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On l'appellera Téhie: Tome I - La face cachée
On l'appellera Téhie: Tome I - La face cachée
On l'appellera Téhie: Tome I - La face cachée
Livre électronique412 pages6 heures

On l'appellera Téhie: Tome I - La face cachée

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À propos de ce livre électronique

Au matin du 25 septembre 1992, une fusée Titan III s’élève dans un bruit assourdissant au-dessus de la presqu’ile de Cap Canaveral. Elle emporte avec elle la sonde interplanétaire la plus coûteuse jamais lancée par la NASA, Mars Observer. Le 21 août 1993, l’information plonge la communauté scientifique dans un profond désarroi : la sonde est définitivement perdue. Mais ce que le monde entier ignore en cet instant critique, c’est que Mars Observer n’était pas uniquement une grosse boite en acier bardée d’électronique … il y avait quatre astronautes à bord !
Seul survivant après que la météorite ait heurté le vaisseau, Jean Martinier s’apprête à entamer un voyage retour terrifiant, véritable odyssée solitaire, qui allait durer six longues années. Il ne le sait pas encore, mais pour tous, il est déjà mort ! Il a été porté disparu en mer au large de Long Island, un matin brumeux d’août 1992, soit très exactement un mois avant le lancement de la plus secrète et de la plus incroyable mission de toute l’histoire de la conquête spatiale : Mars Reality !
Amina est une fillette enjouée de huit ans qui vit dans un village perdu au cœur de l’Afrique de l’Ouest. Depuis toujours elle partage un secret avec son grand-père. Un secret bien lourd à porter dans cette partie du monde : elle est surdouée !
Renvoyée de l’école par son instituteur qui l’accuse de tricher, marginalisée au sein de sa propre famille, Amina n’a guère d'autre choix que de fuir. Fuir un univers où elle n’a apparemment pas sa place.
En cette sombre année 1993, rien, non absolument rien, n’aurait pu laisser présager qu’un jour ces deux âmes égarées se croiseraient et se lieraient d’amitié … et pourtant !
Sept ans plus tard, le destin a achevé de tisser sa toile et un fil tenu relie désormais Jean et Amina. Mais le chemin qui mène à leur rencontre est sinueux et semé d’embûches, car entre-temps, bien d’autres fils sont venus s’entrelacer autour d’eux.
LangueFrançais
Date de sortie2 déc. 2016
ISBN9782312049335
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    Aperçu du livre

    On l'appellera Téhie - Christian Sournia

    cover.jpg

    On l’appellera Téhie

    Christian Sournia

    On l’appellera Téhie

    Roman

    Tome I – La face cachée

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © Les Éditions du Net, 2016

    ISBN : 978-2-312-04933-5

    Prologue

    BANNIS

    « Amina, ma chérie, comme tu m’as manqué ! Cela fait presque un an maintenant et tu as encore grandi, c’est incroyable ! »

    C’était vrai qu’elle avait grandi. Sa jolie robe jaune ornée de discrets lisérés rouges lui arrivait très au-dessus des genoux désormais. Amina avait revêtu sa tenue du dimanche pour rendre visite à son vieux grand-père qui vivait seul dorénavant, caché au cœur de cette immense forêt. Une multitude de petits nœuds de rubans blancs donnaient un côté festif à sa chevelure finement tressée.

    « Grand-père ! Mais… tu étais mort ! Ils l’ont dit, tous. Ils ont dit que tu avais disparu en mer, que tu t’étais noyé quand la pirogue a chaviré. Comment c’est possible ? »

    Amina avait couru très longtemps… bien trop longtemps. Je pouvais sentir son jeune cœur battre la chamade alors qu’elle se pressait contre mon vieux corps, si fatigué.

    « C’est une longue histoire, Amina. Mais nous aurons tout le temps pour l’évoquer ensemble. Ainsi donc, tu as réussi à déchiffrer mon message ?

    – Peuh… évidemment ! C’est maman en fait qui a reçu le message codé. Par chance, j’étais à ses côtés à ce moment-là pour le récupérer après qu’elle l’eut jeté dans la poubelle en s’écriant, horrifiée : Mais, c’est quoi ce charabia ? On veut me jeter un mauvais sort, c’est ça, hein ?

    – Je reconnais bien là la réaction de ta mère. Ses superstitions lui mangent la tête petit à petit, et ça ne date pas d’aujourd’hui. En fait, ça a commencé quand elle avait ton âge.

    – Ah… et quel âge j’ai ? »

    Amina me regardait fixement, la tête négligemment penchée sur le côté. Elle était si mignonne lorsque son visage arborait cette moue de défi, avec ses sourcils exagérément froncés et ses lèvres légèrement plissées.

