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Résistance et dévotion: Anciens sanctuaires ibadites de Djerba
Résistance et dévotion: Anciens sanctuaires ibadites de Djerba
Résistance et dévotion: Anciens sanctuaires ibadites de Djerba
Livre électronique912 pages8 heures

Résistance et dévotion: Anciens sanctuaires ibadites de Djerba

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À propos de ce livre électronique

This volume presents a detailed study of the memory of ancient mosques in Djerba, with a well-illustrated corpus of 48 buildings to build the history of the Ibadites and their struggle for the preservation of their identity. The main source is Rasā’il d’al-Ḥīlātī (m. 1099/1688-1689), which demonstrates the importance of piety and study to these people. The very strong presence of religion is felt in the multiplicity of places of prayer and in the sacred meshwork of the island which al-Ḥīlātī demonstrates. At any time, in any place, whether it be by the tomb of a prestigious scholar, a small prayer square or a mosque, religion and respect for the ancestors are remembered by the faithful. An analysis of the buildings shows their particular infrastructure, with a defensive nature (buttresses, thick walls, defensive parapets, loopholds and machicolations) – demonstrating the presence of both internal struggles (between Wahbite Ibadies and Nukkārites) and external threats from Tunis or European powers. They defended their particularism in a Maghreb that is more and more Malikite and more and more Arabized.
LangueFrançais
Date de sortie6 oct. 2023
ISBN9781915808059
Résistance et dévotion: Anciens sanctuaires ibadites de Djerba
Auteur

Virginie Prevost

Virginie Prevost (Université Libre de Bruxelles) has published L'aventure ibāḍite dans le Sud tunisien (Helsinki, 2008), Les Ibadites. De Djerba à Oman, la troisième voie de l'Islam (Turnhout, 2010) and numerous articles on the history of Djerba.

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    Aperçu du livre

    Résistance et dévotion - Virginie Prevost

    I

    PRÉSENTATION DES SOURCES UTILISÉES

    1. LES SOURCES ANCIENNES

    a. Les chroniques ibadites

    DE NOMBREUX ÉCRITS IBADITES sont parvenus jusqu’à nous, parfois très anciens comme celui attribué à Ibn Sallām, rédigé à la fin du IXe siècle. Nous reprenons ici, de façon succincte, les textes qui ont concrètement servi dans le cadre de cet ouvrage. Il faut toutefois préciser que s’ils décrivent de façon parfois assez précise des événements qui se sont déroulés à Djerba dans les premiers siècles qui ont suivi la conquête arabe, les renseignements fournis sur les mosquées ellesmêmes sont extrêmement rares, les textes concernant surtout les savants associés à ces mosquées. Les ouvrages les plus importants sont le Kitāb al-Sīra wa-akhbār al-a’imma (Livre de la Vie et des récits des imams) d’Abū Zakariyyā’ Yaḥyā al-*Wārjalānī, rédigé vers la fin du XIe ou le début du XIIe siècle ; le Kitāb al-Siyar (Livre des Biographies) d’Abū l-Rabī‘ Sulaymān al-Wisyānī, daté de la seconde moitié du XIIe siècle, et le Kitāb Ṭabaqāt al-mashāyikh (Livre des Générations de cheikhs) d’Abū l-‘Abbās Aḥmad al-Darjīnī, rédigé après 1253, vraisemblablement à Djerba même. La plupart des informations contenues dans ces trois ouvrages sont reprises dans le Kitāb al-Siyar d’Abū l-‘Abbās Aḥmad al-Shammākhī (m. 1522), un érudit appartenant à une vieille famille berbère du djebel Nafūsa et qui a fait une partie de sa carrière à Djerba[6].

    Nous avons également utilisé les Siyar attribués à Abū l-‘Abbās Aḥmad ibn Muḥammad ibn Bakr al-Fursaṭā’ī al-Nafūsī (m. 504/1110)[7], le Kitāb al-Mu‘allaqāt, un ouvrage anonyme sans doute composé à la fin du XIIe siècle, ainsi que les Siyar al-mashāyikh (Biographies des cheikhs), un recueil de biographies de célèbres personnages ibadites composé dans la seconde moitié du XIIe siècle.

    b. ‘Ulamā’ Jarba, les Rasā’il d’Abū l-Rabī’ Sulaymān ibn Aḥmad al-Ḥīlātī

    Né à une date inconnue, originaire de Jaabira, Abū l-Rabī‘ Sulaymān ibn Aḥmad al-Ḥīlātī a manifestement vécu toute sa vie à Djerba[8]. Il est né dans une famille d’importants notables ibadites : son ancêtre ‘Abd al-Raḥmān ibn Aḥmad al-Ḥīlātī, par exemple, a occupé le poste de cheikh du conseil supérieur des ‘azzāba, la plus haute instance politique et administrative des ibadites de l’île. Lui-même est devenu, après une formation auprès des meilleurs savants djerbiens de son temps, un enseignant renommé qui a contribué à revivifier la mémoire des ibadites[9]. Il est mort en 1099/1688-1689, peu après le dernier événement mentionné dans son ouvrage. Selon Ibn Ta‘ārīt, il est enterré à l’est de la tombe de son père, à Afṣīl, au sud de la mosquée des Būlīmāniyyūn (n° 10)[10].

    En huit épîtres ou chapitres (risāla, pluriel rasā’il)[11], al-Ḥīlātī évoque une série d’événements qui se sont déroulés entre 529/1134-1135, l’année qui voit l’occupation de l’île par les Normands de Sicile, et 1099/1688-1689, l’année de son décès.

    •   Épître 1 : événements survenus entre l’occupation de Tripoli par les Turcs (958/1551) et le suicide de ‘Abd al-Raḥmān ibn Jalūd en 1099/1688-1689.

    •   Épître 2 : attaque des chrétiens contre Djerba en 916/1510.

    •   Épître 3 : évocation d’événements très divers (occupation de Djerba par les Normands de Sicile, expédition hafside de 706/1306, combats entre les wahbites et les nukkārites, entre autres).

    •   Épître 4 : porte principalement sur des faits survenus au Xe/XVIe siècle, et notamment la victoire remportée contre l’expédition espagnole en 967/1560.

    •   Épître 5 : concerne surtout des informations climatiques ou agricoles portant sur le XIe/XVIIe siècle, avec la mention notable de l’exécution, pour la première fois, de la prière du vendredi dans la mosquée al-Shaykh de Houmt Souk (n° 22) en 1079/1668-1669.

    •   Épître 6 : sur la famille Barbūshī pendant la seconde moitié du XIe/XVIIe siècle.

    •   Épître 7 : rapporte le conflit qui éclate à partir de 1095/1684 entre Sa‘īd ibn Jalūd, cheikh de l’île, et son frère ‘Abd al-Raḥmān ibn Jalūd.

    •   Épître 8 : ce chapitre est consacré aux lieux de culte de Djerba. Il se compose de deux parties, Fī mashāhid aḍriḥat al-‘ulamā’ wa-amkinatihā bi-Jarba (p. 73-85) et Ziyārat masājid shuṭūṭ al-jazīra (p. 86-87), dont la traduction suit. L’auteur y localise précisément les cimetières qui sont soit isolés soit rattachés à une propriété privée ou à une mosquée, ainsi que les tombes des cheikhs, inhumés soit le long la voie publique, soit à côté d’une mosquée, soit à côté de leur propre demeure. Les défunts évoqués dans ce texte sont des savants, des hommes pieux (murābiṭūn), des muezzins ou des ‘azzāba, qui tous contribuent à la sacralité de l’espace[12].

