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La Comète du Samouraï
La Comète du Samouraï
La Comète du Samouraï
Livre électronique519 pages6 heures

La Comète du Samouraï

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À propos de ce livre électronique

Ce livre est peut-être un nouveau sous-genre : celui de la Poésie-Fiction ? Car il est lui-même une comète. Son noyau est un roman phare. Sa coma : cinq nouvelles de cyberpunk et d’ufologie.
Et sa queue de poussière enfin : une anthologie de quatrains, d’inspiration zen, regroupés sous « Les Griffes du Phénix ».
Les comètes et les samouraïs des étoiles y sont omniprésents.
LangueFrançais
Date de sortie19 août 2022
ISBN9782312124964
La Comète du Samouraï

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    Aperçu du livre

    La Comète du Samouraï - John Falco

    Ringo

    La lune est pleine au-dessus du fleuve.

    Telle une nef fantomatique elle déploie, entre les pinces du Scorpion, sa voilure blanche et parfumée. Naviguant avec sérénité dans le formol silencieux de l’Espace.

    Obscur et pesant, le ciel semble mitraillé par les innombrables étoiles. Et dans leur vol étincelant, d’intenses lucioles incendient la selva.

    Un capybara sûrement vient de crever la surface pellucide de l’eau. Traqué jusque sous le miroir aqueux par quelque caïman noir invisible. Ou peut-être dérangé dans son repas d’herbe à feu, par les cris tonitruants de ces grands singes hurleurs roux. Émis avec virulence, depuis l’autre rive du Rio Negro.

    Un décor qui n’est pas pour déplaire à Ringo Cherokee.

    Car bien campé contre un tronc lisse, sur cet échalas boueux qui lui sert de royal affût, le chasseur vient de porter à ses lèvres son kokuja. Une longue sarbacane télescopique.

    Confectionnée à base de diamant noir astéroïdal.

    Sans bruit aucun, il laisse se coulisser dans le tube fin le premier tsentsak.

    Fermement maintenue entre ses lèvres, l’aiguille d’arcanium se loge avec volupté à l’entrée du canon. Dans le barillet de carbonado.

    Trempée dans le sang de Seudem, celle-ci n’accordera aucune absolution à sa victime. « Quel que soit l’endroit de son corps où cette salope l’atteindra ! » songea vertement Ringo.

    Car bien perché dans la torsade d’une liane-serpent Seudem, son chirodroïde : une sorte de chauve-souris vampire d’ultime mutation, a de toute façon déjà lancé son fameux trille infra-sonique. Celui codifiant l’émergence imminente d’une imprudente proie.

    Le kokuja expédie sans préliminaires son micro-éclair saturé d’un concentré de draculine et de toxine botulique.

    Un tapir d’au moins trois cents kilos s’effondre dans la vase de son abreuvoir.

    « Il y a loin de la coupe aux lèvres, mon salaud ! ». Un nouveau concetti du sniper.

    Qui s’autorise en passant, enhardi par sa belle prise, à plagier le fameux dicton d’Ulysse.

    Celui délivré au chef des douze prétendants. Qu’il assassinait d’une seule flèche à la gorge. Tandis que ce dernier s’apprêtait à entamer son rhyton de savoureux vin cramoisi.

    Une fine écharpe d’hémoglobine s’effiloche dans le fleuve. Sur laquelle le vampire à peau de néokevlar s’est incliné.

    C’est là son tribut de rabatteur. Le délice concédé par son invincible maître. Ce ruisseau globuleux et tiède. Qui chatoie sous les fleurs resplendissantes du ciel. Son péché gustatif.

    Son orgasme sanglant.

    Le chiro à moitié repu, Ringo peut enfin extirper du trophée, après deux ou trois bonds exécutés à pas de loup, la longue seringue de néométal. Qui taraude la carotide encore palpitante de l’énorme fauve quasi-glabre.

    « Liberty risquera très certainement de m’en vouloir. Comme tous ces trous de cul de végétariens, qui tombent en syncope à la vue du sang ! Et surtout lorsqu’on envisage de stocker, dans leur bac à légumes, un bon mètre cube de viande de brousse débitée en lardons. »

    Ringo se penche à peine, afin de se saisir de la barrique de barbaque.

    Il la dépose au contraire, après une bascule herculéenne. En croix sur ses épaules démesurées. Semblables à des têtes de bielle de char d’assaut. Qui culminent à deux mètres au-dessus du mucilage de boue pourpre de la berge. Rendue encore plus dégueulasse par le sang du monstre.

    Et tant pis pour Seudem, rajoute-t-il en son for. Qui affectionne d’ordinaire ce robuste perchoir. Surtout sa scapulaire gauche.

    La droite lui est interdite. Généralement réservée à plus modeste venaison.

    Le chiro pour le moment s’en fout comme du colin-tampon de son épaule.

    Il préfère garder son hideuse tête enfoncée.