    « Ne joue pas l’espiègle avec ton vieux grand-père, Amina. Tu as très exactement huit ans et six jours. Il me semble que le message codé est arrivé pile pour ton anniversaire, non ? Comme tous les ans, d’ailleurs.

    – Tu aurais pu choisir un code plus simple, tu sais. En décalant juste une lettre, par exemple. À la maison, ils savent à peine lire les lettres quand elles sont dans le bon ordre, alors…

    – Peut-être, mais en utilisant notre code le plus complexe, j’étais sûr que tu devinerais que le message venait bien de moi et de personne d’autre.

    – C’est vrai, c’est ce que je me suis dit. Et ensuite, j’ai pleuré pendant une heure. »

    L’évocation d’Amina pleurant à l’annonce que son grand-père était toujours vivant eut le don de faire fondre mon cœur instantanément. Un cœur pourtant terriblement endurci par les épreuves de ces derniers mois.

    « Alors, dis-moi, tu as eu droit à quoi comme cadeaux cette année ?

    – Ben, il n’y a pas eu de cadeau cette année, Grand-père. Ni d’anniversaire, d’ailleurs.

    – Tiens donc, et pourquoi ça, Amina ? Tu n’as pas été sage ?

    – Non, ça n’a rien à voir. C’est parce que depuis quelques mois, maman est persuadée que sa fille Amina n’habite plus mon corps. Quelqu’un d’autre aurait pris sa place.

    – Mais, c’est absurde ! Tu es bien trop jeune pour être victime d’un envoûtement. Je n’ai jamais entendu dire qu’un mort ait pris possession du corps d’une enfant pour réapparaître.

    – Peut-être, Grand-père, mais le marabout a confirmé les craintes de ma mère. Il a même évoqué un nom : Fatoumata. Tu la connais ?

    – Oui. Fatoumata était une cousine éloignée de ta mère. Elle est morte il y a dix ans maintenant. La maladie et le chagrin l’ont emportée en quelques jours. »

    Amina me fixait désormais avec une grande attention. Elle sentait que le mystère Fatoumata était sur le point de s’éclaircir.

    « Et pourquoi elle voudrait habiter mon corps ? Je lui ai rien fait, moi !

    – Les morts choisissent en général des corps et des esprits faibles pour se manifester aux vivants.

    – Ah bon ! Tu trouves que je suis un corps et un esprit faible ?

    – Pour le corps, c’est possible. Tu fais plus grande que ton âge mais tu as toujours un corps d’enfant. Pour ce qui est de l’esprit, ça c’est une autre histoire. J’imagine mal un mort te voler ton esprit. Encore moins Fatoumata qui était réputée pour être la plus sotte du village. Mais, ne soit pas inquiète. Moi qui te regarde depuis plusieurs minutes, je ne vois qu’Amina dans ce grand corps élancé.

    – Ah ! tu me rassures. C’est que j’ai pas envi de le partager, moi. En plus, je ne la connaissais même pas. Et pourquoi elle voudrait se manifester ? Elle est morte, alors à quoi bon ?

    – Probablement, parce qu’elle estime que justice ne lui a pas été rendue.

    – On lui a fait du mal ?

    – Non, pas à elle directement, plutôt à son mari. Il a reçu un coup de machette sur la tête qui lui a été fatal. »

    L’évocation de la fin tragique de l’époux de Fatoumata la fit soudain frissonner.

    « On voulait lui voler quelque chose ?

    – Non, Amina, non. En fait, c’est lui qui voulait, disons, voler la femme d’un autre… mais juste pour un soir. Manque de chance, le mari venait d’acheter une machette toute neuve.

    – On peut voler quelqu’un pour un soir et le rendre après ?

    – Ha, ha, ha ! oui, si tu veux. Mais ce sont des affaires de grandes personnes. Ça ne regarde pas les fillettes délurées comme toi.

    – Eh bien, si ça ne me regarde pas, elle n’a qu’à se chercher un autre corps, cette Fatoumata. Le mien est occupé !

    – Mais qu’est-ce qui a bien pu pousser ta mère à imaginer une chose pareille ?

    – En fait, elle me trouve trop grande pour mon âge, presque une taille d’adulte. Et puis ma façon de m’exprimer n’a rien à voir, d’après elle, avec les jacassements habituels d’une gamine de huit ans. Elle est réellement convaincue qu’il y a quelqu’un d’autre dans mon corps, tu sais. »

    Amina était vraiment remontée. Quel esprit malade avait bien pu faire croire à une fillette et à sa mère qu’elle était possédée par une morte à moitié débile ? Un esprit suffisamment tordu dans le village, je n’en voyais qu’un. Aboubacar, le marabout. Encore lui ! Ainsi donc, un mois après les évènements qui m’avaient poussé à fuir et à me cacher dans la forêt, nos routes se croisaient à nouveau. Combien de fois j’avais rêvé que je l’étripais ce sorcier de malheur. Mais sa mort aurait apporté la malédiction sur le village et ça, c’était une chose à laquelle je ne pouvais me résoudre. Fort heureusement, Aboubacar ne connaissait pas l’existence de l’enregistrement, de cette preuve indiscutable de l’étendue de sa fourberie. Sinon, il l’aurait très certainement détruit. Désormais, j’étais condamné à errer seul. Et probablement pour toujours, puisque aux yeux de tous… j’étais mort depuis un an déjà !

