Morceaux non choisis
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À propos de ce livre électronique
Un recueil de flash fiction et de poèmes écrit par un auteur talentueux. Entremêlant les récits d’une dizaine de personnages et exécutant avec habileté les formes de la prose et de la poésie, ces nouvelles sans lien apparent entre elles forment un tout cohérent. Existentiel, captivant et toujours provocateur, chaque chapitre bondit sur le lecteur et s’implante dans son esprit. Ce livre force les lecteurs à réfléchir et invite à la ré-investigation.
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Avis sur Morceaux non choisis
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Aperçu du livre
Morceaux non choisis - John Kipling Lewis
Morceaux non choisis
Flash Fiction et poèmes
John Kipling Lewis
Unselected
John Lewis
Smashwords Edition
Copyright 2012 John Lewis
Smashwords Edition, License Notes
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À ma femme aimante, Alice, sans qui je n’existerais pas en ce monde.
À mes enfants, Jackson l’Inventif et Cole le Brillant : je vous aime plus que les mots peuvent être lus.
Révision professionnelle par Andrea Trask.
Remerciements particuliers à Liz Henry pour son travail de révision au-delà de l’appel du devoir.
Sel et remerciements à Steve Wineman pour sa révision ninja, même après avoir goûté le thé.
Le Diner
Je me rends dans ce diner une, peut-être deux fois par semaine. Les serveuses, toutes polonaises, connaissent mon nom. Le fils du propriétaire grec connaît mon nom. Je crois que même les cuisiniers connaissent mon nom, parce que je commande toujours du pain perdu surmonté de fraises. Je viens ici depuis environ un an. J’imagine que ça fait de moi un habitué.
Il y a d’autres habitués. Des chauffeurs de bus qui viennent manger ici en groupe vers seize heures. Ils mangent et discutent tout en attendant que leurs plannings de route les forcent à se lever pour ramener des gens chez eux après le travail. Quand ils parlent de leurs plaisirs, je me sens parfois désolé pour eux. Leurs voitures, ou leurs vacances. Ces choses qu’ils gardent avec eux, dont ils rigolent et plaisantent. Je souris quand ils sourient. J’ai appris à le faire.
Un flic vient ici vers seize heures trente. Il s’assied au comptoir, comme moi. Il est grand, mais a aussi un ventre étrangement rond. Il s’occupe de la circulation du Queens-Midtown Tunnel, qui n’est qu’à un pâté de maisons d’ici, et porte donc un gilet orange vif. Il y a un mois, je lui ai posé une question hypothétique : que faire si l’on voit un policier commettre un crime ? J’ai tracé une longue ligne sur mon carnet de croquis et, du côté gauche, j’ai écrit : « traverser en dehors des clous » et de l’autre : « meurtre ».
Entre les deux, j’ai écrit des crimes de différentes gravités. À ce moment-là, le fils du propriétaire et les serveuses étaient curieux et nous regardaient aussi. Je lui ai demandé : « Sur cette ligne, où devrais-je agir si je vois un agent en service commettre un crime ? » Il m’a demandé si j’avais vu un policier faire quelque chose et je lui ai répondu que c’était purement hypothétique. Il m’a reposé la question, mais je n’ai pas changé mon histoire. Sa réponse fut lente à venir. Pas soigneusement réfléchie, juste lente. Comme si l’idée était assez novatrice pour n’avoir jamais atteint le seuil des synapses dans sa cervelle et ouvrait une section entière de réseaux neuronaux jusqu’alors non connectés.
Sa réponse n’avait pas vraiment d’importance. Je n’en attendais pas réellement une. Ce qui m’intéressait bien plus, c’était de savoir s’il était intelligent, et il était clair que non. Les éventualités n’étaient pas son point fort.
Assis près de moi aujourd’hui, il s’est penché et a posé les coudes sur le comptoir, tenant à deux mains une tartine au thon. Je me suis levé en disant aux serveuses que je revenais tout de suite et il ne s’est même pas retourné pour me regarder quand je suis passé derrière lui.
En un geste que j’avais répété pendant une semaine avec un bouton pression de mon sac, j’ai ouvert l’étui de son arme. Au même moment, j’ai appuyé sur son mollet droit avec mon pied droit, ainsi quand il a commencé à se tourner dans ma direction, son buste était en train de glisser du tabouret. Il venait à peine de lâcher son sandwich lorsque ma main s’est posée fermement sur la crosse de son pistolet Glock 9 mm. Tout mon poids appuyant maintenant sur son mollet, il a glissé du tabouret, ses coudes toujours posés sur le comptoir, ce qui a fait pivoter son buste vers la gauche.
Il s’est maladroitement remis debout entre les deux tabourets pendant que je reculais et plaçais une balle dans la chambre. Il a levé les mains devant lui par réflexe quand j’ai fait un autre pas en arrière.
Un grand silence régnait soudain dans le snack. Le policier, se servant de techniques apprises pendant sa formation, m’a ordonné de baisser l’arme. J’ai refusé d’une voix douce, mon visage impassible. Comment pouvais-je m’expliquer à cet homme, vivant son existence avec un peu de joie qui le maintenait en vie ? Comment explique-t-on à quelqu’un qui veut survivre que vous êtes étranger à toutes ces choses qui lui permettent de continuer ? Que vous travestissez les joies et le besoin de survie dont vous êtes témoin autour de vous ?
Vous ne pouvez pas.
Ressentir cette joie pour la vie fait partie de leur cerveau. Quelque chose en eux les force à vouloir être vivants. Ils considèrent que c’est normal, et partent du principe que c’est présent chez les autres. Ça crée une construction sociale entre les individus. Si nous voulons tous les deux vivre, nous éviterons tous deux le conflit. Malheureusement, il avait le pistolet, et j’en avais besoin pour me suicider. Le contrat social rompu.
Le conflit.
Parce que j’étais un habitué, certaines personnes ici s’étaient attachées à moi. Je ne souhaitais faire de mal à personne. Je ne voulais pas que le souvenir de ma mort soit associé à cette salle. C’était leur lieu de travail, et si je me tirais une balle sur place, quelqu’un devrait