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Colonie : Les premiers: Tome 2
Colonie : Les premiers: Tome 2
Colonie : Les premiers: Tome 2
Livre électronique353 pages4 heures

Colonie : Les premiers: Tome 2

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À propos de ce livre électronique

Les hommes ont envoyé une mission de colonisation vers une planète ou les conditions de vie seraient identiques à la Terre. Environ huit cents volontaires, civils et militaires, s’engagent dans une mission sans retour. Après un voyage en stase qui durera trente-huit ans, ils doivent édifier une colonie sur le sol de ce Nouveau Monde qu’ils ont baptisé Lone. Ils ne recommencent pas à partir de rien. Les immenses soutes du New Hope regorgent de matériel (constructions modulaires, véhicules, outils d’extractions…) et de vivres. En outre, le vaisseau dispose d’une intelligence artificielle de dernière génération qui doit les mener à bon port et intégrer sur place des espèces terriennes, faune et flore, qui devraient les aider à s’installer et à se développer. C’est une nouvelle civilisation sur un monde vierge qui commence. Vierge, pas tant que ça. Cette planète est déjà habitée et, forcément, rien ne va se dérouler en suivant le plan.
LangueFrançais
Date de sortie11 août 2015
ISBN9782312034331
Colonie : Les premiers: Tome 2

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    Aperçu du livre

    Colonie - J.M. Varlet

    cover.jpg

    Colonie

    J.M. Varlet

    Colonie

    Les premiers – Tome 2

    LES ÉDITIONS DU NET

    22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    © Les Éditions du Net, 2015

    ISBN : 978-2-312-03433-1

    Table des matières

    Table des matières

    Avant-propos

    Précédemment

    Chapitre 1

    Chapitre 2

    Chapitre 3

    Chapitre 4

    Chapitre 5

    Chapitre 6

    Chapitre 7

    Chapitre 8

    Chapitre 9

    Chapitre 10

    Chapitre 11

    Chapitre 12

    Chapitre 13

    Chapitre 14

    Chapitre 15

    Epilogue

    Liste des personnages par ordre d’apparition

    Avant-propos

    Lorsque j’ai besoin de calme, de prendre la distance avec la réalité qui m’entoure, je vais sur Lone.

    Il n’est pas nécessaire de voyager trente-huit ans à travers l’espace, mon imagination est bien plus rapide. Connaissant parfaitement cette planète, je sais ou rien, ni personne, ne peut m’atteindre.

    Laissez-moi vous emmener, sans prétention,  dans un de mes lieux secrets:

    Nous sommes assis sur la pente d’une colline. L’herbe sauvage, qui nous entoure, monte au niveau de nos épaules. Nous avons dû en écraser un peu afin de poser une couverture. Son toucher est doux et soyeux sous nos mains.

    Le soleil est haut et ses rayons nous réchauffent, juste ce qu’il faut pour être agréable.

    Dans le ciel, d’un bleu parfait, quelques rares nuages presque transparents s’étirent paresseusement.

    On peut distinguer, au loin, un couple d’oiseaux qui plane dans les turbulences. Ils utilisent les courants ascendants pour s’élever sans effort dans une poursuite amoureuse.

    Le paysage qui s’étale devant nous est une succession de petites collines, et de vallées, où ne pousse que cette pelouse épaisse, tout en nuance de vert.

    Les longues tiges dansent dans le vent, en mouvements d'ensembles comme des vagues sur l’océan. Elles exhalent une discrète odeur sucrée qui rappelle un peu les pâtisseries.

    Le souffle, qui fait frémir la végétation, caresse notre visage. C’est une respiration profonde, lente.

    Ici, rien ne peut vous atteindre, vous êtes loin de tout… de tous…apaisé.

    Tout votre esprit et concentré sur le flux et le reflux du bruissement de l’herbe et de l'air.

    Vous pouvez rester là aussi longtemps que vous le souhaitez.

    Détendez-vous

    Précédemment

    Il y a près de quatre mois, les humains ont débarqué sur une nouvelle planète.

