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24, rue des Futailles
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24, rue des Futailles
Livre électronique188 pages2 heures

24, rue des Futailles

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À propos de ce livre électronique

24, rue des Futailles est la suite du roman Adieu, Val-du-Chêne ! À la fin juin, la famille Dutrissac déménage à Ville-de-Monnoir, dans la vallée du Richelieu. Dès les premiers jours, Pierre-Étienne et ses trois sœurs prennent plaisir à découvrir leur nouvel environnement. En peu de temps, ils se lient d’amitié avec des adolescents de leur âge qu’ils surnomment les trois J : Josiane, Jonathan et Jérémie. L’été s’annonce heureux pour chacun. Personne ne soupçonne que les événements prendront sous peu une bien mauvaise tournure dans la vie d’Élise…
LangueFrançais
Date de sortie13 avr. 2011
ISBN9782896825400
24, rue des Futailles
Auteur

Claire Matteau

Née à Montréal, Claire Matteau travaille depuis plus de vingt-cinq ans dans le milieu de la télévision. D'abord comme assistante à la réalisation à Radio-Québec et à TVOntario, par la suite, comme scénariste. Elle deviendra en 1994 productrice associée pour la maison de production télévisuelle Amérimage, dont elle est cofondatrice. Malgré la course effrénée de sa vie professionnelle, elle prend le temps d'aimer profondément les cinq enfants adorables que la vie lui a prêtés et n'oublie jamais de caresser ses neuf chats qui la regardent jouer du piano. En 1988, elle reçoit une mention honorable au concours littéraire de la Société des écrivains de Toronto, volet poésie. En 1996, elle écrit deux pièces de théâtre "Mais… que pense donc Molière ?" et "Le rêve de Rosette" qui s'adressent aux six à douze ans. "24, rue des Futailles" est la suite de son premier roman "Adieu, Val-du-Chêne" !

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    Aperçu du livre

    24, rue des Futailles - Claire Matteau

    La fermeture de Val-du-Chêne a été sans appel. La ville se vide progressivement. Plusieurs familles sont parties à la fin de l'année scolaire, chacune emportant ses souvenirs, ses regrets, certaines amertumes. Geneviève et Pierre Dutrissac ont choisi de vivre avec leurs enfants à Ville-de-Monnoir, en Montérégie.

    Depuis leur déménagement, les quatre enfants Dutrissac essaient tant bien que mal de s'adapter à leur nouvel environnement. Aucun d'entre eux n'a trouvé facile cet exil forcé et le déracinement qu'il engendre. Ce fut pour eux douloureux, déchirant même, d'abandonner leurs amis et tout ce qu'ils avaient aimé depuis leur naissance. Ils savent très bien que seul le temps, beaucoup de temps sans doute, saura estomper peu à peu la douleur de ce déchirement. La fermeture d'une ville soulève tellement les passions…

    Néanmoins, tout n'est pas sombre dans la nouvelle vie des quatre adolescents. Tous les jours, depuis deux semaines, leur regard découvre les nombreuses facettes du nouveau paysage aux allures champêtres qui les entoure. Ici, à Ville-de-Monnoir, la forêt et les milliers d'épinettes noires élancées n'existent pas. « Ce n'est vraiment pas pareil ici, s'étonne Pierre-Étienne, l'aîné des enfants. Quelle différence avec Val-du-Chêne ! Il va vraiment falloir que j'apprenne à m'y faire… »

    La plaine autour de Ville-de-Monnoir domine le paysage. Les petits boisés, les collines montérégiennes, les vergers et les érablières qui s'échelonnent autour des immenses pâturages et des vastes champs de céréales, de légumes et de petits fruits donnent un peu de relief à cette région, ce qui la rend encore plus magnifique.

    – Tu ne trouves pas que plus tu regardes la plaine, plus on dirait qu'elle s'éloigne ? demanda un jour Emmanuelle à Élise, sa soeur jumelle. On dirait même qu'elle s'étire à n'en plus finir...

    – Hum ! C'est vrai ! Tu sais, Nunu, je pense que c'est la première fois de ma vie que je peux voir la ligne d'horizon. Une chance qu'il y a ces trois, quatre petites montagnes isolées là-bas.

