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Ankaa: Alpha du Phénix
Ankaa: Alpha du Phénix
Ankaa: Alpha du Phénix
Livre électronique503 pages6 heures

Ankaa: Alpha du Phénix

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À propos de ce livre électronique

Sun Tokamak, le Faucon, est un drôle d’oiseau.
Rebelle envers la cité il préfère mener, dans le désert, une existence marginale de braconnier.
Comment pourrait-il se douter que le Monde s’apprête à disparaître ?
Et de surcroît qu’un peuple exilé sur la Lune n’attend plus que lui ?
Afin de les guider vers une étoile alpha, située dans la constellation du Phénix : Ankaa…
LangueFrançais
Date de sortie12 août 2022
ISBN9782312132891
Ankaa: Alpha du Phénix

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    Aperçu du livre

    Ankaa - Johnny Boyer

    Tokamak

    Sun Tokamak décrit quelques orbes devant l’entrée de l’oasis.

    Un léger vent de face soulève au sol le sable rouge du désert.

    Il redresse les ailes de son Phaéton : un astroplane à turbines uraniques, pour se stabiliser en vent arrière.

    À peine cent mètres le séparent du sol.

    Au bout de quelques secondes, le birdfire blanc s’arrête exactement où son pilote l’avait décidé.

    Sun Tokamak, que l’on surnomme le Faucon, descend dans l’obscurité des grands arbres à contreforts.

    Il contemple un instant le sillon dessiné dans le sable par la machine volante.

    Son regard s’attarde ensuite sur l’ombre de l’astroplane.

    Autour du grand trèfle sombre imprimé dans le sable, de la vaste croix noire symbolisant l’âme de l’oiseau de pyrotitane et d’ultraramyde, les traces ne laissent plus aucun doute.

    Elles indiquent sans conteste le passage d’une troupe de caracoleurs : les chevreuils des oasis…

    Le Faucon renverse sa longue chevelure bleue. Puis il sort de sa sacoche de portière son antique carabine, armée d’un puissant silencieux.

    Il la place en bandoulière. Il empoigne dans la foulée l’anneau de tractage manuel encastré sous le nez du birdfire. Afin de le traîner jusqu’au premier layon. À un jet de pierre.

    Un mode cryptique est intégré au boîtier de mise en veille de l’appareil. Celui-ci aussitôt enclenché, le Phaéton replié se confond aux couleurs des branchages.

    Il adopte ainsi l’apparence d’une gigantesque punaise tigrée : un réduve géant tapi sous les larges feuilles laciniées des monsteras.

    Un déplacement de plus d’un mètre de l’astroplane ferait de toute façon déclencher l’alarme vibrante du sniper, intégrée à son bracelet de brousse multifonctionnel.

    Ce n’est qu’après ces brèves dispositions que le Faucon se met enfin en route. Non sans avoir jeté un dernier regard derrière lui : un aveuillement sur le désert.

    Le soleil déclinant déjà au-dessus du sable rouge lui signale son coucher dans moins de quatre heures. Il tâtonne à travers la poche faîtière de sa besace, où un étui rigide protège ses lunettes à grossissement spécial.

    Après une vingtaine de pas, l’oasis se métamorphose en l’ascidie d’une colossale fleur carnivore, qui happe bientôt Sun Tokamak en sa vultueuse langue de latérite.

    ***

    2212. La Terre n’est plus qu’un désert.

    Là où s’épanouissaient encore, il y a bien plus d’un siècle, les grandes jungles équatoriales, ne subsistent plus que d’immenses oasis. De vastes biosphères vertes qui s’acharnent à puiser les dernières nappes d’eau contaminées.

    Les plus larges parmi ces reliques florales, celles du Bassin Amazonien, émaillent çà et là le désert démesuré de latérite. Elles restent alimentées par un Amazone, réduit quant à lui à l’état de ce que fut jadis le Fleuve des Pharaons.

    Cette ceinture désertique, cette tonsure circumterrestre, a fini par donner raison aux paroles d’un prophète :

    Les forêts précèdent les hommes

    Les déserts les succèdent.

    Sun n’a jamais pénétré cette oasis.

    Mais pour l’avoir survolée de suffisamment haut, il estime son périmètre à environ deux cents kilomètres.

    À la faveur de la nuit de grandes migrations de gibiers se produisent au travers du désert.

    Pour passer d’une oasis à une autre les bêtes doivent parfois parcourir plusieurs centaines de kilomètres, poussées par les prédateurs, ou plus rarement par leurs propres congénères parvenus en surnombre.

    Seuls les oiseaux et les quadrupèdes les plus rapides peuvent se permettre le périlleux exode.

    Une harde de caracoleurs est capable de galoper tranquillement à presque soixante kilomètres par heure. Elle enchâsse ainsi dans le sable du désert la trace de ses sabots, en forme de menus croissants de lune très caractéristiques de l’espèce.

