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Litha, princesse de la brume
Litha, princesse de la brume
Litha, princesse de la brume
Livre électronique207 pages3 heures

Litha, princesse de la brume

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À propos de ce livre électronique

J'étais destinée à mourir, retourner poussière, disparaître dans le néant,

jusqu'à ce que j'entende cet appel. La voix envoûtante m'incite à traverser la brume. Beaucoup ont essayé, personne n'en est jamais revenu. Suis-je prête à prendre ce risque?

Mais au fond, ai-je réellement quelque chose à perdre?

LangueFrançais
ÉditeurVirginie T.
Date de sortie16 avr. 2024
ISBN9798224339150
Litha, princesse de la brume

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    Aperçu du livre

    Litha, princesse de la brume - Virginie T.

    Virginie T.

    Prologue

    Personne ne savait ce qui se cachait derrière la brume. Aucune âme n’avait réussi à la pénétrer depuis des temps immémoriaux. Beaucoup y avaient perdu la vie en voulant forcer le passage de ce lieu de mystère. Beaucoup tentaient de l’étudier sans le moindre succès. Mon mari et moi ne faisions pas exception. Nous étions des scientifiques. Nous passions un temps fou à tester le sol et l’air à proximité de cet étrange nuage sans jamais rien découvrir, jusqu’à ce jour extraordinaire, celui qui avait changé toute notre vie. Les gens craignaient la brume. Pourtant, elle nous avait offert le plus improbable des cadeaux. C’était pour mieux nous l’enlever, bien des années plus tard, sauf que nous ne le savions pas encore. Après des années à essayer de concevoir un enfant, jamais nous n’avons réussi. Ce n’était tout simplement pas un rêve à notre portée, pour mon plus grand malheur. Et voilà que, cette nuit d’été, nous étions tombés sur ce bébé pleurant à chaudes larmes. Je l’avais pris dans mes bras sans vraiment réfléchir, en écoutant uniquement mon instinct de mère qui ne demandait qu’à éclore, tandis que mon mari était méfiant. Il affirmait qu’il n’était pas normal de laisser un enfant dans cet endroit maudit. Pour ma part, j’y voyais un miracle. J’avais posé mes yeux sur cette superbe petite fille aux yeux intenses et elle avait capturé mon cœur dans la seconde. Elle était un cadeau, la réalisation de cet espoir fou auquel je m’accrochais malgré l’adversité. Je me rappelle encore les paroles d’Henry :

    — Cet enfant ne nous appartient pas. Nous ne pouvons pas le garder.

    Je n’avais que faire de ses scrupules. Je n’avais d’yeux que pour elle. Ce petit être avait besoin de moi. J’ai caressé sa joue et elle a agrippé mon doigt pour ne plus jamais le lâcher. Nous nous étions trouvés, tout simplement. L’amour débordait de mon cœur par vague. J’étais incapable de renoncer à elle. Je ne pouvais pas la rendre. Il fallait que je convainque mon mari. Sans lui, tout était perdu.

    — Regarde autour de toi, Henry. Il n’y a personne. Elle a dû être abandonnée.

    — Arlette...

    Si, pour ma part, j’avais gardé espoir d’avoir un jour un bébé à moi, Henry avait fini par se résigner. Il avait tourné cette page plus vite que moi. Nous avançons tous à notre rythme face à un deuil et je n’étais jamais parvenue à effectuer celui-ci.

    — Je t’en prie, Henry. Nous avons si longtemps souhaité un enfant.

    — Mais elle n’est pas à nous. Ce bébé a forcément des parents.

    Il avait alors observé les alentours sans rien remarquer de probant. Contrairement à moi. C’était la toute première fois que j’avais eu l’impression de distinguer quelqu’un à travers la brume. J’étais certaine d’avoir vu une femme qui pleurait. Elle m’avait fait un cadeau inestimable. George ne pouvait pas le refuser. Je devais le convaincre par n’importe quels moyens. Tous, sauf la vérité. Il ne m’aurait pas cru de toute manière. D’ailleurs, avec le recul, je ne suis plus certaine d’y croire non plus, mais cette soirée-là, je n’avais pas le moindre doute.

    — Tu sais parfaitement que quelques fous tentent encore de traverser la brume malgré les avertissements.

