Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Vengeance en héritage - Tome 1: Roman
Vengeance en héritage - Tome 1: Roman
Vengeance en héritage - Tome 1: Roman
Livre électronique242 pages3 heures

Vengeance en héritage - Tome 1: Roman

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique


En Afrique, il existe des coutumes et traditions qui résistent aux changements. La vengeance en héritage, en est un exemple. Suivant la tradition, c’est l’aîné de la famille, un garçon de préférence qu’incombe cette lourde responsabilité. Des bagarres sauvages sans limites d’où, le vainqueur devait couper et montrer la tête de son adversaire devant la foule en délire. Des crimes haineux qui se perpétuent depuis des millénaires. Ce roman met en confrontation les jeunes tenants d’une nouvelle approche, et les gardiens coutumiers nostalgiques, luttant férocement contre vents et marais, afin de conserver les lègues de leurs ancêtres. Des pouvoirs mêlés aux esprits, aux rituels mystiques et à la sorcellerie, que les jeunes doivent tenter d’irradier afin d’instaurer le nouvel ordre contre-culture au bout des épées.

EXTRAIT

Pardonne-moi mon fils, j’ai tué ta mère. Pourtant je l’aimais plus que tout au monde. Elle était la perle des femmes, une déesse de beauté que les hommes s’entredéchirent dans la rue quand elle passe. Chacun voulait s’emparer de son corps, ce corps qui s’ondulait à chaque pas qu’elle posait rendit les femmes jalouses. Je ne retrouverai jamais une telle beauté dans notre sphère, je l’ai sacrifié pour toi. Le médecin donna qu’un seul choix, soi toi ou elle, l’un de vous mourra dans l’accouchement. Selon les coutumes je dois laisser vivre le garçon, c’est un futur guerrier. La femme est remplaçable. Une décision stupide qui fit perdre mon esprit dans le moment. Grand-père se tenait derrière moi, je me suis senti coincé, les yeux de mon père hors d’orbites me firent dire « Choisi ton fils ! » Je la vois sur son lit d’hôpital à l’instant que je te parle, elle me fit un sourire avant de rendre son âme. Elle brillait, tout fut étincelant autour d’elle, on dirait que Dieu lui-même descendit du ciel pour la conduire au paradis. Je m’étais retrouvé avec un bébé sans mère, tu pleurais, je te prenais, je te serrais contre ma poitrine dénudée. Soudain, tu ouvris la bouche et saisis mon sein d’homme. À cet instant, j’aurais aimé être une femme. Déboussolé, je me mis à pleurer. Mes larmes inondaient ton visage, tu cessais tes cris, tu m’observais calmement. Tu me parlais par la pensée, je te captais comme une onde de radio. Je cessais mes larmes, je te remis dans une poussette rose. C’était le choix de ta mère, elle rêvait d’une fille aux cheveux d’Ébène, elle était persuadée que tu y étais, tout fut rose dans la chambre.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Ben Ousman est auteur des romans : Au nom de tous les compères, publié en 2013. D’où vient le pouvoir, publié en 2014. Combat d’une princesse, publié en 2018. Un Gay en cavale, et Plaisirs des misérables tome 1, publiés tous deux aux Éditions Sydney Laurent, Paris 2019. L’écriture est sa passion, il a des imaginations immenses qui l’englobent. Il nous offre son sixième roman intitulé Vengeance en héritage Tome 1.
LangueFrançais
Date de sortie22 nov. 2019
ISBN9791037702227
Vengeance en héritage - Tome 1: Roman

Auteurs associés

Lié à Vengeance en héritage - Tome 1

Livres électroniques liés

Biographique/Autofiction pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Vengeance en héritage - Tome 1

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Vengeance en héritage - Tome 1 - Ben Ousman