    Sun les avait donc repérés du haut de son Pèlerin. Pas moins d’une dizaine d’individus indiquait son entrée dans la forêt.

    Un premier ruisseau, qui doit s’écouler du déversoir d’un marais situé en amont, enjambe à présent le layon vermeil.

    Les empreintes dans la boue, profondes et mêlées à des excréments, signalent au Faucon que ses proies se sont attardées ici afin de s’abreuver.

    La chevauchée nocturne sur l’étendue de sable rouge a dû être éprouvante. L’issue de la poursuite devient inéluctable. Car les traces s’effacent au-delà du ruisseau.

    Dans le mince filet d’eau, le pâle reflet de son visage renvoie au chasseur l’éclat insolite de ses yeux rouges. Une anomalie congénitale.

    Sun Tokamak est un nuktal.

    Il est né en Amazonia d’une mère amérindienne.

    C’est tout ce dont le Faucon se souvient à propos de ses origines.

    Il n’a connu son père autrement que grâce à de sombres photographies, que possédait autrefois sa mère. Un Américanadien quant à lui.

    Ce dernier venait d’intégrer à Universalia un nouveau programme spatial, qui encadrait la construction du réacteur d’un vaisseau interplanétaire d’un nouveau type. Et c’est à l’occasion qu’il avait rencontré sa femme : une jeune institutrice d’Amazonia.

    Ken Tokamak exerçait le métier d’ingénieur nucléaire en aérospatial. Il naquit à Manhattan, au pied de la Statue de la Liberté.

    Il avait subitement mit fin à ses jours, quelques semaines après avoir vu péricliter le projet du réacteur révolutionnaire. D’une balle dans l’œil droit.

    Sarah lui affirmera plus tard, entre deux crises d’hystérie, que son mari s’était beaucoup trop investi dans le programme Dragon 209. Au point d’en avoir perdu la raison. Et a fortiori : la vie elle-même.

    Sun célébrait ce soir-là son sixième anniversaire. Ses joyeux amis étaient tous réunis en cette occurrence autour d’un splendide gâteau.

    C’était sa mère qui s’évertuait, en bon échanson, à pourvoir les verres de ces chérubins en nectar pétillant.

    Personne ne s’inquiétait plus du retour de Ken.

    L’Alchimiste, comme le dénommait ses confrères, avait coutume de rentrer toujours tard, déférent aux fréquentes exigences de ses employeurs.

    Ce fut le vent qui, en s’engouffrant par la porte demeurée grand ouverte, avait réussi par éteindre les bougies de la table désertée.

    Un véhicule avait freiné bruyamment devant la maison festoyante. Et sa mère, comme possédée d’un pressentiment, s’était ruée vers l’ombre d’un homme au grand nez aquilin, engoncé dans son manteau de nuit.

    Et puis elle s’était mise à hurler, hystérique. Des hurlements déchiquetés de sanglots.

    Comme la courroie usée de ces vieux moteurs d’autrefois, elle finira par craquer.

    Sarah achèvera sa destinée dans un camp d’aliénés.

    Il avait repris les minces traits de son père. Sa toison bleue, son visage ascétique, sa taille moyenne : un mètre quatre-vingt cinq, étaient soutenus par une musculature puissamment athlétique.

    Ses yeux rouges de nuktal effrayaient néanmoins ses camarades. Dans cet orphelinat d’Universalia où il fut mis à la porte sans autres civilités, dès l’âge de sa majorité.

    De modestes travaux de force, glanés durant une quinzaine d’années, le conduisirent insidieusement à sa passion.

    Sun aimait par-dessus tout piloter. Voler était désormais tout ce qu’il réclamait de l’existence.

    Et pour se nourrir, tout comme l’oiseau de proie il chassait.

    C’est finalement pour toutes ces percutantes raisons, comme un écho à son nom, qu’on l’a surnommé si judicieusement le Faucon.

    ***

    Henri Susky est à bout de patience. Il bouillonne.

    Le voilà animé bientôt d’une rage irrépressible.

    Il prie sa fille Ankaa de convoquer dans l’urgence l’ingénieur en chef des travaux.

    Ce dernier entre peu de temps après dans le double-conteneur de quarante pieds qui fait office de bureau. Suivi de la belle Ankaa et de son gros garde du corps répondant au nom de Moloch.

    – La porte Moloch ! Je n’ai pas l’intention de rafraîchir toute la forêt, bordel !

    Le grand noir, taillé comme un vautour de deux mètres sur pattes, referme délicatement la porte aménagée dans la paroi pixelisée à la militaire du double-conteneur.

    – Et bien qu’attendez-vous donc monsieur Van Damme pour vous asseoir ?