    •   En annexe, une courte épître supplémentaire qui a été publiée par Farhat Jaabiri donne des informations sur les réunions des cheikhs des ‘azzāba[13].

    Nous avons choisi de traduire in extenso les deux textes d’al-Ḥīlātī entièrement dédiés aux lieux de culte, c’est-à-dire l’épître 8 et son appendice consacré à la visite des mosquées côtières. Certains termes utilisés fréquemment par l’auteur nécessitent quelques explications :

    •   À de nombreuses reprises, al-Ḥīlātī utilise le terme miḥrāb et notamment l’expression fam al-miḥrāb. Le mihrab ne désigne pas ici l’élément architectural bien connu, la niche du mur de qibla devant laquelle se tient l’imam ; il s’agit d’une terminologie locale qui fait allusion à une petite mosquée faite d’une seule pièce, comme Miḥrāb Gharīb (n° 38) par exemple. Cet usage existait déjà avant l’époque d’al-Ḥīlātī et s’est répandu par la suite. Quant au terme fam ou fum (la bouche, l’orifice), il désigne dans le parler populaire tunisien l’entrée ou ce qui est proche de l’entrée, une utilisation que l’on retrouve dans la toponymie comme dans le cas de Foum Tataouine[14]. Certains notables sont enterrés sous une niche de mihrab et dans d’autres cas on a bâti ces fameuses très petites mosquées nommées mihrabs sur leurs tombes, comme le montre à plusieurs reprises al-Ḥīlātī[15].

    •   Un autre terme fréquemment employé par le chroniqueur djerbien est celui de rawḍa. Parfois opposé à jabbāna qui désigne un cimetière sans plus de précisions, rawḍa indique un cimetière sélectif, un endroit réservé à quelques tombes remarquables, le plus souvent celles d’un savant et de ses proches. Ce cimetière sélectif peut être englobé dans un cimetière plus vaste, sans qu’un muret ou un signe particulier ne le distingue du reste des tombes. Il ne semble être connu que par la réputation des défunts qu’il accueille. Étant donné l’importance que semble accorder le chroniqueur à ce terme, nous l’avons systématiquement ajouté entre parenthèses lorsqu’il était utilisé.

    •   La formule respectueuse ‘ammunā, c’est-à-dire littéralement « notre oncle paternel », est souvent utilisée par al-Ḥīlātī pour rendre hommage à un pieux personnage, désignant un saint ou un tombeau consacré à un saint. On la retrouve à Djerba dans le même emploi sous sa forme singulière ‘ammī « mon oncle ». L’expression s’écrit également ammī ou āmmī ; elle est alors issue du berbère qui équivaut à l’arabe « sīdī », marquant la sacralisation et le respect dû à un cheikh[16]. E. Doutté observe que si ce terme est effectivement chez les ibadites le plus souvent attribué aux saints, il concerne si bien les morts que les vivants[17]. De façon plus générale, dans la langue populaire, une femme âgée est appelée khālatī « ma tante maternelle » et un homme âgé ‘ammī comme marque d’affection et de respect[18].

    •   Le terme ghāba, qui signifie littéralement « forêt », désigne à Djerba les territoires situés à l’extérieur des principales agglomérations et caractérisés par les cultures en sec. La ghāba se différencie de l’espace irrigué du menzel, la propriété de la famille djerbienne qui comprend notamment l’habitation (houch) et des cultures, des citernes et un puits, des étables et éventuellement un atelier de tissage et une huilerie souterraine, l’ensemble étant bien délimité et souvent entouré d’une haie en terre (tabia). Sur les terres moins fertiles de la ghāba, on trouve principalement des oliviers et des palmiers, accompagnés parfois par des vignes et des figuiers[19]. À Djerba, la ghāba désigne la campagne, le monde rural caractérisé par son habitat dispersé et ses activités agricoles, en opposition à l’espace urbain[20].

    •   Enfin, le principal élément de l’organisation urbaine est le quartier, ḥawma ou ḥūma selon la prononciation locale, que l’on retrouve dans le nom de la capitale Houmt Souk « le quartier du marché ». Chaque quartier compte un certain nombre de menzel-s généralement disséminés autour d’une petite mosquée.

    Traduction de l’épître 8 : « Sur les mausolées des savants et leurs sanctuaires à Djerba »

    [73] Sachez, qu’Allāh vous prenne en pitié, que les mosquées de Djerba ont été fondées grâce à la dévotion et bâties grâce à de l’argent licite. Celui qui souhaite rencontrer son Seigneur ne doit pas se montrer audacieux[21]. Allāh le Très-Haut a dit dans le Coran (ḥaqq) : « Qui donc est plus injuste que celui qui s’oppose à l’invocation du nom d’Allāh dans les mosquées d’Allāh, et que ceux-ci qui s’acharnent à détruire celles-ci, alors qu’ils ne devraient y pénétrer qu’en tremblant ? L’opprobre les atteindra en ce monde, et, dans la vie future, un terrible châtiment les attend[22] ». Il ne faut pas négliger de les visiter et de visiter les tombeaux des cheikhs de l’île qui sont d’inébranlables montagnes, [qui incarnent] l’apaisement et la ténacité sur la terre.

    – Le premier d’entre eux est Abū Miswar, qu’Allāh lui accorde Sa miséricorde, nommé Yasjā ibn Yūjīn, de la tribu des Banū Yahrāsan. Il est arrivé sur l’île dans la première moitié du IVe/Xe siècle et sa tombe se situe près de la mosquée de Fahmine (n° 28) : il était parti rendre visite à son oncle, le cheikh Yātī al-Mistāwī, et la mort l’a surpris à cet endroit[23].

    [74] – Le second d’entre eux est son fils, Abū Zakariyyā’ Faṣīl ibn Abī Miswar, dont le tombeau (n° 29) se trouve au sommet de la colline, dans le cimetière des combattants près de la masjid al-kabīr (n° 1), à Khablāsh.

    – Et « notre oncle » (‘ammunā) Ṣāliḥ ibn Abī Zakariyyā’ ; on a bâti pour son épouse et pour lui-même un mihrab au sud-est de la grande route qui mène de Mellita au marché (n° 30). Et notre oncle le cheikh Yūnus ibn Abī Zakariyyā’, mentionné dans la ‘Aqīdat al-mashāyikh[24] ; il est enterré dans l’entrée du mihrab. Et notre oncle le cheikh Muḥammad Kammūs, qui est enterré dans l’entrée d’une pièce (dwīra) dans le menzel Awlād Bin Dhayāb, connu sous le nom d’al-Jawīnī, sur la grand route (n° 31).

    [75] Et Abū ‘Amrū al-Numaylī[25] [dont la tombe] se situe près de la masjid al-kabīr, du côté nord (ill. 1). Et le cheikh Idrīs [dont la tombe] se trouve entre le coin de la mosquée et le bassin du puits. Et le cheikh Abū Ṭāhir, notre oncle le cheikh Ismā‘īl al-Jīṭālī, l’auteur du Kitāb al-Qanāṭir, un livre pour lequel nous n’avons trouvé aucun équivalent dans les ouvrages de nos compagnons et d’autres auteurs ; [il est enterré] dans un cimetière (rawḍa) au sud-est de la masjid al-kabīr (ill. 2) ; et [il existe également] le cimetière des Awlād Abī Miswar où sont rassemblés les derniers [membres de la famille][26]. [76] Et le pieux (murābiṭ) cheikh Sa‘īd ibn Yūsuf, celui qui s’en remet à Allāh et qui pourvoit à la subsistance de ceux qui n’ont qu’une vague connaissance d’Allāh ; [sa tombe se trouve] sur la grand route qui mène d’Awārās au marché.

