Les chroniques policières de Biscarrosse - Tome 3: Au clair de la dune
Par Rémy Lasource
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À propos de ce livre électronique
Arnaud, ex-flic reconverti en serveur, vit à Biscarrosse avec Claire à qui il a promis d’abandonner ses habitudes de Shérif. Lors d’une fête il boit un punch qui contient de la Flakka, la drogue du Zombie. Celle-ci le confronte à ses vieux démons et provoque un AVC à l’une de ses amies. Hanté par des évènements jusque-là refoulés Arnaud se découvre fragilisé par son passé. Il fait appel à ses amis policiers pour retrouver le dealer dont la rumeur dit qu’il est intouchable, parce que protégé par un service de police.
Arnaud aura à mener une enquête musclée, croisant sur sa route une violence qu’il espérait ne plus retrouver, au risque de se perdre.
3e opus de la série des thrillers océaniques sur Biscarrosse, Au clair de la dune peut se lire indépendamment des autres.
Suivez les péripéties d'Arnaud, fragilisé par son passé et englué dans une sombre enquête malgré lui, dans ce troisième tome de la saga de thrillers océaniques sur Biscarrosse !
EXTRAIT
Au bout d’un moment, je sens quelque chose dénouer chacun de mes nerfs, comme si les chaînes qui tenaient mon corps s’étaient rompues. Et je me découvre presque désarticulé. J’ai de plus en plus chaud, et puis je me sens devenir lent. Ça y est, je suis encore saoul. Claire va me reprocher mes habitudes d’ex-flic toujours alcoolo. Mais ce punch est une tuerie. Cannelle, noix de muscade, vanille, et je ne sais quoi d’inhabituel et de singulier. Ouah, j’ai de plus en plus chaud. Je deviens soudain amorphe. Je cherche du regard le couple d’apprenties sociologues, et je remarque qu’elles sont dans un état pire que le mien. Raides défoncées. Ouah là, le sol tangue, pourtant je n’ai pas la nausée comme d’habitude. Et puis j’ai anormalement chaud. Je me mets à suer abondamment, j’ai dû choper un virus, une saloperie, un coup de froid. Je touche mon front, merde, je crois bien avoir de la fièvre. Je m’assois sur le trottoir pour contrôler mes premiers vertiges et observer Lucie et Béatrice. Leur grande bouteille de punch est presque vide, elles ne m’ont pas attendu, j’ai quand même un petit goût de regret. Elles ont l’air encore plus ivres que moi. Au-dessus, les lampions brillent intensément puis reviennent à une luminosité normale. Cindy se marre avec Claire et je réalise que je ne comprends rien à ce qui se passe autour de moi. À côté, les touristes s’amusent et j’essaie de regarder Lucie et Béa entre les jambes des gens qui dansent, tournent, et rient sous les lampions de la nuit parfumée. Une grosse langue râpeuse vient me nettoyer le front de toute ma sueur. C’est le bouvier bernois de Cindy qui a vu que je n’allais pas fort, merci, mon vieux. Sa gueule pleine de poils me tient chaud quand même, surtout qu’il monte la garde près de moi, comme un infirmier canin. Une secousse glacée me traverse.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Après avoir fait des études de droit, Rémy Lasource est devenu fonctionnaire. Il a travaillé quelques années en banlieue nord de Paris au contact des policiers et des magistrats, et vit aujourd’hui en limousin. Édité chez Ex Aequo pour ce douzième ouvrage, il est jury du prix Zadig de la nouvelle policière.
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Avis sur Les chroniques policières de Biscarrosse - Tome 3
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Aperçu du livre
Les chroniques policières de Biscarrosse - Tome 3 - Rémy Lasource
Rémy Lasource
Au clair de la dune
Chroniques policières de Biscarrosse
Thriller
ISBN : 978-2-37873-720-7
Collection Rouge : 2108-6273
Dépôt légal : juin 2019
© couverture Ex Aequo
© 2019 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays. Toute modification interdite.
