Le plus douloureux, sans doute, est de ne pas savoir. D’être face à un mystère têtu, entier. Celui d’un esprit illisible. Écrire alors un texte, chercher sa forme longuement, le rendre beau afin d’affronter cet illisible-là, raconter le combat qu’on lui livre, puis dire finalement la défaite, relève d’une douleur supplémentaire et n’apporte pas, en fin de compte, de consolation.
Pendant des » du côté de son mari, le couple d’intellectuels, aussitôt le verdict de l’autisme tombé, se lance dans les recherches et les thérapies les plus à même d’aider leur fils. Après tout, un certain nombre d’entre eux réussissent à briser le mur de verre et à atteindre l’autonomie. Ils accèdent même parfois à la réussite. En contrepoint des minutes de ce combat épuisant, des nuits sans sommeil, de la solitude des parents devant les failles du système de santé, Minh Tran Huy nous narre l’histoire passionnante de Temple Grandin, célèbre autiste américaine née en 1947, dont le chemin de vie force l’admiration. Soutenue par une mère inspirée, guidée par des mentors dans un pays où l’on a rapidement abandonné la théorie psychanalytique punitive au profit d’une approche neurologique, Temple accédera à une vie professionnelle accomplie, devenant experte du ressenti animal et professeure de zootechnie. Elle sera aussi la première autiste à pouvoir raconter, aux neurotypiques que nous sommes, la vie intérieure de ses frères.