    Ill. 1 : la tombe d’Abū ‘Amr al-Numaylī devant la jāmi‘ al-kabīr © A. Derriks, 2020.

    Ill. 2 : la tombe d’Ismā‘īl al-Jīṭālī près de la jāmi‘ al-kabīr © A. Derriks, 2021.

    – Et notre oncle Ṣāliḥ, de la descendance d’Abū Miswar, [qui est enterré] avec son épouse dans un mihrab dans la ghāba de Tamarjān à Bazim. Et le pieux Abū Sa‘īd [dont la tombe se trouve] à l’entrée de son mihrab à l’extrémité du quartier de Bazim et dont les gens de ce quartier prétendent qu’il est des leurs (n° 32).

    – Et parmi eux le cheikh Abū l-Najāt Ya‘īsh ibn Mūsā al-Zawāghī al-Khayrī, [enterré] en compagnie de ses proches dans un cimetière (rawḍa) situé dans un menzel dans lequel il habitait à Afṣīl à Oued Zbib. Et le cheikh Abū l-Faḍl Abū l-Qāsim al-Barrādī [inhumé] dans un cimetière à l’extrémité de son menzel en compagnie de ses fils, le cheikh Muḥammad et le cheikh ‘Abd Allāh, et de son petit-fils le cheikh Sulaymān al-Barrādī. Et le cheikh Yaḥyā al-Ballāz al-Yasūtanī qui a ordonné d’être enterré auprès du cheikh [Abū l-Qāsim]. Et le pieux Ya‘qūb al-Barrādī et leurs compagnons parmi les amis d’Allāh, qu’Allāh les prenne en pitié [ont été enterrés au même endroit][27].

    [77] Et parmi eux les dévots Tghazwīsaniyyūn, dont le cheikh Sa‘īd ibn Muḥammad, qui a enseigné dans la mosquée d’Oued Zbib (n° 5) dans les cinquante premières années du XIe/XVIIe siècle ; [il est enterré] dans le cimetière qui se trouve en face de la petite maison des étudiants sur la route qui passe entre leur menzel et le menzel des Barrādī, avec un autre cimetière à l’ouest du menzel. On y trouve le pieux Sulaymān ibn ‘Abd al-Raḥmān et le pieux Qāsim ibn ‘Umar qui font tous deux partie des Tghazwīsaniyyūn[28].

    [78] Et parmi eux les dévots Būlīmāniyyūn, [enterrés] dans le cimetière de leur mosquée (n° 10), et notamment l’ami d’Allāh Aḥmad ibn Muḥammad al-Ḥīlātī et son fils le faqīh Muḥammad ; près d’eux se trouve le ḥājj ‘Umar al-Ballāz, l’ascète qui se montra à la fin de sa vie obsédé par la dévotion de son Seigneur jusqu’à ce qu’il Le rejoignît. Et parmi eux le cheikh ‘Abd al-Raḥmān ibn Aḥmad al-Ḥīlātī, qui a apporté la connaissance de la métaphysique depuis Le Caire en Égypte jusqu’à l’île de Djerba. Grâce à sa lumière, la métaphysique a été copiée et diffusée par son élève le cheikh Qāsim ibn Sa‘īd al-Yūnsī al-Ṣadghiyānī. La tombe du cheikh ‘Abd al-Raḥmān se situe près de sa mosquée[29], entre Afṣīl et Tafijān[30] ; [il y est enterré] avec ses fils dont le cheikh Muḥammad et d’autres[31].

    [79] – On visite également la tombe du cheikh Wīslān ibn Tabghūrīn ibn Jildāsin al-Yahrāsanī, tombe marquée d’un signe distinctif (‘alāma), qui se trouve sur une route difficilement praticable (ḍa‘īfa) à cet endroit, à Jaabira, au sud-est du menzel des Ṭarawūliyyūn ; l’endroit est connu sous le nom de Shīr Wīslān.

    – Et le cimetière (rawḍa) du cheikh Muḥammad ibn Aḥmad al-Ṣadghiyānī, fondateur de la mosquée d’Oued Zbib (n° 5), situé dans un cimetière (fī rawḍa bi-jabbāna) à l’est de l’entrée de la mosquée.

    – Et le faqīh ‘Abd al-Raḥmān al-Khayrī, dont la tombe se trouve sous sa maison.

    – Et les Mithniyyūn à Ajim, dont le cimetière (rawḍa) est situé près de leur mosquée (n° 33). Certains d’entre eux sont enterrés à côté de leur mihrab et d’autres au sud-est de leur menzel.

    – Et les Wīrāniyyūn à Ajim, dont certains sont inhumés dans le cimetière de leur mosquée (n° 34) et d’autres au sud-est de leur menzel.

    [80] – Et le pieux cheikh ‘Umar ibn al-Ḥājj Yaḥyā al-Bāzīnī ; ils ont construit près de lui un mihrab sous la colline des Awlād Bāzīn (n° 35).

    – Et les pieux Warṭīniyyūn [enterrés] dans le cimetière proche de leur mosquée à Tīwājin (n° 15).

    – Et les savants des Banū Manṣūr à Guellala, et ceux des Banū Sitta de Sedouikech, très instruits, [enterrés] dans leur cimetière au sud-est de la mosquée des ‘Aṭṭūshiyyūn à Ouarsighen (n° 36) ; il s’agit du cheikh Aḥmad le premier, de son fils le cheikh Muḥammad, du cheikh Aḥmad ibn Muḥammad qui a combattu au service de ce monde et de l’au-delà jusqu’à sa mort en 1061/1650-1651, qu’Allāh lui accorde Sa miséricorde. L’enfant de son frère, le puits de science, le cheikh Muḥammad ibn ‘Umar [ibn Abī Sitta al-Muḥashshī][32] surpassa tout le monde par [82][33] son intelligence, son savoir abondant et ses écrits. Il commenta les ouvrages de nos compagnons, il dégagea les thèmes des livres les plus remarquables : Qāmūs, Jawāhir, ‘Uḍad, Ibn Abī Sharīf, al-‘Alaqmī, Kitāb al-Mawāhib, al-Zamakhsharī et d’autres livres encore.

    – Et son cousin le cheikh Sulaymān ibn Aḥmad dont l’entendement est foisonnant pour toutes les branches du savoir.

    – Et près de leur cimetière se situe la tombe du cheikh et faqīh Qāsim al-Mu‘adhdhin al-Sadwīkshī.

    – Et parmi les Sadwīkshiyyūn, les Awlād Mshīshī [sont enterrés] dans leur cimetière et les faqīh-s Zinkriyyūn dans un cimetière proche de leur mosquée, connue sous le nom de grande mosquée de Banī Dīghit (n° 18)[34].

    [83] – Et la tombe de notre oncle Yūnus ibn Sa‘īd al-Ta‘ārītī al-Ṣadghiyānī (n° 37) se situe sur la grand route près de la nouvelle mosquée[35] ; il [y est enterré] avec d’autres.

    – Et notre oncle Qāsim ibn Ayyūb al-Jinnāwunī, et son frère notre oncle Yakhlaf et leurs fils demeurent dans le cimetière de leur mosquée Tifarrūjīn (n° 13), en face d’elle dans le Vieux Oualagh (bi-Wālagh al-Qadīm).