Éditions Ex Aequo
6 rue des Sybilles
88 370 Plombières les bains
http://www.editions-exaequo.com
Table des matières
Résumé
Au clair de la dune
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Résumé
Arnaud, ex-flic reconverti en serveur, vit à Biscarrosse avec Claire à qui il a promis d’abandonner ses habitudes de Shérif. Lors d’une fête il boit un punch qui contient de la Flakka, la drogue du Zombie. Celle-ci le confronte à ses vieux démons et provoque un AVC à l’une de ses amies. Hanté par des évènements jusque-là refoulés Arnaud se découvre fragilisé par son passé. Il fait appel à ses amis policiers pour retrouver le dealer dont la rumeur dit qu’il est intouchable, parce que protégé par un service de police.
Arnaud aura à mener une enquête musclée, croisant sur sa route une violence qu’il espérait ne plus retrouver, au risque de se perdre.
3è opus de la série des thrillers océaniques sur Biscarrosse, « Au clair de la dune » peut se lire indépendamment des autres.
Après avoir fait des études de droit, Rémy Lasource est devenu fonctionnaire. Il a travaillé quelques années en banlieue nord de Paris au contact des policiers et des magistrats, et vit aujourd’hui en limousin. Édité chez Ex Aequo pour ce douzième ouvrage, il est jury du prix Zadig de la nouvelle policière.
Pour Ulysse et Armand, acrobates de l’écume dans les éphémères arcs-en-ciel d’embruns, surfeurs aériens et élégants aux rires remplissant l’écho des vagues, continuez de m’éblouir comme des jongleurs de lumière.
Au clair de la dune
Bisca plage. Un endroit retiré entre l’océan et les pins, en pleine Côte d’Argent. Là où le continent étire une longue plage qui part de la pointe du Médoc jusqu’au Pays basque. Soit un rivage sablonneux d’environ 250 kilomètres, ourlé de dunes, qu’habille une ondoyante chevelure de pins maritimes ; le massif forestier des Landes de Gascogne. Et tout au milieu, Biscarrosse plage, un endroit paumé en pleine nature, coincé dans un petit paradis. Entre les toits orange des maisons blanches, des fils électriques pendent mollement. La forêt dunaire s’étale derrière le bourg et recouvre les collines jusqu’à habiller l’horizon. Pour y venir, il faut traverser des kilomètres de pinèdes, défiler entre les longues jambes des troncs où poussent les hautes fougères et la bruyère pourpre qui brille de reflets d’améthyste.
À Bisca on vit caché dans un petit coin du bout du monde, d’un côté l’atlantique déroule de longues lames bleues avec un brouhaha géant qui résonne jusque dans le dôme du ciel ; l’impression d’immensité et de liberté se conjugue alors instantanément ; et de l’autre la canopée de pins ondule comme une toison verte où que la vue porte, toute scintillante de cristaux de sel quand les vagues sont démontées.
La nuit le vent décoiffe les dunes. Les routes de Bisca sont alors recouvertes de tresses de sable où les empreintes des oiseaux dessinent une écriture éphémère, seulement comprise de l’aube.
Quant à l’asphalte, délavé d’embruns, il ressemble à un vieux jeans patiné dont le denim est troué de racines odorantes de pins, et les après-midi la canicule marie l’odeur de goudron fondu à celle plus poivrée de la résine des sèves. Bisca, un endroit loin de la civilisation, au seuil de l’immensité.
Il y a deux ans, quand j’étais encore flic, je suis venu ici pour des vacances de la dernière chance et depuis je ne suis jamais reparti. Je venais d’être suspendu de mes fonctions parce que, hors service, j’avais empêché de commettre un braquage. Un petit con menaçait un restaurateur avec une arme de poing et je me suis interposé, j’ai reçu un coup de feu dans le ventre qui m’a fait voir rouge en plus de voir s’écouler mon sang, et je suis monté sur le braqueur à qui j’ai asséné des coups de poing jusqu’à ce qu’il en perde un œil et que les clients me relèvent. Le type a bien évidemment déposé plainte contre moi, raison de ma suspension, et comme je virais alcoolo agressif je suis venu ici me changer les idées et me remettre à écrire de la poésie.
