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Le viol de Corona: Effets concomitants du confinement
Le viol de Corona: Effets concomitants du confinement
Le viol de Corona: Effets concomitants du confinement
Livre électronique157 pages2 heures

Le viol de Corona: Effets concomitants du confinement

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À propos de ce livre électronique

L’actualité de la pandémie de Covid 19 en marche début 2020 après avoir déferlé sur le monde atteint l’Alsace et Strasbourg. La peste virale a rapidement entrainé dès le week-end du 15 mars la réduction puis l’annulation de l’essentiel de l’activité sociale, éducative, économique et culturelle et touché également l’Université de Strasbourg, en particulier la Faculté de Médecine qui pour sa part a opté pour le téléenseignement. Strasbourg s’est vidé rapidement et des conditions très étonnantes se sont établies, dues au confinement, vocable servant à éviter le terme honni de couvre-feu, la raréfaction des contacts sociaux, l’esseulement des individus faisant de ceux-ci de potentiels acteurs autant que de possibles victimes. L’agression d’une jeune étudiante en médecine au centre de Strasbourg en est un exemple frappant. Le « Viol de Corona » en retrace les tribulations. Bien sûr chacun croira y reconnaitre comme d’habitude son voisin, sa connaissance. Les ressemblances ne sont pas fortuites, les lieux reconnaissables de même que les faits pourraient être avérés.
LangueFrançais
Date de sortie14 mai 2020
ISBN9782312073101
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    Aperçu du livre

    Le viol de Corona - Jean-Luc Weber

    978-2-312-07310-1

    Le viol de Corona

    Elise est ce qu’on appelle une étudiante sage. Une étudiante si sage que ses ainées, contemporaines de sa grand-mère, étudiante en médecine elle-aussi dans les années soixante-dix par-là, à Strasbourg, la qualifieraient d’oie blanche. Issue d’un autre millénaire en comparant ses habitudes de vie avec les leurs choix presque cinquante ans. Mais c’était une autre époque, un autre millénaire, la vie, les us et les costumes ont évolué.

    Soit.

    Elise partage un petit appartement au second étage de la rue Salman à deux encablures du foyer d’étudiants protestant, le Stift bien connu des nombreuses générations studieuses successives. Cette colocation lui a été rendue possible par sa copine Anne, venue de Colmar faire ses études et dont les parents avocats ont des relations dans les agences immobilières strasbourgeoises spécialisées dans les locations étudiantes

    Cette colocation date de septembre 2019, lorsque les deux jeunes filles qui se connaissaient depuis qu’en seconde, l’une à Camille Sée à Colmar et l’autre à Stanislas à Wissembourg avaient vendangé en équipe dans le vignoble d’Ammerschwihr. Elles avaient sympathisé, et dans un espoir non encore vraiment concrétisé d’un parcours professionnel ou au moins estudiantin dans la même direction, étaient restées en contact, via les moyens modernes de communication, les réseaux sociaux aussi.

    Et bac en poche, elles avaient envisagé des études communes en première année de médecine, cette nouvelle plate-forme bizarroïde mêlant des personnalités aux ambitions diverses. On verrait bien jusqu’où mènerait cette première année commune non seulement aux deux jeunes dames, mais également aux professions de santé et réglé le problème du logement par la colocation dont leurs parents respectifs se partageaient les frais.

    Parmi les partenaires ainsi rassemblés divergeant d’horizons sociaux, familiaux, mais associant des professionnels mûrs d’expériences et de néophytes aux illusions propres à la jeunesse se créèrent au cours du premier semestre un melting-pot avant qu’un challenge impénétrable ne les classe par concours dont seuls quelques-uns émergeraient au terme d’une première années d’études communes, ou commune, c’est selon.

    La mise en train du mois de septembre avait été pénible, changement de décor, changement d’horizons, mais avec l’assurance insouciante et le dynamisme de leurs dix-huit ans, tout était parti comme une fusée. La vie commençait. L’avenir pouvait prendre son envol.