    – Et le cheikh Qāsim ibn Sa‘īd al-Yūnsī et ses fils sont dans un cimetière dans leur vieux menzel, près de Mihrāb al-gharīb (n° 38), au sud-est, dans un cimetière sélectif (rawḍa).

    – Et les ‘azzāba des Awlād Abī Zayd al-Ṣadghiyānī sont [inhumés] dans un cimetière proche de leur vieux menzel près de la mosquée des Awlād Lākīn (n° 7) à l’est.

    [84] – Et la tombe de notre oncle le cheikh Zāyd, surnommé al-Lūgh, se situe à l’extrémité de son menzel sur la grand route entre la mosquée Lākīn et la mosquée Midrājin (n° 12)[36].

    – Et la tombe d’al-Yazmirtanī se trouve dans le quartier de Midrājin.

    – Et les Hawwāriyyūn sont [inhumés] près de la mosquée Midrājin[37].

    – Et la tombe du cheikh Zakariyyā’ ibn Aflaḥ al-Ṣadghiyānī se situe près de sa mosquée dans le quartier de Cedghiane (n° 39)[38].

    – Et la tombe de notre oncle le cheikh ‘Umar ibn Miknās se trouve près de la mosquée des Būlīmāniyyūn (n° 11) dans le quartier des Būlīmāniyyūn à Cedghiane.

    [85] – Et la tombe de notre oncle le cheikh Salāma al-Jinnāwunī se situe à côté de son mihrab dans le quartier des Zinkriyyūn (n° 40).

    – Il en va de même pour la tombe d’al-Yazmirtanī, sur la grande voie qui passe dans le quartier des Zinkriyyūn (n° 41).

    – Et la tombe de notre oncle le cheikh Khalīfa est au sud-est de son menzel à Houmt Arbah[39].

    – Et la tombe de notre oncle ‘Abd Allāh al-Muzrānī, auquel la mosquée de Muzrān doit son nom ; il est inhumé à côté de sa maison près de la mosquée (n° 42).

    [86] Visite des mosquées côtières de l’île pour surveiller les gardiens des positions du littoral afin de ne pas être surpris par l’ennemi.

    Le cheikh Abū Zayd ibn Abī Nūḥ ibn Abī Zayd al-Ṣadghiyānī a pour habitude, avec un groupe de compagnons, de visiter les mosquées de l’île ; ils ne négligent pas d’effectuer cette ziyāra. Chaque mois, le cheikh Ilyās ibn Dāwud al-Hawwārī et lui-même parcourent un des coins de l’île avec leurs compagnons (amthāl) qui sont des dévots [de la famille] Yūnsiyyūn et d’autres familles. Parfois, ils partent de la mosquée ‘Ammunā ‘Umar de Cedghiane (n° 43) et commencent par les mosquées de la côte sur la droite, jusqu’à atteindre la masjid al-kabīr (n° 1), puis la mosquée Ajmūr (n° 44), puis au sudest la mosquée Abarda (n° 26) sous la colline de Muzrān, puis ils suivent les mosquées de la côte jusqu’à ce qu’ils atteignent la mosquée al-Ḥāra (n° 17) à Ouarsighen. Parfois, ils partent de la mosquée al-Ḥāra, ils prennent sur la droite et ils se prosternent dans chaque mosquée possible [87] jusqu’à ce qu’ils arrivent à la mosquée du faqīh Wīḥlān (n° 45) au quartier de Banī Bāws, à la mosquée du cheikh Qārūz (n° 46), et à la mosquée du faqīh Ṣabbāḥ (n° 47), ensuite ils suivent le shaṭṭ al-rawḍa[40] jusqu’à ce qu’ils parviennent à la mosquée des Awlād Abī Zakariyyā’ (n° 24). Cela fut leur habitude jusqu’à leur mort, qu’Allāh le Très-Haut les prenne en pitié et soit satisfait d’eux, et nous avons profité de leur baraka, amen. Le cheikh Sulaymān ibn ‘Abd Allāh, qui fait partie des Awlād Abī Zayd al-Ṣadghiyānī, a repris cette habitude et a marché sur leurs traces, qu’Allāh le Très-Haut lui accorde Sa miséricorde. La ziyāra a pris fin après son décès, qu’Allāh les prenne tous en pitié. [Le texte se termine par trois lignes de formules religieuses]

    Cette ziyāra était pratiquée pendant la première moitié du XVIIe siècle puisque nous savons que les deux cheikhs, Abū Zayd ibn Abī Nūḥ ibn Abī Zayd al-Ṣadghiyānī et Ilyās ibn Dāwud al-Hawwārī ont tous deux participé en 1028/1618-1619 à l’agrandissement de la mosquée al-Shaykh de Houmt Souk (n° 22)[41]. Sulaymān ibn ‘Abd Allāh, qui a présidé la ḥalqa des ‘azzāba, est mort en 1077/1667, date qui correspond donc à la fin de cette ziyāra[42].

    Ce circuit est présenté comme un dispositif préventif, pour veiller à ce que la surveillance de l’île soit opérationnelle et que les ibadites puissent repérer en temps voulu d’éventuelles attaques venues de la mer. Cependant, les monuments visités semblent répondre pour certains à d’autres critères : ainsi la mosquée Abarda ou al-Bardāwī (n° 26) est une mosquée souterraine qui est a priori peu impliquée dans la protection de l’île, de même la jāmi’ al-kabīr (n° 1) est davantage une madrasa qu’un ouvrage défensif. Ce double circuit doit selon nous s’entendre comme une visite d’inspection doublée d’un pèlerinage religieux, à moins que les arrêts dans des mosquées situées loin des côtes aient une simple vocation de halte dans des parties de l’île où il est plus difficile de longer le littoral. Il est probable, même si al-Ḥīlātī ne les cite pas[43], qu’un bien plus grand nombre de mosquées faisant partie du système défensif étaient visitées, surtout lorsqu’elles étaient décisives comme Sīdī Yātī (n° 2), al-Qaṣbiyyīn (n° 19) ou encore Midrājin (n° 12). Il faut noter également que la partie orientale de ce circuit se faisait en zone nukkārite[44].

    Al-Ḥīlātī est notre source majeure dans cet ouvrage puisque ce sont ses écrits qui nous ont en grande partie permis d’élaborer un corpus de monuments remontant indéniablement au XVIIe siècle. Sa lecture est cependant pour le moins ardue, les passages qui nous intéressent le plus se présentant comme une longue énumération. L’auteur est particulièrement soucieux de maintenir chez ses contemporains le souvenir de leurs pieux ancêtres et de tenter de leur insuffler un peu de la foi qui animait ces derniers. Ainsi son texte se place dans un permanent appel à la dévotion, dans cet extrait par exemple :

    Vous [mes] frères, il vous faut vous dévouer avec zèle à votre doctrine ; la chérir vous assure la protection et la clémence d’Allāh. Il vous faut fréquenter vos mosquées lorsque retentit l’appel à la prière et pour y prier en commun, pour y instruire les enfants et y exercer bien d’autres pratiques cultuelles. Il vous faut invoquer Allāh en présumant qu’Il vous exaucera, L’implorer, chercher asile auprès de Lui afin qu’Il fasse fuir le mal loin de vous et de tous les musulmans[45].

