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4 rencontres d'Halloween: Histoires courtes Halloween
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4 rencontres d'Halloween: Histoires courtes Halloween
Livre électronique202 pages2 heures

4 rencontres d'Halloween: Histoires courtes Halloween

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À propos de ce livre électronique

4 rencontres qui font boum dans la nuit : un peu improbables, un peu magiques, un peu dangereuses. 

L'inconnu.e ténébreux.se qui vous aborde le 31/10 n'est peut-être pas le gendre / la bru idéal.e, mais en tout cas, ce qui est certain, c'est qu'avec lui/elle, vous ne vous ennuierez pas. 

Dans ce recueil, vous trouverez 4 longues nouvelles : 

Fils de l'orage : En voulant sauver son chat de l'apocalypse, une Alice aux pays des merveilles parisienne bascule dans le monde ombrageux et hilarant des demi-dieux grecs et nordiques. (nouvelle déjà publiée dans Les orageuses en 2022) 

Flirt d'Halloween : Le vampire qui drague pour se nourrir ne se doute pas qu'il va finir en abat-jour, et plus — beaucoup plus — si affinités.  (nouvelle déjà publiée dans A la vie, à la mort en 2020) 

Une couleur : une quête magique du bonheur près de chez soi avec des sorcières pestouilles, un zombi joliment recousu, et beaucoup d'échanges épistolaires. 

Fréquentations terrestres : une ange chasse son blues du plafond de verre en démasquant un complot magique avec l'aide d'un démon pas si infréquentable. 

Sortez les plaids, les théières et les marrons chauds ! C'est l'heure de se pelotonner au coin du feu pour un moment d'évasion.

LangueFrançais
ÉditeurCharlotte Munich
Date de sortie31 oct. 2023
ISBN9782493641359
4 rencontres d'Halloween: Histoires courtes Halloween

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    4 rencontres d'Halloween - Charlotte Munich

    4 Rencontres d’Halloween

    4 Rencontres d’Halloween

    CHARLOTTE MUNICH

    © 2023 Charlotte Munich

    Tous droits réservés

    ISBN : 978-2-493641-35-9

    Table des matières

    Fils de l’orage

    Flirt d’Halloween

    Une couleur

    Fréquentations terrestres

    Un petit mot au sujet des histoires d’Halloween

    De la même autrice

    Fils de l’orage

    Chapitre 1

    Haut dans le ciel au-dessus de la ville, les masses nuageuses s’avancent l’une vers l’autre tels deux gigantesques navires de guerre lancés à pleine vapeur, auréolés de mort et de fumées de canons. Rien ne permet de distinguer l’un de l’autre les deux équipages : ni pavillon, ni figure de proue. À l’échelle de la fourmi, c’est bonnet blanc et blanc bonnet, ou plutôt, à ma droite, sombre cauchemar, et à ma gauche, ténèbres infernales.

    Entre les deux ça souffle fort, il y a comme un torrent d’air, d’eau ou de neige, parcouru d’éclairs aveuglants qui se font de plus en plus intenses au fur et à mesure que les deux tours d’assaut se rapprochent. La collision est prévue pour cette nuit et ça commence déjà à sentir l’ozone.

    Je les admire de mes fenêtres avec une terreur mêlée de fascination, comme la moitié de Paris. Surtout que les températures sont étonnamment douces pour la saison, vingt-quatre degrés en début de soirée d’Halloween, c’est du jamais vu. C’est un appel du pied pour dîner en terrasse ou je ne m’appelle pas Aliénor.

    Justement, j’ai un balcon coincé entre les deux pentes de zinc qui protègent ma mansarde. On y accède par le chien assis, en enjambant l’appui de fenêtre du studio. Il est minuscule. Il y a juste assez de place pour une table de bistrot et une chaise pliante, un chat noir, un basilic en pot et une assiette de tomates mozzarella qui a la saveur sucrée d’un petit plaisir d’été au bord de l’apocalypse.

    Dans la rue en bas ça court un peu dans tous les sens, et pas vraiment pour extorquer des bonbons aux honnêtes gens. Les magasins de bricolage sont pris d’assaut depuis le début de la semaine, lorsqu’un présentateur météo, yeux fiévreux et cravate de travers, a annoncé le caractère inéluctable de « l’épisode ». Comme dans une tragédie grecque, on n’y coupera pas : on ne sait pas encore comment ça fonctionne, probablement une autre conséquence du réchauffement climatique qu’on n’avait pas bien anticipée, mais ces deux monstrueux fronts orageux semblent déterminés à se rentrer dedans au-dessus de nos têtes, portés par des vents contraires lancés à des vitesses phénoménales. L’espèce de gouffre lumineux qui se creuse entre les deux supercumulonimbus, c’est la « baïne » par laquelle l’air doit inévitablement s’extraire de cette confrontation. Autant dire qu’il y a du frottement sévère dans cette zone-là, et si j’ai bien compris, c’est pour ça qu’elle luit aussi fort. Même si bien sûr toutes les religions ont essayé de récupérer ça à leur compte.

