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Destination extrême - Fontaine de Jouvence
Destination extrême - Fontaine de Jouvence
Destination extrême - Fontaine de Jouvence
Livre électronique233 pages3 heures

Destination extrême - Fontaine de Jouvence

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À propos de ce livre électronique

DESTINATION : Fontaine de Jouvence, îles Bimini, archipel des Bahamas.
NATURE DU VOYAGE : Quête d’une source d’eau régénératrice.
NOMBRE DE VOYAGEURS : 2

Paméla vit le pire cauchemar de tout parent : son fils Éloi souffre d’un cancer au cerveau qu’aucun médecin n’est en mesure de traiter.

Elle est prête à tout pour le guérir. Vraiment tout. Y compris le traîner au milieu de l’océan dans un lieu resté secret depuis des siècles et qui aurait, dit-on, le pouvoir de soigner n’importe quelle maladie.

Paméla ignore que les miracles ont toujours un prix et que même les îles paradisiaques peuvent se transformer en enfer.

L’eau des Caraïbes a parfois la couleur du sang…

Découvrez l’univers de DATO, une agence de voyage spécialisée en tourisme morbide. L’horreur et le suspense vous attendent dans tous les romans de cette collection. À lire dans n’importe quel ordre !
LangueFrançais
Date de sortie21 févr. 2024
ISBN9782897925857
Destination extrême - Fontaine de Jouvence
Auteur

Mikaël Archambault

Mikaël Archambault est auteur dans le domaine de l’humour, scénariste à la télévision et scripteur pour de nombreux artistes. Avec Dernière manche, son quatrième roman, il signe un thriller enlevant de la première à la dernière page.

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    Aperçu du livre

    Destination extrême - Fontaine de Jouvence - Mikaël Archambault

    chapitre 1

    — Ça va bien aller, mon trésor. Ne t’inquiète pas, maman s’occupe de tout.

    Luttant contre les turbulences de l’appareil qui la secouent comme une figurine bobblehead, Paméla descend son sac à dos juché dans le compartiment à bagages au-dessus de sa tête. Une agente de bord remonte aussitôt l’allée dans sa direction avec un air de pitbull. Américaine, comme tout le personnel de la compagnie d’aviation, elle vocifère en anglais.

    — Madame, ça fait déjà trois fois que je vous demande de rester à votre place quand la consigne est allumée ! On va bientôt procéder à l’atterrissage.

    — Et moi, je vous ai dit que mon fils doit prendre un médicament ! Ce ne sera pas long.

    — Je comprends, mais il faut malheureusement attendre qu’on soit arrivés à destination.

    Elle commence vraiment à lui tomber sur les nerfs, celle-là ! Paméla a beau lui avoir expliqué la situation avant même le début du vol, la zélée s’entête à appliquer le livre des règlements sans faire preuve de jugement. C’est fou, de nos jours, comment les gens sont centrés sur leur propre petit nombril, incapables de se montrer le moindrement compatissants ! Paméla sait bien que l’employée a des procédures à suivre, mais on dépasse les bornes quand on refuse d’accommoder un enfant malade ! Et puis, il faut se dire les vraies choses : si l’avion doit s’écraser, ce n’est quand même pas une ceinture de sécurité à peine plus épaisse qu’une soie dentaire qui va la sauver d’une mort certaine…

    — Ça va, je l’ai ! réplique-t-elle en sortant le pilulier d’une pochette.

    Sous le regard désapprobateur de l’agente de bord, elle replace son sac dans le compartiment et retourne à son siège. Elle tend un comprimé à Éloi en caressant ses abondants cheveux bouclés, aussi blonds que les siens.

    — Je sais que tu trouves ça difficile de l’avaler sans verre d’eau, mais je ne peux pas aller t’en chercher en ce moment.

    Le garçon de onze ans pose la pastille sur sa langue et déglutit.

    — Tu es un champion ! le félicite Paméla en touchant son front du revers de la main. Je pense que tu fais un peu de température, mais ça va passer rapidement. Ton médicament devrait t’empêcher d’avoir une migraine.

    — Merci.

    — De rien, mon trésor.

    Elle l’embrasse sur le dessus de la tête. Même si, peu à peu, il devient un préadolescent et se montre parfois réticent à de telles marques d’affection, un lien particulièrement fort les unit encore, renforcé par ses ennuis de santé. D’une certaine façon, Paméla a l’impression qu’ils sont tous les deux contre le reste du monde. Bien sûr, au cours des difficiles derniers mois, plein de gens leur ont apporté une aide précieuse, mais, de manière générale, personne ne peut réellement comprendre ce qu’ils traversent.