    Les jumelles, Pierre-Étienne et Marie-Claire n'en finissent plus de faire des découvertes de tout genre. « Wow ! Pour la première fois de ma vie, j'ai enfin vu un arc-en-ciel au complet ! Pas une petite partie seulement… Non, tout l'arc-en-ciel. D'un bout à l'autre ! » confia un jour Marie-Claire à Poilue, son inséparable chatte. Auparavant, à Val-du-Chêne, la forêt était tellement touffue qu'il était impossible de savoir où com mençait et où se terminait la courbure lumineuse des arcs-en-ciel. Il fallait l'imaginer. Désormais, ce n'est plus le cas ! « La plaine n'est pas cachottière, elle n'a rien à dissimuler ou à camoufler », déclare souvent Pierre Dutrissac, leur père. Et c'est vrai… pour le moment, du moins !

    Bien entendu, les premiers jours à Ville-deMonnoir furent consacrés à l'installation. Tous les membres de la famille mirent la main à la tâche. En peu de temps, tout fut déballé. Geneviève, la mère, tenait beaucoup à ce qu'on s'approprie rapidement la nouvelle maison. « Je veux qu'on se sente chez nous et vite ! Pas dans un an, tout de suite ! Il faut accrocher les cadres aux murs, placer les photos, les bibelots… Je veux redonner une âme à cette maison. Une âme qui nous ressemble. »

    Chacun des enfants a désormais sa chambre. Les jumelles, qui depuis leur naissance ont toujours partagé le même lit, trouvent un peu difficile de se retrouver seules une fois la nuit venue. Élise un peu plus qu'Emmanuelle, d'ailleurs. Elle a peur des moindres bruits nocturnes, qu'elle ne réussit pas à apprivoiser. Enfin, c'est ce qu'elle dit. En fait, elle n'ose pas avouer qu'elle a encore le coeur à mille kilomètres de chez elle, à Val-du-Chêne, près de la maison paternelle qu'ils ont dû quitter malgré eux.

    – T'as entendu ? demanda-t-elle, apeurée, à sa jumelle en se glissant une nuit dans son lit. Nunu ? Réponds. Je sais que tu ne dors pas. Tu fais semblant !

    – Hé, Élise. T'as treize ans, pas trois ans ! Qu'est-ce que tu fais encore dans mon lit à cette heure de la nuit ? Va te coucher dans ta chambre, peureuse !

    – Nunu, s'il te plaît… Nunu d'amour, supplia Élise, qui avait besoin d'être réconfortée. Laisse-moi dormir avec toi. J'ai peur. Le vent fait trop de bruit…

    – Bon ! O.K. Mais c'est la dernière fois, consentit Emmanuelle tout en sachant très bien qu'au moindre sifflement du vent ou bruit incongru, Élise reviendrait toujours se réfugier auprès d'elle.

    Tout est nouveau ici pour les jeunes Dutrissac. Toutefois, malgré les agréables surprises que lui réserve la région, Emmanuelle s'ennuie. Beaucoup. Yannick lui manque terriblement. Il y a déjà deux longues semaines qu'ils se sont quittés. Elle sait qu'il viendra la visiter dans quelques jours, mais l'attente est interminable. Insoutenable même. Depuis son départ de Val-duChêne, une tristesse l'habite continuellement. Dès qu'elle est seule, ses pensées vont vers Yannick, son amoureux. Le soir, lorsqu'elle tente de s'assoupir, ses émotions et ses souvenirs l'assaillent. Elle dort très mal. Son sommeil est agité. Heureusement, ses rêves l'emportent souvent auprès de Yannick. Évidemment, à son réveil, la réalité lui saute aux yeux : Yannick n'habite plus près d'elle ! Des larmes embuent alors ses yeux. Lui aussi, comme tous les citoyens de Val-du-Chêne, a dû déménager après l'annonce de la fermeture de la ville. Sa famille réside maintenant à Québec. « Presque trois cents kilomètres nous séparent l'un de l'autre. Trop loin à mon goût ! » confie-t-elle parfois à son père,

    qui tente de la consoler.

    Pierre-Étienne, quant à lui, s'amuse à filmer les environs. Tous les jours, au cours de ses randonnées à bicyclette, il porte à son cou le caméscope que lui ont prêté son oncle Yann et sa tante Catherine lors de leur dernière visite à Val-du-Chêne. Tel un reporter, il se promène un peu partout dans la région. Il furète dans tous les coins. Il fouine. Il guette. Un peu à la manière d'un chasseur à l'affût, il épie avec sa caméra vidéo le paysage, les rues de la petite municipalité, ses parcs et surtout ses gens. Il est très curieux. On dirait qu'il attend une occasion exceptionnelle.