    L’ingénieur : un grand chauve aux yeux bleus, au scalp recuit par le soleil équatorial, ne se fait pas prier davantage. Il obtempère séance tenante.

    – Vous m’aviez promis deux jours Régis !

    Alors dites-moi donc ce qui ne va pas avec la pompe numéro Un, cette fois encore ?

    – Le problème ne se situe plus dans la pompe Henri ! Il va nous falloir remplacer toute la tuyauterie de la station principale !

    Vous savez tout comme moi que la moindre fissure occasionne un désamorçage du générateur.

    Je ne crains fort que la vétusté des conduites ne soit en cause. Cela expliquerait les arrêts récurrents du complexe d’aspiration numéro Un.

    – Mais puisque vous le craignez à ce point Régis, pourquoi ne pas vous en assurer au préalable par une inspection méticuleuse de visu ?

    Ankaa anticipe la réponse de l’ingénieur en chef :

    – Mais père ? Il leur faudrait extraire pour cela plus de quatre cents mètres de boyaux…

    – Sans compter, renchérit l’ingénieur, que la vérification devra s’opérer centimètre par centimètre. Si l’on tenait vraiment à procéder au colmatage. Tout en souhaitant qu’une unique faille se présente. Et idéalement au début, cela va sans dire !

    – Alors trêve de prétérition monsieur Van Damme ! Je veux vous voir passer à l’action immédiatement !

    Rappelez-vous que notre site de forage est ce qu’il y a de plus clandestin. Et qu’après tous les risques encourus afin d’acheminer jusqu’à l’Île Verte le stock optimal dissimulable, importer du matériel de remplacement équivaudrait sans aucun doute au suicide de notre opération.

    Il vous faudra réparer in-situ mon ami. Je déléguerai donc à ma fille Ankaa la supervision de la poursuite des travaux de puisage.

    Mais Ankaa s’insurge aussitôt.

    Elle adresse à la Harpie son farouche regard de métisse amazonienne :

    – Mais père ? Nous t’avions rapporté tout à l’heure l’incursion d’un petit aéroplane par l’une des entrées est de l’Île Verte.

    – C’est Moloch ma jolie qui se chargera de ces importuns ! Prends deux hommes avec toi mon grand ! J’exige que tu me ramènes les occupants de l’aéronef. Et en vie de préférence !

    Des otages peuvent s’avérer utiles en cas de démantèlement.

    Mais Ankaa insiste de plus belle.

    Investie cette fois d’un emportement des plus féroces, elle incruste ses griffes dans le bois du bureau de Susky :

    – Vous m’aviez conféré la responsabilité de la sécurité, père ! C’est à moi qu’incombe par conséquent cette mission. Et à nul autre !

    Elle plante le poignard d’un regard torve dans les gros yeux sombres de Moloch.

    Celui-ci finit tout de même par acquiescer d’un sourire frustré. Car n’était-elle pas après tout l’unique rejeton de la Harpie ?

    La Harpie : c’est ainsi que l’on surnomme le chef des mercenaires. Celui-là même qui conçoit à présent qu’il ne peut circonvenir sa propre fille. Et a fortiori à partir de l’instant où elle commence à planter ses serres inflexibles par-delà la limite diplomatique.

    – Tu as raison ma jolie ! Un problème d’intrusion doit toujours être considéré telle une menace prioritaire envers la Confrérie Lunaire.

    Expédiez donc de votre côté la réparation du générateur de pompage principal monsieur Van Damme ! Je ne vous concède que deux jours supplémentaires ! À votre tour d’en faire votre indéfectible priorité !

    Je vous laisse donc passer au crible toutes les défaillances des tubulures ! Une dernière procrastination de votre part, et c’est moi-même qui vous conduirais faire votre pro domo devant le Grand Commodore !

    Vous vous rappelez du sort qu’il réserve aux proscrits, n’est-ce pas Régis ? Alors qu’attendez-vous ? Vous m’avez bien entendu : action bordel !

    Et afin d’étayer sa comminatoire injonction, la Harpie fustige l’ingénieur d’un regard si tranchant, que celui-ci s’empresse de quitter aussitôt la pièce devenue trop froide à son goût.

    Ankaa lui emboîte le pas, dans l’intérêt de lui soumettre les dernières recommandations.

    Moloch n’oublie pas de refermer cette fois-ci la porte du conteneur derrière eux.

    Une vague de chaleur moite trouve néanmoins le temps de submerger l’intérieur, qui n’est plus soudainement occupé que par les deux hommes.

    – À combien devons-nous partir à la cueillette monsieur Susky ?

    – Emmène Iguano avec toi Moloch !

    Je réalise que ma fille sait admirablement se défendre. Et quant à toi mon grand, tu n’as plus rien à me prouver au sujet de ta force.

    Nous entrons dans la période des migrations.