Là, j’ai assisté à une agression et j’ai mis en fuite deux connards, des grossistes de stupéfiants qui s’en prenaient à leur petit dealer local. Puis j’ai sympathisé avec lui, un ado dénommé Max, et l’ai aidé à sortir du trafic. J’ai fait coffrer les deux salauds, et fini dans le lit de Claire, la mère de mon nouvel ami. Drôle de vie. J’ai fui la banlieue parisienne pour vivre ici, à Biscarrosse, une petite station balnéaire perdue entre la forêt et l’océan, aux portes de l’Atlantique où la lumière et les crépuscules ont un avant-goût d’éternité, et où j’écris des poèmes. Sauf que j’ai toujours attiré les emmerdes ou qu’eux aiment bien me coller aux semelles. L’an passé, Max s’est fait tabasser par des dealers parisiens. J’ai repris mes mauvaises manières en jouant au shérif et j’ai manqué de finir éventré ; et depuis Claire m’a fait jurer de ne plus jouer aux flics.
Voilà, tout ceci semble logique s’il n’y avait pas eu ces rencontres étranges avec un chien miteux, un animal abandonné qui vit dans la forêt dunaire de Bisca, un boxer tigré, qui apparaît à chaque fois que je suis au plus mal et qui semble guider mon chemin comme s’il était mon esprit protecteur. J’ai renoncé à le trouver pour l’adopter, parce que tout simplement je ne sais pas s’il s’agit d’un animal ou d’un truc venu de l’au-delà. J’avais d’ailleurs commencé à perdre mes certitudes quand jeune flic, j’avais ramassé des gens qui réchappaient anormalement à des drames, comme se faire rouler dessus par un train, ou qui survivaient à plusieurs coups de feu passés à ras d’organes vitaux ; c’est là qu’on apprend que la mort échoue assez souvent dans ses tentatives, ou qu’il y a des choses étranges et inexpliquées qu’on ne voit pas forcément ; et nous les flics en pareils cas on hausse les épaules et on se dit « bah c’est pas leur jour pour mourir ». Alors, pourquoi un chien abandonné et mangé par les puces ne viendrait-il pas me montrer le chemin ou me sauver la vie en faisant descendre un éclair sur un tueur qui s’apprête à me poignarder ? Voilà le genre de truc qui m’arrive, moi l’ancien flic devenu barista au coffee-shop.
***
Le ciel s’obscurcit. Je bâille en regardant un couvercle nuageux descendre jusqu’à l’ourlet des horizons. Un monde de nuées grises éteint la grande lumière de Bisca. Claire me parle de mille choses, elle a un débit incessant et un cerveau qui tourne toujours trop vite pour un gros matou comme moi. Mais je fais semblant de l’écouter alors que l’envie d’écrire me reprend ; tandis qu’un filet d’innocence scintille comme une eau de roche en montagne et que s’en écoule une poésie sur l’air doux qui nous entoure. Claire a une voix cristalline, et pas seulement parce que la période des soldes commence, mais aussi parce qu’elle souhaite que j’aille à l’interview de Fréquence Grands Lacs pour y parler de mon dernier recueil de poèmes. Alors je fais oui poliment de la tête sans écouter, parce que je suis attiré par cette chape de nuées imbriquées au-dessus de nous, et soudain je souris quand le métal des nuages se fendille et que jaillissent ces épées lumineuses dessinant des écus d’or sur l’océan. C’est ça, je souris ; et je frissonne aussi.
— Et puis, il me faut un nouveau sac Paul Marius. Et aussi ton nouveau pote flic de bordeaux, le commandant Gaétan, le type immature avec ses manies de diva m’a dragué avec beaucoup de flatterie, puis il a enlevé ma petite culotte pour me lécher en comparant mon sexe aux bonbons dans ces coquillages plastiques qu’on suçait quand on était gamins, tu te rappelles les roudoudous ?
— Pardon ?
— Tu vois que tu ne m’écoutes pas !
Je blêmis.
— T’as couché avec Gaétan ?
Claire rit avec l’air d’un lutin malicieux qui aurait pris un gros rat dans une tapette. Je viens de réaliser qu’elle m’a piégé parce que je ne l’écoute pas.