    Chapitre 1

    Pardonne-moi mon fils, j’ai tué ta mère. Pourtant je l’aimais plus que tout au monde. Elle était la perle des femmes, une déesse de beauté que les hommes s’entredéchirent dans la rue quand elle passe. Chacun voulait s’emparer de son corps, ce corps qui s’ondulait à chaque pas qu’elle posait rendit les femmes jalouses. Je ne retrouverai jamais une telle beauté dans notre sphère, je l’ai sacrifié pour toi. Le médecin donna qu’un seul choix, soi toi ou elle, l’un de vous mourra dans l’accouchement. Selon les coutumes je dois laisser vivre le garçon, c’est un futur guerrier. La femme est remplaçable. Une décision stupide qui fit perdre mon esprit dans le moment. Grand-père se tenait derrière moi, je me suis senti coincé, les yeux de mon père hors d’orbites me firent dire « Choisi ton fils ! » Je la vois sur son lit d’hôpital à l’instant que je te parle, elle me fit un sourire avant de rendre son âme. Elle brillait, tout fut étincelant autour d’elle, on dirait que Dieu lui-même descendit du ciel pour la conduire au paradis. Je m’étais retrouvé avec un bébé sans mère, tu pleurais, je te prenais, je te serrais contre ma poitrine dénudée. Soudain, tu ouvris la bouche et saisis mon sein d’homme. À cet instant, j’aurais aimé être une femme. Déboussolé, je me mis à pleurer. Mes larmes inondaient ton visage, tu cessais tes cris, tu m’observais calmement. Tu me parlais par la pensée, je te captais comme une onde de radio. Je cessais mes larmes, je te remis dans une poussette rose. C’était le choix de ta mère, elle rêvait d’une fille aux cheveux d’Ébène, elle était persuadée que tu y étais, tout fut rose dans la chambre. Afin de te maintenir en équilibre physique et mental, j’allais contre les coutumes, la tradition dans laquelle j’étais né et élevé. Si mon père me découvrait, il me tuerait pour l’honneur de la famille. Discrètement je me déguisais en femme, je mettais la robe de ta mère, je portais une perruque, je me maquillais. Tu ne savais pas que celui qui te disait au revoir, maman viendra s’occuper de toi dans peu de temps, n’était autre que moi. Bien sûr je te faisais porter des habits des filles, c’était le rêve de ta mère. Je voudrais la rendre heureuse en me voyant lui faire honneur. Si la société dans laquelle on vie me permet, tu porteras le nom d’une fille. Vint ta grand-mère paternelle, elle m’engueulait pour moindre maladresse. L’apprentissage fut dur, rapidement, je devins père coq, je lui retournais la monnaie de son billet. Je lui concédais le fait qu’elle en savait plus que moi, mais l’évolution m’en apprenait autrement. Je trouvais sa méthode dessuée, datant des millénaires. Souvent, on s’affrontait à ton propos. Une voisine m’observait dans mon intimité, elle rapportait à mon insu tout ce que je fis entre les quatre murs. Radiotrottoir, cette vieille tarte pourrie diffusait en long et en large des faits exagérés qui m’avaient porté préjudice, je vis mon honneur bafoué, ma réputation prendre un grand coup de barre. Selon la tradition, telle personne doit mourir et seule sa mort relèverait à la hausse mon honneur, ma dignité d’homme Rezgat. Si je ne parvenais pas, si je meurs, toi mon fils, selon la tradition tu auras cette vengeance en héritage.

    Je te vois aller Hassane, je m’inquiète de plus en plus. Tu es un homme, laisses les femmes jouer leurs rôles.

    Et pourquoi ? Cet enfant est une partie de sa mère et de la mienne.

    Trouve-toi une femme, tu nous fais honte dans les voisinages.

    Depuis quand tu écoutes les voisins ? S’ils ont des critiques à formuler qu’ils viennent me le dire en face ! Je combattrais une armée pour garder mon fils.

    Oh mon Dieu, le rôle de la femme ne te va pas Hassane. Tu es un père pas une mère.

