Explorez plus de 1,5 million de livres audio et livres électroniques gratuitement pendant  jours.

À partir de $11.99/mois après l'essai. Annulez à tout moment.

Draco
Draco
Draco
Livre électronique341 pages3 heures

Draco

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

« Tout l’or de mon horizon s’étend droit devant
Là-bas où s’étagent les forêts de nuages
Où les grands arbres blancs dansent dans le vent
Je cabrerai mon dragon dans la magie des orages. »
LangueFrançais
ÉditeurLes Éditions du Net
Date de sortie12 juil. 2023
ISBN9782312134987
Draco

En savoir plus sur Johnny Boyer

Auteurs associés

Lié à Draco

Livres électroniques liés

Fiction générale pour vous

Voir plus

Catégories liées

Avis sur Draco

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Draco - Johnny Boyer

    cover.jpg

    Draco

    Johnny Boyer

    Draco

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

     © Les Éditions du Net, 2023

    ISBN : 978-2-312-13498-7

    « Le vent dans les grands saules

    Murmure tout bas

    Suis-moi, suis ma voix

    Elle te conduira, dans l’azur

    Au-dessus des montagnes bleues

    Tout est possible si tu veux

    J’ai fait un beau rêve

    D’or et de diamants

    L’ombre et le soleil

    Tout au long du temps

    Murmuraient les histoires

    Légendes d’autrefois

    Je suis ému d’entendre votre voix

    Saules qui chantez

    C’est vous qui savez

    Où est la route et

    Comment voyager

    Prenez-moi au creux de vos bras

    Le vent m’emportera là-bas »

    Draco

    Chapitre 1

    Il fait beau : il pleut !

    Il pleut toujours au Tremblet. Une véritable cascade qui mitraille la tôle, dans un grand bruit assourdissant.

    Je me réveille dans la chambre haute d’un gîte familial, serti dans un écrin de forêt.

    En ouvrant les volets détrempés, j’ai comme l’impression d’avoir dormi dans le creux d’un arbre. Un arbre pleureur, ployé sous le déluge du ciel.

    J’aime tellement cette pluie qui me rend triste, qui tend devant mon âme, éternelle mélancolique, les barreaux filandreux de sa chevelure élégiaque.

    Cette pluie entremêlée de lumière. Quiète, moite et angoissante quintessence de la vie.

    Une douce odeur de café à la vanille a vite fait de me hameçonner par le rostre, pour me traîner un étage plus bas. Le fil invisible et olfactif me force à dégringoler quatre à quatre l’escalier.

    Heureusement que j’ai trouvé le temps d’enfiler mon habit de lumière. Ironie de ma belle-sœur, décontenancée par les couleurs criardes de ma combinaison de bûcheron, bariolée d’orange et de vert.

    – Tu pars dégager la vanille, Janus ?

    – Faut bien gagner sa croûte, Sylvia ! J’ai un nouvel avion à payer !

    – Combien ?

    – Pas moins d’une brique à verser encore ! Si je le fous pas en vrac avant, comme pour les trois autres !

    – Et sans indiscrétion, il te propose combien ton frère, pour ta prestation ?

    – Cent euros par jour ! Si je veux solder mon ULM, il va me falloir presque foutre en l’air toute la forêt !

    – Et tes livres ? ose t-elle, en me servant l’odorant café pointu, dont le sang noir sourd du cœur sulfureux d’une italienne.

    – Oh j’ai bien dû vendre cinq romans l’année dernière ! Autrement dit cent mille fois moins qu’un grand écrivain aventurier de chez Gallimard, qui lui s’est pourtant cassé la gueule du toit d’une maison !

    Mais pas de sa maison d’éditions, rassure-toi !

    Au contraire cette dernière constitue plutôt un solide tremplin, qui lui aura permis de se propulser jusqu’à la stratosphère.

    De quoi chauffer ses vieilles bottes, auprès d’un feu de chalet, jusqu’à la fin de sa vie !

    – C’est de la jalousie, Janus ?

    – Pour sûr ma belle-sœur, de la pure jalousie ! Dis-moi quel écrivain vagabond ne rêve pas d’un chalet dans les montagnes ? Ne serait-ce que pour poser, de temps à autre, son gros sac de randonnée et sa tente miteuse de nomade !