    Entre les lèvres de la plaie dégoulinante qu’il s’est évertué à ouvrir, puis à élargir.

    Sangsue tapie dans le crâne de la bête, le suppôt de Satan l’asticote à présent en profondeur.

    Car cette vermine ne s’intéresse exclusivement qu’au sang frais. Et à la cervelle.

    Une fois rassasié seulement, Seudem daigne trouver en l’épaule de son hôte son dernier refuge pour dormir.

    Ou lorsque le gros chirodroïde s’avère trop possédé par son sommeil tyrannique, pour lui rendre parfois la libation de sa pestilente incontinence. Preuve irréfutable qu’il aura bien apprécié son éminent festin.

    Ringo vient de braquer, vers la corolle la plus éclatante du ciel, ses yeux orange de Nuktalien. Deux amours-en-cage scintillent dans la nuit sylvestre. Pour trahir l’obscurité. Et grâce à la lumière sélène, s’abreuver comme en plein jour à cet or liquéfié.

    « Dommage que la vieille extrémobile n’arrive pas à lécher suffisamment la mouille de ces putains de rapides ! Et à remonter la lordose du fleuve, jusqu’à cette conne de berge !

    Dix petits kilomètres après tout ! Même en longeant la grève infestée de caïmans noirs. Je devrais arriver avant l’aube !

    Sauf que ce gros tas puant doit bien avoisiner le double de ma carcasse !

    Cela reste tout de même une gageure pour un vieil homodroïde de mon modèle.

    La viande va finir inéluctablement par s’envoyer en l’air ! Par gonfler comme la vilaine vulve d’un bonobo alpha ! »

    Se ravisant devant son salace soliloque, le géant fait jaillir recta sous la lune intimidée, qui s’abrite désormais sous sa couette de nuages, la lame d’un immense coutelas.

    Sans ambages, il l’enfonce dans le flanc de la bête. Et tout en émouchant de la boîte crânienne Seudem enivré d’hémoglobine, il retourne le tapir éviscéré. Afin de poursuivre avec délicatesse le dépeçage de l’animal mutilé.

    Le râble est coriace. Mais la lame infaillible, rendue encore plus affûtée par le barattage des viscères, fait sourdre une nouvelle lave fluide.

    Le chiro se fend aussitôt d’un espiègle sourire de jouissance. Gorgée de draculine, sa parfaite dentition de tronçonneuse en miniature enchâsse en son milieu deux poignards d’acier chirurgical. Qui perforent aussitôt un autre endroit secret du corps avachi.

    Un flot de sève pourpre gicle encore sur l’éponge glaireuse de la mousse. Qui ne parvient toutefois pas à absorber totalement l’opulente mare. Éclaboussée tour à tour par des lambeaux d’entrailles fumantes, de la plèvre en charpie, des organes internes enguirlandés de cruor.

    Qui luisent sous le vaste halo sélène.

    Émettent la lumière tamisée de glauques ampoules rougeoyantes.

    Le chasseur s’empare à présent du cœur de la bête. Le brandit tout ruisselant vers le bol de lait de la lune. L’avale illico goulûment.

    Son cri surpuissant vient de déchirer le voile constellé de la nuit. Réduisant a quia celui des terribles hurleurs roux.

    Qui maraudent en rut sur l’autre berge.

    Tétanisés d’entendre, par-delà le serpent miroitant du fleuve infusé d’étoiles et de poison, qui distille entre les grands arbres le sérum élaboré des feuillages en sueur, le rugissement prédateur de Ringo Cherokee.

    ***

    – Quoi ? Deux cents kilos de barbaque !

    Écoute-moi bien Ringo ! Tu dois nager en pleine crise de delirium tremens, tu crois pas ? J’espère au moins que t’as conscience que t’as bien une petite tarentule au plafond ?

    Non, mais j’y crois pas ! Il faut absolument que t’arrêtes tes robinsonnades en solitaire !

    Les singes ont dû trop matraquer ta caboche de noix de coco. Non mais, ce n’est pas possible ! Tu sais au moins que des œufs ça occupe moins de place ? Que ta répugnante baudruche à asticots ?

    – Les miens aussi, Liberty !

    Pourtant ils restent toujours à la porte.

    Alors si tu ne veux pas que je te les enfourne dans le bac à concombres, je te conseille de me trouver recta une solution !

    J’ai pas traîné deux quintaux de tapir, à travers la jungle. Comme une vieille mule cyborg. Pour te les présenter à un spectacle de mouches à merde !

    – Okay Ringo, tranquilo ! Va pour cette fois ! Tu sais très bien qu’ici c’est ma pension ? Et que je suis tout de même contraint d’y faire la police de temps à autre. On a pas tous ton appétit de requin, comprends-tu ?

    Rappelle-moi seulement quelle quantité de bidoche tu dois gober chaque jour ? Pour nourrir le peu d’organes corporels qu’il te reste ?

