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Un souffle d’amour: Au-delà des mots
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Un souffle d’amour: Au-delà des mots
Livre électronique263 pages3 heures

Un souffle d’amour: Au-delà des mots

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À propos de ce livre électronique

"Un souffle d’amour - Au-delà des mots" relate le parcours d’une aide-soignante, entre moments de joie intense et périodes de profonde solitude. L’auteure décrit les évolutions récentes dans le milieu hospitalier, marqué par une tendance à l’économie à tous les niveaux. Ce récit aborde également des situations familières que chacun a pu rencontrer, aussi bien dans sa vie personnelle que professionnelle.

À PROPOS DE L'AUTRICE


Sylvia Schwartz exerce le métier d’aide-soignante depuis une décennie. Son expérience s’étend du milieu hospitalier jusqu’aux Établissements Spécialisés d’Aide par le Travail. Dans ce livre, elle dépeint avec sensibilité l’envers du décor de cette profession, mettant en lumière la vocation et l’engagement du personnel médical au service des autres.
LangueFrançais
Date de sortie9 avr. 2024
ISBN9791042223847
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    Aperçu du livre

    Un souffle d’amour - Sylvia Schwartz

    I

    La vie

    La vie ce n’est pas d’attendre que les orages passent, c’est d’apprendre à danser sous la pluie.

    John Lennon

    Présentation d’Eugénie

    Je me suis décidée à écrire cet ouvrage pour ma grand-mère Eugénie, qui vit toujours à nos côtés, mais qui, ces dernières années, a sombré progressivement dans la démence sénile. Par ces quelques pages, je voudrais rendre hommage à la merveilleuse femme, mère, grand-mère et arrière-grand-mère, et même arrière-arrière-grand-mère qu’elle est. En effet, du haut de ses quatre-vingt-seize printemps, Eugénie est l’heureuse arrière-arrière-grand-mère de trois petits trésors, un garçon d’un an, Aidan, et deux filles de six et trois ans, Kiara et Victoria.

    Eugénie vit dans un petit village tranquille depuis sa naissance, elle y est née et ne l’a jamais quitté. Elle a quatre sœurs, Marie, Célestine, Blandine et Jeannette, elle a eu aussi un frère Marcel, décédé à un jour de vie d’une maladie, qui est aujourd’hui devenue bénigne, et Agnès, décédée jeune elle aussi. Elle évolue au sein d’une famille aimante et d’un papa qu’elle aime par-dessus tout. Toute la famille vit dans une grande maison à laquelle est accolée une grange où est stocké tout le foin. Il y a aussi le poulailler avec un accès sur l’extérieur, et l’endroit où ils élèvent les cochons et les lapins. Dans l’écurie toute proche, ils abritent les deux chevaux de trait de la famille. Hormis ces animaux, la famille élève aussi des oies et des canards. Les poules, les oies et les canards leur fournissent les œufs pour l’alimentation de tous les jours ou pour faire des gâteaux. Les cochons et les lapins et certaines poules leur apportent la viande pour nourrir toute la famille. Parfois, la viande ou les œufs frais sont vendus ou utilisés pour faire du troc avec les voisins.

    Eugénie a été évacuée avec sa famille durant la deuxième guerre mondiale dans un village de Charentes, dans une ferme où son père participait activement à la vie de la ferme et aux travaux dans les champs. Il aidait aussi à l’élevage des animaux. Il n’avait pas de salaire propre, mais il recevait de quoi nourrir sa famille. Ils avaient tous le droit de dormir dans la grange, dans la paille au-dessus des animaux, qui leur apportaient un peu de chaleur. Le papa d’Eugénie, Émile, a dû laisser ses chevaux de trait dans le pré, au moment de leur départ, à un voisin, car il ne pouvait pas les emmener dans le wagon à bestiaux. La vision de ses chevaux dans le pré, pendant que le train s’éloignait, a, pendant de très longs mois, silencieusement fait pleurer son père. Ses beaux yeux tout remplis de larmes ont laissé une trace absolument indélébile dans le cœur de ma grand-mère, car comme elle le racontait si souvent, c’est la première fois qu’elle a vu pleurer son papa qui était un roc, courageux et solide, il ne pleurait donc jamais. Il abandonnait dans ce pré deux « enfants », qu’il ne récupérera d’ailleurs plus lors de son retour dans le village.

