Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Ciel, post scriptum
Ciel, post scriptum
Ciel, post scriptum
Livre électronique148 pages2 heures

Ciel, post scriptum

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Les nouvelles de Susanna HARUTYUNYAN diffèrent des autres nouvelles par leurs aperçus originaux et inattendus. Ces évocations créent chez le lecteur une attente et une certaine tension, suscitant un réel bonheur de lecture. Ces nouvelles décrivent le changement de valeurs de notre monde mental, que souvent la simple observation condamne à paraitre terne et sans couleur.
L’édition comprend les nouvelles suivantes de Susanna HARUTYUNYAN : Tristes Supplications, L’épouvantail sans bras, Présomption d’innocence, Je jure sur la tête de mon père et etc. Et la novelette Ciel, post scriptum.

LangueFrançais
Date de sortie26 sept. 2019
ISBN9780463087008
Ciel, post scriptum

Lié à Ciel, post scriptum

Livres électroniques liés

Nouvelles pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Ciel, post scriptum

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Ciel, post scriptum - Susanna Harutyunyan

    Susanna HARUTYUNYAN

    Ciel, post scriptum

    Nouvelles, novelette

    Erevan 2019

    CUD 821.19 – HARUTUNYAN

    Cdb 84(5H) – 44

    HARUTYUNYAN, Susanna

    Ciel, post scriptum [Nouvelles, roman] / S. HARUTYUNYAN, traduit de français : Nazik MELIK HACOPIAN-THIERRY. L’édition électronique a été préparée par M. YAVRUMYAN. Couverture : A.URUTYAN. Edition électronique, Erevan, Yavruhrat, 2019, 120 pages.

    Les nouvelles de Susanna HARUTYUNYAN diffèrent des autres nouvelles par leurs aperçus originaux et inattendus. Ces évocations créent chez le lecteur une attente et une certaine tension, suscitant un réel bonheur de lecture. Ces nouvelles décrivent le changement de valeurs de notre monde mental, que souvent la simple observation condamne à paraitre terne et sans couleur.

    L’édition comprend les nouvelles suivantes de Susanna HARUTYUNYAN : Tristes Supplications, L’épouvantail sans bras, Présomption d’innocence, Je jure sur la tête de mon père et etc. Et la novelette Ciel, post scriptum.

    Classification des bibliothèques 84(5H) – 44

    eISBN 978-0463-0-8700-8

    © Susanna HARUTYUNYAN, 2019

    © Nazik MELIK HACOPIAN-THIERRY, 2019

    © Yavruhrat, 2019

    Tous droits sont réservés.

    Toute reproduction ou utilisation sous toutes ses formes en tout ou en partie de ce document est strictement interdite sans l'autorisation écrite de l’éditeur.

    Ce livre est autorisé à être lu seulement sur système électronique personnel.

    CONTENU

    A propos de l’édition

    Tristes supplications

    L’épouvantail sans bras

    Présomption d’innocence

    Je jure sur la tête de mon père et etc.

    Ciel, post scriptum

    Notes de fin

    TRISTES SUPPLICATIONS

    De mai à septembre, pendant cinq mois, ce fut toujours la même chose.

    Chaque jour, du matin jusqu’au crépuscule, du soleil, du soleil et encore du soleil... Le soleil brûlait tout, la terre, l’air, la vie, comme au désert. Les rochers des montagnes avaient pris la teinte des raisins secs blonds. Le soleil scintillait et était devenu d’une blancheur intense, une lumière fade comme le goût de l’hostie dans la bouche. Mais le vieux gardien de la maison du Conseil Communal n’était pas ébloui par un tel miracle. Il était fatigué de la monotonie des jours qui se suivaient et toujours les mêmes, et la permanence de ce scintillement miraculeux lui pesait. Il s’était adossé au mur, et sans vraiment penser à rien, baillait et regardait les femmes qui entraient et sortaient des magasins.

    Quand le soleil se couchait, le vieil homme gambergeait, il se demandait où allait reposer le soleil, au sein de Dieu ou au fond de son âme ?

    C’est à cet instant que le Président du Conseil Communal sortit du bâtiment et faisant tinter ses clés, s’appuya contre la porte craquelée, regarda le gardien et lui dit :

    – Demain tu viendras plus tôt, ta présence est indispensable.

    Le gardien s’en réjouit. Il se dit que peut être une enveloppe était arrivée d’Europe avec une invitation de séjour, avec la somme nécessaire.

    Il se releva en redressant son dos et s’approcha du président, alors qu’il fermait la porte. Il dit :

    – Et plus concrètement ?

