«Un petit pas pour une fille, un bond de géant pour l’humanité ! » Qui aurait parié qu’en 2069, cent ans après Neil Armstrong, je me retrouve à répéter presque au mot près la célèbre formule en foulant le sol martien ? Moi, la petite spéléologue fraîchement recrutée par la société SpaceZ ! « Arrête de rêvasser, gamine, on a d’autres chats à fouetter. » Ah oui, je ne vous ai pas présenté E-lon, le drone hyper-high-tech… et plutôt brut de décoffrage qui va m’accompagner dans mon périple. Tu as raison E-lon, on a du pain sur la planche. Notre petite équipe est chargée d’établir la première base semi-autonome de l’espèce humaine sur la planète rouge. Et pour ça, on n’a pas choisi n’importe quel endroit. Nous avons débarqué… Euh, on est où déjà E-lon ? « Tu dormais pendant le briefing ? Nous sommes au beau milieu du dôme de Tharsis, la zone qui regroupe les plus gros volcans de Mars. Elle regorge de tunnels de lave. » Ah oui, les fameux tunnels ! Des abris idéaux pour notre base. Pas question en effet de s’attarder en surface.
C’est un véritable enfer pour plusieurs raisons : des variations de températures me nargue mon compagnon robotique qui fonce déjà au loin… et plonge dans un gouffre béant. Voici notre objectif! J’atteins à mon tour les contours de ce trou impressionnant : 20 m de diamètre et 50 m de profondeur. D’après nos données, il se prolonge par un tunnel long d’au moins 1 km. C’est que, comme la Terre, Mars a le bon goût de posséder un noyau de roche liquide dont les remontées génèrent un volcanisme très actif. Ce volcanisme, dit effusif, est comparable à celui qu’on retrouve à Hawaï ou à La Réunion : il produit des éruptions assez douces avec de longues coulées de lave. Les coulées refroidissent et s’encroûtent à l’extérieur tandis que l’intérieur encore chaud s’évacue… formant notre tunnel ! Un bouclier idéal contre les radiations et les tempêtes de poussière. La température y est aussi beaucoup plus stable. Un peu comme dans les grottes terrestres où on trouve de l’air frais, hiver comme été. Bon, ce n’est pas le paradis non plus : ici, la température moyenne se situe autour de- 63 °C. me rappelle doctement mon compagnon volant. Pour établir sa base, SpaceZ a choisi un tunnel spacieux, mais aussi proche d’un terrain plat pour l’atterrissage. Mais tout ça ne s’est pas fait en un clin d’œil. Il a fallu attendre 2035 pour déposer un premier robot afin de vérifier sur le terrain que ses caractéristiques étaient réellement intéressantes.