    Après une course de trente-huit années à travers l’espace depuis la Terre, le premier vaisseau de colonisation est arrivé à destination.

    Piloté automatiquement par Noé, une intelligence artificielle, il a franchi tous les obstacles et termine son voyage de façon quelque peu mouvementée sur le sol de Lone.

    Les huit cents membres de l'expédition, qui émergent à peine de leur long sommeil, ne comprennent pas tout de suite que l’ordinateur, supposé veiller sur leur intégration dans l’équilibre biologique de leur Nouveau Monde, œuvre sur un plan plus large que la seule échelle humaine.

    Le premier à réaliser la mesure du danger, l’amiral Brian, responsable de la mission, le paye de sa vie.

    Ignorant totalement ces éléments, Alex Kearney, le second du vaisseau devient, par ordre de succession, le commandant de la base en développement.

    Le village modulaire, construit à flanc d’une des collines qui borde le site d’atterrissage, prends naturellement le nom de New Hope, comme l’astronef qui les a amenés ici. À quelques vallées de là, un fleuve s’écoule paresseusement en serpentant vers l’océan.

    Ils sont pour la première fois confrontés à la faune locale qui se présente en premier lieu sous l’apparence de paisibles ruminants qui ne semblent pas s’intéresser aux nouveaux arrivants.

    En revanche, les chevaux et les bisons, deux des espèces importées pour soutenir le développement de la nouvelle civilisation, disparaissent dans les plaines à peine réveillés.

    Des cultures sont lancées sur un sol particulièrement fertile, recouvert initialement d’une herbe sauvage, haute, qui pousse à une vitesse impressionnante.

    Au cours d’une reconnaissance jusqu’à l’océan, les colons apprennent qu’ils ne sont pas l’unique forme de vie capable d’utiliser des armes. De gigantesques pieuvres peuplent le rivage et le sang est versé pour la première fois.

    La navigatrice, Scarlett Dryden, responsable également de l’informatique, s'aperçoit du dysfonctionnement de Noé. Elle prend peur lorsqu’elle réalise que les efforts de l’IA visent à intégrer des espèces terriennes à sa guise, avec pour seule priorité l’équilibre naturel de la planète dans son ensemble. Pressentant une menace pour les humains, elle alerte  l’encadrement de la mission, le nouveau commandant et son second, Erine Day.

    C’est sans compter les capacités de Noé. Celui-ci anticipe la réaction de l'équipage et déplace l’intégralité des unités qui le constitue au moyen de drones à bord d’une des deux navettes de l’astronef. Il prend la fuite sans laisser de traces et disparait vers les montagnes. Pour garantir l’égalité des chances des espèces, il les déconnecte de la station géostationnaire d’observation, part avec l’ensemble des bases de connaissance, une vaste animalerie en stase, coupe les réseaux de surface et les prive des communications avec la Terre. Il emporte aussi avec lui l’intégralité des relevés faits pour la préparation de la mission.

    Les colons ignorent qu’il fait la rencontre d’une forme de vie ailée, de grande taille, qui endommage gravement son appareil et le contraint à un atterrissage de fortune, à peine parvenu aux montagnes, au fond d’une gorge encaissée.

    Isolés, ils poursuivent leur installation en appliquant le plan prévu à court terme, seules directives et données encore entre leurs mains. Ils terminent les constructions, fortifient le village et organisent la collecte des ressources sous la surface avec les outils techniques apportés avec eux. Les foreuses quittent New Hope avec une cinquantaine de personnes pour rejoindre l'unique site de prospection connu sous les ordres d’Edward Jackson, l’ancien mécanicien navigant de l’astronef.

    De nombreux couples se forment naturellement et les choses suivent leur cours paisiblement.

    Dépourvu de moyen de transport, un talentueux jeune biologiste passionné de technologie, Abel Maas, parvient à élaborer un modèle de véhicule parfaitement adapté à l’environnement : le ranger. Une petite chaine de montage est créée pour suppléer au manque de fiabilité des trop rares voitures électriques, à la disparition des chevaux et l’incapacité de pouvoir utiliser les gros herbivores à des fins domestiques.