    Ah, s’asseoir enfin à cinquante ans, avec sa muse et son vieux chien, auprès d’un feu rose et crépitant, comme une source claire !

    Et prendre alors le temps de relater ses périples, sans se préoccuper de la marmite.

    Mais assez postillonné sous mon propre arbre à palabres, ma tronçonneuse m’attend !

    La pluie s’est rassérénée. Bien à l’abri sous un appentis, à l’arrière de la grande bâtisse, je révise mes cours d’affûtage appris dans les forêts boréales, circonscrivant un grand lac québecois. Non loin du village amérindien de Pointe-Bleue.

    Le sentier qui mène à la vanilleraie est tracé dans une scabreuse coulée de lave. Au beau milieu des brandes de goyaviers et de fougères ruisselantes.

    J’arrive bientôt au niveau d’un gros tronc de manguier, débité hier seulement par ma valeureuse scie à chaîne. Et qui m’invite par reconnaissance à venir déployer mon attirail.

    La reine de cet éventaire reste bien la tronçonneuse orange, aux dents brossées de frais, qui scintillent dans cette fusion d’eau et de lumière, qu’auront su apprécier les anciens adeptes de Dionysos, dans le principe humidifiant du Ganos grec.

    Et puis viennent les commensaux de cette grande dévoreuse de steaks ligneux : la zübat d’élagage, la lime ronde appelée parfois abusivement queue de rat, le casque anti-bruit, les jerricans d’essence parcimonieusement assaisonnée d’huile, le bidon d’huile à chaîne. Sans oublier la glacière, où reposent tranquillement les corps fuselés, en forme de grosses munitions, de quelques bières des Mascareignes.

    Ma mission consistera aujourd’hui à décapiter tous les tuteurs envahissants de vanille, en majeure partie les goyaviers, pour laisser sourdre la lumière à travers les hauts feuillages de la forêt pluviale. Un véritable stroboscope pour ces lianes dansantes d’orchidées lactescentes.

    Ma mission sera d’accélérer, en définitive, le processus de déhiscence des futures gousses, issues des fleurs vierges, qu’auront fécondées les doigts intrusifs de mon jeune frère, Juan.

    Mais pour l’heure, trêve de circonlocutions ! Et revenons-en à nos moutons, ou plutôt à nos avions !

    Je disais donc à ma belle-sœur, que j’avais possédé autrefois trois aéronefs, tous détruits, tous disparus. Ces avions, je les considérais jadis comme mes dragons. Celui que je bichonne à présent, je l’ai baptisé d’ailleurs Draco 4.

    Un busard de Maillard : le roi des rapaces de La Réunion, vient de se poser au vertex de l’arbre sur lequel je m’appuie. C’est de bon augure ! Car c’est à lui à présent que je m’apprête à raconter l’histoire de mes quatre dragons de vérité…

    Chapitre 2

    Il est à Cambaie, un long chemin qui mène, jusqu’au lit noir d’une plage de sable sauvage, à la base des derniers aviateurs.

    C’est certainement l’un des chemins les plus pourris de l’île, truffé de nids de poule, et miné tout le long de pâtés d’enrobé.

    Ces greffons d’asphalte sont constamment rajoutés à l’arrache, afin d’aller combler justement les cratères, qui ne cessent de s’élargir au rythme des ravinements.

    La rue Henri Cornu affiche une pente cruelle. Lors des fortes pluies d’été, de véritables rivières en crue y dévalent.

    Mon vieux Land Rover lui-même, pourtant rehaussé de dix bons centimètres, éprouve parfois du mal à remonter le torrent de boue ! Tant le slalom entre les crevasses s’avère périlleux !

    Mais nous sommes en ce vendredi de septembre 2022, à la fin de l’hiver austral.

    Et cette pluie que j’affectionne par-dessus tout, matrice des esprits saturniens et de la vie, s’est retirée des rues poussiéreuses.

    Un reflux de marée lointaine.

    Je plante bientôt le pare-buffle du tout-terrain, en plein cœur de la couronne d’un gros agave azuré.