    — Membres d’équipage, préparez-vous à l’atterrissage, annonce le capitaine à l’interphone.

    L’Airbus amorce sa descente en bringuebalant les passagers. Après des escales à Toronto et à Fort Lauderdale, c’est déjà leur troisième vol de la journée. Avant ce voyage, Paméla n’avait pas pris l’avion depuis plus de quinze ans, ayant à peine quitté les limites de sa Saint-Hyacinthe natale, si ce n’est pour se rendre au Ikea à Boucherville. Une vraie honte pour une femme qui a pourtant toujours rêvé de faire le tour du monde !

    Par le hublot, les îles Bimini se dévoilent à leur regard ébaubi. Des flots d’un bleu sarcelle fouettent des bandes de terre peuplées de palmiers, de sable blanc et d’hôtels de luxe.

    — C’est beau, hein ? s’émerveille Paméla.

    Son fils colle son nez contre la vitre. Elle est contente qu’en dépit de sa condition et des motifs sombres derrière leur périple, il puisse jouir d’une expérience pareille, qui fait figure de baume pour compenser les épreuves qu’il subit.

    À cette pensée, les larmes lui montent aux yeux. C’est beaucoup d’émotions pour son cœur de mère. Il n’y a rien de plus difficile pour un parent que de voir son enfant souffrir. Cependant, elle veut se montrer forte, car elle est convaincue qu’elle pourra guérir Éloi et lui offrir une belle vie grâce à ce voyage.

    Elle se détourne pour essuyer discrètement ses joues. Ses oreilles se bouchent sous l’effet du changement de pression à mesure que l’avion se rapproche du plancher des vaches.

    — Maman, ça recommence…, pleurniche Éloi en se pinçant l’arête du nez.

    Des gouttes de sang s’écoulent une à une de ses narines pour tomber entre ses jambes et s’écraser sur la moquette. Paméla fouille dans la pochette du siège devant elle et lui tend des serviettes de table.

    — Prends ça et penche la tête vers l’avant, ça va t’aider.

    Éloi obéit, une grosse boule de papier sous le nez, pendant que sa mère lui caresse le dos. Le voisin de l’autre côté de l’allée les observe et fait un geste de la main pour attirer l’attention de Paméla. Un Québécois, lui aussi, il s’adresse à eux en français :

    — Il saigne du nez ?

    — Oui. Ça lui arrive souvent.

    — Ce n’est pas bon de se pencher par en avant. Il faut incliner la tête vers l’arrière.

    Sa femme, la soixantaine avancée, dépose son livre pour intervenir.

    — Non, non, Jean-Guy ! C’était dans l’ancien temps, ça ! Maintenant, il faut pencher la tête de côté en se bouchant la narine droite.

    — Ah bon ? Pourquoi la narine droite ? demande le mari, étonné.

    — Parce que c’est le côté du cœur !

    — Le cœur est à gauche, non ? leur rappelle Paméla.

    — Ça dépend si tu te regardes dans le miroir ! Je pense qu’il faut bloquer la narine droite, et la narine gauche si on est face à un miroir.

    — Ah, euh… d’accord. Merci. On va l’essayer une prochaine fois, ment poliment Paméla.

    Elle reporte son attention sur Éloi, qui garde plutôt la tête à l’horizontale. Le couple ne le quitte pas des yeux. Visiblement sans gêne, la dame demande :

    — Il a le sang clair, le petit… Il est malade ?

    Paméla acquiesce avec une moue chagrinée.

    — Oui…

    — Ma belle-sœur était vétérinaire et elle l’a toujours dit : avoir le sang clair, ce n’est pas bon. Qu’est-ce qu’il a ?

    Paméla jette un regard à Éloi, puis répond à voix basse :

    — Une tumeur au cerveau.

    — Oh… Je… Oh…

    La femme pince les lèvres de malaise. De toute évidence, elle ne s’attendait pas à une réponse aussi tragique et regrette un peu sa question indiscrète. Inconfortable, elle bredouille la meilleure formule de sympathie dont elle est capable dans les circonstances :

    — Pauvre chou ! Je… J’ai une tante qui a eu une tumeur au rectum… Elle a souffert comme une damnée et est restée debout, les jambes écartées, pendant les deux dernières années de sa vie… Pauvre, pauvre chou…

    Paméla se demande quel est le rapport avec la maladie de son fils, mais elle accueille son commentaire avec bienveillance. Elle sait que les gens ne savent souvent pas quoi dire dans pareille situation.