    « Grand-père, tu m’écoutes ?

    – Hein… ah oui, pardon ma chérie ! Je pensais à autre chose… tu me disais quoi au juste ?

    – Je te disais que c’était parce que l’instituteur m’avait renvoyée de l’école que maman me croyait possédée par la folle.

    – L’instituteur t’a renvoyée ? Toi qui dois avoir un Q.I. d’au moins le double du sien !

    – C’est quoi un Q.I., Grand-père ?

    – Oublie ça, Amina. C’est juste une méthode pour trier les imbéciles. Allez, ma grande, raconte-moi tout ! »

    Amina attrapa un petit tabouret et s’assit prestement dessus, non sans avoir pris la précaution de lisser consciencieusement les plis de sa robe avec ses mains posées bien à plat.

    « Eh bien voilà. Un jour, il a voulu nous apprendre les multiplications à plusieurs chiffres. Il a écrit à la craie au tableau une suite de nombres 17 x 32 = ?. Mais avant qu’il ait eu le temps de se retourner, j’ai annoncé à voix haute : 544, Monsieur !

    – Et alors ?

    – Ben, tout le monde s’est tu dans la classe et m’a regardée bizarrement. Il a réécrit une autre multiplication, puis une autre et encore une autre avec de plus en plus de chiffres, et à chaque fois je lui donnais le bon résultat.

    – Mais c’est très bien ça, Amina ! Tu as dû avoir dix sur dix à l’exercice, je suppose ?

    – Ben, non ! Il m’a juste attrapée par l’oreille avant de me ramener à la maison. Il a dit à maman que j’étais une sale tricheuse et qu’il ne voulait plus de moi dans sa classe. Depuis, je reste toute la journée dans la cuisine, avec elle. »

    Le souvenir trop récent de cette brimade la rendit subitement triste et elle baissa lentement la tête. Inconsciemment, elle se remit à lisser les pans de sa robe avec application.

    « Mais enfin, ta mère n’a pas protesté ?

    – J’ai deux frères et une sœur encore à l’école. Elle m’a juste dit que ce n’était pas grave si j’étais la seule analphabète de la famille. Et puis, je pourrais toujours l’aider pour les tâches ménagères.

    – Ma petite-fille, analphabète ! Mais combien je préférerais être sourd que d’avoir à entendre ça. Tu ne peux plus rester là-bas, Amina. Si ta mère ne te soutient pas, si le marabout et l’instituteur te sont hostiles, alors tout le village va commencer à te rejeter. Même tes copines… leurs parents vont les monter contre toi. Tu n’as plus le choix, Amina, tu dois partir.

    – D’accord, Grand-père ! Je viens vivre ici avec toi. Ça me va. »

    Amina était toujours assise sagement sur son tabouret et elle me fixait avec ses grands yeux noirs. L’idée de venir habiter chez son grand-père suffisait à son bonheur. Le reste, sa vie d’avant, n’était plus désormais qu’un lointain souvenir sans intérêt. Quant à l’extrême modicité de ma cabane et à la rudesse des conditions de vie au cœur de la forêt, rien de tout cela ne semblait de nature à la décourager.

    « Non, Amina. Une vie de banni, ce n’est pas fait pour une fillette de ton âge. Et puis toi, tu es promise pour faire de grandes choses. Je le sais… je l’ai toujours su.

    – Grand-père, ça veut dire quoi banni ?

    – Ça veut dire que je ne peux plus rentrer au village. On ne veut plus de moi là-bas.

    – Mais non, ce n’est pas vrai ! Le village était triste quand tu es mort. Même que les gens pleuraient beaucoup. Il suffirait que tu réapparaisses pour que tout redevienne comme avant.

    – Ce n’est pas aussi simple, Amina. Le marabout a confirmé officiellement mon décès. Par conséquent, tout le monde là-bas me croit mort. Si je reviens, ce n’est pas moi mais l’incarnation de mon esprit qui se manifestera à eux. Je sèmerai la terreur dans le village. Les morts ne sont pas censés revenir, tu sais. Mais quand cela arrive, c’est rarement pour faire le bien. »

    Amina devint subitement songeuse, comme si une idée venait de lui traverser l’esprit et qu’elle était en train de la soupeser avant de se décider à m’en faire part.