    Le pareil-soleil est de rigueur, au bord de cette grande Baie de Saint-Paul, irradiée de lumière.

    La mer est un grouillement de fourmis-miel.

    En descendant, je compisse le sisal bleu. Mon flot d’or descend en pagodes dans le gros chou épineux. C’est encore mieux qu’un tournesol rimbaldien.

    J’ouvre enfin la porte arrière, afin de libérer ma petite passagère : la femelle cocker blonde, du nom de Silex. Et voici qu’elle s’enhardit déjà à courser un agame : ce gros lézard rouge et violacé, émigré de Madagascar.

    Un corbeau mauricien croasse dans le lointain.

    Le hangar des Passagers du Vent est ouvert en grand des deux côtés, mer et montagne.

    Un barattage d’hélice m’interpelle. L’appareil de Michaigle – un surnom d’aviateur que je lui ai attribué – s’arrête bientôt du côté de l’atelier où Alain, le propriétaire, confectionne d’ordinaire de grands flotteurs d’ULM-hydro.

    Tandis que Pandora et Ramsès : les deux molosses de service, viennent rendre leurs salutations baveuses à Silex, j’honore avec patience la descente du vieux pilote octogénaire.

    Il n’y a pas de bons pilotes, il n’y a que des vieux ! Tel le veut l’adage que ressassent les anciens de notre aviation ultra-légère.

    – Alors, Janus, t’es revenu voir ton étalon sauvage ?

    – Salut Michaigle, ton pégase n’est pas mal non plus !

    Grand et sec, tout en pilosité blanche, le vieil homme au sourire d’enfant est intégralement habillé de rebut militaire. Et il est vrai que son ULM a aussi des allures d’avion de chasse.

    Car René Fonck demeure son éternelle idole. Un as des as de la Première Guerre, qui ne compte pas moins de soixante-quinze victoires à son actif. Et qui fondait lui-même ses balles de fusil, nous radote chaque jour le doyen de la base. Sans oublier sa vision d’aigle impérial, du dix-sept sur dix pour chaque œil. Comment pourrait-on seulement contredire ce féru d’aviation ?

    À présent que le voilà déjà, ingambe, monté sur un trépied bancal, afin d’inspecter le cœur de sa monture, je me décide à mon tour à dire bonjour à mon étalon céleste.

    Draco 4 somnole encore dans l’antre du hangar, toutes griffes rétractées. Sous le Rotax à quatre cylindres de cent chevaux, le feu aussi sommeille.

    L’ULM est vraiment caparaçonné, comme un minuscule monstre fabuleux : un tout petit dragon. Un hippocampe du ciel.

    Une hélice tripale lui sert de moustache hirsute. Ses ailes blanches et son fuselage sont frangés de sang pur. Et au beau milieu de son corps, sur fond rond rouge, est tatoué un authentique dragon noir.

    Je réalise que se trouve à présent, sous mes yeux, le blason de mon quatrième dragon.

    Mais celui-ci n’est pas né du néant. Il est le fruit des entrailles des trois premiers reptiliens.

    Par pure fantaisie, j’ai envie de les comparer, en termes d’analogie spirituelle, aux quatre évangélistes du Nouveau Testament :

    Le Taureau, le Lion, l’Ange et l’Aigle.

    Alors commençons tout d’abord par le Taureau. Ce pendulaire acheté en Guyane Française. Et qui ne sera jamais parvenu, en définitive, à s’arracher du sol de l’Amazonie.

    Chapitre 3

    Lorsque j’arrivai chez les Bufflard, en l’année 2014, dans la savane Matiti appartenant à la commune de Macouria, j’étais inconscient de l’enjeu financier qui pesait sur les épaules de ce brave couple d’éleveurs.

    Aujourd’hui j’apprends qu’une procédure d’expropriation étend son ombre sur leur tête, comme une sournoise et hypocrite épée de Damoclès.

    On vous confie des centaines d’hectares de terre à valoriser.

    Et ceci étant fait, même au bout de trente ans, on vous joint la facture, grevée de trois décennies de plus value.

    Les charognards affectionnent les prospectives et les spéculations à longue échéance. Les procrastinations et les sempiternels atermoiements.