    La vie en Charentes était très difficile pour la famille, loin de chez eux, loin de tout, loin de leur confort habituel dans leur maison. Ils étaient pauvres et ne dormaient que dans la grange, jamais dans la maison des fermiers qui les accueillaient. Les enfants et leur maman participaient aussi à la traite et au jardinage. La maman, Marie, défaisait les pulls en laine trop petits des plus grandes et elle en faisait des pelotes. Elle retricotait après les mêmes pelotes pour en faire de nouveaux pulls ou robes pour les plus petites. Après quelques longs mois passés dans cette ferme, où les propriétaires n’étaient pas toujours très gentils envers eux et envers les enfants, toute la famille est revenue chez elle. Arrivés à nouveau dans le village, devant leur maison, ils découvrirent que l’intérieur était rempli de fumier, et que tous les meubles avaient été détruits, pillés ou brûlés. Tout ce qui se trouvait dans la maison au moment de leur départ précipité a disparu et il ne reste absolument rien, pas même des tasses, des couverts ou des vêtements. Les Allemands avaient tué leurs animaux pour se nourrir. D’ailleurs, ma grand-mère m’a dit plus tard que même les Américains demandaient à avoir des poules ou des œufs pour se nourrir et changer un peu leur alimentation quotidienne en y ajoutant des produits frais. De temps en temps, ils leur donnaient des chewing-gums et des bonbons, ainsi que des gâteaux qui faisaient partie de leurs rations de survie.

    C’était donc un spectacle de désolation, il fallait se relever les manches et tout nettoyer, assécher et reconstruire avec l’aide de la famille et des voisins. Il fallait aussi retrouver et racheter des poules, des oies, des cochons et des lapins pour recommencer à faire de l’élevage. Par la même occasion, il fallait s’approvisionner en graines et en semis pour cultiver le jardin qui a été laissé en friche. La famille comptait déjà quatre filles, et la cinquième était sur le point de montrer le bout de son nez.

    Toute petite déjà, Eugénie a éprouvé le sentiment de privation, et de perte de tous ses biens, ainsi que le manque cruel de nourriture qui engendre la faim qui vous tiraille le ventre au point de faire très mal. Ce manque restera d’ailleurs gravé en elle jusqu’à la fin de sa vie et cela malgré sa démence. Pendant les années de guerre, les Allemands leur prenaient quasiment tous les animaux pour les tuer et les manger, ils ne leur laissaient que le strict minimum pour vivre. Pendant ce temps, eux gaspillaient à outrance la viande et les fruits ainsi que les légumes du potager. Difficile de se construire dans un tel contexte, pourtant Eugénie était heureuse et choyée par ses deux parents qui étaient stricts, mais aimants. Eugénie était la chouchoute de son papa qui la faisait souvent monter, aussi jeune qu’elle était, sur ses chevaux. Elle adorait cela et riait aux éclats, ce qui faisait le bonheur de son papa, une très belle complicité et beaucoup d’amour existait entre ces deux-là.

    Tout juste l’adolescence passée, Eugénie se marie avec l’homme de sa vie. Elle était très jeune et avait comme tout le monde après la guerre peu d’argent. Pour son mariage, elle portait une jolie robe noire, cousue main, et elle portait un adorable petit voile blanc sur la tête. Elle était rayonnante au bras de son époux, Pierre, dont elle était très amoureuse. Eugénie quitte son village natal après son mariage pour s’installer provisoirement dans le village de son époux, en attendant de revenir habiter dans une maison construite par eux et pour eux dans son village natal. Une de ses sœurs construira d’ailleurs juste à côté d’elle.

    Les cinq sœurs vivront ainsi dans le village près de leurs parents. Eugénie et Pierre auront trois enfants ensemble, Raymonde, Yvonne et François. Les enfants grandissent paisiblement auprès d’une maman aimante et très douée de ses mains. Elle leur confectionne de magnifiques poupées en tissus et elle orne les berceaux de ces mêmes poupées. Elle leur tricote aussi des vêtements sur mesure et de toutes les couleurs. C’est aussi une excellente cuisinière et une pâtissière qui n’a rien à envier aux meilleurs pâtissiers actuels. Ses gâteaux, ses biscuits et ses entremets sont une pure merveille pour la vue et pour le palais. La maison embaume régulièrement des odeurs sucrées et parfumées de toutes ces douceurs qu’elle confectionne avec amour.