    Les troupeaux ont absolument besoin du précieux Or Bleu. Cette oasis n’est pas prête de s’étioler, au vu des réserves que nous sommes finalement parvenus à sonder dans sa nappe réticulaire. Une vraie mine d’Or Bleu, crois-moi Moloch !

    Surtout lorsqu’on s’étonne du prix qu’atteint l’eau potable dans les stations d’approvisionnement ! Il vient de doubler celui du carburant uranique ! C’est la cerise sur le gâteau qu’on s’apprête en somme à offrir au Patriarche ! Et il devrait bientôt donner son feu vert en ce qui concerne l’appareillage de la Méganef.

    – Nous pourrons alors enfin nous délecter du sort réservé à cette Planète, la Harpie !

    Et pourquoi pas en finissant de remplir royalement de ce précieux breuvage la lumineuse coupe accordée aux Élus ?

    – Restons tout de même prudents en ce qui concerne le projet du Commodore ! Il y a loin de la coupe aux lèvres. N’oublie jamais cela Moloch ! C’est une ancienne devise du grand Homère lui-même.

    Certes les réserves seront bientôt comblées, l’avitaillement du vaisseau saturé. Mais c’est par-dessus tout la carte qui nous manque !

    Dans la nuit sournoisement survenue, la Lune brille telle une lame de faucheuse.

    Par-delà la sérénade des coassements de batraciens et des stridulations d’insectes, la voûte équatoriale s’est caparaçonnée d’étoiles.

    La Harpie vient de jeter son regard inquisiteur et aquilin dans la Galaxie.

    À la source du Fleuve Éridan, l’astre qu’il recherche ne scintille pas encore à cette heure précoce de la nuit.

    – Vous partirez tous trois avant l’aube ! Munissez-vous d’un détecteur infaillible, afin de localiser l’appareil.

    Les braconniers chassent la nuit. Évertuez-vous seulement à retrouver la machine avant eux !

    Pas de message radio ! Je ne tiens pas à être repéré par la cavalerie.

    Et surtout : je les veux vivants !

    ***

    La lieutenante Stella apporte sur un plateau miroitant les deux coupes de cryogénite réclamées par les deux autres membres de la navette.

    – En vous remerciant ravissante Stella !

    Tenez, cher professeur Talon, j’ai hâte de savoir ce que vous en direz ?

    Le liquide que le capitaine Mermoz vient de remettre au professeur, si joliment habillé dans sa robe transparente, a de prime abord l’aspect d’un excellent champagne tirant un peu sur le bistre.

    De subtiles petites bulles remontent effervescentes vers la surface du breuvage. Avant de venir pétiller dans la lumière aveuglante de l’aérospeed.

    Matakiterani. Il semblerait que les grandes statues de tuf, coiffées de leur éternel pompon rouge, se soient entêtées à garder leurs yeux de corail blanc rivés aux étoiles cette nuit encore.

    En daignant baisser un peu le menton, ces dieux de monolithe auraient pourtant aperçu au pied de leur ahu cette longue piste de quinze mètres de large, aménagée depuis plus d’une quinzaine d’années à grand frais. Et de surcroît la rutilante navette lunaire qui s’était alignée en bout de piste.

    Son équipage n’était uniquement composé que de deux seuls membres : d’un capitaine et de son hôtesse. Une hôtesse qui était parfaitement habilitée, en cas de force majeure, à maîtriser un alunissage d’urgence.

    L’expression atterrir sur la Lune avait finalement intégré la terminologie des anachroniques Académiciens. Et en attendant que ces derniers finissent par se mettre à la page concernant la désignation de cette même action aéronautique sur les mers lunaires, disons tout simplement que la lieutenante Stella était tous aussi compétente pour un amerrissage sur le Satellite.

    Cependant aucune défaillance du capitaine Mermoz n’avait autorisé pour l’heure la blonde hôtesse à mettre en avant ses talents de pilote sur son aérospeed officiel.

    Un invité de taille avait surtout légitimé l’onéreux affrètement de ce vol express. Ainsi que le choix d’ailleurs du meilleur pilote de la Confrérie Lunaire.

    Le professeur Talon, qui s’apprêtait à effectuer son énième trajet en direction du Satellite, était le coordinateur en chef des nombreuses bases implantées sur ce site de destination. Dont on recensait à présent pas moins de deux cent seize.

    Le programme spatial de 2212 était encore centré sur l’exploitation anthropique du Système Solaire.

    Mars avait été conquise à deux reprises. La première fois par les indétrônables Américanadiens. La seconde par la Chine.

    Le projet d’un troisième voyage au coût faramineux avait fini par être abandonné, au vu de l’indigence du sol de la Planète Rouge.

    La présence de nouveaux métaux ultra-résilients, tels que l’érubium ou encore l’arcanium, avait été faiblement détectée. À une profondeur suffisamment négligeable pour enclencher de premiers forages aventureux.

