En ce temps-là, les femmes…
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTRICE
Micheline Grandjean a brillamment exercé en tant que secrétaire de direction pendant sa carrière. Cependant, sa passion inébranlable pour la littérature a toujours été présente. Inspirée par sa mère, elle a ressenti un appel irrésistible à écrire sur les femmes du début du XX siècle. Avec une élégance envoûtante, une pudeur profonde et un respect inébranlable, elle a franchi le pas en réalisant "En ce temps-là, les femmes…"
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Avis sur En ce temps-là, les femmes…
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Aperçu du livre
En ce temps-là, les femmes… - Micheline Grandjean
Chapitre 1
La sérénité que j’éprouve à écrire ces premières lignes me donne le courage de continuer à vous faire entrer dans la vie de Madeleine et j’espère parvenir à vous procurer le bonheur et le bien-être qu’elle m’a « offert » jusqu’à son dernier souffle.
J’ai retrouvé dans le tiroir d’un petit meuble, où se trouvaient divers objets hétéroclites, un de mes cahiers d’écolière. Je l’ai immédiatement senti, j’ai toujours aimé l’odeur des livres et des cahiers. À ce moment précis, j’ai ressenti une bouffée de nostalgie me guidant dans les pas de mon enfance et, bien sûr, dans ceux de mes parents.
Il me paraît important que l’on s’intéresse à l’existence souvent difficile des mères de famille de cette première moitié du XXe siècle, faite d’abnégation, de dévouement et d’un courage à toute épreuve.
Mon père, contrôleur-qualité dans un grand Groupe Automobile, travaillait énormément et en équipe. Les souvenirs que j’ai avec lui, ce sont parfois des dimanches ensoleillés où nous allions nous promener dans les parcs parisiens afin de passer de bons moments ensemble, les vacances en juillet ou en août, les fêtes de famille…
C’est donc avec ma mère que j’ai, au quotidien, mes plus nombreux souvenirs.
J’ai eu une enfance simple, mais très heureuse tant sur le plan affectif que matériel.
Le premier sentiment de nostalgie qui me vient à l’esprit ce sont nos promenades, le jeudi ou lors des vacances scolaires, dans les rues animées et commerçantes de Montrouge, dans les Hauts-de-Seine, commune où nous habitions, où je suis née et où il faisait bon vivre. C’étaient nos petits moments à nous que nous partagions toutes les deux avec bonheur.
Le parcours de vie de ma mère, Madeleine, avait été constellé, de l’âge de 6 ans et jusqu’à 33 ans, âge où elle a rencontré mon père, d’un enchaînement de moments très difficiles, voire même dramatiques à des degrés divers. Il faut une force de caractère et une énergie sans faille pour les surmonter et rendre heureux son mari, ses enfants et petits-enfants.
Madeleine y est parvenue, avec la volonté qui la caractérisait. Avec tout l’amour qu’elle a caché tout au fond de son cœur et qu’elle a su distiller au sein de sa famille et de ses amis, tout au long de sa vie.
Chapitre 2
8 septembre 1912, Madeleine naît au sein d’une famille de cinq enfants. Une naissance bien accueillie, avec une maman, prénommée Marie, douce, courageuse et bienveillante. Émile, le papa, est seul à travailler et l’ambiance est simple, mais sereine et joyeuse.
1914, début de la Première Guerre mondiale. Début, également, de temps très difficiles. Heureusement, Émile n’était plus mobilisable, mais ce fut une période de disette et de famine pour tous les Parisiens et même ensuite pour le monde rural. Celui-ci arrivait à se nourrir grâce à leurs productions personnelles, lapins, volailles, œufs et légumes de leur jardin, mais les Parisiens avaient d’énormes difficultés d’approvisionnement et les hivers étaient particulièrement froids, la neige abondante ; en plus d’avoir faim, les familles grelottaient et les moyens pour se chauffer étaient très restreints.
Les retombées collatérales de cette guerre furent nombreuses et surtout dévastatrices en vies humaines.
Il a fallu de nombreuses années pour que les historiens décrivent les atrocités réelles supportées par les « poilus » pendant plus de quatre ans. Le nombre de victimes était impressionnant, sans parler de ceux qui étaient rentrés atrocement mutilés physiquement et psychologiquement. Le retour dans les familles n’a pas été aussi idyllique qu’ils le pensaient, de part et d’autre d’ailleurs. Pourtant ils étaient partis joyeux et montaient dans les trains en croyant être de retour un ou deux mois plus tard, vainqueurs et heureux de rentrer chez eux. Hélas ! la réalité fut toute autre. La France a payé un lourd tribut à ce conflit. La victoire, toute joyeuse qu’elle aurait dû être, a laissé un grand nombre de familles dans la détresse.
Chapitre 3
1918, le peuple sort de quatre longues années d’un conflit impitoyable. Les organismes sont épuisés et dans les rangs des poilus sévit, depuis janvier 1918, une pandémie dévastatrice : la grippe espagnole. Particulièrement virulente et contagieuse, elle a fait entre 25 et 50 millions de morts dans le monde, dont 165 000 en France et ce dans un laps de temps très court, selon les diverses sources d’information.
Originaire de Chine pour le « virus père » et des États-Unis pour sa mutation génétique, elle prit le nom de « Grippe espagnole », baptisée ainsi parce que l’Espagne, non concernée par le secret militaire, fut la première à la mentionner publiquement. La plupart des victimes mouraient de surinfection bactérienne qui se déclarait au bout de 4 à 5 jours et conduisaient au décès une dizaine de jours après les premiers symptômes, en l’absence à l’époque d’antibiotiques.
Les poilus furent les premiers contaminés, mais comme il était très difficile de juguler cette pandémie, les populations civiles furent également touchées par ce fléau. Compte tenu des privations occasionnées par la guerre, les organismes étaient affaiblis et les personnes les plus fragiles étaient les premières atteintes (enfants, personnes âgées, jeunes mamans, etc.).
Ma grand-mère maternelle fut donc l’une des premières victimes. Elle ne survécut pas et c’est avec beaucoup de chagrin et de tristesse que son mari et ses enfants durent se résoudre au pire. Pour cette famille tellement soudée, aimante, et ce malgré les soins, mis à leur disposition, qu’ils lui prodiguèrent pour la sauver avec toute leur énergie et tout leur cœur, rien n’y fit et l’irréparable se produisit.
Émile fut confronté à une nouvelle épreuve. Comment allait-il faire pour s’occuper de ses enfants ? Ils étaient tous très tristes d’avoir perdu leur maman et il devait faire en sorte d’être le plus présent possible auprès d’eux malgré son travail.
Les plus petits avaient besoin d’affection et il était très difficile d’aménager ses horaires en fonction de problèmes familiaux, quels qu’ils soient. Après de nombreuses argumentations avec sa hiérarchie, il réussit à obtenir des horaires lui permettant d’être auprès d’eux le plus possible. Ses enfants étaient heureux de le retrouver le soir. C’était un papa affectueux et sa présence, au moment du coucher, leur apportait du réconfort, même si une maman manque toujours énormément et ne se remplace jamais.
Nous ne nous consolons jamais de la perte d’une maman, quel que soit