    Cette idée de liste de monuments à visiter successivement, qu’il s’agisse des tombes ou plus loin des mosquées côtières, qui peut sembler particulièrement lassante pour le lecteur d’aujourd’hui, devait à notre sens rassurer le fidèle ibadite d’hier : elle lui confirmait que l’île était maillée d’édifices saints et que la foi s’épanouissait sur toute sa surface, l’ancienneté de cette foi étant confirmé par les généalogies de savants évoquées dans le texte. Les deux autres grandes régions ibadites du Maghreb conservent également le souvenir de circuits dévotionnels de ce genre. Dans le Mzab se pratiquait la ziyārat mashāhid al-balad, « la visite des mausolées du pays », une visite pieuse collective qui avait notamment pour objet de faire face aux pénuries. En une journée, le tour des cimetières et des mausolées, accompagné d’aumônes et d’invocations, visait à obtenir toute une série de bienfaits, dont la venue de la pluie et la protection contre la maladie, la ruine, la discorde, les calamités naturelles entre autres[46]. Dans la région d’Ouargla existaient également plusieurs parcours mémoriels, dont une ziyārat mashāhid al-balad qui a perduré jusqu’à nos jours : ce long périple englobe la visite des lieux sacrés de la ville moderne puis de ses cimetières, il se prolonge jusqu’aux ruines de Sedrata et aux sites voisins[47]. Dans le djebel Nafūsa également, plusieurs textes importants font état de circuits dévotionnels. Ainsi la Tasmiyat mashāhid al-jabal (Liste des lieux de pèlerinage du djebel), sur laquelle nous n’avons que peu d’informations, énumère les endroits vénérés du djebel, formant une sorte de guide pour les pèlerins. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, Brāhīm ibn Slīmān al-Shammākhī rédige en berbère nafūsī un texte connu sous le titre français Les bourgs et les chemins du djebel Nafūsa, qui donne quantité de renseignements sur les mosquées de la région. Enfin, l’idée de la liste de savants est déjà ancienne : le Dhikr asmā’ ba‘ḍ shuyūkh al-wahbiyya (Mention des noms de certains cheikhs wahbites), rédigé sans doute au plus tard vers le début du XIIIe siècle par un auteur anonyme, est une longue suite de noms de cheikhs classés par tribus[48]. L’épître 8 d’al-Ḥīlātī fait en quelque sorte la synthèse de ces énumérations de lieux et de cheikhs vénérés ; elle offre aux fidèles un document résumant tout ce qu’ils doivent mémoriser concernant leur doctrine, ses anciens savants et son ancrage géographique, le tout confirmant la vivacité de leur foi.

    c. La Qaṣīda mukhammasa fī masājid Jarba de Sa‘īd ibn Ayyūb al-Bārūnī

    L’auteur, Abū ‘Uthmān Sa‘īd ibn Ayyūb al-Bārūnī al-Nafūsī, était originaire de Djerba, où il a étudié avec Abū Ḥafṣ ‘Umar ibn Abī Sitta al-Qaṣbī, le père du fameux al-Muḥashshī, évoqué au début de ce « Quintain sur les mosquées de Djerba ». La mention du décès de ce savant permet de dater la qaṣīda vers le milieu du XVIIe siècle, mais la date précise de sa rédaction n’est pas connue[49]. Le poème mentionne une dizaine de mosquées et de nombreux enseignants qu’a fréquentés dans sa jeunesse Sa‘īd ibn Ayyūb al-Bārūnī[50]. Les lieux de culte explicitement évoqués sont les suivants : Majmāj (n° 3), Tājdīt (n° 8), al-Ghurabā’ (n° 20), Wilḥī (n° 5), Tlākīn (n° 7), Būkthīr (n° 14), Līmis (n° 16), Tghazwīsan (n° 9), Būlīmān de Cedghiane (n° 11) et Sīdī Ya‘īsh (n° 6). Tout au long de la qaṣīda, l’auteur se lamente sur l’état des lieux de culte de Djerba, abandonnés, tombant en ruine, délaissés par les descendants des pieux savants, parfois même livrés aux mains des malikites comme la mosquée al-Ghurabā’. Il plaide pour ressusciter la science et faire revivre les assemblées scientifiques. Le texte est à interpréter avec précaution puisque, si tous les lieux de culte y sont décrits comme ruinés, nous verrons que l’époque du poème correspond au contraire pour une partie d’entre eux à une période florissante… Djerba était au XVIIe siècle un centre culturel et scientifique important pour les ibadites du Maghreb[51] ; le document suivant le montre bien.

    d. Une lettre d’un cheikh djerbien destinée au sultan omanais

    Nous conservons le texte d’une lettre adressée par un cheikh de Djerba, ‘Umar ibn Sa‘īd ibn Muḥammad ibn Zakariyyā’ al-Jarbī, à l’imam omanais Bal‘arab ibn Sulṭān ibn Sayf ibn Mālik, qui a régné entre 1091/1680-1681 et 1104/1692-1693. Son courrier a été écrit à son retour sur l’île après qu’il eut visité les ibadites d’Oman :

    « Je vous informe, excellent Seigneur (yā ni‘ma al-sayyid), de la condition des gens de ce crédo (da‘wa), c’est-à-dire les ibadites, à Djerba à notre époque : en dépit de leur faiblesse, de leur petit nombre et de leur fâcheuse situation, ils bénéficient de plus de vingt madrasas scientifiques, chacune d’elles enseignant selon ses moyens. Certaines se restreignent à la grammaire, à la langue et aux savoirs religieux ; d’autres approfondissent la grammaire, la langue, la conjugaison, la sémantique, l’éloquence, la logique, la théologie, les fondements de la religion, la jurisprudence, l’arithmétique, les obligations légales, la métrique poétique, et bien d’autres domaines. Ces gens ont pour habitude de se rassembler tous les dimanches et les mardis chez un de leurs cheikhs, Abū Zayd ibn Aḥmad ibn Abī Sitta[52] ; ils suivent son enseignement, soumettent devant l’assemblée les problèmes et les questions, pour lesquels le cheikh recherche les réponses, écartant toute équivoque[53] ».

    Farhat Jaabiri a établi une liste des vingt principales madrasas auxquelles a dû faire allusion ‘Umar ibn Sa‘īd ibn Muḥammad ibn Zakariyyā’ al-Jarbī à cette époque[54] :

    Al-jāmi‘al-kabīr à Hachene (n° 1)

    Oued Zbib à Jaabira, c’est-à-dire Wilḥī (n° 5)

    Al-ghār (la grotte) à Majmāj (n° 3)

    Tājdīt à Fatou (n° 8)

    Al-Ghurabā’ à Houmt Souk (n° 20)

    Banī Lākīn ou Tlākīn à Ghizen (n° 7)

    Abū Kathīr à Taghdimes (n° 14)

    Līmis à Ajim (n° 16)

    Al-Tghazwīsanī à Bazim[55] (n° 9)

    Būlīmān à Jaabira (n° 10)

    Būlīmān à Cedghiane (n° 11)

    Midārjin[56] à Mezraya (n° 12)

    Tīfarrūjīn à Oualagh (n° 13)

    Tagūmīn à Oualagh[57]

    Tīwājin à Tīwājin (n° 15)

    Abū Sitta à Sedouikech[58]

    Al-Ḥāra à Sedouikech (n° 17)

    Ibn Ya‘lā à Banī Dīghit, l’actuelle Erriadh (n° 18)

    Al-Qaṣbiyyīn à Guellala (n° 19)

    Jaddī ‘Īsā à Robbana (n° 4)

    e. Abū Rās al-Jarbī et Ibn Ta‘ārīt

    Alors qu’al-Ḥīlātī se plaçait dans une optique purement ibadite, Abū Rās al-Jarbī (m. 1807), dont nous savons peu de choses, décrit la société djerbienne en l’intégrant à un milieu bien plus vaste, celui de la Tunisie husseinite et majoritairement malikite de son temps[59]. Cette nouvelle conception se ressent dans le vocabulaire utilisé pour désigner les lieux de culte : la mosquée de guet côtière ibadite devient un mazār, un lieu de pèlerinage, la simple masjid devient une mosquée jāmi‘, celle où l’on pratique la khuṭba en légitimant le pouvoir central. Il évoque les juifs et les malikites, qui étaient passés sous silence par al-Ḥīlātī, mais occulte la distinction entre ibadites wahbites et nukkārites[60]. Son ouvrage intitulé Mu’nis al-aḥibba fī akhbār Jarba (Le confident des intimes sur les récits relatifs à Djerba) aurait été terminé en 1797[61]. Aujourd’hui, parce que le chroniqueur a voulu intégrer pleinement Djerba à la société husseinite, nombre de notables ibadites refusent de reconnaître à Abū Rās ses origines insulaires et sa foi ibadite[62].