    – Pas moins d’une bonne dizaine Liberty ! C’est ce que je te rabâche à chaque fois. Comme je dois te radoter aussi que cette réserve de protéines animales me sert avant tout à alimenter mes connexions homodroïdales !

    – Que dis-tu : hémorroïdales ?

    – Arrête ton char, Liberty ! Tu devrais penser à changer ta marque de carambar !

    C’est toujours la même blague que tu me ressasses. Pour me rajouter aussitôt que…

    – Que je les trouverais toujours plus drôles que ta tête de pioche surcouturée ! Allez entre donc dans mon carbet, mon grand !

    Pas la peine de te déchausser ! Tu sais très bien qu’à la mosquée on te botterait le cul recta ! Façon de parler ! Et je te vois arriver en plus, avec cette espèce de gros porc à tête de nœud !

    Et dégoulinant de sang de surcroît !

    Je vais te montrer la place qu’il reste dans le mien ! L’autre frigo appartient à une nouvelle pensionnaire. Elle vient d’arriver ce matin.

    De Néolibertalia je présume. Avec sa tête de soupe à la grimace ! Un peu dans le genre de ta ganache d’auguste, si tu préfères !

    C’est à elle que tu devras demander l’autorisation ! T’as de la chance ! Car en plus elle est bien gaulée la geisha ! Et il paraîtrait par ici que les petits citrons, c’est ce qu’on fait de mieux pour dérouiller les vieilles queues-de-rat !

    – Pas de problème mon vieux ! Je veux bien lui jouer du crincrin, si elle y tient !

    Trois jours dans le bois, le cul vissé à un affût trempé, c’est vrai que ça peut nous gripper une carabine ! Mais s’il y bien deux choses qui risquent de la faire tomber dans les pommes, c’est bien nos deux vilains groins de gargouilles !

    – Oh, pour la margoulette de Seudem, je pense moins ! Et n’oublie surtout pas mon Roméo, qu’ici tous les balcons figurent au rez-de-chaussée ! Pas pratique hein, pour lui camoufler tes sordides feuilles de chou de lutteur de MMA. Même planquées sous ta sale cagoule de braconnier du dimanche.

    Allez le manouche, file donc te débarrasser de tes mouches ! Depuis trois jours que t’es dans le bush, crois-moi si je te dis que c’est un putain de calvaire pour mes narines de vieux zoïle !

    – Dis plutôt de vieux brindezingue, Liberty !

    Allez va, merci de ton encouragement pour la douche froide ! Mais pas avant d’avoir offert à ce gros enfant de cœur sa seconde communion avec ma machette !

    ***

    La pluie cascade, gentiment mêlée au soleil, sur le toit blanc en pagode de la pension Liberty.

    Dans la vaste cour d’herbe drue, délimitée par un mur de bananiers affaissés sous des grappes jaunes et vertes, des agoutis domestiqués snobent l’avancée du chasseur. Qui empeste désormais l’after-shave à deux soleils.

    Ce dernier renifle suspicieusement le fond de l’air. L’odeur est insolite, envoûtante, féminine. Quasiment palpable.

    Son fléhmen vient d’entrer en action. Afin de humer à satiété le long flux de phéromones.

    Telle une fleur de cerisier, la Japonaise se tient debout sur sa terrasse. Sa robe est blanche et ajourée de dentelles. Ses lèvres peinturlurées de rouge coquelicot.

    « Tu parles d’un cliché ! » songe comme à son habitude, sans y aller avec le dos de la cuillère, le vieux briscard. « Pour un peu, elle m’inviterait à boire du thé jaune. Et c’est vrai qu’elle affiche plutôt une jolie petite frimousse avec ça ! »

    Mais elle fut plus prompte que lui à entamer les présentations :

    – Monsieur Cherokee ? Midori Sakura !

    Accepteriez-vous de prendre, je vous prie, le thé en tête à tête ?

    – Volontiers Midori ! Mais uniquement en terrasse, si cela ne vous dérange pas ?

    Les femmes sont pour moi comme les portes. J’éprouve souvent un peu de mal à les affronter de face.

    – Au vu de votre carrure, je comprends tout à fait, monsieur Cherokee ! Inutile d’ôter vos chaussures en ce cas ! Mais venez donc me rejoindre ! Je nous ai préparé du thé à la cerise !

    Son visage de porcelaine est soudainement plus engageant que la pleine lune resplendissante de la veille. Sur ses lèvres le sang d’un cœur si palpitant. Que même l’ombre de Ringo entre en rampant sur la terrasse. Désarçonnée par les pensées licencieuses du prédateur.

    Le géant néanmoins, comme atteint en son talon d’argile par une beauté si exquise, bredouille avec frilosité la première interrogation :

    – Votre parfum, Midori ? C’est bien du Numéro 20, n’est-ce pas ?

    Elle sourit largement. Puis lui découvre des dents encore plus blanches que son visage.