    — Merci… C’est sûr que ce n’est pas toujours facile…

    — Comment est-ce que vous vous en êtes rendu compte ?

    — Guylaine ! proteste son mari, indisposé par son manque d’à-propos.

    Habituée à cette conversation, Paméla n’éprouve aucun embarras à satisfaire sa curiosité.

    — Non, ça va, il n’y a pas de problème… Depuis qu’on s’est séparés l’année dernière, son père et moi, il a souvent des migraines atroces, alors je l’ai amené passer une batterie de tests. Je savais qu’il se passait quelque chose d’anormal. Une mère sent ces choses-là. Surtout que moi aussi, j’ai traversé ça, à peu près à son âge.

    Elle relève ses cheveux, comme pour se faire un chignon, dévoilant ainsi une cicatrice qui lui strie le côté de la tête, là où on lui a jadis retiré un kyste gros comme une clémentine.

    — Oh… Je… Oh ! répète Guylaine en portant la main à sa poitrine.

    Paméla ne se soucie pas de sa réaction très commune. En fait, elle tire plutôt une fierté de ces boursouflures de chair. Même s’il l’a fait souffrir, ce stigmate a forgé la personne qu’elle est devenue, encore aujourd’hui, à vingt-neuf ans.

    — J’ai toujours su qu’à cause de la génétique, Éloi allait peut-être lui aussi passer par là un jour. Mais quand j’ai reçu ses résultats, je refusais d’y croire. Pour lui éviter d’affronter trop de déceptions, je suis allée voir seule une foule de spécialistes pour demander un deuxième, un troisième, un dixième avis ! Chaque fois, c’étaient des mauvaises nouvelles. Aucun ne voulait l’opérer.

    — C’est terrible… Il doit bien exister des traitements pour l’aider, non ?

    — Pour les médecins, il n’y a absolument rien à faire. Au début, je ne voulais pas en parler à Éloi, mais je n’ai pas eu le choix…

    C’est une discussion qu’aucun parent ne souhaite avoir un jour avec son enfant. Deux mois plus tôt, Paméla est allée voir Éloi dans sa chambre et, l’air grave, lui a demandé de s’asseoir sur son lit. Elle a bien cru ne jamais réussir à trouver les mots justes pour exprimer la terrible fatalité qui s’abattait sur lui. S’efforçant de rester solide malgré les appréhensions qui la faisaient bégayer, elle a annoncé à son fils qu’il avait une tumeur au cerveau, mais que, malgré son insistance, aucun chirurgien n’était prêt à le passer sous le bistouri. La nouvelle a évidemment dévasté Éloi. Il ne s’y attendait pas du tout, lui qui se sentait encore habité de toute l’énergie de sa jeunesse. Le diagnostic expliquait néanmoins ses migraines et ses fréquents saignements nasaux.

    Depuis, Paméla a même quitté son emploi afin de lui prodiguer les soins dont il avait besoin. Tout son entourage a souligné sa bravoure, parlant d’un sacrifice admirable. Pourtant, à ses yeux, c’est la seule chose à faire. Son devoir de mère. Elle accompagne son fils avec une rigueur sans borne, prenant très au sérieux son rôle de garde-malade. À force de persévérer, elle a réussi à convaincre un médecin de prescrire des analgésiques à Éloi pour à tout le moins soulager ses migraines. Elle tient un suivi serré de sa médication, veille à ce qu’il s’alimente bien et s’assure qu’il conserve ses forces. Si elle ne l’obligeait pas à garder le lit, il s’épuiserait à vouloir suivre ses amis dans leur quotidien ! Même si c’est cruel, elle doit représenter la voix de la sagesse. Et puis, cette discipline de fer l’empêche de trop penser à l’inéluctable vérité… Sa tête sert de paravent pour éviter que son cœur s’écroule sous le poids de sa tristesse.

    Un mois d’arrêt plus tard, en juin, elle a constaté que ses craintes se confirmaient : Éloi perdait peu à peu en énergie. Paméla a évidemment demandé qu’il soit exempté des examens de fin d’année, mais la direction de l’école a écarté sa requête, prétextant que c’était obligatoire, même s’il s’était déjà absenté presque tout le mois de mai. Encore une décision bureaucratique déconnectée du réel ! Son enfant n’en a peut-être que pour quelques mois à vivre, on peut certainement lui épargner une production écrite sur son animal préféré ! Mais Éloi s’est comporté en véritable guerrier, il a regroupé toutes ses énergies et a décidé de passer les examens malgré son état diminué. Paméla est tellement fière de son petit bonhomme… Ce sentiment de gratitude a l’effet d’une éclaircie dans le ciel de nuages gris qui assombrit sa vie depuis le printemps.