    – Je me vois un peu comme un reporter, expliquet-il à sa soeur Marie-Claire en revenant de sa promenade quotidienne. Tu sais, M.-C., aujourd'hui j'ai eu une idée formidable. On pourrait faire une vidéo sur Ville-de-Monnoir, sur des gens de la région… On la présentera à Yannick quand il viendra, vendredi prochain. On est quel jour, voyons… samedi ? Le 9 juillet, précise-t-il en regardant sa montre. On a le temps, mais faut s'y mettre tout de suite. Qu'en penses-tu ?

    – Pas bête, ton idée, P.-E. Mais pas juste toi et moi. Élise et Nunu vont vouloir nous aider, j'en suis certaine. On pourrait aussi demander aux trois J de se joindre à nous.

    – Aux trois J ? Ouais ! On leur proposera tout à l'heure, quand ils viendront se baigner. Mais, j'y pense...

    – Quoi ? demande Marie-Claire.

    – On a juste un caméscope ! S'il y a trop de monde,

    il y en a qui vont perdre leur temps, et ça va finir en paquet de niaiseries…

    – On pourrait être deux équipes de tournage. Jonathan disait justement hier qu'il a un caméscope. Lui et moi, on fera équipe.

    – Mais Josiane, elle ?

    – Je pourrais la prendre dans mon équipe, suggère Marie-Claire. Qu'en penses-tu ?

    – Ouais. Puis Jérémie ? Dans ton équipe ?

    – Vous vous entendez bien tous les deux, non ? Fais équipe avec lui. Quant aux jumelles, elles décideront à qui elles veulent se joindre.

    – O.K. Ce n'est pas fou… Je m'occupe d'en parler aux trois J, décide Pierre-Étienne d'un ton assuré.

    – Minute ! Tu peux en parler à Josiane et à Jérémie, mais c'est moi qui en parle à Jonathan. J'y tiens !

    – Tu y tiens ? Comme tu veux. Dis donc, tu ne l'haïs pas trop, trop, Jonathan, on dirait. Je me trompe, M.-C. ? la taquine Pierre-Étienne.

    – Mêle-toi de tes affaires, P.-E. Dutrissac ! rouspète Marie-Claire, qui rougit subitement.

    – Mais… mais regarde-toi ! Mademoiselle seraitelle amoureuse de monsieur Jonathan Dupire ? Ton Jojo d'amour ! Tiens, ça ferait un excellent reportage. C'est toute une nouvelle ! Faut absolument en informer la population. Jonathan et M.-C., le couple du siècle… Wow !

    – Toi, là, si tu pars cette rumeur, je ne sais pas ce que je te fais ! rétorque-t-elle en brandissant un index menaçant vers lui. Je t'avertis, P.-E., si tu ébruites ça, je ne te le pardonnerai jamais, lui crie-t-elle, les joues en feu. Compris ?

    Gênée, horriblement mal à l'aise que son secret le plus absolu ait été dévoilé, Marie-Claire quitte son frère aîné sur-le-champ.

    – Et puis zut ! Parle toi-même à Jonathan de ton idée de fou de reportage, lui crie-t-elle, enragée.

    Marie-Claire s'enfuit au pas de course. À quinze ans presque, elle éprouve pour la première fois un sentiment pour un garçon. Depuis toujours, elle juge les garçons de son âge trop enfantins. Aucun d'entre eux n'a su l'intéresser, jusqu'à ce qu'elle rencontre ce Jonathan Dupire. Peu de temps après leur arrivée à Ville-de-Monnoir, alors qu'elle était allée chercher le courrier à la boîte postale, au bout de la rue des Futailles, elle fit la rencontre de Josiane Labelle, sa voisine. Du même âge, elles sympathisèrent aussitôt. Dès le lendemain, Josiane s'empressa de lui présenter ses deux copains et voisins de toujours, Jérémie Lemieux et Jonathan Dupire. Avec elle, ils forment depuis des années un trio inséparable.