    Ringo se demande combien de fois ces perles de rizière ont été lavées dans le fleuve de l’innocence. Avant d’atteindre à une telle pureté.

    La réponse lui revient comme un invisible boomerang, un intangible écho :

    – Vous êtes un surprenant connaisseur, à ce que j’entends, monsieur Cherokee !

    – Oh, je vous en supplie madame ! Sans vouloir vous apparaître primesautier ni offensant, veuillez donc m’aborder s’il vous plaît par mon prénom ! Voyez vous, on m’appelle Ringo !

    L’hésitation n’entache que quelques secondes son sourire enjôleur. Une dernière goutte déroule ses éternelles circonvolutions à la surface du breuvage rougissant. Qu’elle termine avec suavité de lui servir.

    – Du sucre avec cela, mon ami Ringo ?

    Le piège vient donc de se refermer. L’animal cependant sent pousser en son for un flot révélateur d’adrénaline.

    Son aménité à la frontière de l’agacement : cette privauté surjouée par la Japonaise ? Son regard affûté à son endroit : cette lame sacrificielle d’obsidienne verte ?

    Il est temps déjà de mettre fin à la mascarade. Les yeux de Ringo sont deux aiguilles de sarbacane :

    – Dites-moi plutôt, Midori Sakura, qui vous envoie ? Et n’essayez surtout pas de jouer au plus fin avec moi ! Sachez qu’à l’instant même une arme infaillible est pointée en votre direction !

    Et qu’il ne me suffit que d’un imperceptible sifflement, pour qu’elle vous réduise à trépas !

    La Japonaise oriente son regard entre les branches maîtresses du plus proche manguier en fleurs. D’où la fixe inflexible le chirodroïde. Ses piments pupillaires. D’un rouge fluorescent.

    – Le second conseil que j’aurais à vous concéder ma princesse ! C’est de ne nullement intercepter son regard ! Seudem possède cette ultime faculté d’hypnotiser toutes les proies que je lui désigne de façon inaudible !

    – Et bien volontiers, votre kokuja s’occupera l’instant suivant de porter l’estocade, n’est-ce pas ? Votre ressemblance physique avec cette funeste gargouille est plus frappante que ce que m’a rapporté le SAS ! C’est donc votre parcours comme lutteur professionnel de MMA qui vous a forgé ces oreilles en radars de chauve-souris !

    – Merci grandement du compliment, Midori ! Mais si vous ne voulez pas faire l’objet sur-le-champ d’une fatale intraveineuse, dites-moi illico pourquoi le SAS vous envoie jusqu’ici ?

    Ce n’est pas sa façon habituelle d’opérer !

    – Je fais partie de ses nouvelles recrues ! Et le Service des Agents Spéciaux ordonne que vous soyez mon coéquipier pour une importante mission !

    – Quel est votre matricule ?

    – Je suis l’AS42 ! Et avant que vous ne m’interrogiez davantage, je vous confirme que celui-ci est bien inscrit derrière mon oreille gauche !

    Et je sais pertinemment que vous êtes l’AS36.

    – Veuillez tourner lentement votre charmant minois sur votre droite, Midori ! rétorque Ringo particulièrement suspicieux. À la moindre hésitation je vous tordrais le cou !

    La confirmation du matricule le laisse ainsi sans voix :

    – Cela est parfaitement impossible, au nom du Diable ! Ce code appartient à Senshi Sakura, le samouraï affecté à l’assassinat des nouveaux dirigeants de la Pègre Jaune.

    – Dis plutôt qui était, Ringo ! Son oreille gauche à été expédiée par la galaxiposte dans un carton, au siège du SAS lui-même. Je suppose donc que l’affront a du être suffisamment préjudiciable. Pour contraindre aujourd’hui le SAS à changer d’adresse. Ainsi qu’à m’imposer, malgré le deuil, de poursuivre la mission de mon père regretté !

    – Est-ce que le Service t’aura tout de même informé, Midori, que je suis venu jusqu’ici en vacances ? Dans la géosphère Néoamazonia ? Afin de réfléchir à anticiper mon éventuelle retraite ?

    Je viens d’avoir cinquante ans, sache-le ! Et je pense avoir suffisamment fait couler de sang. Pour passer le restant de l’éternité en Enfer.

    – Je suis parfaitement au courant de tout, Ringo ! Je sais que tu auras déversé autant de sang dans les octogones, lorsque tu étais champion du monde poids-lourd, que lors de ton irrécusable parcours de tueur à gages.

    Et qu’on t’en a suffisamment essoré aussi !

    Puisqu’il ne te reste plus que le cerveau et le cœur comme organes originels. Mais l’enfer, c’est partout, comme tu as pu le constater !

    Et l’existence du SAS est désormais menacée.

    Elle mise sur ton expérience, pour mettre fin aux agissements d’un yakuza enragé. Et venger par la même occasion ton ami et mon feu père : Senshi Sakura.

