Les Défricheurs d'Infini: Tome III : Le Faucon
Par Johnny Phoenix
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À propos de ce livre électronique
Nous, notre or, ainsi que notre plus chère richesse : l’EAU ?
Un trésor inestimable que les dirigeants de cette méganef auraient dénommé l’OR BLEU.
Un mystère que s’apprête à élucider John Falco : le FAUCON.
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Aperçu du livre
Les Défricheurs d'Infini - Johnny Phoenix
Les Défricheurs d’Infini
Johnny Phoenix
Les Défricheurs d’Infini
Tome III : Le Faucon
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2019
ISBN : 978-2-312-07092-6
À Patricia
« Je me suis armé d’un coutelas
D’une lame à double tranchant
Cette douleur écoute-la
Écoute son chant »
Gérard Manset
John Falco
John Falco décrivit quelques orbes devant l’entrée de l’oasis. Un léger vent de face soulevait au sol le sable rouge du désert. Il redressa les ailes de son Pèlerin : un astroplane à turbines uraniques, pour se stabiliser en vent arrière. À peine cent mètres le séparaient du sol.
Au bout de quelques secondes, le birdfire noir s’arrêta exactement où son pilote l’avait décidé.
John Falco, que l’on surnommait le Faucon, descendit sous l’obscurité des gros arbres à contreforts. Il contempla un instant le sillon dessiné dans le sable par la machine volante. Son regard s’attarda ensuite sur l’ombre de l’astroplane.
Autour du grand trèfle sombre imprimé dans le sable, de la vaste croix noire symbolisant l’âme de l’oiseau de pyrotitane et d’ultraramyde, les traces ne laissaient plus aucun doute. Elles indiquaient sans conteste le passage d’une troupe de caracoleurs : les chevreuils des oasis…
Le Faucon renversa sa longue chevelure bleue. Puis il sortit de sa sacoche de portière son antique carabine, armée d’un puissant silencieux. Il la plaça en bandoulière. Il empoigna dans la foulée l’anneau de tractage manuel, encastré sous le nez du birdfire, afin de le traîner jusqu’au premier layon. À un jet de pierre.
Un mode cryptique était intégré au boîtier de mise en veille de l’appareil. Celui-ci aussitôt enclenché, le Pèlerin replié se confondit aux couleurs des branchages. Il adoptait ainsi l’apparence d’une gigantesque punaise tigrée : un réduve géant, tapi sous les larges feuilles laciniées des monsteras. Un déplacement de plus d’un mètre de l’astroplane ferait de toute façon déclencher l’alarme vibrante du sniper, intégrée à son bracelet de brousse multifonctionnel.
Ce ne fut qu’après ces brèves dispositions, que le Faucon se mit enfin en route. Non sans avoir jeté un dernier regard derrière lui : un aveuillement sur le désert.
Le soleil déclinant déjà au-dessus du sable rouge lui signalait son coucher dans moins de quatre heures. Il tâtonna à travers la poche faîtière de sa besace, où un étui rigide protégeait ses lunettes à grossissement spécial.
Après une vingtaine de pas, l’oasis se métamorphosa en l’ascidie d’une colossale fleur carnivore. Qui happa bientôt John Falco en sa vultueuse langue de latérite…
***
2212. La Terre n’est plus qu’un désert.
Là où s’épanouissaient encore, il y a bien plus d’un siècle, les grandes jungles équatoriales, ne subsistent plus que d’immenses oasis. De vastes biosphères vertes qui s’acharnent à puiser les dernières nappes d’eau contaminée.
Les plus larges parmi ces reliques florales, celles du Bassin Amazonien, émaillent çà et là le désert démesuré de latérite. Elles restent alimentées par un Amazone, réduit quant à lui à l’état de ce que fut jadis le Fleuve des Pharaons.