    Dans un acte désespéré, Erine Day, qui est la seule pilote aguerrie de la mission, tente le tout pour le tout.

    Elle subtilise la dernière navette avec ce qui reste de carburant pour rejoindre la base géostationnaire et reprendre le contrôle.

    C’est alors que Noé se manifeste de nouveau. Il les observe et les entends par tous les outils technologiques en leur possession, il connait ses intentions et ne la laissera pas réussir, par tous les moyens…

    Chapitre 1

    À des centaines de kilomètres, au fond d’une gorge rocailleuse parcourue par un blizzard glacial, reposait l’épave désarticulée de la navette numéro un.

    Les ailes totalement déchiquetées jonchaient les rocs nus de lambeaux de métal torturés.

    Les blocs de propulsion éventrés étaient disséminés tout le long du sillon d’une cinquantaine de mètres qu’avait faits l’engin lorsqu’il s’était écrasé là.

    À l’intérieur de l’appareil, le poste de pilotage abandonné était presque totalement mort, à l’exception d’une série de voyants qui témoignait du bon fonctionnement du noyau énergétique.

    À demi broyé, l’habitacle était enfoncé sur le côté qui avait frappé le sol. Le siège du pilote arraché de son support était coincé sous le tableau de bord, heureusement vide.

    De profondes coupures avaient déchiré tout ce qui s’y trouvait, extrayant les composants au passage.

    Le vent sifflait par les multiples brèches de la coque, laissant par endroits des petites congères de neige dans la soute.

    Les unités qui constituaient l’entité artificielle que les humains avaient baptisée Noé y étaient toutes entassées pêle-mêle. Elles gisaient là où les chocs les avaient projetées.

    Quelques-unes restaient inertes, mais nombreuses étaient celles qui fonctionnaient encore et demeuraient reliées les unes aux autres comme les différentes parties d’un cerveau.

    Les containers de stase, sortes de grosses armoires, renfermant divers échantillons de faune terrestre, étaient hors de service. Ceux qui avaient rompu leurs sangles avaient fracassé les autres. Ils baignaient dans une brume froide issue des flaques de liquide cryogénique. Pour parvenir à ses fins, l’IA avait déjà disséminé la plupart des spécimens qu’il jugeait intéressants bien avant sa fuite, et sans que les humains n’en soient avisés.

    Les drones avaient rangé au mieux le matériel, réparant ce qui pouvait l’être dans les premières heures qui suivirent le crash.

    Depuis, il n’en avait plus qu’un.

    À la manière d’une infirmière soucieuse de son patient, dressé sur ses chenilles, il était au chevet de Noé, veillant au bon fonctionnement de chaque unité. Il assurait la maintenance au moyen de ses bras télescopiques avec les pièces détachées qu’il récupérait sur les machines inutilisables.

    À chaque fois qu’un de ses compagnons avait réussi à s'extraire du défilé où gisait la navette, une mystérieuse créature le détruisait avec sauvagerie.

    Le seul drone volant en état avait été intercepté lors de sa première sortie. Le brouillard épais n’avait pas permis à Noé d’obtenir suffisamment d’information vidéo sur ce qui s’était passé. L’engin avait été frappé sur le dessus et n’avait pu reprendre le contrôle avant l’impact au sol. Le flux de données avait été interrompu.

    L’ordinateur avait alors envoyé un drone roulant pour installer une antenne à l’extérieur de la gorge où les parois abruptes bloquaient les ondes. La machine avait à peine posé le relais qu’une masse énorme s’était abattu sur elle.

    Elle l’avait totalement détruit.

    La caméra avait été mise hors de service au bout de quelques secondes, mais les images transmises lui apprirent que la créature était ailée, de la taille d’un éléphant et munies de serres suffisamment résistantes pour déchirer le métal. Elle avait un bec large et puissant, tout aussi solide. Ses yeux ressemblaient beaucoup à ceux des rapaces dont il avait les informations dans sa base de connaissances.

