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Un vilain guêpier
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Livre électronique158 pages2 heures

Un vilain guêpier

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À propos de ce livre électronique

Pour les enfants Dutrissac, c’est la rentrée scolaire, avec ses nombreuses surprises et ses nouvelles rencontres. Pierre-Étienne rêve de gagner plus d’argent. Il envie son ami Jonathan de pouvoir s’acheter tout ce qu’il souhaite. Ce qu’il donnerait pour avoir le même train de vie que lui ! Son travail de pompiste ne semble plus le satisfaire tant sa convoitise s’attise de jour en jour. Ses besoins l’aveugleront-ils au point de manquer de jugement ?

Un vilain guêpier est la suite des romans Adieu, Val-du-Chêne ! et 24, rue des Futailles.
LangueFrançais
Date de sortie13 avr. 2011
ISBN9782896825424
Un vilain guêpier
Auteur

Claire Matteau

Née à Montréal, Claire Matteau travaille depuis plus de vingt-cinq ans dans le milieu de la télévision. D'abord comme assistante à la réalisation à Radio-Québec et à TVOntario, par la suite, comme scénariste. Elle deviendra en 1994 productrice associée pour la maison de production télévisuelle Amérimage, dont elle est cofondatrice. Malgré la course effrénée de sa vie professionnelle, elle prend le temps d'aimer profondément les cinq enfants adorables que la vie lui a prêtés et n'oublie jamais de caresser ses neuf chats qui la regardent jouer du piano. En 1988, elle reçoit une mention honorable au concours littéraire de la Société des écrivains de Toronto, volet poésie. En 1996, elle écrit deux pièces de théâtre "Mais… que pense donc Molière ?" et "Le rêve de Rosette" qui s'adressent aux six à douze ans. "24, rue des Futailles" est la suite de son premier roman "Adieu, Val-du-Chêne" !

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    Un vilain guêpier - Claire Matteau

    Demain, c'est la fin des vacances, l'inévitable retour à l'école ! L'été et ses beaux jours seront bientôt chose du passé. Dommage ! Ces deux derniers mois auront été bien trop courts… Déjà, le soleil se couche de plus en plus tôt et se lève de plus en plus tard. Les jours raccourcissent. La lumière si vive perd peu à peu de son intensité estivale.

    Il n'est pas facile de devoir réorganiser sa vie en fonction de l'horaire scolaire plus restrictif et de ressortir, bien enfouis au fond du placard, crayons, stylos, compas, calculatrice, cahiers et feuilles lignées encore utilisables. Sans compter tout le matériel neuf qu'on doit identifier selon des normes précises bien établies. Heureusement qu'il est possible de personnaliser la couverture plastifiée des reliures à anneaux… Mais le plus difficile demeure sans contredit le port obligatoire de l'uniforme de l'école. Pour les dix prochains mois, tout le monde sera identique ! Aucun signe distinctif : le polo blanc trop long et le pantalon bleu marine trop large seront les seuls vêtements autorisés à l'école secondaire des Mille Étoiles !

    Chez les Dutrissac, c'est le branle-bas de combat. Depuis la fin du souper, les trois soeurs se disputent l'accès à la salle de bains. Chacune réclame la priorité et l'exclusivité.

    — C'est moi la première ! Je dois prendre un bain, avise Marie-Claire d'un ton autoritaire.

    — Ah non ! C'est toujours trop long quand tu prends un bain, s'oppose Emmanuelle en tentant de s'immiscer dans l'embrasure de la porte. Laisse-moi passer avant toi. Je veux seulement me doucher. Ça ne me prendra pas de temps, je te le jure. T'auras tout le temps que tu veux pour bien mariner dans ton bain.

    — Non, pas question ! riposte sèchement MarieClaire en repoussant sa soeur. J'étais là avant toi !

    — M.-C., je dois absolument me laver les cheveux. Cinq minutes, pas plus !

    — Nunu, t'avais juste à le dire avant. Pousse-toi.

    — M.-C., s'il te plaît ! Cinq minuscules petites minutes seulement, supplie Emmanuelle.

    — Non, c'est non ! Tasse-toi, sinon… Mais laissemoi passer, voyons, s'impatiente Marie-Claire, qui ne se gêne pas pour donner un coup de coude dans les côtes de sa soeur, qui laisse échapper un gémissement.

    — Mais, tu lui fais mal ! Franchement, tu n'y vas pas avec le dos de la cuiller, M.-C. Dutrissac, s'insurge Élise venue à la rescousse de sa jumelle. Tu pourrais lui concéder quelques minutes, quand même.

    — Eh ! Mêle-toi donc de tes affaires, Élise Dutrissac, s'emporte Marie-Claire qui, profitant de la situation, réussit à se faufiler et à verrouiller la porte de la salle de bains.

    — Tu n'as pas le droit, M.-C. ! réprouve Emmanuelle, subitement décontenancée devant l'aplomb de sa sœur.