    Justement le père éduque son garçon selon la vieille tradition ! Tu te contentais de t’occuper de mes sœurs hein ?

    Dans ce cas je me retire, je laisserai ton père te parler selon la tradition.

    Jamila remit son voile sur la tête, elle retourna chez elle. Peu de temps après, Mohamed fit son entrée. Elle hésitait longuement, elle voulait éviter un duel entre son homme et son fils. L’envie d’en finir avec ce que les voisins traitaient de comportement indigne l’emportait, il serait mieux que Mohamed l’apprenne de sa bouche. Les mains tendues au ciel, elle fit une prière, demandant une assistance divine. Elle entrait au salon, elle se recueillit devant cet homme à qui elle vouait toute une adoration aveugle. Tenant un chapelet à la main, le seigneur de la maison lui fit signe de s’asseoir. Un silence régnait entre ce couple traditionnel, quand il ouvrit la bouche tout fut à l’impérative. Il réclamait du thé, de l’eau fraîche, de la nourriture. Jamila s’en allait en courant, elle lavait la théière, allumait le charbon de bois. Munie d’un éventail, elle activait le feu, soufflant de fois de son souffle quand tout n’allait pas bien. Déjà au salon, les cris se firent entendre. Mohamed la réclamait, tremblant comme une feuille au vent, elle vint s’excuser du retard. Les yeux rougis de colère, il fit comprendre que sa patience avait atteint ses limites. Heureusement le feu prit dessus sur les charbons, elle évita une gifle, des insultes. Tout fut devant lui comme il eut souhaité, Jamila pouvait respirer, revenir à ses moutons. Les bras croisés, elle regarda son homme dévorer son plat. Il prit une grande gorgée d’eau qui le fit tousser, était-ce les piments qu’elle mit en grande quantité afin de rehausser sa libido ? La virilité fut l’affaire des femmes au foyer selon les dires des grand-mères, Jamila avait-elle hérité de cette coutume vieille de plusieurs générations ? Dans tous les cas, sa mission fut accomplie en regardant les veines sortir des yeux de son homme. Mohamed rôdait, ce fut un bon signe. Il allait s’écraser sur les poufs, respirant comme s’il venait de courir un marathon. Ce fut le moment de l’aborder, Jamila n’allait pas du dos de la cuillère. Elle amplifiait ce qu’elle entendit.

    Sidi Mohamed, as-tu entendu la nouvelle qui coure ? J’ai eu peur que ce soit vrai !

    De nouvelle à propos de qui ?

    Sidi Mohamed, il s’agit de ton fils Hassane. Il se comporte comme une femme, tout le monde en parle.

    Il a perdu sa femme, il vit un deuil difficile foutez-lui le camp !

    D’accord Sidi, mais il faudrait faire taire les rumeurs afin de conserver notre dignité. Il élève son fils comme une fille, il se déguise en femme.

    Ha ! Ha ! Ha ! Tu as le sens de l’humour. Mon petit-fils portera le flambeau de la famille, il ne saurait-être une femme, repend-toi !

    Je me repends immédiatement Sidi Mohamed, tes paroles sont des ordres exécutés d’avance. Je t’en supplie de parler à ton fils, ta notoriété pourrait faire taire les rumeurs.