    Le président, chauve, marmonna quelque chose et le gardien étonné répondit « ah bon ! ».

    Ils se dirent adieu, le président était déjà assez loin quand il se retourna et dit :

    – N’oublie pas.

    – Est-ce possible d’oublier ?

    Le gardien Sahak promit encore une fois d’être à l’heure et se pressa de rentrer chez lui pour repasser son costume qu’il avait mis la dernière fois, il y a un an et demi, pour la même occasion.

    Bien sûr, ce serait très désagréable de porter un costume avec une pareille chaleur, mais un costume n’est pas fait pour protéger du froid et du chaud, il doit avant tout mettre en valeur l’importance de la personne qui le porte où être à la hauteur des circonstances pour lesquelles il doit être porté.

    Sahak conclut que, pour une telle occasion, il se devait de porter son costume en laine malgré une telle chaleur.

    Chemin faisant, il acheta à crédit de quoi se raser. Il tenait à avoir fière allure lors des cérémonies, une présentation irréprochable qui serait la meilleure parure derrière laquelle on camoufle les défauts de l’âme, de ce qu’on est. Dès qu’il parvint à la maison, il se rasa. Faute de parfum, il se rafraîchit le visage avec de l’eau froide ; pour calmer les picotements de la peau, il se tapota les joues et se souhaita plein succès.

    Ensuite il passa aux vêtements. Il sortit son costume de l’armoire, il jeta la veste sur son épaule et, son pantalon sur le bras, il partit chez la voisine.

    La voisine, Mariam, était une femme seule, elle comprenait parfaitement les difficultés qu’affrontent les hommes seuls. Dans les circonstances d’une telle importance, elle repasserait le costume de Sahak sans rechigner.

    D’habitude, elle repassait son costume plusieurs fois, très attentivement, et en le recouvrant bien d’un tissu humidifié, pour qu’il n’y ait aucune tache ni aucun pli sur le costume, pour que le gardien Sahak ait un costume encore mieux repassé que peuvent en rêver les hommes mariés. Puis, tous deux, ils prenaient un café, parlaient des évènements qui avaient eu lieu depuis la dernière séance de repassage, échangeaient leurs opinions, se plaignaient de leurs maladies respectives. Ils énuméraient les médecins des alentours, qui sont les bons, qui sont les mauvais, et les herbes médicinales utiles à leurs maux et donnaient des explications à la longévité de leurs aînés. Mariam avait son opinion : « amour et une vie tranquille sont les secrets d’une longue vie », son voisin pensait le contraire : « de l’amour et une vie tranquille, ça ne va pas ensemble. La longévité c’est du travail et une bonne vodka ».

    Enfin, quand la nuit tombait, Mariam demandait à son invité, « tu n’as pas faim ? » et sans attendre la réponse elle préparait à dîner, Sahak se levait et remerciait pour tout et même pour le dîner qu’il n’avait pas mangé. Il faisait ses adieux et partait.

    La veille de ce jour-là, la voisine avait rêvé de sa mère. Sa mère lui avait reproché d’avoir laissé son fils quitter le village. Elle en avait pleuré dans son sommeil. Sa mère s’était éloignée sans écouter ses justifications et sans lui dire au revoir.

    En se réveillant ce matin, Mariam ressentit son sang frapper avec force dans ses oreilles. Elle sentit avec netteté le battement de son cœur. Elle conclut que sa tension devait être très élevée, au moins 16-12.

    Elle s’est habillée avec beaucoup de peine et n’a plus pu bouger. Elle garda le regard posé sur le dernier comprimé contre la tension qu’elle possédait et qui était délicatement posé sur une serviette sur le rebord de la fenêtre. Mariam resta couchée toute la matinée. Elle ne prit pas le médicament. Elle avait décidé de lutter, laissant le comprimé à plus tard, pour le cas où sa tension s’élèverait encore plus.

    En voyant son voisin devant elle, elle dévisagea sa face rasée, puis sa veste, puis ce pantalon qu’il tenait à son bras.

    – Tu es invité à une fête ?

    Elle s’obligea à se lever et tenta de se rappeler si, des fois, un des jeunes du village n’allait pas se marier ou si un autre ne revenait pas au village après avoir terminé son service militaire ou, même un autre de prison après avoir purgé sa peine. Enfin lui revint en mémoire avec beaucoup de difficulté qu’un voisin du quartier était né à peu près ces temps-ci et il était bien possible qu’il fêtât ses cinquante ans.

    C’est l’anniversaire des cinquante ans de Vatchik ? demanda Mariam.

