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Aperçu du livre
La Pleurote - Agnès Louison
Just a drop
Variations sur les larmes, les yeux, la vue…
Un éclat de phrase, la sonorité d’une injonction ou d’un titre : Just a drop.
Trois syllabes, trois sons, comme le bruit du dernier liquide versé dans le verre.
Drop, trois lettres arrondies, les courbes douces des larmes et du plaisir.
Une goutte seulement, juste une goutte, la dernière, la petite jouissance auto-proclamée, vite avouée. En esquissant le sourire complice de la raison qui limite le plaisir pour mieux lui accorder la place essentielle. Un petit geste de la main vers le verre accompagne toujours, le regard un peu en dessous.
En français aussi on va parler de larme. Juste une larme, une goutte.
L’expression évoque : « une petite quantité de boisson ». Quatre synonymes suivent : goutte, humeur, pleur, sanglot. En anglais, encore un monosyllabe tear, ou tears au pluriel. Et déferlent des souvenirs, une éponge qu’on presse fort. Rain and tears are the same, la pluie et les larmes sont pareilles. Le slow d’un été, le slow de toute une génération.
Pareilles vraiment ? Pour la transparence, la forme, la vie donnée ou en fuite ?
Larmes du nouveau né qui pleure avec le premier souffle ou du vieillard aux yeux trop secs.
La phonétique et le dictionnaire sont précis : Le corps est constitué de soixante pour cent d’eau. Tout le monde sait ça. Mais quel pourcentage pour les larmes ? Le dictionnaire alors ajoute que c’est le liquide sécrété dans l’œil par les glandes lacrymales, 0,1ml par heure. Elles sortent par les petits lacs, infimes orifices situés sur les bords libres des paupières à l’intérieur. On distingue deux sortes de glandes lacrymales, c’est le sang qui les alimente, une principale à l’origine de la sécrétion réflexe des larmes et les glandes lacrymales accessoires qui élaborent le film lacrymal permettant de recouvrir et nourrir la cornée. Proche du liquide céphalo-rachidien, presque dépourvus de protéines mais contenant du sel et des antiseptiques, les lysozymes et les lactotransferrines.
La littérature médicale porte bien son nom : tous ces termes, quand on n’est pas spécialiste, deviennent poème :
Meibomius, canalicules, papules, lysosomes, organelle, organelle, méthylcellulose, collyre endogène, gélatine, les noms des larmes artificielles.
La nuit, leur sécrétion diminue. La vue dépend des larmes, capables aussi de la brouiller. Vision nette ou contours flous.
Les larmes font penser aux enfants, aux femmes, aux artistes. On les voit partout. Genet les appelait humeurs bouleversantes, le sang, le sperme, les larmes. Celles de la peine et celles de la joie, du rhume ou de l’émotion. Genet parlait du corps, seulement du corps.
Celui de la Belle Hélène a fondé la légende. Lorsqu’elle est enlevée par Paris, la Belle verse des pleurs. On raconte qu’à chaque larme qui tombait de ses yeux sur le sol naissait une touffe de thym.
Les architectes utilisent le mot pour l’image, pour désigner une forme ronde, celle qui n’a pas la rigueur d’une forme géométrique parfaite et bien mesurable. Les bulbes des églises russes seraient les larmes d’or du Dieu orthodoxe pleurant le schisme… Splendeur et dérision. Toutes ces années de communisme obstinément couronnées d’un symbole ennemi !
Les peintres aussi parlent les larmes. Dans La femme qui pleure de Picasso on cherche en vain des formes de larmes, on suit surtout leur trajectoire, leur parcours le long du visage, un visage traversé, disloqué, torturé de douleur. Rien de mouillé ni de mou comme sur une face réelle « baignée de larmes ». Si radicalement opposé aux descriptions affligées du XIXe siècle ou aux figures du dolorisme. Chez Picasso aucune fluidité, nul liquide, phonétique ou biologique. Le solide et le sec, comme autant d’échos à son propre nom, Picasso. Le pleur déchirement, cassure, angles vifs, distorsions dispersées. Le désordre intérieur éclatant avec fracas.