    « Mais le Père Martin a bien dit qu’un certain Jésus était revenu, lui. Alors toi aussi tu pourrais ressusciter, Grand-père !

    – Comparer ton grand-père avec un messager de Dieu, voire même son fils – du moins c’est ce que racontent nos amis chrétiens – c’est me faire beaucoup d’honneur, Amina, si, si ! Malheureusement je suis loin d’avoir ses pouvoirs. Je n’ai jamais fait de miracles, moi. Mais revenons à ton propre cas, fillette. Tu vas aller chez ta tante Kilia qui est installée à la ville, à trois jours de marche d’ici. Je t’accompagnerai pour le voyage et je te laisserai devant sa porte. Comme elle n’a eu que des fils, elle sera sûrement heureuse de s’occuper de toi. On écrira un faux message de la part de ta mère dans ce sens.

    – Mais ce n’est pas possible ! Maman sait à peine écrire et fait des fautes d’orthographe à chaque mot.

    – Eh bien, on s’appliquera à mal écrire et on inventera plein de fautes d’orthographe. Ta tante n’y verra que du feu, elle en fait probablement autant que ta mère.

    – Et je ferai quoi, moi, à la ville ? »

    Amina se tortillait de plus en plus sur son petit tabouret, l’excitation commençait à la submerger.

    « Tu iras dans une nouvelle école, avec un nouvel instituteur qui n’aura plus peur de toi et tu vas apprendre plein de choses intéressantes, crois-moi.

    – Oui, mais s’il essaye lui aussi de m’expliquer les multiplications ?

    – Eh bien, tu feras comme les autres petites filles ! Tu commenceras par fermer ta jolie petite bouche, tu prendras l’air sérieux de quelqu’un qui réfléchit beaucoup, et tu écriras ensuite le résultat avec application sur ton ardoise. Tu auras dix sur dix, ton instituteur sera fier de toi, et ta tante aussi par la même occasion.

    – Mais alors, on ne se verra plus ?

    – Bien sûr que si, Amina ! Je passerai le plus souvent possible. À la ville, peu de gens me connaissent. Comme d’habitude, je te préviendrai à l’aide d’un message codé.

    – Ça me plaît, Grand-père ! On part quand ?

    – Après-demain. Juste le temps de trouver suffisamment de nourriture pour le voyage. Et puis, il faut aussi penser à écrire un mot d’explication pour ta mère.

    – Grand-père… je crois que je viens d’avoir une idée ! »

    Elle sauta carrément de son tabouret et vint me murmurer son idée à l’oreille. Un grand sourire illumina immédiatement mon visage pourtant si ridé. J’avais définitivement retrouvé mon Amina. Personne d’autre au monde n’aurait pu imaginer adresser un message d’adieu à sa mère de cette façon-là. Je ne savais pas si je devais en pleurer de rire ou de tristesse. Désormais, il y aurait deux bannis dans le village !

    Nous passâmes une partie de la journée du lendemain à écrire ces fameuses lettres. La première était destinée à Kilia, la tante d’Amina.

    « Ma chair Kilia. Je te confi mon Amina parce je peu plu man ocupé. Elle grandi tro vite et il fot une méyeur école pour elle. Je lui é confié un peu d’arjan pour sa nouriture et dé abis. Merci bocout. Ta kouzine, Kadidia. »

    « Amina, tu n’y es pas allée de main morte sur les fautes !

    – Mais non, Grand-père ! Je t’assure, elle écrit comme ça. Tiens, regarde ! »

    Elle sortit un petit bout de papier d’une poche dissimulée dans un pli de sa robe et me le tendit. Je le lus à voix haute :

    « Achette o marché – catre tomate, troi bol de mahisse, sisse mangue et un poulaid…

     Tu vois, moi pas avoir exagéré du tout ! »

    Et nous éclatâmes de rire. En ce qui me concernait, il s’agissait plutôt d’un rire jaune. Comment avais-je pu passer autant à côté de l’éducation de ma fille Kadidia ? Et que dire de sa phobie des mauvais sorts. Forcément, j’y étais pour quelque chose. Et il n’était plus question pour moi de rejeter la faute sur Leila, sa mère. Ma tendre épouse était morte de chagrin un mois après que cet immonde d’Aboubacar ait réussi à la persuader de mon décès.

    « Bien, maintenant passons à la lettre pour ta mère. Et pas de faute d’orthographe dans celle-là, je te surveille !

    – Même pas une petite ? Elle ne va pas comprendre sinon.

    – Amina, essaye d’être sérieuse deux minutes s’il te plaît. N’oublie pas qu’à la fin de cette lettre, tu auras disparu à jamais.