    Les Parisiens, pour la plupart, ont décidé de rester et de se barricader. Il y aura sûrement des soirées en ville ce samedi soir d’Halloween : ils ne vont pas se laisser chambouler la vie par un petit orage de la fin du monde de rien du tout. Celui qui les empêchera de faire la fête n’est pas encore né. C’est juste que cette nuit, ça aura lieu derrière des volets renforcés et probablement à la lueur des bougies.

    Perso, j’aurais bien aimé avoir une cave dans laquelle me calfeutrer. Un de mes collègues de la librairie ésotérique, Corvus, m’a proposé une soirée pyjama dans son souplex, et j’ai accepté, ça paraissait quand même une bonne idée. C’est dans le quartier, j’irai d’ici cinq minutes.

    Belphégor, mon chat, a doublé de volume cette semaine, c’est l’électricité statique qui lui a ébouriffé le poil. Il est aussi plutôt à cran la plupart du temps, du genre à griffer la main qui apporte les croquettes. Puis parfois il fige, par exemple maintenant, en équilibre sur la balustrade une patte en l’air, les oreilles dressées et le regard perdu vers les nues. Bref, c’est un chat. Si quelqu’un a un mode d’emploi, je veux bien.

    Je prends quelques photos du ciel d’encre de Chine au-dessus des toits de zinc et d’ardoise. Je suis vraiment aux premières loges, c’est dommage de partir maintenant, mais il paraît que ça va barder. Le panier de voyage de Belphégor est déjà posé sur le bord de la fenêtre et je fais les bruits de roucoulement qui marchent parfois sur ma bête.

    — Belphégor. Viens, mon gros.

    Mais vouloir mettre Belphégor en cage, c’est comme essayer de forcer un ado à utiliser le panier de linge sale. C’est un scandale, c’est ça la véritable fin du monde. Quand il entend ma voix, le matou tourne lentement la tête pour me fusiller de son regard vert et me faire savoir toute sa haine de la caisse en plastique percée de troutrous.

    En me sentant très hôtesse de l’air, j’exhibe un par un les appâts que j’ai prévus pour l’occasion : son jouet préféré qui fait couic couic, des friandises pour chat en grandes quantités, et son doudou de toujours qui… pue très fort. Je les place l’un après l’autre dans le panier avec des gestes ostensibles et un sourire enjôleur.

    Sourire qui se crispe un peu quand le félin décide de m’ignorer pour se concentrer à nouveau sur le phénomène météo inédit. Et qui vire à la grimace d’horreur quand soudain il se met en mouvement, mais dans la mauvaise direction, le long de la balustrade, puis, d’un bond, sur le toit de zinc à la pente traîtresse.

    — Belphégor ! Non !

    Trop tard. Il ne se retourne même pas. Il saute sur la fenêtre du voisin qui est déjà toute barricadée, puis de là, jusqu’au faîte hérissé de cheminées et d’antennes de tout poil.

    Quelle tuile. J’aurais dû le séquestrer bien plus tôt, ne pas attendre la dernière minute. Je suis faible avec cet animal, je lui laisse la liberté dont j’aime jouir moi aussi. Résultat, il est ouragan moins cinq et Môssieur part en balade.

    Je tente la voix de la raison et je le hèle sur son perchoir.

    — Je crois que t’as pas bien compris, là. On va se prendre le ciel sur la tête. C’est du sérieux, mon p’tit pote. Il faut qu’on se mette à l’abri.

    Belphégor s’est assis sur le faîte en faisant tourner quinze fois autour de lui sa queue ébouriffée, genre je cherche le meilleur spot sur la tôle pour me chauffer le popotin. Il jette un discret coup d’œil en arrière pour vérifier que j’ai bien remarqué qu’il me tournait délibérément le dos.

    Ce chat va me rendre chèvre. Un soupir et j’enjambe à mon tour la balustrade. Je n’ai jamais tenté l’escalade et s’il ne se préparait pas un orage de cette ampleur, j’abandonnerais juste le matou là où il est en laissant ma fenêtre ouverte pour qu’il puisse rentrer plus tard.

    Des visions de Belphégor traversent mon imagination : je regarde impuissante mon chat tournoyer dans les airs, tous poils hérissés et toutes griffes dehors, hurlant et crachant à la mort tandis qu’une tornade l’emporte et que je pleure toutes les larmes de mon corps.

    Le problème c’est qu’au cours des deux dernières minutes une espèce de vent s’est levé et que ça n’aide pas vraiment aux manœuvres. C’est comme si Belphégor avait compris que la tempête commençait et qu’il avait choisi pile ce moment-là pour me faire suer.