    — Je n'ai pas le droit ? Ben, je le prends, le droit ! Je vous sifflerai quand j'aurai terminé, les… jujus ! profère avec une pointe de malice Marie-Claire à travers la porte.

    Devant autant d'insolence, les jumelles ripostent et manifestent avec rage leur mécontentement. Tour à tour, elles tempêtent contre l'aînée et ne se gênent pas pour lui dire ses quatre vérités. Pendant quelques minutes, tous les reproches possibles et imaginaires déferlent. Rien ne les arrête. Une véritable guerre des mots !

    Marie-Claire refuse de prêter attention à leurs agissements, qui lui semblent tellement infantiles. Heureusement, le bruit de l'eau qui coule du robinet étouffe leurs cris. Glissant sa main sous le jet humide, Marie-Claire vérifie minutieusement la température de l'eau. Satisfaite, elle se glisse dans la baignoire. La chaleur de l'eau l'apaise, la réconforte. Personne ne doit savoir combien elle appréhende cette nouvelle école beaucoup trop populeuse à son goût. « Mille six cents élèves ! Je vais m'y perdre, c'est certain ! » redoute-t-elle. Juste à imaginer qu'elle n'y connaît personne hormis ses soeurs, son frère Pierre-Étienne et leurs nouveaux amis, Josiane, Jérémie et Jonathan, Marie-Claire frissonne.

    À Ville-de-Monnoir, tous les jeunes se connaissent depuis la maternelle. Plusieurs d'entre eux sont cousins ou liés étroitement depuis des générations à d'autres grandes familles de la région. La terre d'ici leur appartient depuis plus de deux siècles. Leurs ancêtres l'ont défrichée avec labeur et courage. Ils l'ont retournée, ameublie. C'est cette même terre qu'on laboure et cultive encore chaque année. Elle est plus qu'une richesse transmise de père en fils. Cette terre représente le patrimoine familial de bien des familles.

    « Ils sont chez eux… Pas moi ! » songe MarieClaire, profondément affligée par cette pensée. « Mon chez-moi, c'est Val-du-Chêne. C'est là que je suis née. » Pendant un bon moment, ses réflexions la ramènent trois mois en arrière, à l'époque où elle habitait encore ce charmant village fondé par son grand-père, Charles Dutrissac. « Je connaissais le moindre recoin de ce bout de pays. Je parlais à tout le monde. Ici, j'essaie encore d'apprivoiser mon environnement. J'ai si peur à demain… À l'école, je serai la petite nouvelle ! On va m'examiner comme si j'arrivais d'une autre planète. Je n'ai pas hâte ! »

    Marie-Claire ferme les yeux et doucement s'immerge complètement dans l'eau. La chaleur qui s'y dégage la détend peu à peu. Pendant quelques instants, elle s'amuse à retenir le plus longtemps possible son souffle. Elle relève la tête le temps d'une inspiration, puis s'engouffre à nouveau au fond de la baignoire. Le bourdonnement sourd et continu de l'eau lui plaît et lui procure une sensation rassurante, un peu comme si elle se retrouvait dans le ventre de sa mère. Ce qu'elle donnerait pour ne pas avoir à affronter cette journée d'école qui approche à grands pas !

    « J'aurais tellement voulu que Josiane soit avec moi, dans le même groupe. Ben non ! Je n'ai pas le choix, va falloir que je prenne le taureau par les cornes et que je fasse une grande fille de moi ! se convainct-elle. Bon sang, je donnerais n'importe quoi pour ne pas avoir à vivre ça. » Ses pensées l'empêchent d'entendre sa chatte gratter au bas de la porte de la salle de bains. En effet, Poilue n'accepte pas d'être trop longtemps délaissée par sa jeune maîtresse. Elle se sent négligée, abandonnée. Ordinairement, elle accompagne ses grattements de quelques miaulements. Mais ce soir, ce sont de véritables gémissements. Marie-Claire, trop absorbée par ses appréhensions bien légitimes, n'entend pas l'appel plaintif de son animal de compagnie.

    Heureusement, les lamentations de Poilue parviennent aux oreilles de Pierre-Étienne, retiré dans sa chambre. Compatissant, il ouvre sa porte et, délicatement, s'approche de l'animal en imitant le chant d'un oiseau. Étonnée, Poilue le regarde. Lentement, en évitant tout geste brusque, il se penche et la prend dans ses bras, lui chuchotant quelques paroles apaisantes. Poilue se blottit contre sa poitrine et fait entendre son ronronnement. « Ne pleure pas, ma cocotte ! Ta vie n'est pas triste. T'as pas besoin d'aller à l'école… Chanceuse, va ! Tiens, viens rejoindre tes amis, murmure-t-il en la déposant sur son lit après avoir refermé la porte de sa chambre. Ici, dans ma garçonnière, tous les chats sont mes dignes invités. Sois à l'aise ! Trouve-toi une place… »

