelles. Plus le maintien de l’activité à assurer au quotidien ! Tout ça se prolonge, on a l’impression qu’on n’en sort pas. Certains sont moins prêts à se lancer à nouveau dans la bagarre. C’est plus compliqué, mais les équipes répondront présent. » On respire. Enfin plutôt timidement en écoutant sa réponse concernant l’avenir : « Il y a tellement de projections ! Les plus sérieuses voient la mi-octobre comme la période la plus compliquée. Je pense qu’on peut les croire. Est-ce que ça va durer ? Il faut s’y attendre. Le virus ne va pas décider de prendre des vacances en novembre ou de partir avec le père Noël. » Il a de l’humour le professeur, mais on aurait préféré qu’il imite Juliette Gréco, disparue la veille, qui nous enchantait en susurrant « si tu t’imagines que ça va durer, que ça va durer… » Interdiction de rêver, on a en pour un bout de temps !

    Et encore s’il n’y avait « que » ça ! Mais voilà qu’en plein procès des attentats de janvier 2015 un « islamiste radical » attaque à l’arme blanche un groupe de personnes devant les anciens locaux de Charlie Hebdo. Bilan de ce nouvel attentat : deux personnes gravement blessées et la peur qui renaît. Dans les journaux télévisés, l’épidémie interminable et la sauvagerie intermittente se partagent le sommaire. Déprimant ! Petite « pause » le week-end avec les images de la neige précoce qui est tombée sur les Pyrénées, la Corse, mais aussi le Gard et la Lozère. Ce froid polaire qui vient d’Islande nous congèle avant l’heure, mais ne va pas refroidir les ardeurs du Coronavirus uniquement allergique aux fortes températures selon Didier Raoult. Il a dû balancer de colère son thermomètre et sa grenouille par la fenêtre de son Institut le cher professeur !

    Cette semaine de remobilisation, compte tenu de la nouvelle offensive du Covid 19, s’achève pour moi avec la lecture dominicale du Journal du Dimanche qui titre opportunément sur sa première page « Épidémie le vrai niveau de l’alerte ». La photo qui sert de support à cette accroche montre une infirmière ou une laborantine en blouse et charlotte bleue, masque blanc sur le nez et la bouche, dont le regard concentré laisse supposer une tension palpable. Les deux pages qui suivent me remettent dans le match alors que je m’étais un peu relâché contre cet increvable adversaire qu’est le virus. L’article principal intitulé « La rechute » résume de façon lapidaire la conviction des médecins qui se trouvent confrontés à une convergence de tous les indicateurs : les courbes des hospitalisations, des réanimations et des décès sont toutes à la hausse dans le pays. Ce qui explique, selon le journal, le coup de gueule de Macron lors du dernier Conseil de défense sanitaire. Son crédo : « Il faut tout faire pour éviter le reconfinement total ! »

    Il a plutôt intérêt le Président à en croire les enseignements du sondage qui complète le dossier. Les Français ne sont plus que 36 % à faire confiance au gouvernement pour faire face efficacement au coronavirus alors qu’ils étaient 55 % au début mars. 19 points de chute, ça fait mal à la popularité ! L’analyse de Frédéric Dabi, Directeur Adjoint de l’IFOP, pour expliquer cette dégringolade s’entend : « C’est sans doute le hiatus entre une inquiétude forte, mais stable et la sévérité des mesures annoncées cette semaine qui expliquent la virulence des réactions. » Argument recevable sauf que dans un second diagramme qui mesure ce que les Français sont prêts à faire pour freiner la propagation de l’épidémie on constate que 92 % sont d’accord pour respecter scrupuleusement les gestes barrières et la distanciation physique ; que 83 % acceptent de diminuer le nombre des sorties et des loisirs ; que 80 % consentent à limiter leurs déplacements ; que 78 % admettent de voir moins souvent leurs amis ; 75 % se résignent à respecter une décision gouvernementale de reconfinement pour au moins 15 jours et que 61 %se verraient bien corver complètement en télétravail.