Cette ceinture désertique, cette tonsure circumterrestre, avait fini par donner raison aux paroles d’un prophète, désormais enfouies dans le sable :
« Les forêts précèdent les hommes
Les déserts les succèdent. »
John n’avait jamais pénétré cette oasis. Mais pour l’avoir survolé de suffisamment haut, il estimait son périmètre à environ deux cents kilomètres. À la faveur de la nuit, de grandes migrations de gibiers se produisaient au travers du désert. Pour passer d’une oasis à une autre, les bêtes devaient parfois parcourir plusieurs centaines de kilomètres, poussées par les prédateurs, ou plus rarement par leurs propres congénères parvenus en surnombre. Seuls les oiseaux et les quadrupèdes les plus rapides pouvaient se permettre le périlleux exode. Une harde de caracoleurs était capable de galoper tranquillement, à presque soixante kilomètres par heure. Elle enchâssait ainsi, dans le sable du désert, la trace de ses sabots en forme de menus croissants de lune, très caractéristiques de l’espèce.
John les avait donc repérés du haut de son Pèlerin. Pas moins d’une dizaine d’individus indiquait son entrée dans la forêt. Un premier ruisseau, qui devait s’écouler du déversoir d’un marais, situé en amont, enjambait à présent le layon vermeil. Les empreintes dans la boue, profondes, et mêlées à des excréments, signalaient au Faucon que ses proies s’étaient attardées ici, afin de s’abreuver. La chevauchée nocturne sur l’étendue de sable rouge avait dû être éprouvante. L’issue de la poursuite devenait inéluctable. Car ces traces s’effaçaient au-delà du ruisseau.
Dans le mince filet d’eau, le pâle reflet de son visage renvoyait au chasseur l’éclat insolite de ses yeux rouges. Une anomalie congénitale. John Falco était un NUKTAL.
Il naquit en Amazonia d’une mère amérindienne. C’est tout ce dont le Faucon se souvenait à propos de ses origines. Il n’avait connu son père autrement que grâce à de sombres photographies, que possédait encore sa mère. Un Américain quant à lui. Ce dernier venait d’intégrer, à Universalia, un nouveau programme spatial. Qui encadrait la construction d’un vaisseau interplanétaire d’un nouveau type. Et c’est alors qu’il avait rencontré sa femme : une jeune institutrice d’Amazonia.
Jason Falco exerçait le métier d’architecte en aérospatial. Il était né à Manhattan, au pied de la Statue de la Liberté. Il avait subitement mit fin à ses jours, quelques semaines après avoir vu péricliter le projet du vaisseau révolutionnaire, jugé en définitive inconcevable. D’une balle dans l’œil droit.
Sylvia lui affirmera plus tard, entre deux crises d’hystérie, que son mari s’était beaucoup trop investi dans le programme DORAGON, au point d’en avoir perdu la raison. Et a fortiori : la vie elle-même.
John célébrait ce soir-là son sixième anniversaire. Ses joyeux amis étaient tous réunis en cette occurrence autour d’un splendide gâteau. C’était sa mère qui s’évertuait, en bon échanson, à fournir les verres de ces chérubins en nectar pétillant. Personne ne s’inquiétait plus du retour de Jason Falco. L’Alchimiste, comme le dénommaient ses confrères, avait coutume de rentrer toujours très tard, déférent aux fréquentes exigences de ses employeurs. Ce fut le vent, qui s’engouffrait par la porte demeurée grande ouverte, qui avait réussi par éteindre les bougies de la table désertée. Un véhicule avait freiné bruyamment devant la maison festoyant. Et sa mère, comme possédée d’un pressentiment, s’était ruée vers l’ombre d’un homme au grand nez aquilin. Engoncé dans son manteau de nuit. Et puis, elle s’était mise à hurler, hystérique. Des hurlements déchiquetés de sanglots. Comme la courroie usée de ces vieux moteurs d’autrefois, elle finira par craquer. Sylvia achèvera sa destinée dans un camp d’aliénés.