    Cependant la logistique liée à la distance du transport, et à la sécurité mise en œuvre afin de contenir la légère radio-activité émanant des néo-métaux, surtout lors de leur transbordement avant l’atmosphère terrestre, réduisit à la déconfiture toute onéreuse prospection métallurgique sous le sol érugineux de la Planète Rouge.

    Les communautés scientifiques internationales avaient durant des décennies implantées leur nombreuses bases d’observation sur la Lune. Finissant de démocratiser véritablement le chemin sidéral.

    Des stations météorologiques y étudiaient essentiellement le déclin des Calottes Polaires, ainsi que la désertification exponentielle du Globe.

    Deux des conséquences apocalyptiques découlant directement de l’amplification de la dernière vague de réchauffement, qui avait submergé la Terre depuis plus d’un siècle.

    Des observatoires astronomiques et des stations-radio permettaient de sonder les profondeurs demeurées intangibles de l’Univers.

    Des nucléo-physiciens s’évertuaient quant à eux à expérimenter les soi-disant dernières trouvailles sidérurgiques martiennes.

    Des touristes fortunés pouvaient par ailleurs à leur guise s’autoriser à perturber le travail des scientifiques. Dont les équipes n’étaient relevées que tous les six mois.

    Car ces touristes représentaient dans leur majorité les principaux investisseurs du programme de colonisation lunaire.

    Le Satellite certes n’avait rien d’une oasis verdoyante. Il se révélait tout au contraire le plus hostile des déserts.

    Cependant le boom technologique des dernières années, dans le domaine des transports extra-atmosphériques, favorisait à présent des vols de moins de vingt-quatre heures à destination de l’astre.

    Un seul homme régnait en maître sur tout ce phalanstère de privilégiés. Le professeur Talon n’était lui-même que l’un de ses ministres.

    Les colonisateurs de la Lune, qui avaient adopté officiellement à l’unanimité leur identité occasionnelle de Sélénites, ne connaissaient leur maître que sous un seul dénominatif.

    Ils l’appelaient tous le Grand Commodore.

    Et seuls les plus intimes de ses officiers pouvaient déroger parfois à ce patronyme, en le désignant sous l’humble nom de Patriarche.

    Et bien que ce dernier ne commande qu’un navire unique, la taille colossale de ce vaisseau en fin de chantier, et qui dépassait de loin en volume la plus immense des flottilles terrestres, légitimait à juste titre son grade suprême : celui de Grand Commodore.

    ***

    – De l’eau lunaire ?

    – Cela aurait pu constituer une excellente réponse cher professeur ! Puisque nous savons tous pertinemment que les meilleurs crus d’eau terrestre se retrouvent en quasi-totalité dans nos réservoirs sélènes.

    Néanmoins cet échantillon – un mot que je vous consacre en guise d’indice – n’a pas encore rejoint nos ballasts d’Or Bleu.

    Alors une ultime chance professeur Talon ?

    – Ne me dites tout de même pas, capitaine Mermoz, que c’est là un avant-goût de dégustation appartenant à la dernière trouvaille de la Harpie ?

    – Vous êtes bel et bien incollable cher professeur ! Car c’est exactement de ce breuvage qu’il s’agit. N’est-ce pas là une eau minérale naturelle, convenablement riche en sels minéraux et rondement pétillante, comme vous avez pu le constater en tant qu’expert en analyse dulcicole ?

    – Eh bien pour une première, je trouve que Susky s’est véritablement surpassé !

    – J’ai appris cher professeur que le pompage de l’Île Verte – et c’est aussi l’étiquette sous laquelle on désignera ce nectar artésien – a fait l’objet de quelque atermoiement.

    La Harpie m’a nonobstant promis un début de livraison dès le mois prochain.

    La nappe d’Or Bleu s’avère immense !

    – Vous aurait-il également renseigné sur la durée de l’avitaillement capitaine ? Le Grand Commodore ne compte plus que sur cette suprême livraison. Afin de combler les cales de la Méganef, comme il est inutile de vous le rappeler !

    – Sa fille devrait d’ici peu nous rendre visite, dans l’intérêt de nous remettre en mains propres le plan d’acheminement. Vous pourrez opérer dès lors pleinement votre rôle d’émissaire auprès du Patriarche.

    Je pense que cela ne représente pas plus d’un délai de trois ou quatre mois. Si Susky parvient bien entendu à passer à travers les mailles de la Milice Terrestre, et de ses satellites espions.

    Le navire stellaire appareillera de toute façon dans six mois. Dès le début de 2213.

    Nous devrons alors suivre la Comète jusqu’aux confins du Système Solaire. En suivant le plan de l’écliptique.

    Mais n’oublions pas néanmoins l’essentiel : pour la suite du voyage cher professeur il nous manque toujours la carte !