    – Il me reste également mon inestimable service trois pièces ! Voilà pour ce qui concernait tout d’abord l’énorme parenthèse, Midori !

    Et pour en revenir au fait : comment s’appelle donc ce fameux yakuza ?

    – Tsume Akuma. Surnommé le Démon ! Il vient de lancer, depuis ses laboratoires de la géosphère Néolibertalia, une nouvelle pilule surnommée la Cerise. Un concentré naturel X100 de salvia divinorum. Qui fort justement t’arrache à l’enfer, de zéro à cent selon son slogan, en moins de dix secondes chrono !

    – Oh le salopard ! Il me plairait quand même d’en goûter ! Le SAS t’aura filé un peu d’argent de poche, afin de nous en procurer ?

    – Plus que tu ne peux en rêver, Ringo ! Un parachute en or pour ta retraite aux flambeaux. Un demi-million de soleils à chacun de nous deux ! Plus trois autres chacun, lorsque nous aurons liquidé le Démon. Et déposé sa vilaine tête cornue dans un sac non-recyclable !

    – Il assure toujours pleinement son rôle de tour-opérateur ?

    – J’ai là deux billets pour partir au chant du rossignol ! Dans une intersphère supraluminique, en classe champagne !

    – Y a pas de sushi, ma princesse ! Mais je viens uniquement, si tu acceptes de rester déjeuner avec moi ! Tu n’es pas végétarienne au moins ?

    – Pas le moins du monde, Ringo ! Et que comptes-tu donc nous préparer, mon grand ?

    – Du tapir, ma précieuse ! Avec une bonne rasade de gorge-de-pigeon ! Le meilleur rouge de Néoamazonia : un 2279 millésimé !

    Et pour les amuse-gueules, tu as prévu ce qu’il faut ?

    – Tout un assortiment de bigarreaux, pour accompagner ton tord-boyaux, Ringo !

    En puissance dix seulement, pour les nouveaux prosélytes ! Mais je te conseille quand même de n’en prendre qu’un seul avant ton hamac ! Car je ne suis pas certaine que le SAS apprécierait que tu rates l’intersphère de vingt heures !

    – Oh que non, t’inquiète donc Midori ! Y aura pas de lézard ! Surtout en présence d’une aussi ravissante compagnie !

    Mais dis-moi donc Midori, avant de passer aux hostilités, il te reste de la place dans ton frigo ? Je compte bien revenir dans huit jours. Il faut au moins ce temps là à la viande pour se faisander.

    Et elle n’en sera que meilleure !

    Le bouchon d’une première bouteille de rouge s’arrache à la gravité de son pas de tir. Pour entrer en orbite à midi, par-delà la table garnie de Ringo. Dans un grand poc sonore, afin de sceller leur engagement.

    C’est le moment choisi par Liberty pour se taper l’incruste. Un ballon vide à la main :

    – J’ai cru entendre un grand poc de fusée, les tourtereaux ! Je crois bien que l’enfant du vin vient de m’appeler parmi ses élus !

    ***

    En silence, ils franchissent ensemble, les yeux bandés par des lunettes de soleil, le grand tori de bois rouge. Qui ouvre la géosphère de Néolibertalia.

    C’est le printemps 2288. Une comète s’éternise dans l’aldéhyde du ciel vert. La multitude des cerisiers en fleurs ébauche, à trois mètres au-dessus du sol, son avalanche parfumée. En suspens.

    Le village de Hell-Bourg est un fouillis de cahutes en bois, aux cloisons de papier.

    Au milieu de ces cocons s’érigent en pagodes, telles d’affolantes mantes religieuses, des tours de dizaines d’étages. Intégralement confectionnées de hyalines façades.

    – On va où, ma fleur de cerisier ?

    – Au Pavot de vermeil. Une ancienne taverne. Qui baigne encore dans des draperies oniriques d’opium à priser. Où l’on peut manger de la bonne carpe. C’est là qu’opèrent nos premiers maillons. Nos revendeurs de griotte à la petite semaine.

    – Il y a de la chauve-souris au menu, Midori ?

    – Seulement de la soupe de renard-volant ! Mais je t’exhorte toutefois à bien dissimuler Seudem au fond d’une de tes poches ! Si tu ne veux pas qu’elle termine ses sinistres jours au creux d’un vieux wok ! Entre des lamelles glauques de dragon des mers ! Ou encore des tentacules de pieuvre à anneaux bleus !

    Au fond des vieilles gargotes de Néoamazonia, c’est toujours le même vieux zinc. Avec ses arsouilles qui boivent, dans un aquarium de fumées dégueulasses, de la mauvaise gnole à vous filer recta des ulcères.

    Voire les selles glaireuses et sanguinolentes de la redoutable dysenterie noire. Celle-la même qui vous embauche comme intermittent du spectacle, une bonne dizaine de fois par jour au moins.

    À refaire la déco des chiottes à la turque de cette ancienne mégalosphère du bout de l’Univers. Dans lesquelles il est plus souhaitable de porter des bottes étanches.