    S’ils se déclarent aussi coopératifs, les petits Français, le blâme qu’ils infligent au gouvernement se justifie comment ? La réponse réside sûrement dans le gros intertitre en rouge de l’article qui jouxte les graphiques « Les changements de stratégie face au virus donnent le sentiment d’un zigzag permanent. » Et ça le sondé, qu’il soit contaminé, ou pas, il n’aime pas ! Il veut bien galérer dans la tempête, mais avec un capitaine qui tient fermement le gouvernail. Pas simple à entendre selon les ministres anonymes cités en conclusion de l’article : Les messages sont très difficiles à faire passer… Dans l’opinion, on est passé de l’inconscience à la panique. C’est compliqué de trouver le bon positionnement entre « c’est sérieux » et « on ne veut pas faire flipper tout le monde ». Hésitation coupable partagée par un collègue du gouvernement : « On passe un peu de Charybde en Scylla, mais on n’a pas d’autre choix. » La référence mythologique est troublante pour les lecteurs d’Homère qui doivent se souvenir qu’Ulysse dans sa lutte pour passer entre les deux monstres a perdu quelques compagnons de voyage…

    SEMAINE DU 28 SEPTEMBRE 2020

    LE CAP DU MILLION DE MORTS FRANCHI !

    À défaut de succomber au relâchement physique en négligeant les gestes barrières je reconnais que je ne suis plus aussi rigoureux sur le terrain de l’information que j’ai pu l’être au début de l’affaire. Je picore ici et là, dans la presse, sur les réseaux sociaux, à la télé ou à la radio, mais je ne traque plus comme un forcené « la » révélation ou le scoop sur le virus. Trop de choses sont dites, écrites ou commentées chaque jour pour que le filtre de mon modeste cerveau ne soit pas saturé. Je veux croire qu’il existe quelque part, dans un coin reculé de la planète ou dans le « cloud », des serveurs hyperpuissants chargés de collecter les millions et les milliards de propos que génère la pandémie et qu’un beau jour des sémiologues feront le tri dans ce fouillis, mais moi j’ai depuis des mois renoncé à l’exhaustivité. Je lis, j’écoute, je vois et je fais ma sauce maison. Forcément je dois me priver de biens des ingrédients, mais qu’importe !

    Ce lundi, malgré mes négligences, j’ai quand même savouré la tribune publiée dans Le Monde par deux Prix Nobel Abhijit Barnerjee et Esther Duflot, distingués en 2019 pour leurs travaux sur la lutte contre la pauvreté. Pour endiguer la progression de l’épidémie la brillante Française et son collègue n’y vont pas avec le dos de la cuillère, c’est du sévère qu’ils proposent ! « Il y a pourtant une solution possible, écrivent-ils, décréter un confinement dans tout le territoire pour la période de l’Avent, disons du 1er au 20 décembre, en demandant aux familles de rester chez elles et de ne pas anticiper les vacances en se précipitant chez les grands-parents. Le coût éducatif serait très faible : les deux dernières semaines de cours avant les vacances pourraient se faire en ligne ; il serait peut-être même envisageable de réduire la durée des vacances de Toussaint d’une semaine et d’augmenter celles de Noël d’une semaine. Le coût pour l’économie serait important, mais moins que d’avoir à annuler Noël, ou qu’un reconfinement dans des circonstances bien pires quinze jours plus tard. Les achats de Noël pourraient être encouragés pendant le mois de novembre (en autorisant les ouvertures tardives, les soldes, etc.), et les magasins pourraient rester ouverts pour les commandes pendant le confinement. D’ici au 21 décembre, il serait possible d’organiser une grande campagne de tests gratuits que les gens pourraient faire au moindre doute à leur sortie de confinement, avant de se rendre dans leurs familles. C’est une solution qui a le mérite de prendre, pour une fois, de l’avance sur le virus, d’être claire, uniforme et transparente. Elle pourrait, de plus, être perçue comme le prix à payer pour une récompense immédiate, un effort collectif pour sauver Noël… »