Les larmes n’ont pas de couleur mais comme le sang elles disent les extrêmes. La joie, la peine, la vie, la mort. Tant de liquides surgissent du corps, rouge, jaune, blanc, brun, transparent. Des liquides vite engloutis par le médical ou le dégoût.
Tandis que les larmes, elles, gardent toujours une place avouable, un rôle accepté, un statut honorable. On peut parler d’elles à l’infini :
Larmes de crocodile, de bonheur, de joie, de désespoir. Larmes de sang. Larmes de la vigne. Larmes qui perlent, coulent, ruissellent. Larmes qui s’écoulent de l’œil le long des joues. Larmes qui inondent son visage. Crise de larmes. Vallée de larmes. Arriver en larmes. Arroser de larmes. Avoir la larme à l’œil. Avoir du mal à retenir ses larmes. Contenir ses larmes. Coûter des larmes à quelqu’un. Essuyer ses larmes. Étancher ses larmes. Étouffer ses larmes. Être en larmes. Être au bord des larmes. Être baigné, voilé de larmes. Être gonflés, rougis, brouillés par les larmes. Fondre en larmes. Jeter des larmes. Laisser couler ses larmes. Parler avec des larmes dans la voix. Pleurer à chaudes larmes. Pleurer toutes les larmes de son corps. Réprimer ses larmes. Retenir ses larmes. Rire aux larmes. Sécher ses larmes. S’effondrer en larmes. Tirer les larmes à quelqu’un. Etc. etc. etc.
Effets d’optique
CÉCILE
Le geste peut être fait avec une seule main, l’index entre les deux yeux, petit coup sec du dos de l’ongle sur la fine tige courbe de métal léger, ou des deux mains, bien parallèles en haut des joues avec une infime pression du bout des doigts, le geste alors fait semblant de soupeser.
Pendant si longtemps, si longtemps, voir à la perfection, une fierté facile et arrogante. Toute action sur des objets de plus en plus petits demande à présent un rituel, un sérieux fixe et borné, poussif et ridicule, loin de l’insolente habileté des yeux de lynx disparue peu après ses 40 ans.
Avant, la seule gêne c’était – et c’est encore – la lumière trop vive, la photophobie. Comme des phares qui éblouissent au lieu de guider, qui blessent et aveuglent. Le pire, les néons hideux des supermarchés, les livides étalages, excès à vomir de tout, trop de lumière et de marchandises, éclats informes, débordements de blancheur électrique qui anesthésie pupilles et neurones.
Quand elle les pose bien, à quelques pores près, il y a soudain une peau qui craquelle dans les miroirs et un assaut d’images agressives tout autour, les autres comme dessinés au feutre sombre, la netteté toujours trop crue. Elles empêchent les yeux de mentir avec les rides. Et tout apparait et disparait dès qu’elle les met ou les déchausse. Chausser des lunettes, quelle expression, comment les pieds peuvent-ils monter ainsi ! Comment comparer ce qui enveloppe de cuir ou de tissu à ce petit objet articulé qui se pose chichement ? Le contact de la chaussure gênant ou rassurant n’a rien à voir – c’est le cas de le dire – à l’installation délicate, plus ou moins instable de ces petits bouts de verre brandis au bout de courtes tiges.
Parfois elle regrette de les avoir mises. Parfois c’est un jeu, les enlever c’est retrouver des images de vieilles photos ou de polaroïd surexposé ou un peu passé, un peu de passé…
Elle les perd, les salit, les pose n’importe où, exprès, pas exprès, une relation capricieuse faite d’urgence et de haine.
Et le complot des nouvelles techniques ! Le moindre écran impose de faufiler sa main dans le grand sac toujours trop plein pour trouver l’étui parfois vide et le temps de voir le numéro affiché, le correspondant a déjà raccroché. Le moindre texto ressemble à une séance chez l’ophtalmo.