    Le travail demandé, l’engagement universitaire nécessaire de cette première année de fac, de liberté aussi, avaient fait oublier à l’une, Anne la Haut-Rhinoise qu’elle avait quitté le giron rassurant d’une famille comprenant trois enfants, une fratrie dont elle était l’ainée, qu’elle avait perdu aussi son petit copain, donc de ce côté terrain vierge, puisque débarrassée de la nécessaire première expérience, celle-ci ou la suivante pouvait attendre que les souvenirs de l’échec de la précédente s’atténuent. Pour Elise c’était plus simple mais encore plus incertain, fille unique très cocoonée, elle avait eu très peu de loisirs émancipés et sexuels et donc peu d’expérience à l’exception d’une aussi brève que douloureuse aventure correspondant à un quasi-viol pourtant consenti à un copain lors de la soirée de la fête du bac qui s’était terminée en ignoble beuverie que le jeune homme avait interprétée comme un accord tacite. La défloration fut donc à peine consentie seulement du bout des lèvres et du moins la langue lourde et pâteuse, si l’on peut dire, violente, sanglante et douloureuse, de surcroît non protégée et avait valu à la jeune fille quelques nuits d’attente dans l’espoir enfin comblé de son cycle suivant.

    Parlant de cycle, grand-mère aurait dit. « Après une chute on doit remonter immédiatement sur le vélo, histoire de garder le sens de l’équilibre, enfourcher, c’est une image, le prochain destrier opportunément à disposition »

    Chapitre I. La décision fatale

    Mais on n’était plus en 70, on était en 2020 et le 14 mars, la décision du doyen fut lapidaire et radicale, la fac était fermée jusqu’aux vacances de Pâques, pour raison de pandémie du COVID 19 qui était en train de déferler sur la Planète terre depuis quelques mois et venait d’atteindre, avec l’Europe, la faculté de médecine de Strasbourg.

    Anne, c’était le week-end, était rentrée à Colmar dans sa famille et avait décidé dès le samedi soir en commun avec ses parents de ne plus revenir le lundi à Strasbourg pour entamer son confinement, terme nouvellement remis à l’ordre du jour pour ripoliner de neuf un succédané de couvre-feu dont la seule évocation martiale était encore honnie. Les cours, avait-il été dit dès le début, seraient intégralement basculés sur Internet, et de toute façon cette méthode moderne de téléenseignement ayant déjà des adeptes en temps de paix, allait prendre, maintenant que c’était la Guerre Virale, de plus en plus d’ampleur.

    Le foyer parental d’Elise n’avait pour de multiples causes plus l’attrait naturel espéré et pris un petit choc par une ambiance délétère qui s’était installée à Salmbach, petit village au bord de la frontière avec le proche Palatinat depuis quelques mois. Elle l’avait insidieusement remarqué lors de récents passages souvent abrégés pour cette raison et ne s’en était que peu émue. Cela lui permettrait le cas échéant une émancipation plus aisée, en envol plus cordial, un essor personnel sans grandes vagues. C’était peut-être sous-jacent et insidieux, mais c’était finalement bien ainsi.

    De plus, les deux parents travaillaient en Allemagne et dans la journée n’étaient pas au domicile, Elise avait donc décidé de remettre son retour sur les terres parentales à plus tard et entama dès le 16 mars, un lundi, une semaine solitaire. Les commerces de la ville s’étaient peu à peu fermés dès le mardi de même que le restaurant universitaire. Par chance le petit appartement qu’elle partageait avec Anne était équipé d’une cuisine ordinaire suffisante avec un réfrigérateur correctement garni. La mort de faim n’était pas imminente. Second avantage de sa persistance à Strasbourg, elle était, au moins l’une des deux à proximité plus réactive de la fac au cas où des informations seraient diffusées localement.

    Le quartier Saint-Thomas était désert ce mercredi soir. Pas âme qui vive. Elle remonta tôt rue Saltzman. Le confinement devenait effectif. Elle était seule. Après quelques hésitations en rejoignant la rue qui la rapprochait immanquablement du domicile, elle se décida à rentrer, elle mangerait un morceau et se coucherait tôt. Demain il ferait jour.

    Ceci-dit elle n’avait pas la conscience tranquille, ou plus simplement, elle n’était pas tranquille. Elle ressentit promptement la solitude et l’absence d’une âme sœur à qui se confier, une épaule bien disposée contre laquelle se laisser aller. Elle se ressaisit.

    – Ma vieille, tu n’aurais pas la frousse, tu n’as plus l’âge où tu te forçais à siffler pour descendre seule à la cave sombre chercher une boite de conserve que te demandais maman. Tu es adulte.

    Et la méthode Coué fonctionna.