    C’était également un moyen de se suicider pour les désespérés.

    — Elle n’a plus personne...

    Henry avait alors soupiré, regardé une nouvelle fois ce trésor que je serrais dans mes bras, puis hoché la tête.

    — D’accord. Rentrons à la maison. Nous aviserons demain.

    Personne ne l’avait jamais réclamé. Depuis ce jour, je l’avais aimée, chérie et protégée. Néanmoins, je n’avais rien pu faire contre le malheur qui nous a frappés quelques années plus tard. Merry n’était tout simplement pas destinée à demeurer avec nous.

    Origine

    Cachée derrière la porte, j’écoute mes parents se disputer pour la énième fois depuis des jours. La tension règne dans notre maison depuis des mois, mais ce soir-là, les frictions atteignent leur paroxysme. Je suis consciente d’en être à l’origine et je me le reproche sans cesse. Mes parents auraient été bien plus heureux sans moi. Ils méritaient mieux que moi. Ils sont des gens exceptionnels, altruistes. Ils ont voué leur vie aux autres et ils se sentent impuissants devant moi. J’ai remis en cause tout leur savoir, toutes leurs croyances, tous leurs principes. Je suis une énigme insoluble et pour des chercheurs tels qu’eux, c’est tout simplement inacceptable.

    — Elle se portait mieux là-bas, Henry.

    — Nous avons déménagé à ta demande ! Tu souhaitais qu’elle grandisse dans une grande ville, qu’elle puisse aller dans de grandes écoles. Et maintenant que nous sommes bien établis et que ses soins coûtent une fortune, tu veux retourner à la campagne ?

    Je suis au courant que nous n’avons pas toujours vécu ici. Cependant, j’étais bien trop jeune lors de notre installation pour avoir un quelque souvenir d’une autre ville.

    — Tu vois bien que la pollution aggrave ses symptômes. Ne veux-tu pas qu’elle se sente mieux ?

    Ma mère continue d’y croire, envers et contre tout, même contre les pensées de mon père. Lui et moi sommes lucides.

    — Nous devons nous rendre à l’évidence. Nous ne pouvons pas la soigner alors au moins, offrons-lui une fin de vie le plus confortable possible !

    Finalement, je me suis trompée face à l’insistance de ma mère. Elle sait. Mon cœur palpite dans ma poitrine à ce constat sans appel : je suis condamnée. Oh, je m’en doute depuis de nombreux mois. Aucun traitement n’a d’effet. Mon état se dégrade de jour en jour et même si je ne me plains jamais, ma mère n’est pas dupe. Elle voit toutes les petites choses que je tente de dissimuler pour diminuer son inquiétude. Elle souffre avec moi, pour moi. Elle souhaiterait prendre ma place si elle le pouvait tandis que, de mon côté, j’aspire naïvement au repos éternel. Ce n’est pas une pensée qui m’est venue de gaieté de cœur. Simplement, rester enfermée en permanence, sans permission de sortie, car chaque évènement peut m’être fatal, je n’appelle pas ça vivre. Je suis condamnée à observer les jeunes de mon âge par ma fenêtre. Je les vois rire et s’amuser, profiter de tous ces petits plaisirs qui me seront à jamais interdits. C’est presque plus mesquin que le mal qui m’accable.

    — Arlette, la ramener là où nous l’avons trouvée ne changera rien à sa santé.

    Je dresse l’oreille à cette remarque singulière. Trouvée ? C’est une bien étrange manière de nommer l’endroit où je suis née et où j’ai vécu mes premières semaines.

    — Nous ne savons rien de la brume, Henry. Nous ne sommes jamais parvenus à la déchiffrer. Peut-être que...

    — Peut-être rien du tout ! La brume avale les âmes égarées ! Elle ne sauve personne.

    J’entends mon père se déplacer pendant que ma mère sanglote. Elle ne devrait pas être si triste. Pour ma part, j’ai accepté mon sort. J’ai fait la paix avec cette maladie qui me ronge. À quoi bon ruminer contre une puissance supérieure ? Je ne suis ni sage ni philosophe contrairement à ce que pensent certaines de mes infirmières. Je suis tout bonnement lucide, tout comme mon père. Je suppose que je tiens de lui. Je me suis en quelque sorte adaptée à cette vie qui m’échappe. Si seulement je pouvais faire disparaître la souffrance... C’est mon unique regret. Enfin, ça, et de quitter ma mère. Je sais qu’elle a besoin de moi.