    Bousculé pendant l’assaut, le relais avait été projeté une dizaine de mètres plus loin.

    Un second drone avait été envoyé quelques jours plus tard.

    Il avait eu le temps de repositionner l’antenne, mais fut intercepté sur le chemin du retour, juste à l’entrée du défilé.

    Ses composants étaient désormais disséminés sur une large surface.

    Les créatures étaient au nombre de trois, et elles remontèrent entre les falaises jusqu’à l’épave.

    Après avoir tenté, en vain, d’accéder à la soute, elles s’étaient acharnées quelques instants sur le poste de pilotage, parvenant même à engager parfois un long membre velu, déchirant tout sur son passage.

    Elles avaient fini par faire demi-tour, mais Noé en avait déduit qu’il devrait rester discret un certain temps.

    Depuis, seuls les témoins de fonctionnement des unités centrales trahissaient une activité à bord.

    À l'avant désormais béant, une congère se déversait par-dessus les commandes jusqu’à la porte entre-ouverte.

    Lorsque la seconde navette décolla, Noé avait déjà établi toute une série de projections sur ce que les humains pouvaient faire avec.

    Il n’avait pas perdu une miette de ce qui s’était dit à la réunion de préparation du vol du lendemain. Mieux : ayant les profils psychologiques et les dossiers de chaque membre d’équipage, il avait une estimation en pourcentage des différents choix pour lesquels la pilote opterait, en dépit de ses ordres.

    Tout était pris en compte, ses réflexions étaient des équations complexes, les mathématiques une source absolue.

    Il avait même quantifié et fait une analyse de l’attraction qui existait entre le commandant Kearney et Erine Day, ainsi que ses capacités à influer sur la personnalité de la jeune femme.

    Il connaissait son état de santé.

    Par le biais d’Europa, il pouvait entendre tout ce qui se trouvait à proximité des appareils technologiques. Toutes les consoles de poignet, tablettes, ordinateurs, prévues initialement pour le contrôler, lui donnaient toutes les informations dont il avait besoin. Les caméras que les colons pensaient inertes étaient ses yeux. À l'inverse, il avait modifié chaque dispositif pour qu'ils ne puissent transmettre entre eux. Les hommes avaient beau y faire, toutes leurs tentatives de communiquer sur de longues distances étaient systématiquement bloquée par l’IA. Noé y voyait un avantage contre nature par rapport aux autres espèces présentes sur le sol de la planète. C’était surtout une brèche qu'ils pourraient exploiter afin de reprendre le contrôle sur lui, ou le retrouver, et cela ne devait pas être possible.

    À tout prix !

    Concernant les plans d’Erine, il existait forcément un très faible pourcentage d’erreur sur ses pronostics, mais là encore, ce chiffre était établi.

    Le capitaine Day allait bruler toutes les ressources de carburant et sacrifier leur dernière navette. Elle avait pour objectif de rejoindre la station orbitale Europa, afin de récupérer la technologie dont il les avait privés.

    En utilisant le contrôle manuel, elle pourrait à nouveau bénéficier de prises de vue d’altitude, localiser tout ce qui se trouvait au sol, dont l’épave du vaisseau avec lequel il avait fui.

    Au vu de ce qui restait dans ses réservoirs, elle ne comptait pas revenir par le même moyen de transport. Elle espérait certainement redescendre au moyen d’une des capsules de sauvetage.

    Sachant combien les humains aimaient la compagnie, demeurer seule dans l’espace ne pouvait être une solution acceptable. Sa grossesse, son attachement à son compagnon et la menace de la mort étaient encore d’autres éléments en faveur de l’IA.

    La navette avait presque quitté l’attraction de Lone, c’était le moment qu’il avait fixé.

    Il avait attendu qu’elle n’ait plus que le minimum de carburant nécessaire pour pouvoir rentrer indemne.

    Alors il déclencha le largage des deux capsules de sauvetage, et entra en communication avec le poste de pilotage. Il ne s’était plus adressé aux humains depuis le  jour de l’atterrissage.