    – D’accord, d’accord ! »

    Elle posa une nouvelle feuille sur la table, prit le stylo fermement dans sa main gauche et commença à écrire consciencieusement. Non sans oublier de tirer la langue, histoire de me montrer qu’elle aussi pouvait imiter les filles de son âge.

    « Kadidia, ma cousine. J’ai choisi le corps de ta fille Amina pour porter ma colère. Toi non plus tu ne m’as pas soutenue quand je réclamais justice. L’homme qui a pris la vie de mon époux est libre et n’a jamais été jugé. Je ne te la rendrai que lorsque j’aurai pu enfin contempler son cadavre et trouver ainsi le repos éternel. Fatoumata »

    « Eh bien, c’est le genre de courrier qui risque de semer la panique dans le village. Le mari cocu qui a tué l’époux de Fatoumata va devoir raser les murs pendant quelque temps. Ça tombe bien, c’est un homme riche et prétentieux, et je ne l’ai jamais aimé. Et comment comptes-tu envoyer ce message ? Il n’y a pas beaucoup de facteurs par ici, tu sais.

    – Pas d’inquiétude, Grand-père ! J’ai emmené avec moi mon messager. Tu me donnes deux petites minutes ? »

    Sans attendre ma réponse, elle sortit précipitamment de la cabane et s’enfonça dans la forêt. Deux minutes plus tard en effet, elle revint en compagnie d’un petit chien terrorisé qu’elle tenait fermement en laisse.

    « Je te présente Touba, mon cadeau d’anniversaire de l’année dernière. Il m’aime bien, mais il préfère de loin sa gamelle. Et ça fait bien vingt-quatre heures qu’il n’a rien mangé. On va fixer le message sur son collier.

    – Tu as pensé à tout, Amina. Décidemment, il était grand temps pour toi de quitter le village. Allez, prépare DHL et attache-le, moi je vais relever les collets. Et après, au lit ! Il nous faudra partir tôt demain matin.

    – Grand-père, c’est qui Déachel ?

    – Mais, c’est le nouveau surnom de ton chiot, Amina. Je trouve qu’il colle parfaitement à sa nouvelle fonction. »

    La ville était distante d’une cinquantaine de kilomètres environ. Deux jours de marche suffisaient généralement pour effectuer le trajet, mais la présence d’Amina à mes côtés était une joie bien trop rare. Pour rien au monde je n’aurais voulu écourter ces moments privilégiés passés en sa compagnie. Nous partîmes dès les premières lueurs de l’aube, dans le plus grand silence. Sortir de la forêt demandait une concentration de tous les instants. Il fallait en effet suivre les repères que j’avais préalablement dissimulés sur les troncs d’arbres. L’avant-veille, Amina avait fait la même chose pour me rejoindre. Depuis toute petite, elle connaissait mes techniques de repérage en forêt. À part elle, personne au village ne serait jamais capable de trouver le chemin de ma nouvelle demeure.

    Amina me tenait la main qu’elle serrait bien plus fort que nécessaire. Elle avait probablement besoin de s’assurer que son grand-père était bien là, à cheminer à ses côtés. Et qu’il n’allait pas disparaître au détour d’un sentier, comme dans un rêve qui subitement se transformerait en cauchemar et la réveillerait en sursaut. De son autre main, elle tenait un petit sac en plastique dans lequel elle avait placé sa belle robe jaune, après l’avoir préalablement pliée avec d’infinies précautions. Cette tenue était bien trop voyante pour notre petite expédition. L’étendue de ma garde-robe étant des plus limitées, elle avait dû se contenter d’une vieille chemise grise qui lui tombait sur les genoux et qui lui donnait un air de petit vagabond. Une casquette enfoncée jusqu’aux oreilles parachevait le déguisement en dissimulant efficacement ses tresses. Pour ma part, un vieux tee-shirt troué et tâché en plusieurs endroits faisait amplement l’affaire. Ainsi attifés, nous avions beaucoup moins de chances d’attirer l’attention.

    Au-delà des repères sur les arbres, il nous fallait aussi prendre garde aux serpents, très présents en cette saison des pluies. Pour les faire fuir, nous progressions en tapant des pieds et en fouettant les herbes avec un long bâton. Juste avant notre départ, nous avions relâché Déachel. Ce dernier avait détalé en direction du village sans demandé son reste. Il avait l’air réellement affamé. Mais lui aussi allait devoir se méfier des serpents. Sa petite taille en faisait un mets de choix pour les reptiles. Et le message alors serait définitivement perdu…

    « Grand-père, tu ne m’as toujours pas raconté ton voyage au bout du monde. Maman disait que c’était pour ça que tu étais parti un beau jour, avec trois autres compagnons et… mais, j’y pense tout à coup, oncle Yaya était avec toi ! Alors, il est vivant lui aussi ! Tante Kilia va être contente quand on lui annoncera la nouvelle.