    — Arlette, il est temps de se rendre à l’évidence. Merry n’a plus beaucoup de temps à vivre.

    — Précisément. Retournons chez nous. Au fond, tu avais raison. J’avais juste peur de la perdre. Peur que quelqu’un se pose des questions sur notre soudaine parentalité. Je craignais qu’on nous l’enlève. Je ne souhaitais pas que quelqu’un identifie le visage de ses parents à travers le sien. Au fond, c’était absurde. Jamais ça n’aurait pu se produire.

    Pourquoi ne voudrait-elle pas que je ressemble à mes parents ? Je suis fière d’eux et j’espérais leur ressembler, au contraire. Ils sont d’éminents chercheurs reconnus dans leur profession. Ils sont très respectés. Je ressens un malaise au fur et à mesure de mon écoute.

    — Je sais, Arlette, et j’avais les mêmes appréhensions. C’est pour cette raison que j’ai préparé notre déménagement. Tu t’es si vite attachée à Merry.

    — Nous n’aurions sans doute pas dû tout quitter. Rentrons sur nos terres, Henry. J’ai besoin de retrouver mes racines. Si le pire doit arriver, je souhaite que Merry soit près des siens.

    Un nouveau soupir me parvient tandis que mon père accède à sa requête, comme toujours. Il n’a jamais rien réussi à lui refuser.

    — Je vais faire le nécessaire et contacter d’anciens collègues. Merry aura besoin de soin sur place.

    — Merci, Henry.

    — Oh, ne me remercie pas trop vite. Tu fondes trop d’espoir sur notre retour, Arlette. J’ai peur que ta déception soit grande.

    — Dans ce cas, je la gérerai. Rien n’a plus d’importance que Merry. Au moins, là-bas, elle pourra mettre un peu le nez dehors.

    Sortir ? Vraiment ? Je ne me rappelle même plus la dernière fois que j’ai foulé du pied les routes pavées qui bordent notre immeuble. Des mois, des années, peut-être. Les médecins ont tout tenté pour me guérir, mais comment trouver un remède à un mal qui n’existe pas ? Je suis un cas unique. Mes organes s’effritent. Il n’y a pas de terme plus approprié. Pour une raison que tout le monde ignore, bien que mon corps ne paraisse pas avoir plus d’une vingtaine d’années, mon âge réel, à l’intérieur, est plus proche des quatre-vingts ans. Tous mes organes sont usés, atrophiés, abîmés, et il est vain de penser à une greffe. J’en ai déjà subi. Au début, lorsque mes reins ont montré des signes de faiblesse, mes parents ont tenu le choc et fait le nécessaire pour que l’on m’en octroie un sain. Je n’étais encore qu’une enfant pleine de vie avec de nombreux rêves. Malheureusement, je l’ai rejeté et j’ai appris à vivre avec un seul rein. Puis les défaillances se sont enchaînées et il a été évident que je ne pouvais pas être greffée d’un nouvel organe tous les deux ans. Aujourd’hui, ce sont mes poumons qui me lâchent et après cela, il ne restera plus que le cœur. Ce cœur déjà tellement fatigué, comme s’il avait éprouvé plus d’émotions qu’il ne pouvait en contenir...

    — Merry !

    Je sursaute de surprise. Ma mère se tient juste devant moi, une main sur la poitrine.

    — Tu m’as fait peur ! Que fais-tu ici ? Tu devrais être dans ton lit à te reposer, ma chérie.

    — Je vous ai entendus vous disputer, papa et toi.

    Elle sait que je déteste ça, être responsable des tourments dans leur couple. Lorsque ma santé était correcte, cela ne se produisait jamais.

    — Ce n’est rien, Merry, une simple discussion un peu houleuse.

    Puisqu’elle mentionne la conversation, je m’infiltre dans la brèche.

    — D’où je viens ?

    Je n’avais pas prévu de poser cette question. J’ignore d’où elle est arrivée, mais elle sonne telle une évidence. L’échange de mes parents a soulevé de nombreuses interrogations.