    Jamila retournait dans la cuisine, le plateau plein de miettes de nourriture. En attendant que Mohamed agisse, elle se contentait de prendre les pools des voisins. Devant la porte, elle rencontra Amina. C’était la panique, cette dame colportait le surnom de radiotrottoirs. Elle allait d’un bout à l’autre de la ville, rependre des nouvelles. Qu’allait-elle lui apprendre ? Jamila eut les souffles coupés. À son soulagement, elle parlait d’une femme qui aurait tabassé son chétif époux, elle se retrouverait derrière les barreaux. Soulagée, Jamila criait aux scandales. D’où sortait cette dame ? Dans toute sa vie, elle n’avait jamais pensé que telle chose arriverait. « Non ! Ce n’était pas une femme, probablement un duel entre familles et les belligérants s’entendaient pour enfermer cette pauvre femme. Sans doute, le mari voudrait épouser une autre », rétorquait Aisha. « Elle est jeune, les hommes ne se départent que des vieilles comme toi et moi ! », reprit Amina. Pas de nouvelle d’Hassane, Aisha se réjouissait. Le soir, Mohamed rencontrait son fils. Porte close, ils discutaient entre hommes. De fois le ton montait, Jamila collait son oreille à la porte, elle voudrait tout entendre. Étonnamment ils parlaient de soccer, ils riaient de l’équipe perdante en buvant du thé à la menthe. Impatiente, elle frappa à la porte, elle offrit ses services. Mohamed la repoussa, elle retournait à son lieu d’écoute. Soudain, ils changèrent de sujet. Mohamed regardait Hassane dans les yeux, il lui demandait :

    Des bruits courent que mon petit fils n’est plus un garçon, tu l’as rendu fille.

    De qui détiens-tu ces informations papa ?

    Mohamed se leva des poufs qu’il s’appuyait contre, il appela Jamila. Timidement elle vint prendre place face aux deux hommes.

    Me voici Sidi.

    Dis-nous qui émet des bruits à propos de mon fils.

    C’est Amina, Sidi.

    Amina… Amina la grande gueule ?

    Oui Sidi, Amina la radio trottoirs.

    Sauve qui peut ! Laisse-nous maintenant.

    Ils se regardaient, Hassane attendait la réaction de son père. Allait-il croire à ce que raconte cette vieille tarte comme il la surnommait ? Mohamed déposa la tasse du thé qu’il tenait à la main, il demanda des explications.

    Alors Hassane, tout ceci est vrai ?

    C’est faux papa, c’est de la diffamation je vais tuer cette femme !

    Notre coutume, notre tradition te donnent le droit lorsque ton honneur est bafoué, en attendant sa mise à mort, peux-tu me dire comment avait-elle su ?

    Je l’avais croisé un jour en promenant Alhadin non loin de sa demeure. Elle me salua puis elle fit un sourire au bébé.

    Portait-il une robe des filles ?

    Je m’objecte à cette question, tout ce que porte Alhadin me regarde.

    Tu as aussi un père et une mère, tout ce que tu fais à des répercutions sur nous !

    Ne jugez pas ce que vous ne savez pas !

    Baisse le ton rejeton, tu dérailles, tu pousses des cheveux blancs pour ton âge.

    Cela ne concerne que moi !

    Baisse le ton ! Cet enfant est le fruit de la malédiction. Tu lèves la voix sur moi, ton père ?

    Arrête ! Cet enfant est doué, il nous écoute.

    Il est doué ? Il n’est pas un prophète !

    Si ! Il l’est.

    Un prophète des malheurs.

    Ça suffit ! Je t’ai assez entendu papa.

    Écoute bien Hassane, tant que je suis vivant tu seras toujours mon petit garçon. Un homme ne chante pas des berceuses aux enfants, c’est le rôle des femmes. La vie célibataire ne te va pas, tu dois épouser Kaltoum ! La pauvre veuve, elle a trois enfants.

    Hors question !

    On dit qu’elle a une belle voix, elle chantera des berceuses pour Alhadin ! C’est un ordre, j’organiserai la cérémonie.

    Pris entre l’enclume et le marteau, Hassane fut dans tous ses états d’âme. Prisonnier de coutume et de la tradition, il poussa un soupir du désespoir. Quand il pensait à Kaltoum, il crut mourir. Être pris avec trois enfants pleins de façons serait étrangler Alhadin, il revint à charge.

    Un instant, papa, mon grand-père ne t’avait pas imposé une femme !

    Si ! Ta mère. Elle n’était pas l’heureuse élue, j’aimais une autre.

    Laquelle ?

    Je t’ai assez dit, je garde le reste pour moi.