    Nous replongeons en plein cœur de l’ibadisme local avec l’ouvrage de Sa‘īd ibn ʻAlī ibn ʻUmar ibn Ta‘ārīt (m. 1289/1871-1872). Sa Risāla fī tarājim ‘ulamā’ Jarba (Épître sur les biographies des savants de Djerba) ou Risāla fī ‘ulamā’ Jarba (Épître sur les savants de Djerba), considérée comme un complément au Kitāb al-Siyar d’al-Shammākhī, est surtout utile pour préciser les informations d’al-Ḥīlātī dont il suit assez fidèlement le texte. À plusieurs reprises, le chroniqueur natif de Cedghiane permet d’affiner des localisations de tombeaux ou de confirmer que ceux-ci sont toujours visités au milieu du XIXe siècle, la dernière date citée dans le livre étant 1273/1856-1857. L’ouvrage a été édité et commenté récemment par le cheikh djerbien Sassi Ben Yahyaten et publié en 2022 par les éditions Ibadica[63].

    2. LES SOURCES MODERNES

    Il ne s’agit pas de détailler tous les ouvrages utilisés mais de donner quelques éléments sur ceux qui nous ont paru les plus importants. Dès l’occupation de l’île en juillet 1881, les autorités du protectorat français favorisent l’élaboration de monographies régionales destinées à mieux connaître le nouveau territoire. La première, Monographie de l’île de Djerba, paraît en 1885 et est l’œuvre d’Armand Brulard, lieutenant au 24ème bataillon de chasseurs ; elle veut dévoiler tous les aspects de l’île comme le fera en 1907 et en 1908 un autre militaire, François Gendre. En 1941 est publiée une nouvelle monographie sous la plume du contrôleur civil René Stablo[64] ; elle nous intéresse particulièrement par la liste de 288 mosquées qu’elle fournit, dont 122 sont malikites et 166 sont ibadites.

    Les écrits de Sālim Ibn Ya‘qūb (m. 1991) s’avèrent extrêmement utiles. Ce cheikh né à Ghizen en 1903 a fait de longues études sur l’île, puis à la mosquée Zaytūna de Tunis et enfin à al-Azhar au Caire où il a recopié quantité de manuscrits ibadites. Rentré à Djerba, il a partagé sa vie entre l’enseignement et la collecte des manuscrits qu’il a rassemblés dans sa riche bibliothèque. En 1986, il a publié la première version de Tārīkh jazīrat Jarba (Histoire de l’île de Djerba) qui est rééditée vingt ans plus tard, revue par Farhat Jaabiri[65]. Ce document absolument incontournable, mais qui doit souvent être considéré avec circonspection, rapporte la tradition locale concernant l’île, ses savants et ses mosquées. Il contient une foule de détails intéressants, des poèmes, mais aussi des datations qu’il faut dans la plupart des cas remettre en question.

    Le cheikh Farhat Jaabiri, bien connu pour sa thèse de doctorat consacrée à l’organisation des ‘azzāba à Djerba, ouvrage indispensable pour qui s’intéresse à l’histoire des ibadites, a pris d’une certaine façon la relève de son maître Sālim Ibn Ya‘qūb. Il a enseigné toute sa vie à Tunis, où il est toujours l’imam de la seule mosquée ibadite de la capitale, et a depuis la révolution de 2011 mené toute une série d’actions en faveur d’une meilleure connaissance de l’ibadisme en Tunisie, notamment par le biais de son association Tawassol. Fin connaisseur de l’architecture de Djerba, il en a souvent pris la défense et a amplement soutenu les recherches qui ont mené à la présente publication. Nous dirons également quelques mots des travaux du cheikh Sassi Ben Yahyaten : après une carrière d’enseignant en Belgique, le cheikh est revenu s’installer dans sa région natale d’Ouarsighen et publie peu à peu toute une série de documents importants sur les sources ibadites concernant le sud de l’île.

    Deux importantes études architecturales ont été réalisées sur les mosquées de Djerba. La thèse de doctorat de Klaus Hansjörg Müller, Traditionelle Architektur und islamische Bauten auf Djerba, défendue à Munich en 1995, est un outil essentiel qui évoque 289 lieux de culte, visités par l’auteur dès 1983. Son propos est entièrement architectural, l’histoire du monument ne l’intéresse pas : il fournit une datation quand il le peut, mais celle-ci est rarement correcte. En revanche, il indique pour chaque édifice la date précise de sa visite, ce qui est extrêmement utile pour déterminer les différentes phases d’évolution des lieux de culte. Ses plans, bien qu’ils soient extrêmement schématiques, nous ont également bien servi. Outre les nombreuses photographies jointes à son doctorat, il a laissé à l’Assidje une belle collection de photos inédites datées. Nous en avons abondamment tiré parti et nous en reproduisons certaines ici[66].

    Les travaux de Riadh Mrabet offrent une somme inégalée sur les mosquées de l’île. Ses recherches sur place ont été menées entre l’hiver 1989 et 1995[67]. Nous avons utilisé ici si bien sa thèse défendue en 1996 que l’édition partielle qu’il en a faite en 2002 sous le titre de Mudawwanat masājid Jarba (Corpus des mosquées de Djerba). La thèse se compose d’un corpus de mosquées, d’un ensemble de plans et de photos et, enfin, de tout un volume d’analyse architecturale qui n’a pas été repris dans l’édition. Riadh Mrabet a soigneusement revu le corpus avant sa publication, a actualisé certains détails et n’a sélectionné qu’une partie des plans pour celle-ci. Cet ouvrage constitue une véritable bible sur le sujet, passant au crible pas moins de 254 édifices[68]. Signalons également les excellents travaux d’une de ses anciennes étudiantes, l’architecte Najoua Tobji, sur les mosquées Sīdī Jmūr (n° 44) et Wilḥī (n° 5).

    Nous avons pu nous appuyer sur une ressource qui au fil du temps s’est révélée importante : le groupe Facebook « Taghori Dessah » (ﺗ ﻮﻐريدﺻﺢ), principalement en langue arabe mais aussi à l’occasion en berbère et en français. Ce groupe donne jour après jour l’actualité de l’île en se concentrant sur son caractère berbère et ibadite, et fournit d’anciens documents souvent difficilement trouvables. Son intérêt réside également dans les discussions qui naissent autour de ces documents et dévoilent la mémoire locale. Un autre groupe Facebook très utile est « Mosquées de Djerba » qui répertorie les édifices religieux de l’île et suscite, lui aussi, des discussions entre connaisseurs. C’est également parfois le cas du groupe Facebook « Djerba Histoire » image_missing . Ces réseaux sociaux djerbiens nous ont permis à de nombreuses reprises d’entrer en contact avec des personnes qui nous ont facilité l’accès aux salles de prière, habituellement inaccessibles aux non-musulmans, et d’entamer de fructueuses discussions avec des connaisseurs et amoureux des mosquées.

