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Sabre
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Livre électronique94 pages1 heure

Sabre

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À propos de ce livre électronique

Trois histoires futuristes nourrissent ce recueil.
Sabre : la tigresse d’incarnadium, conquérante d’Encelade.
Ringo : le néosamouraï, qui embrasse le fil d’une nouvelle vie.
Orion : l’enfant de l’Île de La Réunion, nouvel ambassadeur d’Empyrea.
Trois destinées peut-être déjà entremêlées !
LangueFrançais
Date de sortie3 juil. 2020
ISBN9782312074276
Sabre

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    Aperçu du livre

    Sabre - Johnny Phoenix

    Lavilliers

    PARTIE 1 :

    Sabre

    Réveil

    Lorsqu’ils ouvrirent enfin les yeux, l’immense planète était là. Faramineuse perle de jade enchâssée dans l’écrin noir infini du grand vide intersidéral.

    – On dirait presque la Terre, entama Juan Rommez. Si ce n’est que cette invraisemblable muse a fini par troquer sa belle robe moulante bleue contre une verte !

    – Mais rien ne nous contraint, commandant, à partir de suite, dès notre réveil, taquiner les farouches guerrières de ce joli nid de guêpes.

    – Excellente remarque, John ! Aussi, que diriez-vous, messieurs, si nous nous accordions plutôt cette magnifique première journée, afin de savourer pleinement la quiétude de notre mouillage ?

    – Il est vrai, rétorqua John Falco, qu’après une si longue navigation, de plus de six mois, une douce journée s’avérerait bien utile afin de remettre en ordre notre esprit. Et de déglutir tranquillement l’amnios artificiel qui nous aura maintenus en diapause stabilisée durant toute l’oppressante traversée.

    Et tout en caressant avec une volupté farouche la crinière odorante du gros chaton, qui ne cessait de river l’ambre hyacinthe de ses vastes yeux de sphinx vers le pare-astéroïdes diaphane, et l’image grandissante de la planète de sinople, le Faucon annonça d’ores et déjà, en tant que seigneur de guerre, son plan d’attaque :

    – Algol et Norak, je pense que nous devrions également profiter de cette paisible journée, afin de procéder à l’amalgame de toutes les informations engrangées par les drones d’observation. Ainsi que par les rovers encore en service à la surface d’Empyrea.

    – Excellente idée John, s’enthousiasma ostensiblement le commandant du bord, en arborant son pouce tendu à l’attention de son second. Et a fortiori s’il le faut, nous nous concéderons bien plus qu’une seule journée. À vrai dire tout le temps qu’il sera nécessaire à Akéna. Afin que notre bio-ordinateur de bord puisse épuiser toutes les sources cognitives concernant cette jumelle de la Terre. Et par-dessus tout celles reliées à son espèce dominante : nos impitoyables bathorines.

    En entendant ce dernier nom, Sabre : la tigresse au squelette de métal-vivant, émit spontanément un sourd grognement significatif. Un feulement qui fit presque tressaillir nos quatre mercenaires. Quatre ultra-conquistadores qu’on qualifiait, à cette époque avancée de l’année 2070, de Défricheurs d’Infini.

    Le Faucon regagna sa vaste cellule de carbonado bleu, occupant toute l’aile gauche du Phaéton : leur hypernef interplanétaire. Suivi, à pas feutrés, par l’ombre blanche gigantesque de la tigresse aux canines proéminentes d’incarnadium.

    Il verrouilla précautionneusement la porte derrière Sabre, afin de ne pas être importuné par un quelconque hurluberlu. Il s’enfonça enfin dans son joli hamac arc-en-ciel, suspendu au-dessus du plancher transparent de cryogénite.

    À quelques milliers de kilomètres au-dessous d’eux, sous sa chevelure de plasma luisante, lévitait le visage scarifié d’Empyrea. Une sphère verte laciniée par d’innombrables grands fleuves. Feuille effervescente de lotus, en caléfaction au-dessus d’un étang noir, nervurée par les immenses serpents aqueux.

    À travers les iris oranger du taciturne félin, qui scintillaient tels des amours-en-cage, le Faucon décela l’habituel désir partagé. Il réclama sans attendre à Akéna leur compilation favorite, afin d’édulcorer un tant soit peu l’âpreté de leur vision de chlorophylle.

    Les premières notes glaciales du « Piano dans la chambre vide » de Vangelis s’élancèrent aussi limpides que l’austère déshérence de l’Espace. Et puis crescendo, un feu rose et tiède vint envahir insidieusement l’alcôve suspendue. Deux franges argentées soulignèrent bientôt de leur phosphorescence les paupières inférieures de la tigresse. Deux vasques minuscules d’où irradiait la lumière du Soleil naissant. Et lorsque prit fin la mélancolique musique, ce fut toute une avalasse d’étoiles filantes qui tomba de ses yeux et de ceux du Faucon.

    – Et si nous passions tout de suite à quelque chose de plus élégiaque, ma blanchette ?

    L’émotion se révélait également déchirante dans la voix sépulcrale de son maître. Comme si les œuvres les plus profondément intenses puisaient davantage leur exacte résonance à travers la déréliction et le silence cristallin de l’Espace.

    – On renaît toujours dans les larmes, n’est-ce pas mon chaton ? Allons, encore une petite « Sweet solitude », histoire de nous abîmer une fois pour toute dans l’ivresse démesurée de l’océan de vie.

    On frappa machinalement à la porte. Et l’œil rougeoyant de Norak, identique et symétrique à celui du Faucon, vint grossir de l’autre côté de la lentille inquisitrice de la tilaka.

    – Je t’écoute, Norak !

    – Lorsque vous en aurez terminé avec votre pathétique « thérapie par les larmes », je vous suggérerai de vous joindre enfin à notre petite coterie. Histoire de prendre part à l’énoncé du résumé de notre bilan de prospection, capitaine Falco ! Ceci est valable aussi pour votre grosse peluche !

    – Affirmatif, Norak ! Je suis à vous dans un peu plus de six minutes. Inutile de vous rappeler que Sabre supporte très mal la frustration, au point d’en devenir outrageusement rancunière.

    Et que nous entamons d’ailleurs, dès à présent, les premières notes de sa composition préférée.

    – Ah, eh bien navré de ne pouvoir vous tenir la chandelle ! Disons donc dans une petite vingtaine de minutes. Loin de moi l’idée de chatouiller la sensibilité de notre épidermique princesse !

    – Très bien ! Alors ce sera donc dans vingt minutes, Norak ! Car il nous reste encore notre griotte : le fameux « Psalmus Ode ».

    – Voulez-vous que je vous rapporte quelques mouchoirs de poche, cher capitaine ?

    – Non, plutôt toute une valise de pansements, si vous comptez vous obstiner davantage.

    Le Faucon venait de trancher sur un ton suffisamment comminatoire. Mais c’est surtout le grognement rupestre de Sabre, soulignant son impatience, qui finit fatalement par abréger les futiles sarcasmes de l’androïde.

    Quelques secondes de patience, et le timbre diaphane du « Psalmus ode », glacial ruisseau souterrain, transperça de son acier acéré le plasma silencieux de l’Espace.

    – La planète se comporte comme une femme sans artifices !

    – Autrement dit, Algol ?

    – En d’autres explications, mon commandant, elle effectue sa rotation selon un axe horizontal, maintenant

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