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Nathalie Cabrol, toujours la tête dans les étoiles

«Il faut être attentif aux intersections. Pas forcément les routières, mais celles de l’existence. » Nathalie Cabrol a le cheveu court d’une Joan Baez et le franc-parler d’une Patti Smith. Ces références rock & folk américaines ne seraient pas pour lui déplaire, elle qui a fait l’essentiel de sa carrière aux Etats-Unis. Disons-le d’emblée, cette astrobiologiste de 59 ans qui vient de publier A l’aube de nouveaux horizons (Seuil) – déjà un succès de librairie –, apparaît comme un véritable ovni dans le paysage scientifique français. Aussi « non identifiée » que les signaux extraterrestres qu’elle traque en dirigeant le prestigieux Centre de recherches Carl-Sagan de l’Institut Seti (Search for Extra- Terrestrial Intelligence).

Lorsqu’elle vous reçoit lors d’un de ses rares passages à Paris, la chercheuse se cale d’abord sur sa chaise dans une position un peu en équilibre instable comme un oisillon sur sa branche, ainsi que sa frêle silhouette l’inspire. Puis, à la première question sur l’origine de son travail, ses yeux aux contours maquillés d’un noir intense, s’éclairent avec quelque chose de mystique qu’elle dit chevillé au corps depuis sa plus tendre enfance : « J’ai toujours été fascinée par le firmament, son immensité et ses étoiles que j’observais à 5 ans en Provence où je passais mes vacances. » A cet âge-là, où les bambins que » parce qu’ils allaient dans le ciel mais aussi sous l’eau, son autre passion. Avec en toile de fond toujours le même paysage constitué de dômes et de collines. « Le même finalement que celui que j’ai découvert vingt ans plus tard en pénétrant à l’Observatoire de Meudon où, au mur, se trouvaient des photos détaillées des lunes de Saturne. » Elle est ainsi, Nathalie Cabrol, scientifique de renom, à voir des prémonitions partout. Adolescente et toujours sûre de ses rêves, elle envoie même des lettres au Centre national d’études spatiales ainsi qu’au commandant Cousteau. L’astronaute Patrick Baudry prend le temps de lui répondre par une courte missive pour l’encourager tout en précisant qu’il faut encore beaucoup travailler. Ce qui ne lui fait pas peur puisqu’elle entame des études brillantes jusqu’en… khâgne. Petit détail, elle brille davantage dans les matières littéraires que scientifiques : adieu les écoles d’ingénieurs ou autres prépas maths sup/maths spé. Adieu aussi le parcours tout tracé vers la carrière d’astronaute. En France plus qu’ailleurs, sa passion pour les étoiles aurait dû s’arrêter là. Mais alors que les portes se ferment les unes après les autres – « ce qui finalement permet de tracer un chemin », philosophe- t-elle –, elle suit les cours d’un professeur de géographie, Jean-Pierre Allix, passionné par les planètes, leur physique, leur géologie et leur environnement. Direction Nanterre pour un cursus de sciences de la Terre. Première intersection de vie, première bifurcation loin de l’univers des lettres classiques.

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