    Ces dernières semaines, grâce à ses bons soins, la condition d’Éloi est demeurée à peu près stable. Son cas a ému leur petite communauté. Le journal local a publié un article sur son courage et sur la dévotion infatigable de Paméla. Des voisins et des connaissances leur ont offert de l’aide, certains en leur apportant des plats cuisinés, d’autres en se proposant pour l’entretien extérieur de la maison ou en leur remettant des gratuités. Paméla apprécie grandement leur contribution, car, maintenant sans emploi, elle ne pourra pas subvenir éternellement aux besoins grandissants d’Éloi.

    Elle serre les poings. Le souvenir de cette belle solidarité ravive sa rancœur envers Dave, son ex. Ce sans-cœur a osé refuser d’augmenter le montant de la pension alimentaire qu’il lui verse mensuellement ! Cependant, ce n’est rien d’étonnant de la part d’un homme qui est parti travailler à Fermont, à plus de mille kilomètres de son fils… Il l’a vu moins de cinq fois dans la dernière année, et l’a appelé à peine plus souvent. Quand un couple d’inconnus rencontré dans l’avion paraît s’intéresser davantage à la maladie d’Éloi, ça veut tout dire…

    — En tout cas, je suis sûr que le soleil et la mer vont lui faire le plus grand bien ! affirme le dénommé Jean-Guy pour s’efforcer de se montrer positif.

    Paméla tapote la cuisse d’Éloi. En fait, ils sont venus chercher bien plus qu’un bain de chaleur, mais elle n’a pas envie d’entrer dans les détails. Il s’agit d’un secret qu’il vaut mieux éviter d’ébruiter…

    Au même moment, les roues de l’appareil touchent le sol dans un ultime cahotement, interrompant la discussion. L’avion s’immobilise peu à peu, et les touristes applaudissent le pilote comme s’il venait de marquer le but gagnant en finale de la coupe Stanley.

    Lorsque le voyant des ceintures de sécurité s’éteint, Paméla se lève pour récupérer ses bagages. Sa voisine, encore sous le choc, lui attrape la main.

    — Je tiens à vous dire… Bonne chance avec tout ça… Ça nous fait beaucoup de peine, vraiment.

    Paméla sourit tristement au couple et les remercie. La sexagénaire se penche vers Éloi :

    — Bon courage, mon grand ! Si ta maman a réussi à guérir de sa tumeur quand elle avait ton âge, je suis sûre qu’elle va trouver une solution pour que tu puisses avoir toi aussi une belle et longue vie !

    chapitre 2

    Les îles Bimini et leurs deux mille habitants appartiennent à l’archipel des Bahamas, quatre-vingts kilomètres à l’est de la Floride. Le ciel y est bleu à l’année, la mer, toujours chaude, les poissons et les fruits, foisonnants. Une carte postale en trois dimensions.

    À leur sortie de l’aéroport, Paméla marche d’un pas rapide en tenant son fils par la main. Elle scrute nerveusement les alentours, comme si elle appréhendait une mauvaise rencontre. Éloi s’explique mal son inquiétude.

    Ils se dirigent vers l’arrêt où doit les récupérer la navette qui les conduira à leur hôtel. Le bitume ondule sous la chaleur de fin d’après-midi. La mère, qui porte seule leurs trois bagages, s’adresse aux voyageurs agglutinés sous le minuscule abri de bus.

    — Pardon, est-ce que ça vous dérangerait de céder votre place à mon fils ? Il est très malade et le soleil provoque chez lui de grosses migraines.

    Un bon Samaritain acquiesce et quitte le banc au profit d’Éloi.

    — Merci, monsieur, c’est vraiment gentil, lui dit Paméla.

    Le garçon s’assoit à l’ombre, observant son environnement avec curiosité. Comme il s’agit de son premier voyage à l’extérieur du Québec, tout est nouveau pour lui. Le moindre palmier le fascine, alors que les notes de créole saupoudrées parmi l’anglais local le bercent de leur musique exotique. Paméla elle-même est fébrile à l’idée de tremper ses orteils dans les vagues, ce qu’elle n’a pas fait depuis son unique séjour en Floride, quinze longues années plus tôt.

    La navette les fait toujours languir lorsque Éloi tire sur la manche de sa mère.

    — Regarde, on dirait papa !

    Le cœur de Paméla s’emballe tandis qu’elle lance des regards fiévreux à la ronde. Instinctivement, elle attrape son fils par l’épaule et le colle contre elle, comme pour

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