    Le capitaine met soudainement un terme à sa péroraison. Afin de mieux se délecter de la démarche plantureuse de la lieutenante Stella. Elle vient les renseigner sur l’ordre de décollage imminent de la navette :

    – La tour de contrôle nous assigne au décollage, dans moins de dix minutes chrono capitaine. À zéro heure et une minute en heure locale. Le plafond sera alors suffisamment dégagé. Et aucun aéronef ne devrait venir perturber la montée ascensionnelle jusqu’à la stratopause.

    – Et au-delà de la stratopause Stella ? Quels seront donc les paramètres ?

    – Aucun vol exosphérique n’est attendu dans cette portion planétaire. Et pas un seul de nos satellites artificiels situés dans cet octant n’a déradé de sa position. All is gone and clear Captain !

    – Aussi tout doit être sous contrôle concernant nos instruments lieutenante !

    Puis en s’adressant au scientifique : vous me voyez dans le regret de devoir remettre notre intéressante conversation à plus tard cher professeur. Car je dois à présent, avec l’aide de mon assistante, préparer l’aérospeed au décollage ascensionnel. Et commencer par ailleurs à collationner avec les aiguilleurs.

    Je vous offre une dernière Île Verte ?

    – Très volontiers mon capitaine !

    Après tout, c’est vous qui avez décidé d’endosser les responsabilités du pilote. Va pour une autre Île Verte ! Mais agrémentée cette fois d’une bonne dose de votre meilleur scotch !

    La lieutenante Stella apporte son dernier verre au professeur Talon. Un verre de cryogénite encore. L’Or Bleu déposé dans un convertisseur du bar, à même son extra-contenant insensible aux chocs thermiques, est instantanément métamorphosé en glace. Il surnage à présent à la surface dorée du feu liquide, qui calcine déjà telle une prémonition les prunelles assombries du professeur.

    Les grandes statues de Rapa-Nui s’extasient du ciel mitraillé d’étoiles. Tandis qu’à minuit la navette bourrée de thorium ravive leurs orbites blanches de corail de son étoile filante. À l’éclair inversé.

    ***

    Une série de tapotements nerveux dans le lointain se fait entendre.

    Soutenu contre une écorce, pareil à un message codé, ce martèlement marque la présence d’un grand pic.

    De légères gouttes de rosée s’exsudent des frondaisons dorées de la canopée. Avant de rencontrer le tapis des feuilles mortes. Où elles y établissent une sorte de cryptage sonore.

    Le Faucon relève silencieusement la tête, afin d’apprécier la visite d’un harpail de toucans à la cime d’un long figuier.

    Le vacarme amplifié sur le tapis feuilleté était donc occasionné par leur gourmand festin de fruits.

    Les petites figues venant de temps à autre bombarder le sol, en chutant depuis les hauts feuillages.

    Il pointe un de ces volatiles.

    La remontée le long du ruisseau devrait perdurer un certain temps.

    Et le chasseur n’a rien contre l’opportunité d’une jolie réserve de protéines, mise en flaveur par la bonne fleur chaleureuse d’une broche.

    Et c’est seulement après avoir débarrassé son lardoire de son dernier relief, qu’il reprend sa traque le long du ruisseau.

    Les traces se révèlent de plus en plus fraîches, à mesure de sa progression dans la selva.

    Une touffe de poils accrochée à un bouquet d’herbes à feu lui apportent une preuve supplémentaire, et là aussi irréfutable sur l’identité de son gibier.

    La nuit tombe. Les caracoleurs ne seront certainement pas les seuls autour du marais.

    De lourdes traces rondes de coussinets le confirment de façon inexorable : un sanguinaire les a pris en chasse.

    Sun ouvre la poche faîtière de son sac pour y attraper un étui rigide. Ses lunettes spéciales ne sont rien d’autre qu’une paire de jumelles sur monture classique, à grossissement octuplé.

    Elles ne lui permettent uniquement que d’accentuer la contention de son regard mutant.

    Il fait une nuit d’encre à présent. Sans lune.

    Un gros morpho bleu laisse éclater un instant sa livrée de saphir parmi les feuilles d’aventurine.

    La vision nocturne, qu’on dénomme plus scientifiquement la nyctalopie, permet à la majorité des prédateurs de l’ombre d’appréhender les formes de leurs proies.

    Le morpho bleu, de mœurs diurnes, sûrement dérangé dans un camouflage inutile par quelque chauve-souris, adopte dans les ténèbres une couleur plus ou moins pourprée.

    Les feuilles de serpentine répondent également au même ton.

    Cette coloration monochrome consiste dans l’appréhension visuelle du monde extérieur par l’accroissement de la pourpre rétinienne.