    Lorsque Marie-Claire vit Jonathan pour la première fois, elle resta estomaquée. En effet, devant elle se trouvait un splendide garçon de son âge, aux magnifiques yeux noirs et au sourire ensorceleur. MarieClaire tomba totalement sous le charme en une seule et unique seconde. « Que se passe-t-il donc avec moi ? demanda-t-elle plus tard à Poilue, sa chatte adorée et sa complice de toujours. On dit que je suis une personne réfléchie, rationnelle… Pourtant, un seul regard de ce garçon, et voilà que mon coeur chavire et se met à battre à tout rompre. Jamais je n'ai connu ce genre d'émotion. Est-ce que c'est ça, l'amour ? Le coup de foudre ? Mais comment puis-je être amoureuse en une seconde d'un garçon que je ne connais même pas ? Je crois que je deviens folle, avouait-elle à sa chatte. Je crois même que j'ai peur… Mais je ne sais pas de quoi ! Poilue, dis quelque chose… » Comme à l'accoutumée, sa chatte ronronnait et ne comprenait absolument rien au charabia romantique de sa maîtresse.

    En peu de temps, les jumelles et Pierre-Étienne firent aussi la connaissance de leurs voisins, « les trois J », comme les surnomma Emmanuelle. Élise remarqua tout de suite combien s'illuminaient les yeux de sa soeur aînée lorsqu'ils s'attardaient sur Jonathan. Discrète, elle n'en a soufflé mot à personne, pas même à Nunu, sa jumelle, sa confidente. Elle imagine combien il lui serait agréable d'être amoureuse, elle aussi. Tous les soirs, elle voit sa jumelle compter les jours, les heures et les minutes qui la séparent du 15 juillet, date de l'arrivée de Yannick pour un séjour de trois semaines. « M.-C. et Nunu sont chanceuses. À quand mon tour ? se demande-t-elle souvent. On croirait qu'il ne viendra jamais. »

    Dommage qu'Élise ne remarque pas le regard éperdument amoureux que Jérémie porte sur elle chaque fois qu'elle s'approche, regard qu'il s'empresse de détourner aussitôt que leurs yeux se croisent.

    C'est donc en cette fin de journée du début juillet, sous un soleil de plomb, alors que tout le groupe profite des bienfaits de la piscine creusée des Dutrissac, que Pierre-Étienne lance son idée de reportages. La proposition a un effet instantané. On trouve l'idée géniale ! Pierre-Étienne, Jérémie et les jumelles forment d'emblée une équipe, tandis que la seconde se compose de Josiane, de Marie-Claire et de Jonathan. On convient que, tour à tour, chacun sera devant ou derrière la caméra, soit journaliste ou cameraman. Ce qui importe, c'est que tous présentent de manière intéressante une particularité de la région ou le portrait d'une personne qu'ils aimeraient faire connaître.

    – Moi, je connais des tas de gens intéressants, affirme Jonathan tout en nageant calmement sur le dos au centre de la piscine. Certains sont, disons… spéciaux !

    – Tu veux interviewer Félix ? s'exclame Josiane d'un air perplexe.

     Elle sort de l'eau et s'assoit sur le rebord de la piscine, près de Marie-Claire.

    – Pourquoi pas ? répond Jonathan sur un ton assuré.

    – Mais voyons, il ne voudra jamais, tu le sais bien, allègue timidement Jérémie.

    Afin d'éviter toute réplique qui l'embarrasserait, Jérémie s'éloigne à la nage.

    – C'est qui, Félix ? demande Pierre-Étienne. Pourquoi il ne voudrait pas ?

    – Oui, c'est qui, ce gars-là ? répète Élise avec curiosité.

    – Il va vouloir. Je le connais bien, fait remarquer Jonathan à Jérémie, qui revient à la nage. De toute façon, c'est mon reportage. S'il y a des problèmes, je

    m'arrangerai !

    – Hé, Jonathan ! Réponds-moi donc ! C'est qui, ce Félix ? insiste Pierre-Étienne alors qu'il s'engage sur le tremplin. Si ce gars-là ne veut pas, il ne faut pas l'obliger, tout de même.

    – Tu n'as pas entendu ce qu'il vient de dire ? interrompt Marie-Claire, qui se trempe les pieds dans l'eau. Jonathan sait qu'il va vouloir… Il n'est tout de même pas débile ! Fais-lui donc confiance, P.-E.

    – O.K., O.K., chère soeurette de mon coeur, je vais lui faire confiance, à ton Jonathan... Ben quoi ? Ne me regarde pas comme ça ! N'aie pas peur, je ne dirai absolument rien. Moi, les secrets, tu le sais, je

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