Seule parmi les oiseaux
Mon énorme sac à dos est posé à la verticale sur le bitume. Son jaune vif contraste avec le paysage aux tons froids. À l’horizon se vautre le Saint-Laurent, si vaste que l’on dirait la mer. Il est d’un bleu légèrement plus pâle que le ciel, rehaussé par les pierres presque noires qui parsèment les plages. C’est d’une beauté saisissante. Entre le fleuve et moi s’étend la route 132, la seule qui fasse le tour de la Gaspésie. Elle est large, couleur anthracite, et des camions qui ne franchiraient jamais nos cols de montagnes la font vibrer. Certains ont jusqu’à seize roues.
Je fais du stop pour la première fois de ma vie, et l’impression d’être l’héroïne d’un film américain ne dure pas. Mon assurance fond sous une multitude de questions techniques : dois-je tendre complètement le bras ? Plier le coude ? Incliner le pouce vers la droite ? Sourire ? Je me poste à flanc de bitume, prends une posture qui me semble ergonomique, m’insurge contre les quatre premières voitures qui me doublent sans ralentir. La cinquième s’arrête. La conductrice se rend au village voisin
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