    Enfin, nous terminons par une référence peu commune, qui trouve rarement sa place dans ce type d’études : le film érotique franco-tchécoslovaque « L’Éden et après » réalisé en 1970 par Alain Robbe-Grillet. Ce long métrage que Wikipédia décrit comme « un conte hallucinatoire et fantasmagorique »[69] est intéressant car il contient des scènes tournées dans des mosquées comme Sīdī Jmūr (n° 44) ou Tlākīn (n° 7), avant leur transformation.

    Toutes les sources évoquées ci-dessus ont été très utiles pour reconstituer l’évolution des mosquées présentées dans ce livre. Il nous paraît important de préciser que notre réflexion s’est d’abord construite à partir des anciennes photographies que nous avons pu réunir, prises par K. Müller et R. Mrabet ou appartenant à deux belles collections auxquelles nous avons pu puiser, celle de l’Assidje et celle de la photothèque des éditions Cérès à Tunis. À cela se sont ajoutés ponctuellement d’autres documents, photographies de tournage cinématographique ou issues des collections du musée du quai Branly par exemple.

    3. LA CARTOGRAPHIE

    •   « Cerbe adası » : une des cartes de Pīrī Re’īs, manifestement datée de 1526, représente l’île[70].

    •   « Disigno dell’Isola de Gerbi » : c’est une estampe de 44 cm x 30 cm sans date ni nom d’imprimeur ou de graveur, conservée en plusieurs exemplaires. Cette carte italienne permet de suivre les péripéties de juin 1560 après le désastre naval des chrétiens et avant la chute du Bordj el-Kébir. Attribué à Gastaldi, ce document serait l’unique levé de l’île avant les études anglaises ou françaises du XIXe siècle[71].

    •   « Chart of the Gulf of Kabes or the Lesser Syrtis » : ce dessin de l’île réalisé en 1827 par le capitaine H. W. Smyth est bien plus correct que celui de 1560, même s’il comporte encore des erreurs, mais moins complet du point de vue des indications fournies[72].

    •   « North Africa or Barbary III. Tunis and part of Tripoli » : c’est une carte au 1 : 2000 000 publiée à Londres en 1836 par Chapman et Hall, peu détaillée en ce qui concerne l’île.

    •   « Jazīrat Jarba » : c’est une carte au 1 : 200 000 établie en 1857 par les officiers de l’École militaire du Bardo (Madrasat Bārdū al-ḥarbiyya)[73].

    •   « Carte de la Régence de Tunis, dressée au Dépôt de la Guerre, d’après les observations et les reconnaissances de M. Falbe, capitaine de vaisseau danois, et de M. Pricot de Sainte-Marie, chef d’escadron » : publiée à Paris en 1857, elle comporte de nombreux noms de mosquées mais, comme le remarque Ch. Monchicourt, « son opulence est un peu désordonnée[74] ».

    •   « Carte du Service hydrographique de la marine » : les deux parties sud et nord de l’île ont été cartographiées en 1885 et 1886, et publiées en 1888 et 1889. Nous avons conservé la date générale de 1889[75].

    •   « Île de Djerba échelle 1 : 50 000 » : cette carte, indispensable lorsque l’on s’intéresse à l’histoire de l’île, a été dressée d’après les levés au 1 : 80 000 exécutés par le Service géographique de l’Armée en 1906. Elle a été complétée par C. Chastang, conducteur des Ponts-et-Chaussées entre 1906 et 1909, puis dessinée par J. Vanney et imprimée à Tunis en 1910. Nous l’appelons « carte de 1906 ».

    •   « Tunisie échelle 1 : 100 000 ». Cette carte a été dressée par le Service géographique de l’Armée. La feuille n° LXXVI nommée « Houmt Souk » concerne la partie nord de l’île et les travaux sur le terrain ont été réalisés par F. Gendre en 1907. La feuille n° LXXXIV « Adjim » concerne la partie sud de l’île et les travaux sur le terrain ont été réalisés par F. Gendre en 1905, puis par les dénommés Schmitt et Condussier. Enfin la feuille n° LXXXV « Sidi Chemmakh » concerne une petite partie sud-est de l’île et les travaux sur le terrain ont été réalisés par F. Gendre en 1907, puis par un certain Péxard. Les deux premiers documents ayant été complétés en 1928, nous appelons cette carte reconstituée de Djerba « carte de 1928 ».

    •   « Carte de Tunisie au 50.000e » dressée, dessinée et publiée par le Service topographique de Tunis en 1966. Djerba est divisée entre les feuilles n° 148 « Houmet Essouq », 149 « Midoûn », 159 « Jorf » et 160 « Châmakh », et nous l’appelons « carte de 1966 ».

    6 Il a enseigné dans la mosquée de Tīwājin où se trouverait sa tombe, voir la fiche n° 15. Sur ces ouvrages, voir T. Lewicki, « Les sources ibāḍites », p. 33-41.

    7 Ce texte, édité d’abord par ‘A. Ayyūb comme étant la seconde partie de l’ouvrage d’Abū Zakariyyā’ Yaḥyā al-Wārjalānī, puis en 2009 par ‘U. Bū ‘Aṣbāna comme étant la troisième partie de l’ouvrage d’al-Wisyānī, rapporte principalement les traditions d’al-Mazātī et remonte à la seconde moitié du XIe siècle. Pour cette attribution, voir A. Amara, « Remarques sur le recueil », p. 37-38.

    8 Sur cet auteur, on verra l’introduction de M. Gouja dans al-Ḥīlātī, ‘Ulamā’ Jarba, p. XII-XVIII ; S. Ibn Ya‘qūb, Tārīkh jazīrat Jarba, p. 341-343 ; M. Merimi, Ibāḍiyyat jazīrat Jarba khilāla al-‘aṣr al-ḥadīth, p. 310-312 ; Idem, « Sulaymân al-Hîlâtî » et « Les chroniques de Sulayman al-Hîlâtî et Mohamed Abou Ras ».

    9 M. Merimi, « Sulaymân al-Hîlâtî », p. 38.

    10 Ibn Ta‘ārīt, Risāla fī ‘ulamā’ Jarba, p. 77.

    11 Nous reprenons ici la classification de M. Gouja qui a édité le texte. M. Merimi, « Les chroniques de Sulayman al-Hîlâtî », p. 39, considère qu’il n’y a pas huit épîtres mais bien quatorze, en comptant l’épître présentée en annexe par M. Gouja.

    12 M. Merimi, « Sulaymân al-Hîlâtî », p. 40.

    13 Al-Ḥīlātī, ‘Ulamā’ Jarba, p. 93-95 ; F. Jaabiri, Niẓām al-‘azzāba, p. 324-330.

    14 R. Mrabet, Jawāmi‘ wa-masājid jazīrat Jarba, III, p. 190-191.

    15 R. Mrabet, Jawāmi‘ wa-masājid jazīrat Jarba, III, p. 38, qui fournit, p. 35, deux plans correspondant à ces mihrabs ou mosquées formées d’une seule pièce, un plan carré et un plan rectangulaire.