    À plusieurs milliers de kilomètres de là, les haut-parleurs grésillèrent.

    Une voix masculine s’éleva dans l’habitacle comme s’il se trouvait derrière elle. Elle sursauta. Cela faisait des semaines que les radios s’étaient tues.

    – Votre mission est vouée à l’échec capitaine Day. Je vous observe depuis tout ce temps, vous ne pouvez l’emporter. Abandonner est votre seule option raisonnable. Il ne vous reste que quelques secondes de vol avant de devoir faire demi-tour pour parvenir à vous poser, indemne, à votre point de départ.

    Elle s’attendait à Alex, son compagnon, mais ce n’était pas lui.

    Lorsqu’elle le réalisa, une vague de sueur froide la submergea. Cette voix désincarnée ne pouvait être que Noé, l’ordinateur central.

    – Si vous doutez encore, capitaine, sachez que je viens de larguer les deux capsules de sauvetage d’Europa, comme vous devez pouvoir le constater sur vos senseurs. Rendez-vous à la raison, vous avez perdu.

    – Saloperie ! Maugréa-t-elle entre ses dents

    Sur ses écrans, elle pouvait distinctement voir les signaux des deux modules en train de chuter à sa rencontre, vers le sol.

    Des larmes de rage roulèrent sur ses joues.

    Elle n’en demeura pas moins active.

    Comme pourvue d’une vie propre, la main libre qui ne tenait pas le manche allait d’une commande à l’autre aussi vite qu’elle pouvait.

    Son radar confirmait la descente des deux modules. Elle fit établir par le navordinateur le calcul des points de chute. Sur un écran, elle lançait des scanners de recherche sur toute la palette de spectres à sa disposition.

    Enfin, les dents serrées, elle tendit le regard vers l’objectif à atteindre. La station était presque à portée de vue. Elle luisait au lointain comme une grosse étoile pâle.

    – Je vais tout de même tenter ma chance, pourriture !

    – Ce n’est pas rationnel, Erine. Songez à votre compagnon. Alex risque de ne pas se remettre de ce nouveau deuil en si peu de temps. Et il y a l’enfant à venir…

    La manœuvre de Noé ne lui échappa pas. Il utilisait les prénoms pour jouer sur la corde sensible. Le fait qu’il soit au courant de sa grossesse lui faisait froid dans le dos.

    Il savait tout.

    Mais comment ?

    Elle y réfléchirait plus tard, pour le moment, elle devait rester concentrée sur son objectif.

    Il avait raison, sur toute la ligne, mais il existait encore une solution : il y avait sans doute à bord des sarcophages de sommeil. Elle n’y croyait pas trop, mais l’idée faisait son chemin dans son esprit torturé. Elle pourrait attendre la seconde vague de colons qui arriverait peut-être plus tôt que prévu, ou au moins plus vite…

    Mais c’était sans compter sur l’intelligence artificielle qui semblait lire dans sa tête et anticiper toutes ses actions, même les moins rationnelles.

    – Inutile d'espérer, en stase, d’éventuels renforts de la terre. Voici le message que je viens de leur envoyer afin d’éviter un trop important bouleversement des formes de vie de Lone par une implantation massive.

    Aussitôt, un fichier audio de mauvaise qualité emplit le volume sonore de l’habitacle obscur. Sidérée, elle reconnut sa propre voix alors qu’elle n’avait jamais prononcé ces mots.

    – Ici le capitaine Day, officier en second de la mission de colonisation de Lone. (Crissement, chocs sur du métal, toux rauque) Je… je dois être l’une des dernières survivantes. Le commandant est mort d’une sorte de virus local qui a fait des ravages parmi nous… (Toux, nouveaux crissements), je suis moi-même atteinte des mêmes symptômes. Si cela ne suffisait pas, une forme de vie sauvage nous attaque pour nous dévorer. Je ne crois pas que la structure du QG va tenir encore très longtemps… (Énorme choc sourd, métal qui se déchire, elle élève la voix, en panique pour se faire entendre) N’envoyez plus personne ici, la vie humaine n’est pas possible. Oh mon Dieu !!! Non ! (détonations sporadiques, cris aigus, Nooooon… !!! (Grésillements, bruit de casse, signal d’erreur d’émission)

    Sidérée, elle réalisa que sa combinaison était collée à son dos tant elle transpirait. La voix de Noé retentit à nouveau, glaciale, suffisante.