    Eugénie est une très belle femme, coquette, rieuse, toujours bien habillée malgré le peu d’argent. Au cours de sa vie, elle apprendra une quantité de choses comme la pose de papier peint, le crochet, le canevas, le tricot, la couture et plein d’autres choses encore. Elle sait absolument tout faire et pour ce qu’elle ne sait pas faire, elle demande à ceux qui savent le faire des conseils et elle apprend très rapidement à faire la même chose elle aussi. Le dimanche à l’église, on nous reconnaissait de loin mes trois cousins, mes frères et moi, car nous avions tous les mêmes pulls. Pour mes cousins, c’étaient des pulls d’un beau bleu marine avec des flocons de neige blancs tricotés dessus, et pour mes frères et moi, les mêmes pulls, mais en vert avec les mêmes flocons tricotés, tous identiques et tous si beaux. On était très fiers.

    Il faut dire que les deux filles d’Eugénie ont eu des enfants les mêmes années, donc nous avions tous un cousin ou une cousine de notre âge pour jouer avec, et cela durant toute notre enfance. Les enfants de son fils, deux adorables filles, sont nées un peu plus tard.

    Eugénie a la joie d’avoir huit petits-enfants, qu’elle aime infiniment, cinq garçons et trois filles, Jean-Marc, Sylvia, Jean-Michel, Vincent, Philippe, Régis, Jennifer et Jessica.

    Elle est toujours partante pour un café-gâteau consommé en pâtisserie ou en terrasse, pour une séance de cinéma, pour un petit tour à la piscine malgré le fait qu’elle ne sache pas nager. Elle marche alors dans le petit bassin là où elle sait qu’elle a pied. Elle aime les restaurants, qu’ils soient français, allemands, italiens ou chinois. C’était et c’est toujours un réel bonheur de l’emmener manger. Elle se tient bien, s’émerveille de tout, admire tout et commande et goûte de tout, spécialement des desserts sucrés. Elle boit même un petit verre de vin, mais uniquement au restaurant et elle se met sur son trente et un pour sortir. Boucles d’oreilles, bagues, colliers, bracelets et toujours un léger parfum de lavande. Elle est rayonnante.

    Parfois, un simple curry consommé en Allemagne fait son bonheur, elle y sirote toujours un « Malsbier », une bière de malt sucrée. Eugénie s’adapte à tout et partout. Un jour, nous sommes allées prendre un petit déjeuner dans un fast-food en sortant d’une prise de sang où elle devait se rendre à jeun. Elle a observé le système et a bien tranquillement bu son café au lait, qu’elle adore encore aujourd’hui, et mangé sa pâtisserie, son petit pain, et bu son jus d’orange. Un vrai bonheur. Elle cherchait les assiettes et s’est finalement contentée de tartiner son pain avec un couteau en plastique sur un emballage en papier posé sur la table et elle a bu dans le gobelet en carton, avec le couvercle muni d’un opercule à ouvrir, pour boire.

    Eugénie aime aussi les glaces prises en dehors de chez elle, surtout en Allemagne dans un Eiscafé, un établissement dédié aux glaces, aux sorbets, aux cafés et aux crêpes en tous genres.

    Eugénie et les voyages… c’est une véritable globe-trotteuse… elle est de tous les voyages, les excursions et les pèlerinages. Avec moi, elle est partie trois fois en vacances, une fois à Saint-Raphaël, une fois à Argelès-sur-Mer et une autre fois aux Baléares. « Les voyages forment la jeunesse », disait-elle toujours.

    En France, je louais toujours un Mobil-home où elle avait à chaque fois sa propre chambre, nous partagions nos repas, nos moments sur la plage et nos soirées ensemble. Elle aidait volontiers à la cuisine, faisait des confitures ou des marmelades avec les fruits juteux gorgés de soleil qu’elle trouvait sur les marchés du sud. Elle aimait les marchés régionaux et admirait les paysages, qu’ils soient montagneux, boisés ou tout simplement la mer.

    Lors du trajet pour aller en vacances, à l’aller comme au retour, elle commentait les villes et les villages connus où nous passions, aussi bien par l’autoroute que par la route nationale. Il faut dire qu’elle était très cultivée, elle passait ses journées dans les livres et les atlas de la route. Certaines pages de son atlas étaient tellement usées, à force d’être consultées, qu’elles en avaient perdu leur couleur et que l’écriture commençait à disparaître aussi.

    Eugénie adorait acheter des cartes postales des endroits et lieux qu’elle avait visités et aimés. Les dernières vacances que j’ai passées avec elle et mes enfants, c’était près des Pyrénées. En partant du camping, elle m’a dit d’arrêter la voiture et elle a dit « Adieu merveilleuses Pyrénées, on ne se reverra plus… Adios… » Je n’ai pas compris ou voulu comprendre, mais j’ai respecté son moment d’adieu et je n’ai rien dit. Elle a souri, elle a levé les mains en prière au ciel et nous sommes reparties vers notre Lorraine natale, la voiture chargée de quelques petites branches d’oliviers qu’elle avait pris sur de grands oliviers voisins afin de les faire pousser chez nous une fois qu’ils auront pris racine. Elle avait pris soin de mettre ses branches dans un mouchoir très humide et entouré de papier aluminium afin qu’elles ne s’assèchent pas.