    Devant leurs lunettes impénétrables, un automate arrive ici, tout au contraire, couronné par cette lumière baignée d’embruns frais de brumisateurs odorants.

    Désopilant, il salue tout en courbettes notre duo d’invités. Boulonné à une rutilante et archaïque planche à roulettes.

    – Bonjour à la charmante petite famille ! Souhaiteriez-vous une ravissante table-miroir en terrasse ? Dans l’une de nos pergolas flottantes, situées au beau milieu de l’étang, peut-être ?

    Où vous pourrez y pêcher vous-même vos merveilleuses carpes arc-en-ciel. Ou alors…

    – Va pour la terrasse ! Et pour une demi-douzaine de belles carpes irisées, qu’appréciera sans conteste notre ami Ringo ! Mais pour moi-même ce sera plutôt le menu-grenouilles !

    – Et en guise de crudités, que puis-je donc vous suggérer ?

    – Toute une montagne de cresson ! Avec un soupçon de vinaigrette ! Copieusement persillée et citronnée de surcroît, cela va de soi !

    – Mais une dernière petite cerise encore ! intervient Ringo. Je veux que vous nous passiez en boucle le concerto pour une voix de Saint-Preux ! Et interprété exclusivement par Danielle Licari, bien entendu ! Lors de son merveilleux concert d’automne au Japon !

    – Aussi, je ne peux que vous conseiller, admirable petite famille, la table numéro 20 !

    – Va pour la table No 20 ! Et où se trouvent les drones à lassos, je vous prie ?

    ***

    Les carpes et les grenouilles, aux cuisses sous stéroïdes, ont vivement été cueillies. Grâce aux nœuds coulants des drones pêcheurs, télécommandés par Ringo et Midori.

    Éviscérées et réduites en filets ou en pilons, elles rejoignent illico le grand grill individuel. Installé en plein milieu du miroir étincelant et rhomboïdal de la table infestée de brochettes de fruits. Et d’un immense saladier cristallin de cresson en salade. Que l’automate de service n’a pas oublié d’essorer convenablement.

    Celui-ci pousse sous les treilles ombrageuses et volubiles des christophines.

    Dans un entrelacs de bassins frais.

    Survolés de papillons de cyan et d’alcyons multicolores.

    Alimentés par un rideau de cascades.

    Qui reproduit au dixième, parfaitement à l’identique, les célèbres chutes d’Iguazu de la gigantosphère Néoamazonia.

    Et qui se déverse autour des invités, avec la majesté d’un voile de mariée.

    Du haut d’un lumineux rempart de pierre verte naturelle.

    – De l’aventurine ! Importée justement de Néoamazonia ! Pour le cas où tu serais déjà nostalgique de ta retraite avortée, mon ami Ringo !

    – Le décor est particulièrement rafraîchissant, Midori ! C’est le moins qu’on puisse dire !

    Le vieux briscard ne manque pas, afin de souligner ses allusions grivoises, de dévorer les yeux de jade de la belle Japonaise.

    Qui se fondent, avec autant de perfection, dans l’écrin vert monochrome et ruisselant du paysage enveloppant.

    Avec son regard incisif de superprédateur.

    Semblables à celles d’un grand-duc en alerte, ses lanternes oranges sont deux flammes fixes. Braquées l’instant suivant sur un duo de personnages à l’allure sournoise. Bien vissé en tapinois, aux tabourets sombres du bistroquet.

    Et qui toise depuis quelques insistantes secondes le couple dépareillé.

    Midori intervient :

    – Tu les as repérés ?

    – Les deux lascars collés au bar ?

    De toute évidence princesse, un restaurant normalement, c’est plutôt fait pour bouffer, n’est-ce pas ? Excepté si une saloperie de yakuzas nous autorise à améliorer le dessert de sa clientèle bourgeoise !

    – Tu as tout compris Ringo ! La cerise sur le gâteau, c’est le cas de le dire ! Si tu veux t’envoyer un vrai bigarreau cette fois, c’est le moment ou jamais ! Seulement pas du puissance dix, comme hier lors de ton baptême !

    Il n’y a qu’ici qu’on trouve du puissance cent ! Si tu parviens à réaliser ce que je veux dire ?

    Ce qui est logiquement dix fois plus dispendieux, car proportionnel à la dose.

    – Je vais devoir te réclamer cinq minutes Midori ! Avant de nous coltiner ces marionnettes ! Et leur redoutable potion de druide, à mille soleils la pilule vermeille !

    Le poupon vient de se réveiller. Et si je ne lui donne pas immédiatement son substitut, il est possible qu’on ne commence même pas la transaction. Et qu’il leur éclate littéralement la carotide ! Un vampire affamé n’a pas plus d’oreille qu’un sac abdominal rempli de gargouillis !

    Automate, s’il vous plaît, un grand verre de sang !