    Je la répudierai aux moindres défauts !

    Jamila eut la délicate mission d’approcher Kaltoum. Elle la rencontrait à l’ombre d’un grand arbre majestueux dont, les feuilles formaient un parasol contre la chaleur excessive du Sahel. Près d’elles, les enfants jouaient à saute-mouton, d’autres laissaient aller leurs imaginations, ils fabriquaient des modèles des voitures artisanales. Après les rires à propulsion, Jamila prit un long détour pour passer son message.

    Je n’arrive pas à comprendre qu’une belle femme de ton genre reste célibataire, il te faut un mari Kaltoum.

    Quel homme épouserait une femme mère de trois enfants ? Ils recherchent celles qui ont encore les seins pointus.

    Arrête de t’en faire, ces enfants ont besoin d’un homme pour les dresser. Toi tu n’arrives pas, ils finiront par la prison.

    Kaltoum eut une douche froide, elle prit conscience qu’elle ne pouvait être mère et père à la fois. Mais un homme elle peut en trouver de tas dans la rue, ils ne sont pas tous des enfants du cœur. Jamila lui donnait d’exemple de bien des mères qui trouvèrent leur salut en offre leur amour à des hommes pieux. Confuse, elle ne s’attendait pas aborder ce sujet à l’ombre de cet arbre.

    Je ne voudrais pas que mes enfants deviennent des parias, oui, tu as tout à fait raison Jamila. Qu’est-ce que je ferai ? Une femme qui s’offre à un homme sans être courtisée est mal vue.

    Jamila fut un sourire de victoire, Kaltoum mordu à l’hameçon qu’elle avait lancé, il ne lui restait qu’à sortir le gros poisson de l’eau. Elle restait figée, elle pensait à la cérémonie, les invités. Elle pensait aux griots qui chanteraient les louanges de Mohamed, de son fils Hassane, de ses petits-enfants. Joyeuse, elle laissait sortir la bonne nouvelle.

    Tu attends à ce qu’on t’offre un homme sur un plateau en or ?

    Pas nécessaire, je me contenterai du bronze.

    C’est sage de revoir ses attentes en baisse, de fois on tombe sur le gros lot et c’est agréable la surprise.

    Tout à fait Jamila, je suis fatiguée de ma solitude.

    Hum ! Je te comprends, je t’offre mon fils !

    Ton fils ? Lequel ? Ils ne voudront pas de moi.

    Je t’offre l’aîné de la famille, Hassane.

    Kaltoum eut les souffles coupés, elle devint grise comme un raton pris aux pièges. Étourdie, tout tournait autour d’elle. Jamila plaisantait-elle ? Une famille noble accepterait une femme de sa nature sans le critique qui fut le fondement de la société dans laquelle elle se trouve ? Elle se ressaisit, elle laissa planer le doute.

    Merci, Jamila, tu es la meilleure femme que je connaisse. Tu me fais rêver mais hélas, Hassane ne voudrait probablement pas d’une femme de mon genre, quand il avait déjà dans son cœur une perle rare qu’il perdit. Je ne saurais incarner cette femme qu’il aime, il me regardera avec dédain, il me détestera.

    Je ne conçois pas le futur comme toi, obsédée par le passé. Je voudrais que tu tournes la page sur l’épisode de sa vie antérieure, de peur qu’elle te hante.

    Je me repends, je ne saurais contredire la parole d’une sage femme qui ne veut que mon bonheur. Déjà, je remplis mes poumons de cet air pur que tu m’offres. Je suis heureuse, j’anticipe la vie amoureuse qui m’a fait défaut plusieurs années. Merci pour ta confiance, en faisant de moi une de tes belles filles. Tu m’as donné le ciel, tu m’as donné l’amour.