    – Je suis désolé, Amina, mais ton oncle Yaya est bien mort. Il a disparu là-bas, au bout du monde comme tu dis, et il est mort en héros. En fait, c’est lui qui m’a sauvé la vie.

    – Comment ça ?

    – J’étais gravement malade et il a fait quelque chose pour me protéger. Quelque chose qui l’a obligé à se jeter à l’eau et il s’est noyé dans les eaux froides… du bout du monde.

    – Comme je suis triste pour tante Kilia.

    – D’ailleurs, cela me fait penser qu’il faudra que je parle à tes cousins. C’est important pour des garçons de savoir que leur père est mort en héros. Et pas bêtement en tombant d’une pirogue en pleine mer, comme on le leur a fait croire à eux aussi. C’est pour ça que ta tante a préféré fuir le village et s’installer en ville. Ça te plairait de voir une image du bout du monde Amina ? Je la garde toujours avec moi. »

    C’était l’heure de faire une pause et de profiter de la chaleur du soleil qui venait tout juste de percer. Un tronc d’arbre couché nous servit de banc improvisé. Au loin, plus au sud, le ciel était en train de se charger de nuages gris qui n’allaient pas tarder à virer au noir. L’orage ne devrait cependant pas être sur nous avant cinq heures, ce qui nous laissait suffisamment de temps pour trouver un abri pour la nuit. La piste que nous suivions était éloignée de plus d’un kilomètre de la route principale. Une mesure de prudence qui nous permettait de cheminer dans un calme rassurant. Nous n’avions croisé que deux groupes de femmes depuis notre départ, car j’avais aussi pris le parti de contourner systématiquement les villages.

    Je posais mon sac et en sortis une carte postale dont les coins étaient légèrement écornés à force de manipulations. À perte de vue, on pouvait voir d’immenses buildings enchevêtrés les uns avec les autres. C’était une photographie aérienne et à aucun endroit on ne distinguait le bleu du ciel. Des milliers de voitures, pour la plupart de couleur jaune, encombraient les rues et les avenues à l’infini. Un sentiment oppressant émanait de cette image.

    « Mais c’est horrible, Grand-père ! Qui peut bien vouloir vivre dans un endroit pareil ?

    – Oui, effectivement c’est horrible, Amina. Et c’est bien pour ça que nous ne devions faire qu’y passer. C’était ça, la mission que nous avait confiée Aboubacar, le marabout. Mais, vois-tu, les choses ne se sont pas vraiment passées comme nous l’espérions.

    – Grand-père, cette ville effrayante, comment elle s’appelle ?

    – Cette ville, Amina, elle s’appelle New York ! »

    « Regarde, Amina, le spectacle de cette nuit étoilée. On dirait que la pluie a lavé le ciel jusque dans ses moindres recoins. Tu ne trouves pas ça merveilleux ? Pour ma part, je ne m’en lasse jamais, moi qui en ai été privé durant de longs mois. »

    Nous avions trouvé refuge dans une grange abandonnée, à peine quelques minutes avant que l’orage n’éclate. Seule une toute petite partie du toit était encore en état, mais cela s’avéra amplement suffisant pour nous protéger de l’averse. Et puis pour notre première nuit, il était préférable d’éviter de loger chez l’habitant, nous étions bien trop près du village. Pour notre petite soirée en tête-à-tête, Amina avait décidé de remettre sa jolie robe jaune.

    « Oui, c’est magnifique, Grand-père. Mais, comment fais-tu pour reconnaître les planètes dans tout ce fatras ?

    – C’est très simple, Amina. Les étoiles scintillent, elles, pas les planètes.

    – Alors celle-là, juste au-dessus du grand arbre… tu la vois ? C’est quoi son nom ?

    – Oh, celle-là, avec sa couleur orangée, impossible de se tromper. Amina, j’ai l’honneur de te présenter la planète Mars ! »

    Amina leva alors son bras droit et tel un général romain s’adressant à son empereur, elle prononça la phrase consacrée…

    « Mars, je te salue !