    L’automate à roulettes, dont le malabar vient de saisir avec virilité un pan du costume, entre brusquement tout un tas de codes binaires et de calculs aléatoires dans sa froide caboche bio-informatique. Avant de transmettre, décontenancé, au géant son psittacisme de perroquet :

    – Pardon monsieur, mais vous venez bien de me réclamer un verre de sang ? Il s’agit là certainement d’une grossière erreur, n’est-ce pas ?

    – Oui, c’est véritablement un verre de sang que je vous ai commandé ! Pour mon morphale de chiro, trépané de ludion ! Et avec une paille s’il vous plaît ! Excepté si vous réussissez à mettre la main sur un vieille infusion ménorragique en forme de cylindre ! En ce cas, vous lui rapporterez juste un verre d’eau chaude !

    Baigné de rustrerie phallocentrique, le rire léonin de Ringo s’élève solitaire au-dessus de la table No 20.

    Midori s’est renfrognée, devant sa goujaterie. Et on comprend mieux pourquoi. La bienséance est la chose du monde la moins bien partagée, de surcroît dans ce monde de mercenaires.

    Ce n’est que lorsque Seudem achève, parmi les reliefs glaireux, ses gargarismes au fond de son verre, la dernière goutte au bout de sa paille gluante, qu’elle se ravise :

    – Je ne suis pas pertinemment certaine d’avoir tout compris ? Mais bon, le bébé a fait son rot ! Tu peux donc, s’il te plaît Ringo, remettre ta charmante petite gargouille au fond de son trou à rat ! Pour inviter, peut-être en attendant, une gente dame à aller se rafraîchir au bar ?

    ***

    Ces deux lascars ont vraiment des têtes de blaireaux, songe avec hardiesse le colosse. Tandis qu’il s’envoie si gentiment au bar, face à Midori, son sixième saké.

    Ils doivent pourtant se demander ce qu’un beau gosse comme moi, même avec ses oreilles en chou fractal, peut bien foutre en compagnie de ce top model !

    Et je parie qu’ils doivent avoir la trique en plus, ces deux ratels puants !

    – Je peux savoir à quoi tu penses Ringo, derrière tes lunettes de pervers ? Et surtout à quel moment tu comptes procéder à la petite transaction ? Tu attends peut-être la prochaine brouette ?

    – Tu m’as bien assuré Midori, que ce quartier était piétonnier, n’est-ce pas ? Aucune chance par conséquent, qu’une limousine blindée ne vienne cueillir ces deux petites tafioles à la sortie ?

    Je te concède mon plan ! Aussitôt dehors mon chirodroïde se chargera de les immobiliser. Ensuite seulement, pendant que leur ferai les poches, je te laisserai te charger de l’interrogatoire…

    ***

    Sur le pavé aseptisé de la ruelle déserte, le premier des dealers gît assommé à présent.

    La gueule grand ouverte. Vers l’efflorescence d’un cerisier.

    D’où le regard de Seudem le maintient tétanisé. Mis à l’arrêt heureusement par le sifflement de son maître.

    Et tant que Ringo ne lui en donnera pas l’ordre, le chiro n’entamera en rien sa fragile jugulaire.

    L’autre malfrat se débat quant à lui contre un tronc hérissé d’épines.

    À trois mètres au dessus du sol, la main droite monstrueuse de Ringo, inexorable mygale tueuse, plante profondément ses chélicères derrière sa nuque dilacérée.

    Midori l’interroge sous le crachin de sang.

    Qui teint de cinabre au sol les fleurs tombées déjà du pavoisement des arbres.

    – Dis-nous seulement où se cache Tsume Akuma ? Et on vous laisse la vie sauve à tous les deux ! Dans le cas contraire, vous serez conduits dans un trou du cul de cave le plus obscur de cette géosphère. Où notre chiro vous ponctionnera goutte de sang après goutte de sang, jusqu’à ce que nous obtenions la même réponse.

    Tout en l’invectivant, le malfrat éjecte entre ses dents un jet de salive rouge, qui lui éclabousse le visage.

    Ringo intervient en plantant, entre ses testicules, son couteau de chasseur :

    – Écoute moi bien, ma salope ! Parce que je vais te le demander gentiment, et sans copier-coller ! Tu vas tâcher de rester poli avec la gente dame ! Lui présenter d’abord tes excuses, parce qu’elle est en deuil actuellement ! Et lui offrir sans plus tarder sa réponse ! N’oublie pas que vous êtes deux. Et que nous n’avons besoin que d’une seule adresse !

    Midori va donc user de sa patience pour cette unique fois. Et simplement te reformuler sa question. Mais je me vois préalablement dans l’obligation de t’amputer de ta langue. Ici même contre ce cerisier ! Cela t’évitera de l’insulter à outrance !

    Tes valseuses arriveront en bonnes dernières !

