Il y a quelque chose qui s'apparente à une forme de quête de l'ineffable dans l'histoire de la distillation. À mi-chemin entre la captation de l'essence des choses, à l'image du parfum, et une poursuite vers l'immatérialité, cette “quinte-essence” qui nous submerge, le fameux Saint-Esprit. Comme si la technique allait permettre à Homo sapiens de tutoyer Dieu.
Aussi loin que l'on remonte, l'humanité a toujours cru bon de se tourner vers des psychotropes afin de changer d'état psychique et mieux dialoguer avec l'au-delà. Feuille de coca en Amérique du Sud, khat au MoyenOrient et dans la corne de l'Afrique, opium depuis la Perse jusqu'à l'Extrême-Orient, lait de jument fermenté en Mongolie, bière et vin, dès l'Antiquité, en Europe et autour de la Méditerranée… Mâchés, fumés, fermentés et bus, ces produits ont la faculté de pouvoir être élaborés avec des moyens rudimentaires. La distillation apparaît comme une technique nettement plus complexe, et pour cause: il s'agit, en les passant dans l'alambic, de tirer l'essence des plantes ou des fruits.
Avant de devenir des boissons alcoolisées, les produits distillés avaient pour principale ambition de soigner. Mais pour comprendre l'origine de la technique qui leur donne naissance, il faut remonter le temps de