    – Convaincue ?

    Elle avala sa salive.

    Elle revit dans sa mémoire les préparatifs de remise en état de la navette, ses instants de confidence, assise à côté du docteur Jenny Long, cette sensation curieuse d’évoquer leurs futures maternités alors qu’elle venait de passer sa matinée à installer, dans le secret du hangar, du matériel de mort.

    Elle seule connaissait l’existence de ce chargement qu’elle avait négocié auprès d’un de ses camarades d’école de guerre bien placés. Les supports de missiles étaient montés en série sur ce modèle de vaisseau, il suffisait de les garnir. Les coordinateurs de la mission avaient choisi de s’en priver, mais c’était sans compter la débrouillardise d’Erine.

    Consciente de la portée de son geste, elle fit jouer les leviers d’activation de l’armement. Le radar de poursuite s’anima instantanément et se verrouilla sur la seule cible à portée : Europa

    – Crève, charogne !

    Une légère secousse résonna le long du châssis de l’appareil.

    Elle bascula une dizaine d'interrupteurs, pianota sur la console au-dessus d’elle et poussa le manche à droite, faisant pivoter la navette vers le sol. Le grondement sourd des propulseurs s’atténua alors que toute la structure vibrait et grinçait atrocement.

    Devant elle, l’horizon arrondi de la surface glissa sur le côté et emplit tout le champ de vision.

    Elle dressa un majeur provocant en direction de la station orbitale, maintenant sur sa gauche.

    – Et celle-là ? Tu l’avais vu venir ?

    L’entité resta muette, pour sa plus grande satisfaction.

    Moins de zéro virgule un pour cent de chance pour que la navette soit armée.

    Mais ce n’était pas zéro.

    C’était donc, d’une certaine façon, prévisible.

    Noé envoya le signal détruisant définitivement tous les bios des systèmes communicants et leurs sauvegardes.

    Lui-même ne pourrait plus s’en servir, il n’y aurait pas de retour en arrière possible.

    Alors que les missiles filaient sur leur cible, les lèvres desséchées de la pilote esquissèrent un sourire : sur l’écran qui se trouvait sur sa droite, elle avait réussi à pister l'émission montante de la communication de Noé pendant qu’il uploadait un fichier, ou une commande.

    Elle le tenait.

    Il était dans les montagnes, et elle avait suffisamment de données enregistrées pour établir des cartes précises de la région de New Hope.

    Encore fallait-il qu’elle parvienne maintenant à les ramener à bon port.

    Compte tenu des vibrations de plus en plus fortes qu’elle ressentait sous ses pieds, la descente ne serait pas de tout repos, elle avait attendu trop longtemps.

    Elle grimaça et ne put s’empêcher de diriger les yeux vers le haut-parleur de la radio. Désormais, il resterait muet, définitivement. Le relais de New Hope n’était pas assez puissant pour parvenir jusqu’ici.

    Retour à la case départ.

    Elle était seule. Pas tout à fait si elle songeait à la vie qui grandissait en elle… Elle devait tenir pour elle et la protéger. Pour la première fois depuis qu’elle avait appris sa grossesse, elle fut submergée par un sentiment maternel purement instinctif : Elle devait veiller sur son enfant.

    C’était un peu tard.

    Sur son radar de tir, les points représentant les missiles venaient d’atteindre le satellite. L’écran devint noir, entièrement vide.

    Elle ne vit rien de l’explosion.

    Les secousses augmentèrent en intensité et un improbable grincement sinistre retentit dans la cabine depuis l’arrière, comme si l’appareil se pliait en deux. Déjà, des flammèches remontaient le long des vitres en provenance de la coque, annonçant le retour

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