    Autrement dit dans la faculté de dilatation maximale de la pupille des animaux nocturnes : l’éclosion de la mydriase.

    Une faculté allant jusqu’à capter la lumière résiduelle des étoiles.

    Le Faucon suit un long moment le vol erratique du papillon de derrière ses jumelles orbitales. Se délectant au passage de sa belle robe de cinabre.

    Une vaste trouée se profile sous le rideau des arbres, avec l’odeur détritique d’un mucilage de plantes et de bourbe : le marais.

    Il s’avance à pas feutrés. Se faisant aussi discret qu’une aile de strigidé pour son attaque surprise.

    Et c’est alors qu’il aperçoit le sanguinaire.

    Dans la lumière pourprée de sa vision nocturne, la robe ocellée du fauve lui apparaît telle une tapisserie de sépia maculée de pervenches roses.

    Le sanguinaire ne prend même pas la peine de s’intéresser à lui. Parce qu’il s’est arc-bouté déjà sous le couvert d’un épineux.

    Sa gueule est devenue la flèche d’un corps tendu comme une noire sarbacane. Et ses yeux rouges exorbités semblent chargés d’un violent curare.

    La famille de caracoleurs se tient à moins d’une quinzaine de mètres du fauve. À demi enfoncée dans la berge du marais.

    Sun Tokamak n’éprouve aucune peine à les dénombrer bien qu’il s’est débarrassé à présent de ses jumelles orbitales, s’avérant inefficaces à cette proche distance.

    Soixante mètres à peine le séparent des onze individus et du félin noir aux yeux rouges.

    Sa répartie ne doit plus attendre. Car laisser le prédateur terrasser sa victime avant lui, ce serait entraîner la fuite imminente du reste de la horde.

    Et perdre à coup sûr son dîner.

    Dérober sa proie au sanguinaire peut se révéler une solution de rechange. Mais il faudrait le tuer au préalable. Car un fauve affamé n’accepte jamais de concéder une venaison si opiniâtrement maîtrisée.

    Le Faucon ne tuait que pour manger. Parfois pour se défendre. Mais jamais pour voler.

    Cette analyse n’a usé dans l’esprit du sniper que l’espace d’une demi-seconde. Et concernant l’autre demi-seconde, il l’emploie à recontrôler son silencieux, avant d’appuyer sur la détente de sa Remington 30/30 arcanium.

    Un autre éclair muet suit aussitôt la détonation comme un écho lumineux.

    Un caracoleur tombe foudroyé en pleine tête dans la vase où il gigote, mû par quelques tendons récalcitrants.

    Le fauve se retourne alors en direction du second éclair jailli insidieusement dans la nuit sans lune : un serpent phosphorescent.

    Un filet de sang vient sourdre incontinent à l’extrémité de son oreille. Où s’engouffrent le vent tiède de la forêt et la douleur cuisante provoquée par le dard d’arcanium.

    Et à la vue obsédante des grands yeux ardents qui le taraudent impavides, flanqués sous la crinière ultramarine du nuktal, il regagne terrorisé le cœur de la selva.

    Une écharpe rubiconde souligne sa course effarée.

    ***

    C’est sous le dernier fourmillement des étoiles qu’ils arrivent.

    Ankaa pose la sphèromobile transparente à portée des ornières ancrées dans le sable de cinabre.

    Puis tous trois descendent de concert avec l’ultime conviction de mieux les décrypter.

    – Aucun doute, lance-t-elle, un astroplane s’est posé par ici ! Les traces vont nous conduire jusqu’à lui. Nous n’avons plus qu’à les suivre !

    Le vent brûlant du désert commence à se lever avec la marée lointaine.

    Une troupe de japos rouges, comète à la chevelure de sang, passe en roucoulant dans le ciel déjà clair. Avant de se poser dans la frondaison d’un sumac.

    Le trio parvient bientôt à l’entrée du layon. Où se dresse un grand angélique, hiératique, telle une sentinelle immense.

    Moloch est le premier à s’étonner de la brusque disparition des ornières.

    – Ils ont dû ratisser en-dessous des feuilles mortes ! Sinon, comment expliquer que les sillons s’arrêtent ici ?

    – Nous n’avons qu’à fouiller autour du sentier !

    Même avec des ailes rétractables, ils n’ont pas dû ratisser bien loin ! Au-delà d’un kilomètre, il reste à peine de l’espace pour notre engin.

    – Tu oublies Iguano que le champ de cryptage des appareils brouille également leurs traces. Jusqu’à les rendre invisibles !

    Je vous rappelle que si père nous a remis le détecteur gamma, c’est pour nous épargner une recherche bien trop longue. Et par-dessus tout trop bruyante. Commençons nous-même par camoufler la sphèromobile, avant de mettre en marche le détecteur.