    Kaltoum s’inclinait devant Jamila, elle lui embrassa les mains, une façon de lui prêter allégeance. Elle voyait en elle une grande philosophe, une dame issue d’une connaissance sublime éditant la science coutumière. Le cœur léger, elle voyait s’en allait toutes les douleurs de la vie rude sans pitié, tout en se rapprochant de l’extase. Sans le connaître sentimentalement, elle crut être la femme de l’heure, attendant son couronnement. Tout était bien passé, Jamila rapportait sa mission à son homme. Un jeu de coulisse se mit en branle, le tout sur le dos du pauvre Hassane. Nul ne s’intéressait de son sort, on ne lui parlait de rien comme s’il fut en perte d’autonomie. Le vendredi, Jamila se rendit à la mosquée en compagnie de Kaltoum. Elle voulut en quelque sorte la purifier, injecter dans son cœur l’amour qu’elle n’eut pas ressenti pour aucun homme. Elle voulut remplir ce cœur moribond des sentiments, de la noblesse, de fierté d’appartenance. La prière terminée, elles se rendirent à domicile. Tout fut discret, la sœur d’Hassane entrecroisait Kaltoum dans l’étonnement, elle fit signe à sa mère de la suivre.

    Maman, tu me caches des choses !

    À bon ? Qu’est-ce que je te cache ma fille ?

    Pourquoi cette traîneuse est-elle ici ?

    Sois respectueuse envers ta belle-sœur !

    Quoi ? Ma belle-sœur, mais qui se mari ?

    Calme-toi Yousra !

    Me calmer pour m’avoir berné ?

    Tu es un enfant, nous ne sommes pas obligés de tout te dire, autrement tu seras le parent.

    Merci de la considération, j’irai aux informations.

    Yousra courut vers son père, Jamila rouspétait. Malgré son autorité coutumière, Mohamed se sentit faible devant Yousra. Elle savait comment le manipuler, il cédait devant les menaces. Toute essoufflée, elle parlait en perdant l’haleine.

    Papa dis-moi ce qui se passe, pourquoi cette femme nous visite ?

    Ta maman devait savoir car j’ignore ce qu’elle manigance.

    Ne me mens pas, papa, je sais quand tu dis la vérité. Qui se mari ?

    Là, tu fais revenir ma vieille mémoire.

    Ce n’est plus drôle !

    Nous voulons mettre terme à la solitude de ton frère Hassane.

    Il le sait ?

    Oui.

    A-t-il consenti à épouser cette traîneuse du parc ?

    Non.

    Alors, vous êtes dans l’erreur.

    Mohamed s’était tu, il savait que tout ce qu’il dirait serait retenu et ferait l’objet du chantage. C’était un coutumier en envers, faible avec ses filles, dur avec ses garçons. Les filles rapportaient des dots, les garçons en disposaient pour leurs futures épouses. Yousra refusa plusieurs prétendants de luxe, elle allait contre le courant. L’instruction ouvrit ses yeux, elle préférait la liberté dans la solitude, plutôt que le mariage dans la servitude. Mohamed peignait sa barbe, laissant tomber des pellicules sur son grand habit débordant ses épaules. Il transpirait, il fut à la recherche d’une réponse pouvant justifier sa prise de décision. Coincé, il remit en question la liberté de Yousra. Sa meilleure arme fut l’attaque contre la vie qu’elle menait.

    Je me demande jusqu’à quand continueras-tu à refuser d’unir ta vie à un homme. Toutes les filles de ton âge sont mères de famille.

    Papa j’ai écouté mainte fois cette vieille cassette, je ne déroge pas, ma décision est sans appel. Vous ne pouvez conspirer contre moi, si je découvre une conspiration, je vous ferai voir de toutes les couleurs.

    Mohamed mit fin aux discussions, il savait qu’elle ne mène nulle part. Kaltoum s’était trompé sur la personne qu’elle décrivait et qu’elle crut qui la rejetterait. Yousra fut une panthère, Hassane un agneau. La mélodie de Jamila n’eut pas dissipé toutes ses inquiétudes, intérieurement une tristesse envahit son cœur. Elle pensait à

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1