    « Je vais bien, tout va bien » et elle rejoignit d’un pas assuré sans hésitation ni tremblement dans la voix – qui l’aurait entendue d’ailleurs – elle n’avait pas prononcé le moindre mot et ne parlait pas encore toute seule… et entra dans l’immeuble, grimpa sans hâte jusqu’au second, défit le verrou à la clé et entra dans l’appartement.

    Elle n’eut même pas le temps d’être surprise, elle ne se rendit compte qu’inconsciemment d’une présence, elle n’avait pas encore activé l’interrupteur de la lumière de l’entrée ni pressenti une quelconque présence. Mais elle était là. Elle alluma. Il était là.

    Damien.

    – Toi, fit-elle, comment es-tu entré ?

    Vraiment, elle ne savait que penser. Damien était un condisciple de l’après-midi. Il faut savoir que vu le nombre des étudiants de première année communes des études de santé depuis la dernière réforme, et vu leur densité ceux-ci sont répartis en groupes alphabétiques. Elise Mahler était dans divers groupes de travaux pratiques, ou dirigés, TP, ou TD ou sous-groupes avec des étudiants de patronymes et M et en N. Et Damien Noël, que tous dans la nouvelle petite microsociété fondée entre l’anatomie, l’embryologie, la biochimie etc. l’avait surnommé surtout avant les congés de fin d’année, « le fils du Père Noël »

    Elle reprit :

    – Comment es-tu entré ici ?

    Damien Noël était un étudiant moyen, comme il avait été un lycéen inapparent, un écolier noyé dans la masse. Sans étincelle et sans vague il était de la trempe de ceux qui, quels que soient les mouvances politiques sont et seront toujours de la majorité silencieuse, celle qui fait le poing, bien entendu, mais au fond de sa poche. Et il en était de même à la fac. Sauf que, depuis que ses copains l’avaient houspillé, voire humilié, avaient dénudé puis dénoncé sa turpitude majeure, Il n’avait pas de nana, il était solitaire. Il en crevait littéralement, au contraire de bon nombre de ses condisciples, étudiants dans la même situation d’inapparence, mais eux sans désespérance, oui, lui en bavait et chaque nuit lors d’exercices solitaires inhérents à la présumée solitude physique envisagée, n’arrêtait pas de se faire des films et de fantasmer sur d’improbables succès immanquablement réservés à plus efficients que lui.

    Un timide, oui, mais un timide coupable, un refoulé, un complexé qui couvait sa colère rentrée depuis le début du semestre.

    En guise de réponse, un rictus qui tirait vers le ricanement en fit office.

    Depuis quelques semaines en effet, Elise s’en était bien rendue compte, il avait entamé une offensive stratégique. Lui ne comptait pas jusqu’à trois pour se payer celles qui n’avaient pas grimpé assez vite, non il mettait en œuvre une diplomatie onusienne pour conquérir des cœurs, avant les corps, mais sans faire sonner les cors cependant.

    Et se plantait à qui mieux mieux, c’est-à-dire le plus souvent, pour ainsi dire toujours, plus précisément à chaque fois et pas seulement auprès d’Elise.

    Elise elle-même, elle s’en souvint à cet instant précis avait été dans son collimateur, et comme il appliquait la méthode douce, elle-même avait évincé la tentative d’une pichenette polie mais tout de même nette dans sa clarté. Un atterrissage sur son lac des délices serait un plouf, digne d’un plouc et serait noyé dans les chagrins de la peau des tristes.

    – Toi ? Reprit-elle, comment es-tu entré ?

    – Peu importe répondit-il sur un ton nouveau.

    – Que veux-tu ?

    – Il te faut un dessin ? Tu es moins fière dans le noir et seule !

    – Fière, moi ? Allons, Damien, ne fais pas l’andouille, qu’est-ce qui te tracasse ?

    Elle se sentait surprise, mais de taille à lui résister et se décida à prendre l’initiative. Qu’il soit complexé, incompris, en manque, tout cela elle était prête à l’accepter voire le comprendre, mais elle le considérait comme un bon gars, sans envergure certes, de la trempe de « cette fameuse eau qui dort ». Dangereux non, ce qui ne l’empêcha pas d’être sur ses gardes.

    Pas la peine, en effet, d’être cartomancienne ou diseuse de bonaventure pour expliciter ce qu’il envisageait. Au mieux

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