Assis à trois mètres du même panneau avec les mêmes lettres au même format depuis des décennies, et ceux qui les savent par cœur, et ceux qui ne se concentrent pas, ceux qui sont habitués à lire et devinent avec aisance. Un exercice plus aléatoire que scientifique. Et toujours ils se croient obligés de féliciter avec condescendance « c’est bien un t, c’est bien un m, oui, c’est ça » !
Quand elle avait huit ans, lors d’une visite médicale à l’école, ils avaient placé le panneau devant une fenêtre. Éblouie, elle n’avait presque rien lu malgré son 10/10 à chaque œil et pendant un an elle avait porté des lunettes pour myope.
À chaque changement de verres et de monture elle pense cette fois-ci je vais m’habituer, j’en prendrai soin, elles ne m’énerveront plus, elles ne seront plus mes ennemies.
Mais la guerre n’est jamais finie, sournoisement, les oublis et les brusqueries recommencent.
MATHILDE
Mathilde ne voit pas ou presque pas, quelques formes, quelques couleurs.
Elle vient de participer à un film « Le beau est aveugle ». Elle a pris des photos, elle les a bien cadrées, trop peut-être. Le réalisateur, photographe lui-même, attendait plus de surprise, d’inédit, les trouvailles que l’on ne peut guère imaginer quand on voit.
Le photographe « pro » est un peu déçu, mais Mathilde, elle, jubile : elle a choisi des lieux forts, bien attachés à des souvenirs et s’est rappelé des dessins que faisait sa mère quand elle était petite.
Quand elle était petite, sa mère dessinait les formes des châteaux, des donjons, des escaliers dans la paume de sa main. Sa main bien posée à plat, la paume vers le haut. Sa mère lui racontait les bâtiments et traçait, traçait les proportions et les volumes qui déambulaient alors derrière ses yeux ouverts.
Ouverts sur le monde, bien ouverts.
Mathilde est attentive au monde, elle espère chaque rencontre nouvelle.
Ce film sur « la beauté aveugle » lui a permis de rencontrer beaucoup de gens. Tous ces gens qu’elle ne voit jamais lorsqu’elle est dans son école, entourée de mal-voyants comme elle. Elle n’en veut pas à cette école, au contraire, mais elle désire sortir. Sortir et vivre comme tout le monde.
Mathilde se déplace sans canne et sait mettre le doigt dans un verre pour savoir quand il est plein.
Mathilde fait du théâtre et du cheval.
Mathilde adore les chats qu’elle trouve très beaux et qu’elle prend en photo.
Elle a photographié l’hôtel de ville car elle aime sa verrière inondée de lumière. Parfois certaines couleurs l’agressent parce que trop vives.
Sur un chemin elle sait qu’elle s’égare quand des feuilles crissent sous ses pieds.
Tout l’intéresse et lui donne envie de profiter de la vie.
« On n’en a qu’une, faut qu’elle soit bien » dit-elle en souriant.
Mathilde avance vite, Cécile comprend qu’elle ne pourra jamais la rattraper, Cécile enlève ses lunettes pour s’essuyer les yeux.
Elle se demande si les aveugles pleurent aussi.
SOPHIE
Elle est journaliste, elle voyage, elle discute avec les gens, participe à leurs travaux. Les cheveux courts, noirs, entourent un visage clair où deux yeux bleus fixent le vide. Mais les mots le remplissent, les mots et toute une attention subtile, les mains palpent, les narines en alerte. Les paysages se succèdent, les contrastes remplissent l’écran, de si beaux espaces, des couleurs à jamais inconnues. On la regarde, on l’écoute, on chasse la peine, la compassion, ce serait indécent, elle est si vivante, si mêlée au monde des voyants. On s’autorise même le regret de ne pas savoir lui communiquer toutes ces formes et ces couleurs