    – Ah bon ? Il a déjà cinquante ans, s’étonna Sahak, comme le temps passe vite !

    C’est comme si c’était hier que les autres garçons le molestaient, se moquaient de lui car il pissait au lit la nuit, et c’est moi qui le défendais et là, il a déjà cinquante ans. Je ne sais pas, Vatchik ne m’a rien dit, la veste, c’est pour une autre occasion.

    – Alors tu vas au village d’à côté trouver une femme ? Tu m’as déjà raconté qu’il y a une veuve là-bas. Aujourd’hui, je ne me sens pas bien, si tu remets ça à un autre jour, je viendrai avec toi. Emmène quelqu’un avec toi, n’y va pas seul, les hommes ne voient pas loin et toi tu n’as plus droit de te tromper, ton âge ne te le permet pas.

    L’espace d’un instant, le gardien se vit en marié, une petite rose à la boutonnière, et la mariée qui l’attendait dans la pièce d’à côté encore capable de rougir bien malgré une cinquantaine bien sonnée.

    – Si seulement ça pouvait être vrai ! sourit l’heureux Sahak et il fixa timidement le bout de ses chaussures, non c’est pour le travail, nous recevons du monde, des gens qui viennent de la Russie.

    La voisine avait déjà pris le fer à repasser du côté de la fenêtre. Le temps que le fer soit chaud, en s’appuyant aux murs et aux portes, elle alla chercher un peu d’eau pour mouiller la toile.

    – Ils viennent pour faire quoi ? Ce sont des invités ? demanda la voisine en revenant avec le pot d’eau et cherchant à le placer sur la table.

    Sahak mouilla son doigt avec sa salive et frôla le fer.

    – Le fer est déjà chaud, dit-il en écoutant crépiter sa salive sur le fer, bah, je ne sais pas trop, je pense qu’ils viennent pour la même chose encore.

    Mariam fut prise de vertiges. Le sol sembla lui manquer sous les pieds, son cœur battait plus fort à ses oreilles. Elle posa le pot d’eau sur la table et s’appuyant, elle s’assit avec beaucoup de peine sur la chaise. Elle pensa alors qu’elle avait été trop économe et regretta d’avoir mis de côté son comprimé. Elle aurait dû le prendre ce médicament. Elle désigna à Sahak le comprimé et lui fit comprendre qu’elle voulait le prendre, il était là à côté de la fenêtre. Le gardien le lui tendit aussitôt ; inquiet il porta son regard sur Mariam et lui apporta le pot d’eau. Mariam avala la pilule sans eau et dit « maintenant ça passera ».

    Sahak empoigna le fer à repasser et passa rapidement le fer sur le pantalon à sa façon. Il dit à Mariam :

    – L’essentiel est que tu ne t’affoles pas. Ils ne vont pas rester longtemps, une heure ou deux, même si c’est un ou deux jours, tu dois faire front.

    Sahak termina aussi vite qu’il put son repassage. Il regarda Mariam et se permit un conseil : « tu ferais mieux de te coucher » et il lança sa veste sur son épaule, prit son pantalon à son bras, et sortit.

    Le soir, le président du Conseil Communal fit son apparition chez Mariam. Il lui dit :

    – Vous devez déjà être au courant.

    Il tourna avec respect le regard vers la maison du gardien. Il sortit des feuilles de son porte-documents, les déversa sur la table, fit sa lecture à haute voix avec une mine morne et fit signer les papiers.

    Bouleversée, Mariam protesta, disant qu’il ne fallait pas sans cesse retourner le poignard dans la plaie. Elle pleura. Le président se voulut compréhensif, parce qu’elle avait raison ; il dit que, lui aussi en avait mal au cœur, que cette fois il n’y aura pas beaucoup de monde, qu’il fallait deux témoins. Ce serait lui et le gardien. Que ce n’était pas la peine que les habitants du village soient tous mis au courant, ce n’était vraiment pas la peine. Il dit qu’ils commenceront le matin, pour que le soleil ne les dérange pas. Il reconnait qu’il était conscient que ce qu’il faisait était inhumain, mais qu’il n’avait pas le choix, il parlait au nom de la loi, et Mariam se sentit obligée d’acquiescer et dit qu’elle sera présente.

    Après le départ du président, Mariam alluma un cierge devant l’image de la Sainte Vierge, pleura, pria et attendit le matin.

    Après une nuit sans sommeil, le matin lui parut insupportable. Elle regrettait d’avoir pris son dernier médicament la veille, aujourd’hui sa

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1