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10 récits d’ici et d’ailleurs: Une plongée dans le cœur du XXIe siècle
10 récits d’ici et d’ailleurs: Une plongée dans le cœur du XXIe siècle
10 récits d’ici et d’ailleurs: Une plongée dans le cœur du XXIe siècle
Livre électronique87 pages1 heure

10 récits d’ici et d’ailleurs: Une plongée dans le cœur du XXIe siècle

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À propos de ce livre électronique

À la frontière du réel et de l’imaginaire, 10 récits d’ici et d’ailleurs – Une plongée dans le cœur du XXI siècle est un saut dans différents univers propres au XXI siècle et à ses enjeux. Sur les traces d’un périple entre technologie, rapports sociaux et problèmes environnementaux, chaque texte y peint un tableau singulier, aussi inquiétant que fascinant…


À PROPOS DE L'AUTEUR


Passionné d’histoire, de mythes et de légendes, Grégoire Giraud Chevalier fait naître de nouveaux univers à travers ses écrits. Suivant sa volonté de faire émerger des personnages particuliers dans un monde se rapprochant du nôtre, ses textes sont empreints de ses perceptions du monde qu’il façonne selon son imaginaire.
LangueFrançais
Date de sortie7 juil. 2023
ISBN9791037789914
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    10 récits d’ici et d’ailleurs - Grégoire Giraud Chevalier

    1

    Fiction dangereuse

    Elle

    Hier soir, elle lui avait téléphoné, elle était en pleurs. Elle tenait dans sa main une arme et trois cadavres se trouvaient à ses pieds. C’était le décor dans lequel elle avait atterri, le décor choisi par son époux, son bourreau, son auteur.

    En découvrant la scène, elle avait été prise de panique, inquiète des événements qui allaient suivre. Elle paniquait face à l’idée de devoir suivre l’histoire qu’il allait imaginer pour elle. Car oui, c’était lui l’auteur, c’était lui qui dirigeait tout, qui la tenait prisonnière dans ce décor qu’elle n’avait pas choisi. Elle le savait, elle le voyait sans pouvoir s’en échapper, c’était le poids des mots qui dictait chacun de ses gestes. Il avait un droit de vie ou de mort sur elle, et elle n’y pouvait rien. Par une simple phrase, il pouvait la faire disparaître ou la réanimer. Il pouvait la changer en reine ou en criminelle, en chanteuse ou en amazone. Elle était donc soumise au moindre de ses mots, aux scénarios qu’il avait pour elle. Malgré tout, elle avait gardé confiance en lui, parce qu’elle l’aimait et parce qu’elle n’avait jamais eu aucune possibilité de fuir les récits dans lesquels il la plongeait.

    Mais la situation avait brusquement changé, puisqu’elle avait réussi à lui téléphoner. Elle l’avait appelé tard dans la nuit pour le supplier de mettre fin à cette nouvelle histoire sordide. Elle l’avait appelé pour lui demander d’arrêter d’écrire, pour le supplier de la laisser sortir. Elle ne supportait plus tous ses univers de fiction, tous ses combats, toutes ses romances à dormir debout. Ce qu’elle voulait, c’était le calme et la possibilité de choisir sa vie, de ne plus dépendre de lui. Elle voulait reprendre le contrôle de son existence, écrire sa propre histoire et ne plus subir celle d’un écrivain tourmenté qu’elle avait su aimer dans la fleur de l’âge.

    Elle ne supportait pas le décor autour d’elle, l’odeur du sang dans la pièce lui donnait envie de vomir. Elle suffoquait dans cet environnement malsain, elle n’aimait pas ce lieu fermé, inhospitalier. Elle regardait passivement les trois corps à ses pieds. Elle ne les connaissait même pas. Elle ne les avait pas tués, elle le savait. Tout ça n’avait aucun sens, aucune raison d’être.

    Le bruit des sirènes de police vint mettre fin à cet instant de pleine conscience et de dégoût. Malgré ce début de rébellion, elle avait fini par raccrocher le téléphone et s’était mise à courir en dehors de la maison, laissant derrière elle les corps ensanglantés. Elle s’était échappée par une porte à l’arrière de l’immeuble. En sortant dans la rue, elle s’aventura instinctivement dans ce nouveau décor qui semblait familier. Après avoir parcouru plusieurs rues, elle comprit qu’elle était dans la banlieue ouest de Londres où elle avait vécu dans le passé avec son mari. Elle se souvenait de ce lieu, elle y avait vécu de belles années. C’est en observant l’entrée du métro qu’elle eut un nouvel élan, une révélation. Elle savait où elle se trouvait, elle savait où elle devait aller à présent. Elle marcha donc instinctivement vers sa prochaine victime tout en sachant qu’aucun retour en arrière ne serait possible.

    Lui

    Il écrivait depuis son bureau en préparant le développement de son histoire et de son héroïne. L’assassinat de ces trois hommes politiques serait le point de départ de sa nouvelle création littéraire. Il la fit hésiter avant de poursuivre son chemin. Il l’avait placée dans un décor qu’elle connaissait bien, qu’il connaissait bien. Il prenait plaisir à la transformer ainsi au fil de ses textes, à la mettre dans des situations à risques. Il aimait faire d’elle un personnage plein de fougue et de mystère. Elle était si belle dans ses textes, plus forte que jamais, pleine d’assurance et de volonté. Il l’aimait dans la personnalité qu’il lui donnait. Il l’admirait dans son élégance, son charme, sa force morale et parfois dans sa capacité à tuer de sang-froid. Grâce à la fiction, il pouvait la transformer en femme fatale, en paysanne, en féministe ou en tueuse en série. Tout était possible pour son héroïne préférée, son modèle de toujours. Il pouvait grâce à elle réaliser tous ses fantasmes au travers de l’écriture, en donnant vie à tous les personnages féminins qu’il avait à l’esprit et qui s’incarnaient dans une seule héroïne aux mille visages : sa femme. Il écrivait depuis des années à son sujet, il l’avait rêvée par bien des aspects, il s’était efforcé de créer un personnage unique, parfait, inspiré de celle qu’il avait tant aimée par le passé. C’était sa façon à lui de continuer à être avec elle, au milieu de toutes ces aventures.

    Seulement, voilà, elle l’avait appelé pour lui demander d’arrêter. Ou plutôt, il avait reçu un appel mystérieux d’une femme qui le suppliait d’arrêter. Il avait cru à une blague, mais cet appel n’avait pas cessé de le tourmenter depuis hier soir. Il n’avait pas pu fermer l’œil de la nuit. Il ne comprenait pas pourquoi il avait reçu cet appel. D’autant plus, qu’il n’avait pas écrit cela ! Il n’avait pas voulu que ça arrive. Cette action ne correspondait pas du tout à la trame du récit. Et malgré tout, les lignes s’étaient ajoutées machinalement, sans qu’il puisse les effacer.

    Cet incident n’était pas anodin, il s’inscrivait dans une suite inquiétante de mouvement de rébellion de la part de son héroïne qui lui échappait de plus en plus dans ses récits. Au fil des anomalies, il comprenait que l’univers fictionnel lui échappait peu à peu. Il s’inquiétait de voir sa femme s’émanciper ainsi de sa tutelle bienveillante, de la voir le défier ouvertement. Il avait de plus en plus peur que

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