— À quoi penses-tu ? me demande-t-elle aussitôt. Et quand elle m’interroge, elle n’est même pas fâchée après ma goujaterie ; cette fille est en or, en or blanc me dis-je en surprenant un rayon accrocher un des cheveux blancs qui couronnent sa blonde chevelure.
Afin de trouver les mots pour décrire le vide que j’ai dans le crâne je retourne à ma contemplation. Justement, la marée monte ; des vagues se lèvent sous les fouets d’un vent venu des confins déchaînant des déferlantes à l’assaut de la plage, c’est un vent rageur, et les lames d’eau qui lui obéissent creusent des baïnes encerclées de longs courants sournois et dangereux. L’air scintille de sel et les embruns quand ils captent un rayon de soleil forment d’éphémères arcs-en-ciel.
— Je ne pense à rien ici, dis-je à Claire en haussant, impuissant, les épaules. C’est juste que le monde rentre en moi.
— Tu me fais parfois penser à un moine bouddhiste. Au moins quand tu es comme ça. Si on oublie ta capacité à la violence, ton appétit carnivore, tes désirs sexuels, et ta tendance à l’alcoolisme et à la gloutonnerie, mais aussi et de façon non exhaustive à toutes tes formes d’envies compulsives. Du coup, je ne sais pas comment l’espace de dix secondes j’ai réussi à te prendre pour un moine bouddhiste.
— Ouais, alors à un taoïste plutôt.
— Ça y est, mon flic aux gros bras revêt son petit costume étriqué d’intello, tu veux me faire une leçon sur le tao te king ?
— Sur le dao.
— T’es tellement con quand t’es snob, chéri.
— Je fais ce que je peux pour être ton charmant prince, mon amour.
— Alors, à quoi pense un esprit supérieur comme le tien tandis que je parle des soldes et des cadeaux que tu vas pouvoir me faire à Bordeaux, comme un nouveau sac et de nouvelles sandales ?
On se trouve sur un balcon au seuil de l’immensité, dans un de mes endroits préférés, assis à la Siesta, ce café-restaurant en bois posé sur le sable en hauteur des dunes, où j’essaie de refragmenter les rares pensées que j’ai, mais qui se dissolvent face au grondement sourd du ressac.
— Est-ce qu’un psy ou un penseur a expliqué pourquoi, quand je me trouve face à l’océan, mon esprit arrête de tourner dans le vide pour s’ouvrir face à ce qu’il voit ? dis-je d’une voix rêveuse et sans conviction.
— Bien je sais moi, répond Claire. Tu dois être un descendant de l’Atlantide. Ce qui ne t’exonère pas de faire des cadeaux à la sirène que je suis, mon amour.
Claire se lève, effleure ma joue avec sa hanche, ce que j’aime comme caresse en public, puis se dirige vers la serveuse blonde tatouée pour lui commander un autre double expresso pour moi. Cette gentille attention est en réalité la fin de ma récréation contemplative, et il va falloir que j’écoute mon amoureuse dans ses besoins de consommation. J’y peux rien, moi, si j’ai la tête vide. C’est justement ce que je me dis quand je sens la main de Claire s’ouvrir sur mon crâne et ses doigts passer dans mes cheveux. Sa caresse me provoque une cascade de frissons.
Elle s’assoit en face de moi et me demande ce que je vais raconter à radio FGL.
— Je n’en ai aucune idée.
— Bien, je ne sais pas moi. Hervé Delrieu est un passionné et il va vouloir du fond. Il va même te cuisiner.
C’est là qu’on me sert mon double expresso et que la vue des vagues me happe à nouveau.
— Comment je m’habille ce soir pour la fête du lac de Sanguinet ?
Claire me sourit avec insistance, façon de me dire que je dois être concerné par un sujet aussi fondamental. J’esquisse un sourire impuissant.
— On va retrouver Max, dis-je, qui va nous présenter ses potes de fac, faut que tu sois habillée en maman surfeuse.
Mais mon argumentation ne convainc pas, je n’ai pas trouvé les bonnes formules pour Claire qui s’enfonce en plein doute vestimentaire.
L’océan a le dos parcouru de chevaux bleus à l’encolure d’écume. Mon double expresso a coulé dans ma gorge, épais et amer comme le sang d’un démon, comme je