    — Qu’est-ce que tu racontes, ma chérie ? As-tu la fièvre ?

    Ma mère porte la main à mon front et j’ai sur le moment un mouvement de recul avant de la laisser faire. Elle a raison. Qu’est-ce qu’il me prend soudain de douter ainsi de ma naissance, de mes parents ? Ils se sont toujours souciés de moi. Ils m’ont aimée, chouchoutée, dorlotée, et ils se battent pour me donner simplement le droit de vivre. Je n’aurais pas pu rêver de meilleurs parents. Quelles que soient les paroles que j’ai surprises, elles ne valent pas la peine de se disputer. À quoi bon ? Ma mort est proche. Je n’ai plus le temps de remettre en question mon existence. Elle touche à sa fin. Autant tirer ma révérence dans la sérénité.

    La brume

    La brume me fascine depuis notre arrivée à Fog Village. Je peux passer des heures à la fixer par la fenêtre, à la recherche de... quelque chose. Je ne peux pas admettre que ce brouillard ne dissimule rien de particulier. C’est tout bonnement impensable. Nous avons quitté la grande ville quelques jours seulement après la supplique de ma mère. Notre déménagement a pris tout le monde par surprise d’après ce que j’ai saisi. Il faut dire que mes parents abandonnaient tout du jour au lendemain pour moi, leur fille mourante. Quel intérêt ? Cela ne changera pas les faits. Mon état est incurable. Personne n’a compris leur empressement, mais la pitié qui m’a soudain entourée a bien failli avoir raison de moi. Personne n’ignore mon manque d’avenir et tous plaignent mes parents pour la perte qu’ils vont devoir surmonter. Au final, il y a peu de tristesse pour mon sort. C’est un peu... pathétique, comme si tout le monde s’était déjà habitué à ma disparition prochaine. Je déteste la pitié. Elle ne fait que nous rappeler ce qui ne fonctionne pas dans votre vie. Elle n’apporte rien de bon en dehors de la colère et d’un sentiment d’injustice.

    Heureusement, les habitants de Fog Village ont eu une réaction différente. Dès notre arrivée, le manoir est entré en ébullition. Oui, un manoir ! J’ai toujours eu conscience que mes parents faisaient partie des privilégiés. Pour autant, c’était un phénomène moins flagrant dans une grande ville, au milieu d’autres fortunés. Mais ici, dans ce petit village de quelques centaines d’âmes à peine, la richesse de mes parents saute aux yeux. Les habitants se sont pliés en quatre pour nous accueillir chaleureusement, nous offrant des présents ainsi que, pour moi, des prières. Fog Village est une communauté soudée très religieuse. Je comprends mieux l’engouement de ma mère pour les prières puisqu’elle est originaire de ce village. Pour ma part, j’ignore si je crois ou non. C’est quelque chose de difficile à appréhender. Je veux dire, croire en un Dieu unique ne me gêne pas en soi. Toutefois, imaginer qu’une entité emplie de bonté souhaite ma mort, moi qui n’ai même pas eu le temps de vivre, c’est un concept un peu dérangeant. Cela ne m’a pas empêchée de les remercier et d’en être touchée. Ils n’ont pas pensé à mal et leur compassion pour moi était évidente.

    Cependant, ce qui me fascine le plus dans ce village perdu au milieu de nulle part reste cette brume. Intangible, dangereuse d’après les rumeurs, elle est une curiosité que nombre de touristes viennent observer sans jamais sans approcher. Rien n’en sort et rien ne peut y rentrer sans s’y égarer définitivement. Elle fait courir un certain malaise dans l’esprit des gens, mais pas dans le mien. Au contraire, je me sens proche de cette brume, comme si elle était capable de me comprendre. Depuis mon arrivée, à l’aube de ma mort, je ressens son appel. Alors que la maladie menace de m’engloutir à chaque instant dans les ténèbres de la nuit, une voix chuchote à mon oreille que je dois me rendre dans cet endroit mystérieux, que je ne dois pas en avoir peur. Qui et pourquoi, je n’en ai pas la moindre idée. Toutefois, cette pensée m’obnubile un peu plus chaque jour qui passe. Un peu plus à chaque nouvelle nuit qui s’élève pour me rapprocher de mon trépas. C’est une

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