Il avait repris les minces traits de son père. Sa toison d’azur, son visage ascétique, sa taille moyenne : un mètre quatre-vingt-cinq, étaient soutenus par une musculature puissamment athlétique. Ses yeux rouges de Nuktal effrayaient néanmoins ses camarades. Dans cet orphelinat d’Universalia. Où il fut mis à la porte, sans autres civilités, dès l’âge de sa majorité.
De modestes travaux de force, glanés durant une quinzaine d’années, le conduisirent insidieusement à sa passion. John aimait par-dessus tout piloter. Voler était désormais tout ce qu’il réclamait de l’existence. Et pour se nourrir, tout comme l’oiseau de proie, il chassait.
C’est finalement pour toutes ces percutantes raisons, si fidèles à son nom, qu’on l’a surnommé, si judicieusement : Le FAUCON !
Ankaa
Henri Susky était à bout de patience. Il bouillonnait. Il se retrouva animé bientôt d’une rage irrépressible. Il pria sa fille Ankaa de convoquer dans l’urgence l’ingénieur en chef des travaux. Ce dernier entra, peu de temps après, dans le double-conteneur de quarante pieds, qui faisait office de bureau, suivi de la belle Ankaa, et de son gros garde du corps répondant au sobriquet d’Urubu.
– La porte, Urubu ! Je n’ai pas l’intention de rafraîchir toute la forêt, bordel !
Le grand Noir, taillé comme un vautour de deux mètres sur pattes, referma délicatement la porte aménagée dans la paroi, pixelisée à la militaire du double-conteneur.
– Eh bien qu’attendez-vous donc monsieur Van Damme, pour vous asseoir ?
L’ingénieur : un grand chauve aux yeux bleus, au scalp recuit par le soleil équatorial, ne se fit pas prier davantage. Il obtempéra séance tenante.
– Vous m’aviez promis deux jours, Régis ! Alors dites-moi donc ce qui ne va pas avec la pompe numéro Un, cette fois encore ?
– Le problème ne se situe plus dans la pompe, Henri ! Il va nous falloir remplacer toute la tuyauterie de la station principale. Vous savez tout comme moi que la moindre fissure occasionne un désamorçage du générateur. Je ne crains fort que la vétusté des conduites ne soit en cause. Cela expliquerait les arrêts récurrents du complexe d’aspiration numéro Un.
– Mais puisque vous le craignez à ce point, Régis, pourquoi ne pas vous en assurer au préalable par une inspection méticuleuse de visu ?
Ankaa anticipa la réponse de l’ingénieur en chef :
– Père ? Il leur faudrait extraire pour cela plus de quatre cents mètres de boyaux…
– Sans compter, surenchérit l’ingénieur, que la vérification devra s’opérer centimètre par centimètre, si l’on tenait vraiment à procéder au colmatage. Tout en souhaitant qu’une unique faille se présente. Et idéalement au début, cela va sans dire.
– Alors trêve de prétérition, monsieur Van Damme ! Je veux vous voir passer à l’action immédiatement ! Rappelez-vous que notre site de forage est ce qu’il y a de plus clandestin. Et après tous les risques que nous avons encourus afin d’acheminer jusqu’à l’Île Verte le stock optimal dissimulable, importer du matériel de remplacement équivaudrait sans aucun doute au suicide de notre opération. Il vous faudra réparer in-situ mon ami. Je déléguerai donc à ma fille Ankaa la supervision de la poursuite des travaux de puisage.
Mais Ankaa s’insurgea aussitôt. Elle adressa à la Harpie son farouche regard de métisse amazonienne :
– Père ? Nous t’avions rapporté tout à l’heure l’incursion d’un petit aéroplane par l’une des entrées est de l’Île Verte !
– C’est Urubu, ma jolie, qui se chargera de ces importuns ! Prends deux hommes avec toi, grand ! J’exige que tu me ramènes les occupants de l’aéronef ! En vie de préférence. Des otages peuvent s’avérer utiles en cas de démantèlement.
Mais Ankaa