    Le soir, dans les campings où je réservais, il y avait toujours une animation et ma grand-mère était toujours présente, que ce soit pour le karaoké, les danses folkloriques, les soirées pizzas ou crêpes, et pour les paellas géantes. Elle participait aussi aux excursions et aux sorties ainsi qu’aux visites guidées dans les confiseries, les magasins de fromages, la fabrication de miels chez les apiculteurs, et la fabrication des parfums de Provence. Elle aimait visiter les zoos, et les musées de toutes sortes, sa curiosité n’était jamais étanchée.

    Aux Baléares par contre, elle n’avait pas besoin de faire la cuisine et la journée se limitait aux repas pris dans l’hôtel, aux visites des sites environnants et aux séances de bronzage sur la plage sur un transat et sous un parasol en chaume. Elle lisait beaucoup ou elle faisait des mots fléchés, des mots croisés ou alors elle faisait des photos souvenirs avec son petit appareil photo. Elle admirait aussi beaucoup la mer, la plage, les couchers de soleil magnifiques sur l’eau. Au retour de la plage, elle aimait flâner dans les boutiques où l’on trouvait souvent des bibelots en forme de sacs remplis de petites choses, de pièces et de légumes. Ces sacs étaient, d’après les habitants de l’île, un symbole de chance et de richesse. À onze heures quarante-cinq tapantes, elle remballait invariablement ses affaires et se dirigeait vers la salle de restaurant où un repas nous était servi. C’étaient toujours des buffets, chauds ou froids. J’adorais la voir regarder toutes les spécialités et choisir celles qu’elle allait savourer. Un régal pour le cœur, pour les yeux et les papilles.

    Elle a voulu visiter la fabrique de perles et nous avons fait cette excursion pour elle. Elle a beaucoup aimé. Tous les soirs, nous prenions un verre au bord de la piscine éclairée par des ampoules multicolores dont les reflets donnaient à l’eau bleue des airs de douceur, de bonheur et de fête. Elle aimait savourer un Baileys Irish Cream, une liqueur à base de Whisky irlandais et de crème. J’adorais voir son visage se parer de rouge quand elle commandait, toute timide, sa boisson, comme une petite fille prise en faute. Elle savourait son cocktail avec une paille et mangeait les fruits frais qui étaient accrochés autour du verre avec une délectation, non dissimulée, qui faisait plaisir à voir.

    Une fois le verre vide et notre discussion achevée, la soirée s’achevait dans la chambre. Eugénie avait sa propre chambre. Je crois qu’elle a beaucoup aimé ce séjour, même si c’était au mois de septembre. Elle était si belle avec son petit chapeau blanc en tissus genre bob et son tablier bleu ou son joli maillot de bain vert. Une grand-mère moderne, belle, accueillante et si gentille. En ce qui concerne l’avion, elle redoutait un peu le vol, mais tout s’est très bien passé. La photo prise sur le tarmac en sortant de l’avion par un photographe le prouve, elle a un magnifique sourire.

    Eugénie partait aussi avec ses copines dans un centre de vacances pour les familles de mineurs à la montagne à Praz-sur-Arly, des moments de détente qui lui faisaient du bien. Elle faisait de longues balades en montagne et a visité un peu l’Italie. Elle nous envoyait à tous des cartes postales choisies avec soin. Quand elle rentrait, malgré son petit budget, chacun d’entre nous avait droit à son petit cadeau.

    Les pèlerinages : Eugénie est très pieuse. Elle se rendait souvent à Lourdes en famille avec ses sœurs et ses neveux et nièces. Elle en garde un souvenir intact. Souvent, elle me parlait de la procession du soir, de l’élan d’amour et de la spiritualité qui se dégage de la foule des malades et des pèlerins qui y participent. J’ai vécu pour mes quarante ans pour la première fois ce bonheur et durant la procession, j’ai appelé ma grand-mère en lui faisant écouter « l’Ave Maria » chanté en chœur et avec ferveur par la foule des fidèles et des malades. J’ai entendu sa voix trembler, ses mots avaient du mal à sortir de sa bouche. Puis, au

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