    Car certains gouvernements ne sont rien d’autre, pour parler de manière diplomatique, que des dragons de Komodo, à la salive putride et létale.

    Lorsque le varan géant vous a mordu, il ne fait que flairer, grâce à sa grande langue bifide de serpent, vos propres miasmes de proie en déliquescence. Vos odeurs d’ammoniaque.

    Et au bout de trente ans s’il le faut, il ramène sa grande dentition démoniaque de reptilien. Une tronçonneuse rouillée et satellisée par les mouches de Belzébuth, qui vous décapite sans vergogne ni procès. Pour vous éponger jusqu’à la dernière goutte de sang.

    Pour vous vampiriser jusqu’à la moelle.

    Mais tout le monde n’a pas lu Marx !

    Un Marx et ça repart pourtant !

    Car les hommes, qui ne sont rien d’autre que de la praxis recyclable, finissent par retourner eux-mêmes à la terre, et par l’engraisser.

    À grands coups de sueur, de sang et de semence.

    Et pour finir, de tout le suc déliquescent de leur chair putréfiée.

    Au seul bénéfice des charognards : les vautours noirs ou urubus.

    Au pied des adipeuses montagnes

    Suspendues sur l’abreuvoir des zébus

    Les robes noires des urubus

    Celles des anis des savanes

    J’arrivai ainsi des rives du fleuve Maroni.

    Dans la ville de Saint-Laurent, sur le tarmac de l’aéroport, j’avais repéré un pendulaire, en vente à quatre mille euros : mon premier dragon.

    Pour les novices de l’ULM, sachez qu’on distingue essentiellement deux espèces pionnières : le pendulaire et le trois-axes.

    Le trois-axes n’est rien d’autre qu’un avion ultra léger. Le pendulaire en revanche : un chariot propulsé par une hélice, suspendu à un deltaplane, et gouverné par un triangle directionnel sur deux axes.

    C’est un peu minimaliste comme distinction, voire totalement cuistre. Mais je préfère laisser les leçons de stabilité et de déplacement de centre de gravité, aux savants à cheveux blancs et parfois à tête de clown, qui aiment bien tirer la langue aux béotiens en mon genre.

    En avoir une plus grande que les autres, ne légitime pas de devenir une icône de l’exhibition. Quelle que soit la vulgarité de l’appendice.

    Mais revenons-en à nos avions !

    À Palambala : le village indien où je logeais, et qui veut dire papillon, en galibi je crois, je rencontrai Hervé. Ce motard droit dans ses bottes, était un ami de monsieur Bufflard :

    – Si tu tiens vraiment à te payer cette épave volante, Janus, je vais te donner l’adresse d’un éleveur de Matiti. Il cherche un factotum, autrement dit un homme à tout faire. C’est la période de l’engraissement des bovins. Tu lui donnerais surtout un coup de main, pour la complémentation alimentaire !

    – La complémentation, quoi ? Par le diable, Hervé, ça existe réellement un vocable aussi pompeux ?

    – Je sais, Janus, c’est plutôt superfétatoire ! Comme l’engraissement des bovins ! Faut croire qu’il existe aussi des vaches folles, parmi les grammairiens ! En tout cas, tu lui demanderas toi même !

    Et si tu es d’accord, on peux trinquer !

    T’as pas soif ?

    ***

    – La complémentation alimentaire, ça veut dire quoi, monsieur Bufflard ?

    Nous étions dans un container semi-ouvert, en présence de Frank son fils, aux abords de cuves remplies de maïs, de soja et de farines diverses et spécieuses. Au milieu de l’abri trônait un petit tracteur flambant neuf, avec une vieille remorque connectée.

    – Cela veut simplement dire, Janus, que Frank se chargera chaque matin de remplir quarante fichus sacs de ces aliments.

    Et que ce seront tes fichus gros bras qui les chargeront dans la remorque ! Afin de les distribuer aux troupeaux, dont les parcelles et le besoin en nombre de sacs sont indiqués, sur le fichu tableau que tu peux voir juste là, en dessous de ton fichu gros pif !