    — Allez, quoi, lancé-je en élevant la voix pour couvrir le bruit des rafales qui glissent sur les plaques de zinc et caressent les gouttières. Reviens !

    Cette fois j’y suis — je le fais. J’escalade le toit de mon immeuble. Je vais tomber et me casser tous les os, mon crâne va éclater et mon cerveau s’en échapper et glisser sur le trottoir comme le jaune d’un œuf mollet. Il y a une sorte d’escalier pour les ramoneurs, les couvreurs et tous les autres équilibristes qui montent ici. Du moment que je ne regarde pas en bas, ça devrait aller…

    Oups, j’ai regardé en bas. Très loin, les Parisiens s’activent comme des fourmis. Un couple déguisé en sorciers à baguette magique croise un type en costard qui porte des planches et un marteau. Je n’aurais pas dû jeter un œil dans cette direction, parce que maintenant le vide veut me happer.

    — Belphégor ! crié-je à nouveau, et c’est à moitié un rappel à l’ordre et à moitié un appel au secours.

    — Miaou ! daigne-t-il répondre.

    Il a toujours le nez en l’air.

    Je me disais de ne pas regarder en bas, mais en fait, c’était en haut qu’il ne fallait pas regarder.

    La fontanelle entre les deux orages est devenue si fine et la lumière qui filtre à cet endroit, si intense, qu’elle éclaire l’orage par transparence et que l’on voit les éclairs à l’intérieur et des sortes de… masses plus sombres ? qui évoluent dedans.

    Puis dans un bruit de déchirure, un morceau d’orage lâche, plein d’une noirceur veinée d’éclairs. Une poche s’est crevée et maintenant quelque chose se déverse sur Paris. Des trombes et des trombes d’eau vont s’abattre sur nos têtes dans cinq… quatre… trois… deux…

    La première goutte s’abat sur le toit entre Belphégor et moi avec un énorme boum qui fait trembler le zinc et résonne dans mes os.

    — Belphégor ! Tiens bon !

    Maintenant c’est aplati par l’averse, le poil plaqué contre ses petits os maigres, et se noyant littéralement dans une goutte d’eau que je vois mon chat.

    Puis d’autres coups frappent la toiture pendant qu’au lieu de battre en retraite je gravis de plus en plus vite les barreaux de mon échelle en rentrant le cou dans les épaules et en appréhendant le premier impact. Si les premières gouttes sont comme ça, qu’est-ce qu’on va prendre quand la véritable averse se déclenchera !

    Une pensée soudaine me tétanise presque de peur : en fait, ce ne sont pas des gouttes de pluie, ce sont des grêlons géants. Mon chat va mourir écrabouillé, et moi aussi, très probablement.

    Je suis presque arrivée sur le faîte qui est quasiment plat. Je me hisse, le cœur battant, ravalant le vertige du surplomb, et cherche des yeux mon chat. Ma vision périphérique perçoit des cratères dans la tôle, mais tout est sec et pas un atome de glace non plus.

    Belphégor me fixe du regard et j’ai presque l’impression qu’il me raille parce que j’ai du mal à suivre. Ce chat aura littéralement ma peau.

    Ou bien non : ce qui aura ma peau, c’est la crise cardiaque qui éclate dans ma poitrine quand une silhouette sombre se dresse tout à coup sur mon passage. On dirait un être humain, mais en forme d’ombre. Ses contours sont flous et mouvants, ou bien peut-être est-ce le sang qui n’arrive plus très bien à mon cerveau et je suis déjà en train de tomber dans les pommes. Avant de partir en arrière pour m’écraser dans la rue six étages plus bas, ou pire encore, dans cette petite cour horrible pleine de mégots et de pigeons crasseux, j’ai juste le temps de sentir que des bras m’attrapent et tentent de me retenir.

    Chapitre 2

    La mort n’est pas un tunnel au bout duquel brille une lumière. Enfin, pas exactement. La mort est une pièce aux murs de fumée et au sol de brouillard dont les angles ne sont pas droits et dont le plafond crépite à intervalles irréguliers. La mort c’est dormir dans un lit de nuages d’orages et ne même pas avoir froid.

    En fait, la mort, au fond, est une expérience déroutante, mais pas foncièrement inconfortable.

    Voilà. C’est comme ça que je résumerai les choses quand on me tendra le micro.

    — Ah, tu es réveillée.

    La mort, c’est le petit déjeuner au lit servi par un bel homme en cape de tonnerre qui ne porte pas de T-shirt dessous.

    Ouah, la mort c’est devenir poète quand toute sa vie on a été nulle en français.

    La mort c’est....

    — Mais qu’est-ce que tu racontes ? s’agace le type en cape de tonnerre en me collant le mug fumant sous le nez.

    J’attrape la boisson

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