    La bulle volante s’élève à un mètre au-dessus du sable. Elle se déplace rapidement sur son coussin d’air, en faisant voltiger les feuilles mortes.

    Ankaa profite d’une trouée au bord du layon afin de stopper net sa lévitation. Elle déclenche d’instinct l’écran de camouflage. Et demande à Iguano d’allumer le détecteur gamma, dont le rayon d’investigation s’étend à plus d’un kilomètre.

    À leur grande stupéfaction l’alarme de collision de l’appareil retentit aussitôt.

    – Il se trouve juste là ! À quelques mètres sur tribord au fond de la trouée !

    Une chance que nous ne nous soyons pas télescopés !

    – Une saloperie de chance Iguano !

    Nous aurions quand même dû penser à mettre en marche le détecteur avant ! Cependant l’installation de notre propre hémisphère de dissimulation aurait déconnecté son amorce de recherche. Puisque les deux écrans se retrouvent à présent en interpénétration.

    – Cela signifie donc, rétorque Moloch, que l’un des deux champs d’occultation finira par phagocyter l’autre Ankaa. Afin d’absorber l’interférence engendrée par le champ intrus.

    – Bien cogité mon grand ! Cependant regarde ce que révèle le détecteur ! Il s’agit d’un bimoteur birdfire biplace : un Phaéton Blanc !

    – Il semblerait qu’une alarme de mouvement ait été mise en veille !

    – Bien joué Iguano, tu es incollable ! Et avons-nous les moyens de la neutraliser ?

    – Affirmatif ma jolie ! Nous pouvons même brouiller ses ondes détectrices. Mais impossible de toucher au bouclier de cryptage !

    – Cela nous devrions le savoir pertinemment, puisque père possède le même type d’appareil : un Pèlerin Noir !

    – J’ai toutefois une idée !

    – Nous t’écoutons Moloch !

    – Nous n’avons plus qu’à investir le Phaéton. Ensuite nous neutraliserons également sa source d’alimentation principale. Qui s’avère n’est-ce pas se résumer en deux batteries uraniques, comme l’appareil de la Harpie. Et tout cela en un tournemain, avant même le retour des braconniers. Le coup de la panne quoi !

    – Et tandis que nos deux lascars seront affairés à en rechercher la cause, nous n’aurons plus qu’à les cueillir proprement désarmés, poursuit l’Amazone.

    J’apprécie lorsqu’une bonne idée condescend de ta taciturnité Moloch. Qu’en penses-tu Iguano ?

    – Après tout ils ne sont pas plus de deux, tandis que nous sommes trois. Il s’agira en définitive de planquer notre tas de plexiglas un peu plus avant sur le sentier. Ce serait dommage qu’ils se prennent la tête dans les sustentateurs !

    – Alors action bordel ! J’ai hâte de prendre part à la petite farce de Moloch. Cependant attention : n’oublions pas que père les veut absolument vivants !

    Il faudra seulement les assommer s’ils n’obtempèrent pas à l’arrestation. Mais pas trop fort Moloch ! Tu risquerais de le décevoir !

    Le grand Noir éprouve quelque difficulté à réprimer son gros rire guttural.

    Ankaa fait s’élever la voiture volante. Tout en douceur cette fois. Afin de ne pas affouiller le lit d’humus.

    Elle décide finalement de la déposer tout au bout du layon. En plein milieu. Ainsi le bouclier de la sphèromobile n’entrerait plus en interférence avec celui de l’autre aéronef, qui quant à lui continuerait malgré l’amputation de son générateur de locomotion à fonctionner sur les inviolables batteries de réserve alimentant son dispositif de camouflage.

    Alors inutile, pense t-elle, d’éveiller davantage de suspicion. Il ne leur resterait plus pour la suite qu’à demeurer invisibles au-dessus de la terre rouge : une bulle en suspens.

    Car qu’elle que soit l’attente qu’il leur faudrait endurer, la menace que représentent de toute façon les braconniers envers la Confrérie Lunaire reste à anéantir.

    Et comme pour souligner le caractère du danger le ciel se met brusquement à s’assombrir.

    ***

    Le Faucon allume le feu.

    Il regarde s’épanouir l’ascidie de sa grande fleur carnivore un long moment, avant d’y déposer les claies préparées.

    Il dispose ensuite les quartiers de l’animal qu’il a préalablement vidé puis écorché dans la petite crique.

    Il sait pertinemment que durant les dernières heures qui précéderaient le jour il ne pourra se résigner à fermer l’œil.

    Un sanguinaire frustré fera les cent pas dans le coin. Et l’odeur savoureuse de la viande ne manquera certainement pas de le renseigner sur la localisation de son spoliateur.

    Une infaillible borne olfactive en somme.

    Il recouvre les gros morceaux de caracoleur de plusieurs feuilles vertes d’un balisier. Tout en souhaitant que le boucanage des chairs

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