    16 Selon V. Brugnatelli, « Notes d’onomastique jerbienne et mozabite », p. 34, il est erroné de penser qu’il s’agit d’une graphie incorrecte du terme arabe « ‘ammī » ou oncle paternel utilisé comme marque de respect.

    17 E. Doutté, Notes sur l’islâm maghribin. Les marabouts, p. 39.

    18 Z. Mrabet-Robana, The Traditional Women in the Mediterranean Island of Djerba, p. 13. Selon K. Tmarzizet, « Les Djerbiens, des migrants séculaires », p. 74, les Tunisiens appellent l’épicier djerbien Ejerbi, Ammi Saïd « le Djerbien oncle Saïd ».

    19 M. Bourgou et A. Kassah, L’île de Djerba, tourisme, environnement et patrimoine, p. 57-59 et p. 48-55 pour une description complète du menzel.

    20 M. Merimi, Juifs de Djerba et stratégies identitaires, p. 72.

    21 En usurpant les biens des mosquées. M. Merimi, « Sulaymân al-Hîlâtî », p. 43.

    22 Coran, II, 114. Trad. Denise Masson, p. 22.

    23 Nous avons traité la mosquée Sīdī Yātī à la fiche n° 2, bien qu’elle ne soit pas explicitement nommée.

    24 Le Kitāb ‘Aqīdat al-mashāyikh correspond à la ‘Aqīdat al-tawḥīd d’Abū Ḥafṣ ibn Jamī‘. Al-Ḥīlātī, ‘Ulamā’ Jarba, p. 74, note 234. Voir la fiche n° 13.

    25 On lit plus couramment Abū ‘Amr al-Numaylī.

    26 Il semble qu’il s’agisse là du mausolée de la famille Bū Miswar situé à Hachene, toujours utilisé par cette famille à l’époque actuelle. Voir M. Barbou, Al-Ta‘mīr bi-jazīrat Jarba khilāla al-fitra al-wasīṭa, p. 60.

    27 Nous avons traduit ce passage difficile en nous fondant sur Ibn Ta‘ārīt, Risāla fī ‘ulamā’ Jarba, p. 66, dont le texte est plus clair.

    28 La mosquée Tghazwīsan, directement évoquée dans un autre texte, est l’objet de la fiche n° 9.

    29 C’est là la seule mosquée dont nous n’avons pas pu retrouver de traces.

    30 L’éditeur propose de lire Tafijān mais il faudrait plutôt vocaliser Tifjān. Voir la fiche n° 15.

    31 S’insère ici la répétition d’une phrase intervenue un peu plus haut : « Et dans le cimetière des Tghazwīsaniyyūn se trouve la tombe du pieux ascète, obsédé à la fin de sa vie par la dévotion de son Seigneur, le ḥājj ‘Umar al-Ballāz ».

    32 Al-Ḥīlātī, ‘Ulamā’ Jarba, p. 80, note 261.

    33 La page 81, consacrée à la suite des notes, ne comprend pas de texte.

    34 La mosquée est connue sous le nom de Ben Ya‘lā. Al-Ḥīlātī, ‘Ulamā’ Jarba, p. 83, note 267.

    35 Al-masjid al-jadīd ou « nouvelle mosquée » correspond à la mosquée Tājdīt (n° 8). Al-Ḥīlātī, ‘Ulamā’ Jarba, p. 83, note 269.

    36 La mosquée ‘Ammī Zāyd al-Lūgh à Mezraya est toujours en excellent état. Voir sur cet édifice K. Müller, Traditionelle Architektur, p. 272-273 ; R. Mrabet, Mudawwanat masājid Jarba, p. 110-111. Nous ne l’avons pas traitée dans ce volume car la mosquée ne contient pas la tombe du cheikh, dont Ibn Ta‘ārīt, Risāla fī ‘ulamā’ Jarba, p. 79, dit qu’elle est située près de sa mosquée. S. Ibn Ya‘qūb, Tārīkh jazīrat Jarba, p. 398, dit qu’il est enterré dans l’actuel menzel al-Yūnsī. Il semble d’après les renseignements que nous avons obtenus en janvier 2021 auprès des riverains que le cimetière qui accueillait la tombe a récemment disparu.

    37 La mosquée al-Hawwārī située à Mezraya est toujours en excellent état. Voir sur cet édifice K. Müller, Traditionelle Architektur, p. 153.

    38 Il s’agit de la mosquée des Ma‘zūziyyūn, plus connue sous le nom de Ben Ma‘zūz. Al-Ḥīlātī, ‘Ulamā’ Jarba, p. 84, note 276.

    39 La mosquée Sīdī Khalīfa, directement citée dans un autre texte, fait l’objet de la fiche n° 48.

    40 Selon M. Barbou, Tanẓīm al-majāl wa-l-tawṭīn wa-l-ta‘mīr, p. 575, le shaṭṭ al-rawḍa désignait pendant le Moyen Âge une région de la côte de Mezraya.

    41 Al-Ḥīlātī, ‘Ulamā’ Jarba, p. 24 ; Ibn Ta‘ārīt, Risāla fī ‘ulamā’ Jarba, p. 75. Sur Ilyās ibn Dāwud al-Hawwārī, qui aurait présidé la ḥalqa des ‘azzāba dans la première moitié du XVIIe siècle, voir Ibn Ta‘ārīt, Risāla fī ‘ulamā’ Jarba, p. 78 ; M. Bābā‘ammī et al., Mu‘jam a‘lām al-ibāḍiyya, II, p. 62 et F. Jaabiri, Niẓām al-‘azzāba, p. 222.

    42 Voir sur ce personnage la fiche n° 7.

    43 Selon M. Hbaieb, « Les fortifications de l’île de Djerba », p. 306, al-Ḥīlātī ne donne que neuf noms de mosquées sur une voie jalonnée de vingt-six monuments. À notre sens, leur nombre était bien plus important.

    44 Nous en reparlerons infra, en évoquant les relations entre les wahbites et les nukkārites.

    45 Al-Ḥīlātī, ‘Ulamā’ Jarba, p. 39.

    46 Voir A. Jomier, Un réformisme islamique dans l’Algérie coloniale, p. 475-476.

    47 Voir C. Aillet, P. Cressier et S. Gilotte, Sedrata, p. 140-145.

    48 Voir V. Prevost, Les mosquées ibadites du djebel Nafūsa, p. XVIII-XIX.

    49 Sur l’auteur, voir M. Custers, Al-Ibāḍiyya, a Bibliography, II, p. 115 ; M. Bābā‘ammī et al., Mu‘jam a‘lām al-ibāḍiyya, II, p. 175. A. Drine, E. Fentress, R. Holod (éd.), An Island Through Time: Jerba Studies I, p. 15, situent à contre-courant la rédaction bien plus tard, vers 1750-1760. Voir aussi R. Holod et T. Kahlaoui, « Guarding a Well-Ordered Space on a Mediterranean Island », p. 54 et note 20, qui promettent d’expliquer leur argumentation dans des publications à venir.

    50 Le texte de ce poème est reproduit et annoté dans F. Jaabiri, Niẓām al-‘azzāba, p. 331-338, et avec de légères variantes dans S. Ibn Ya‘qūb, Tārīkh jazīrat Jarba, p. 112-115, version que nous avons suivie. F. Jaabiri indique, p. 338, que le texte n’est pas complet.

    51 M. Bābā‘ammī et al., Mu‘jam a‘lām al-ibāḍiyya, II, p. 205.

    52 Abū Zayd ibn Aḥmad ibn Abī Sitta al-Qaṣbī (m. 1100/1688-1689),

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