    – T’as juste besoin de tes fichus yeux pour favoir lire, Janus ! renchérit le fiston, avec un cheveu sur la langue. Quant à la terminologie, elle est réservée à feux qui ont le potentiel pour réfléchir. Pour aujourd’hui, je te guiderai devant, avec le quad. Quand tu auras tout chargé, t’auras qu’à me fuivre avec le tracteur, et tes fichus gros bras !

    Je te le ferai favoir quand le moment fera venu de t’acheter un ferveau !

    Il m’a bien fallu trois raisons, durant toute l’année où je suis resté dans le ranch des Bufflard, pour ne pas encastrer la tête de ce zozoteur, dans l’un des broyeurs de graines de l’estancia familiale.

    La première était somme toute évidente : j’avais besoin de cet ULM pour échapper à toutes les contingences. Et à l’éternel joug des seigneurs, qui nous maintiennent, toute une vie terrestre, sous leur servile martingale.

    La seconde, qui explique pourquoi je suis resté plus longtemps que prévu dans le ranch, même après avoir thésaurisé la somme nécessaire au bout de huit mois seulement, c’est que j’avais entamé l’écriture d’un roman, publié seulement huit ans plus tard, sous le titre d’Ankaa, Alpha du Phénix.

    Et la dernière enfin, on ne peut plus surprenante, fut que je me suis approprié un fusil de calibre douze.

    ***

    Un seul coup, comme avec une salope !

    Car mon capybara avait tôt fait de se retrouver sur le dos, allongé comme une brouette, sur le lit de la berge boueuse.

    Nous partions à l’aube, Fernando et moi, muni chacun de notre Baïkal. Lui en juxtaposé, et un coup unique pour le mien donc.

    La préférence de Fernando allait à la chevrotine. Et quant à moi, à la balle brenneke, conçue spécialement pour le gros gibier.

    Car le capybara, ou cabiaï, est le plus gros rongeur du monde.

    Nous nous postions sous le couvert de palétuviers, au bord des marécages infestés par les anacondas géants, grands amateurs de notre venaison, mais aussi friands d’humains.

    Fernando chuchota bientôt à mon oreille :

    – Vise le plus gros Janus, à trente mètres à trois heures ! Je vais le mettre en joue !

    Il fallait des yeux particulièrement aiguisés pour, dans la pénombre matutinale, distinguer l’ombre du mastodonte de cinquante kilos. Mais Fernando était un vaquero brésilien, mâtiné d’indien Oyapock, originaire des hauts du fleuve-frontière du même nom.

    Le bruit qui surgit ne fut pas celui de la chevrotine qui claque, mais le plongeon d’un grand iguane vert, depuis les branches hautes.

    Le rongeur géant pointa recta ses oreilles et agita son joli museau en notre direction. Une poule d’eau hystérique caqueta son affolement, avec excentricité.

    L’avertissement de la sentinelle était sans confusion. Nous avions été repérés.

    Sous la fumée du canon, les deux coups retentirent.

    Le demi-quintal de gibier n’eut pas le temps d’aller s’immerger, sous la surface heureusement.

    – Tant pis pour les urubus ! Ils se contenteront des reliefs pour cette fois ! Allez viens, Janus ! On va dépiauter cette cochonne, sur son lit de mort ! Et lui baptiser la matrice à grande eau ! Avant de charger la barbaque sur la vieille remorque !

    La vieille remorque, c’était celle du petit tracteur, dont il s’avérait urgent à présent d’essorer le sang, avant la complémentation du jour.

    Que Frank n’ait pas à me rebattre les oreilles surtout, au sujet de ma petite boîte de petits pois, avec son feveu sur la langue ! Pour pas que je me trompe de salope cette fois encore ! Ou de falope selon le zozoteur !

    Je sais, c’est pas drôle ! Alors ne rions pas !

    Les blagues ne sont pas toutes faites pour rire, parfois seulement pour tromper l’esprit, voire en l’occurrence pour se venger d’un zozoteur.

    J’aime assez celle que me radote sans arrêt le vieil aviateur. À propos du Français, qui arrive à l’heure du thé chez une dame anglaise, lors de leur premier rendez-vous galant, et qui lui réclame du thé russe :

    – Désolée, s’excuse la gente dame dans un français

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1