    J’en reste ébloui, sans un éclat d’ironie ! Que des Prix Nobel sortent de leur laboratoire du célèbre MIT (le Massachusetts Institute of Technology) pour se préoccuper de la bonne préparation et du bon déroulement de la fête la plus universelle qui soit me fait conclure que le Coronavirus a des ressources insoupçonnées. Sur le « remède » proposé je reste plus dubitatif et je ne dois pas être le seul à en juger pas le silence poli qui accompagne cette tribune un rien iconoclaste. Mais je me retiens de me moquer, car si les 24 et le 25 décembre nous sommes privés de messe de minuit, de réveillon et de cadeaux nous regretterons probablement de ne pas avoir prêté une plus grande attention à « l’ordonnance économicovirale » des deux cerveaux surdimensionnés.

    La réaction du ministre de la Santé à ce projet se veut d’ailleurs modérée. Il ne dit pas « non jamais ! », mais joue la montre : « Je ne me projette pas dans deux mois pour faire des plans sur la comète. Je me projette au jour le jour avec mes batteries de chiffres, les retours du terrain, afin de proposer aux Français le chemin le plus sûr pour éviter le confinement et qu’ils puissent passer des fêtes de famille dans de bonnes conditions. » Intention louable, mais après avoir déploré les fêtes estivales, les raves parties et autres danses du scalp des fans de foot sur le Vieux-Port de Marseille voilà que les autorités s’emploient à nous convaincre qu’il faut faire gaffe et bien se protéger pour sauver les fêtes de fin d’année. Il y aurait donc « teuf » et « teuf » à les entendre, les unes peu recommandables et les autres souhaitables. Simple question de calendrier, de précautions et de contexte pour maintenir le moral des troupes ? Je veux bien le croire, mais en stéréo du discours d’Olivier Véran nous arrivent aux oreilles des propos plus alarmants. Dans les hôpitaux et les cabinets médicaux, ça renâcle fort. Deux prises de position illustrent ce scepticisme. La première est signée sur BFM par le professeur Bruno Magarbane chef de service de réanimation à l’hôpital Lariboisière à Paris pour qui le confinement nous guette ! « C’est une hypothèse qui est sur la table. Il ne faut pas se voiler la face, si jamais l’hôpital public était noyé à nouveau et ne pouvait plus prendre en charge de façon correcte la totalité des patients Covid et des patients non-Covid j’ai bien peur que ça puisse être une hypothèse envisagée… Malheureusement l’épidémie progresse, c’est une épidémie similaire au premier pic… »

    Le second pare-feu est dressé par l’Ordre des Médecins qui, le week-end écoulé, a déclaré craindre par la voix de son président Patrick Bouet « une épidémie généralisée » si des mesures fortes ne sont pas prises. Selon lui le pays n’aura pas de « base arrière dans laquelle puiser des renforts humains, avec un système de santé incapable de répondre à toutes les sollicitions. » Avec de telles mises en garde, je me dis que les chapons et les bûches de Noël ne vont pas encombrer les vitrines des rôtisseurs et des pâtissiers. Ce sera excellent pour notre régime, pas pour leurs recettes. À moins que les Chinois après nous avoir refilé le mistigri viennent nous sauver. C’est sérieux ! D’après un tweet de l’Agence France Presse « La Chine prévoit d’être en capacité de produire d’ici la fin de l’année 610 millions de doses par an de plusieurs vaccins contre la Covid-19 ! » La dépêche précise même que « les responsables chinois de la santé assurent que leur pays est en tête dans ce domaine. » Ils ont vraiment l’art de se pousser du col les mangeurs de pangolins : premiers à distribuer gracieusement le virus et premiers à délivrer le vaccin ! Contre une poignée de dollars ou d’euros, j’imagine. Ce système

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