    – Ô Mars, toi qui brilles au milieu des cieux, voici Amina, ma petite fille ! Je te la confie pour que tu veilles aussi sur elle, longtemps… très longtemps. »

    Chapitre 1

    LA LOI DE MURPHY

    Pardon à toi, Jean, pardon Kate, pardon à vous tous… et par-dessus tout, pardon à vous deux, Allan, John, mes compagnons d’infortune. Mes compagnons que j’ai… assassinés. Oui, assassinés ! Je sais, ce mot est terrible et il raisonne dans ma tête depuis près d’une heure maintenant. Mais mon esprit échoue désespérément à en formuler un autre, moins radical. Dommage, cela permettrait peut-être d’atténuer le sentiment de culpabilité qui m’étouffe, et qui m’entraine irrésistiblement, dans un gouffre sans fin. En plus, c’est grotesque ! Je viens de me rendre compte que j’avais parlé de vous au passé alors que vous n’êtes même pas morts… du moins, pas encore. D’ailleurs, en y réfléchissant bien, il y a de fortes chances pour que vous me surviviez de quelques heures. Une bien maigre consolation, mais une consolation tout de même. « L’assassin est mort alors que ses deux victimes respiraient encore ! », un titre accrocheur pour la Une des journaux du soir. J’avoue qu’on pourrait même en rire si la situation n’était pas si triste… si désespérément triste.

    J’aurais tant aimé trouver un peu d’apaisement avant de prendre cette terrible décision d’en finir, mais le temps m’est compté désormais et il me reste encore une chose importante à faire. Une chose qui va requérir toute mon attention et toute mon énergie. Alors hors de question de gaspiller de précieuses minutes à m’apitoyer sur mon propre sort.

    Jean, si tu écoutes un jour ce message, je serai bien entendu mort depuis bien longtemps, mais cela voudra dire que j’aurai au moins accompli quelque chose de bien dans cette mission. Pour les autres, quels qu’ils soient et qui viendraient un jour à entrer en possession de cet enregistrement, considérez qu’il s’agit là de mon ultime contribution au programme Mars Reality. Mon testament en quelque sorte, puisque après tout, ce sont les derniers mots que je m’apprête à prononcer en ce monde… enfin, dans quel monde ?

    Pourtant, tout avait idéalement commencé en ce mois de septembre 1992. Un lancement réussi et une mise en orbite basse réalisée en douceur. Il ne nous avait fallu que trente minutes à peine pour retrouver le cargo et nous arrimer à lui. Le cargo, qui allait nous servir de vaisseau amiral pour le trajet vers Mars, avait été lancé un mois auparavant dans le plus grand secret. Secret Défense, paraît-il. Rien de bien surprenant à cela. Depuis deux ans déjà, depuis ce fameux discours du Président en fait, tout ce qui touchait de près ou de loin au programme portait le sceau du secret le plus absolu. Chacun des acteurs de cette aventure n’avait accès qu’aux données strictement indispensables à l’accomplissement de sa propre mission. Et celle-ci se limitait bien souvent à l’exécution d’une tâche unique. Plus de quatre-vingt-quinze pour cent des personnes ayant contribué au projet au cours de ces dernières années n’avaient absolument aucune idée de la véritable finalité de celui-ci. Et forcément cet échec, je devrais plutôt dire mon échec, les maintiendrait dans l’ignorance à jamais. Seul notre petit groupe d’astronautes, les quatre « chanceux », John, Allan, Jean et moi, pouvions échanger librement entre nous sur le sujet. Mais, contrairement aux précédentes missions, tout contact avec nos doublures nous avait été rigoureusement interdit. Tout ce que nous avions réussi à savoir, c’était que quatre astronautes, dont nous ignorions jusqu’au nom et que nous appelions entre nous les « une autre fois, peut-être ? », étaient censés suivre exactement le même entrainement, mais sur un autre site sécurisé.

    Ce petit intermède en orbite nous avait offert l’occasion d’effectuer trois rotations complètes autour de la Terre et ce pour le plus grand plaisir de notre jeune bizuth de l’espace, Allan. Ce fut donc dans la bonne humeur générale que nous avions pris possession de notre nouvelle demeure. Après avoir suivi à la lettre la check-list, John avait mis en route le moteur principal qui, en quelques dizaines de secondes à peine, devait nous propulser vers notre destination finale. Lorsque la vitesse optimale fut atteinte, il coupa l’alimentation et activa le stabilisateur automatique de trajectoire. Ensuite… et bien ensuite nous nous sommes souhaités une bonne nuit et chacun de nous s’est installé confortablement dans son cocon pour un long, très long sommeil. Un sommeil qui allait durer six mois.

    Comme prévu, le réveil avait eut lieu une petite semaine avant la date historique, qui serait bientôt inscrite dans tous les manuels d’histoire. Ce jour tant espéré où j’étais censé faire quelques pas de danse sur Mars en compagnie de ma cavalière du moment, Allan. « Quelques pas pour l’humanité… », comme l’avait si bien dit un certain Armstrong. Ma première image ce jour-là fut justement le visage d’Allan, penché sur mon cocon et barré par un sourire qui s’agrandissait au fur et à mesure que ma conscience se manifestait. Comme il flottait tranquillement au-dessus de moi, il me fallut un peu de temps pour rapprocher cette vision de la réalité. L’apesanteur n’est pas un phénomène physique naturel pour les bipèdes que nous sommes, surtout au réveil après un si long sommeil.