    Sur le lit de Pierre-Étienne, couchées l'une contre l'autre, il y a les jeunes chattes Barbouille et Chatouille. Un peu à l'écart, étendu de tout son long, se trouve le gros Pagnol, qui dort du sommeil du juste. Sur l'oreiller, son compagnon d'aventure, l'énorme Napoléon, dort et ronfle, étendu sur le dos. On dirait qu'il rêve aux anges tant il semble plongé dans un état de quiétude absolue… Avec lui, la vie semble toujours belle ! Hésitante, Poilue demeure sur ses gardes. Elle avance avec méfiance, le corps allongé, étirant avec précaution ses pattes de devant, prête à bondir. Regardant de gauche à droite, elle constate soudain que le bout du lit est vacant. À pas feutrés, elle se dirige vers l'extrémité du couvre-pied. Son approche délicate ne déclenche aucune réaction chez ses semblables. Rassurée, elle décide de s'installer confortablement et d'entreprendre sa toilette en léchant minutieusement son pelage gris et blanc.

    Pierre-Étienne ouvre un tiroir de son pupitre et en ressort une calculatrice. Il reprend ses écouteurs laissés près de sa table de chevet, actionne son lecteur de CD et retourne s'asseoir sur la carpette, au pied de son lit. Pendant quelques secondes, il pitonne quelques chiffres. Le volume de la musique qu'il écoute est élevé. Très élevé. Assourdissant, même. Le front plissé, les yeux à demi fermés, l'index droit relevé, il réfléchit. Puis, avec dextérité et empressement, il recommence une suite d'opérations arithmétiques. La calculatrice de poche sur les genoux, il additionne, divise, soustrait et multiplie. « Avec l'école qui recommence, je ne pourrai travailler que les fins de semaine maintenant… Pas payant, seulement deux jours au garage Varnois ! Ce n'est vraiment pas assez », songe-t-il, tracassé.

    Depuis des semaines, Pierre-Étienne souhaite se procurer un synthétiseur qu'il considère comme indispensable à son bonheur. La musique tient une place tellement importante dans sa vie. Non seulement jouet-il habilement de la batterie, mais il excelle aussi en composition. Avec le temps, il projette de créer des arrangements musicaux. Il sait que les multiples fonctions d'un tel appareil électronique lui seraient d'une aide précieuse. Il pourrait choisir et modifier les sons à sa guise. « Ce serait génial si je pouvais avoir le modèle avec séquenceur. Il pourrait mémoriser toutes les notes et les accords que je pianoterais ! Ouais, c'est vraiment ce qu'il me faut… » se persuade-t-il. Mais cet appareil représente une somme d'argent considérable qu'il n'a pas, loin de là ! Il est vrai que son nouveau travail de pompiste au garage Varnois lui permet d'amasser un peu de sous, mais il est bien conscient qu'il devra épargner davantage. Encore si ses rêves s'arrêtaient là ! Non, Pierre-Étienne convoite davantage. « Je veux aussi une automobile. J'ai l'âge, après tout ! Évidemment, j'aurai à payer mes cours de conduite. Je me déplacerai pas mal plus rapidement. Ici, à la campagne, on est vraiment loin de tout ! On n'a même pas d'autobus… »

    Depuis qu'il travaille au garage, il remarque que plusieurs jeunes de son âge possèdent leur voiture. Lorsqu'ils viennent faire le plein d'essence, il engage la conversation avec certains d'entre eux. Tous sont unanimes : « Ici, il te faut une voiture, sinon, tu fais dur ! Comment veux-tu te rendre au cinéma, à la discothèque, chez des amis, à ton travail? Et au cégep l'an prochain? Oublie de faire du pouce… En hiver, t'as le temps de geler sur le bord du chemin ! » Beaucoup d'entre eux ont acheté des voitures usagées qu'ils entretiennent jalousement afin qu'elles puissent durer le plus longtemps possible. « Pis, je voudrais bien avoir un iPod. Un cellulaire serait bien pratique aussi ! constatet-il. Décidément, je n'ai pas le choix… Ouf ! Je n'arriverai jamais à amasser une telle somme d'argent. Il faut absolument que je décroche un autre job. Et pas mal plus payant ! soupire-t-il. Ah ! Ce que je donnerais pour avoir mon propre ordinateur, rêvasse-t-il, les paupières mi-closes. Ça doit être génial de posséder son propre portable ! Rien qu'à soi, pas à toute la famille.

    — P.-E. ? P.-E. ?

    Absorbé par ses réflexions et par la musique qui rugit dans ses écouteurs, Pierre-Étienne n'entend pas la voix frêle de sa petite soeur qui l'interpelle de l'autre côté de sa porte de chambre.

    — P.-E. ? insiste-t-elle. Je peux entrer

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