    Car que je suppose que tu sais écrire au moins une adresse. Même si je te décortique phalange après phalange. Pour tout donner en pâture au chiro. Jusqu’à ce qu’il ne te reste plus que ton micro-braquemart pour la calligraphie !

    Pour le reste tu peux compter sur ma parole ! Donne-nous l’adresse, et on vous laisse à tous deux la vie sauve !

    Ringo vient de retirer ses lunettes noires, pour clouer définitivement au cerisier le trafiquant. Les dragons orange de son regard en mydriase ont violemment dilacéré son âme. Foudroyée par l’horreur de la torture vaticinée.

    Midori met un couperet inespéré à sa tyrannie :

    – Il suffit Ringo ! Son adresse est depuis longtemps déjà en ma possession. Tu peux relâcher cet homme, et le laisser partir !

    Il en ira de même pour son acolyte ! Je te dois à présent, je crois, de plus amples explications ! Concernant cette épreuve que tu viens de remporter, littéralement haut la main…

    ***

    Bien immergé dans une piscine individuelle. Îlot liquide suspendu. Au cinquantième étage du Doragon Hôtel. Ringo dépose enfin, sur sa langue imbibée de champagne, la fameuse Cerise.

    Il est vrai qu’à sa première ingestion, même diluée par dix fois, la petite pilule avait déchargé, depuis son noyau accumbens un flot de dopamine, sans comparaison jusqu’ici.

    Mais le plus émouvant, c’est qu’en scrutant avec religiosité les étoiles, il fut saisi comme d’une sorte de véritable voyage astral qui…

    Midori, en monokini, vient de se glisser dans l’aqueux parallélépipède. Mais quel âge a t-elle donc ? s’interroge Ringo. On dirait un béjaune tout juste sorti de la puberté !

    Voilà qu’elle déroule autour de son cou son bras délicieux. Un serpent d’eau qui vient de délaisser l’hymen de sa première mue. Avant de le saisir à la pomme d’Adam.

    Et voici que le charme opère. Que sa bouche se transforme en pure feuille de printemps. Qu’elle s’enrobe d’or. Se transcende de sang. Puis qu’elle se métamorphose en obscène cerise incarnate.

    La piscine suspendue se détache à présent de la façade immaculée de l’Hôtel Doragon. Se glisse comme une hydre féerique au-dessus des frondaisons des arbres.

    Des fleurs qui phosphorent sous les étoiles dansantes de la grande Néolibertalia.

    Une autre corolle vient d’éclore, pourpre et carnivore :

    – Mon père me l’avait bien dit Ringo ! Que tu avais tout d’un néosamouraï ! Que l’honneur et la poésie sont les seules valeurs que tu prônes en ce monde décadent. Mais qui es-tu vraiment, Ringo Cherokee ?

    – Un enfoiré de mulâtre, Midori ! Un de ces lointains descendants du métissage entre des enfoirés d’Amérindiens de l’Ancienne Terre, et des maudits esclaves africains.

    Des chabins bannis et expatriés, pour qui mon trou de cul d’arrière grand-père avait préservé suffisamment de putain d’attache. Pour sauvegarder ce bâtard de nom de Cherokee !

    Cette dragée en fait ne fait que révéler véritablement qui on est, n’est-ce pas ?

    Mais toi Midori, ton nom ? Est-ce bien Sakura ou plutôt Akuma, satanée diablesse ?

    – Je crois que ce concentré de salvia divinorum te rend un peu trop clairvoyant, mon brave ! Tu devrais te cantonner à la puissance dix !

    – Puissance dix ou cent, cela ne fait aucune différence, Midori !

    Pour mesurer que tu n’auras été qu’une misérable petite manipulatrice !

    Aucun néosamouraï je le sais, à part peut-être ton père, n’expédie par la galaxiposte l’oreille d’un adversaire ! Mais uniquement sa tête ! Et en intégralité !

    Pour que soit bien visible le tranchant rectiligne octroyé par son sabre. C’est ce que les nouveaux yakuzas définissent proprement par la notion de compassion.

    La légendaire compassion du samouraï !

    Le vieux peintre Van-Gogh, en guise d’exemple était loin d’être un néosamouraï.

    Uniquement un génie possédé par l’absinthe !

    Qui aura répondu au complexe de Saint-Pierre ! En se tranchant lui-même les trois quarts de l’oreille. Avant de l’expédier dans un colis à une oie d’admiratrice !

    La différence entre ton père et moi, c’est que lui idolâtre toujours ce fou de Flamand.

    Tandis qu’à l’encontre, j’ai trouvé en son adversaire : Paul Gauguin, cette sauvagerie qui me possède !

    Alors crache donc le morceau à présent, veux-tu ? Pourquoi t’a t-il envoyée jusqu’à moi ?

    Ses sbires n’auront rien vomi, malgré mes menaces. Et celles de Seudem !

    Tu les auras un peu trop vite laissés déguerpir ! C’est surtout cette fausse compassion de l’Ancien Monde, qui m’aura mis la puce à

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