    J’attendis encore une bonne quinzaine de minutes avant de me sentir suffisamment solide pour m’extraire du cocon par mes propres moyens. L’absence de gravité présentait l’avantage de rendre les mouvements beaucoup plus aisés en phase de réveil et cela réduisait significativement le délai de récupération. Les premiers essais de sommeil prolongé en cocon réalisés sur Terre avaient nécessité plus de vingt-quatre heures d’accoutumance lors de cette fameuse phase de réveil pour les cobayes volontaires, hommes et femmes confondus. Et ils avaient même dû patienter quarante-huit heures de plus avant de retrouver l’intégralité de leurs capacités intellectuelles et physiques. Faute de pouvoir réaliser une expérience similaire en apesanteur, la NASA s’était contentée d’extrapoler les études menées sur le sommeil plusieurs années auparavant dans la Station Spatiale Internationale. Notre mission aura eu au moins le mérite de confirmer les hypothèses dans ce domaine. Avec un léger bémol tout de même…

    Oui, parlons-en de ce fameux bémol, de ce minuscule grain de sable qui allait gripper une mécanique pourtant parfaitement huilée. J’étais un des rouages de cette belle mécanique et j’ai participé à son déraillement. Non, correction votre honneur… j’ai provoqué son déraillement !

    Jean, le chapitre qui va suivre t’est personnellement destiné. Tous les faits que je vais être amené à évoquer maintenant ont été transmis et enregistrés en temps réel à Houston. Même si j’imagine qu’à l’instant où tu écouteras ce message, ces fameux enregistrements auront été enfouis depuis bien longtemps dans les profondeurs des archives secrètes de la NASA.

    Mais revenons à ce jour funeste où la belle mécanique à quinze milliards de dollars s’est subitement grippée. Alors que je sortais lentement de mon nid douillet – en apesanteur tous les mouvements donnent l’impression d’être extrêmement lents – je pouvais apercevoir John à quelques mètres de là qui s’activait nerveusement sur ton cocon. Son visage ne reflétait pas la même jovialité que celui d’Allan, loin s’en faut. C’était généralement le cas. Après tout, John était le commandant de la mission et « seul maître à bord après Dieu » comme il aimait à le répéter. Mais là, ça ne sentait vraiment pas bon. La procédure de réveil dans ton cas ne s’était pas déroulée normalement, comme pour nous trois. Tous les paramètres vitaux semblaient apparemment corrects, mais le voyant sur le flanc de ton sarcophage, c’était le surnom que nous avions donné aux cocons, restait désespérément rouge. Comme tu le sais, l’orange aurait signifié que le programme de réveil était en cours, programme qui nécessitait selon les individus une petite dizaine d’heures. Le vert indiquait quant à lui l’ouverture automatique de la verrière.

    Bien évidemment, Houston était au courant du problème depuis plusieurs heures maintenant et c’est avec eux que John essayait désespérément de s’entretenir. Mais les temps de réponse de plus de dix minutes avec la Terre rendaient toute tentative de discussion illusoire. Au bout d’une demi-heure de vérifications en tous genres, il fallut se rendre à l’évidence : le cocon fonctionnait parfaitement mais il avait décidé de te garder au chaud. Et comme tu le sais, il était impossible d’aller à l’encontre de cette décision en désactivant manuellement le système. Cette fameuse procédure d’urgence, qui avait occasionné tant de discussions houleuses, venait de s’activer à plus de cent millions de kilomètres de la Terre, et nous n’avions aucun moyen de nous y opposer. Le cocon avait détecté une infection qu’il n’avait pas eu le temps de traiter intégralement pendant la phase de sommeil et l’ordinateur n’envisageait pas de réveil possible dans les prochaines soixante-douze heures. Le constat était sans appel : tu étais définitivement perdu pour la mission.

    Au moment de la conception des cocons, les cerveaux en blouses blanches de la NASA avaient considéré qu’un astronaute malade constituerait un risque bien trop grand de contamination pour le reste de l’équipage et par là même, un danger majeur pour le bon déroulement de la mission. En conséquence, il serait préférable de le maintenir en sommeil, le cas échéant. Mais ce que laissait sous-entendre cette satanée procédure automatique, c’était une réelle défiance des grands patrons de l’Agence à l’égard de l’esprit de corps qui unissait les équipages une fois dans l’espace. Depuis bien longtemps, ils avaient identifié ce comportement comme un risque potentiel. Une menace sournoise, susceptible d’altérer le discernement

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