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Mille et un Maléfices: Fiction, #2
Mille et un Maléfices: Fiction, #2
Mille et un Maléfices: Fiction, #2
Livre électronique271 pages3 heures

Mille et un Maléfices: Fiction, #2

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À propos de ce livre électronique

Sandy Beech, que le lecteur a déjà rencontré dans La Liste de la Sorcière, semble tomber de Charybde en Scylla. Après avoir estourbi sa première femme, soupçonnée de sorcellerie, il rencontre une Marocaine qu’il a bien l’intention d’épouser. Mais nombre d’obstacles et d’esprits malfaisants se mettent en travers de son chemin. L’histoire, qui se déroule à un rythme endiablé, prendra toutefois une tournure tragique. La sorcellerie guette Sandy et son aventure n’est pas terminée. À suivre !

« En cajolant le lecteur à travers le chas de l'aiguille dans un royaume de la vie et des vies marocaines, Mille et un Maléfices est une histoire stimulante qui suscite la réflexion et qui laisse le lecteur changé profondément - comme toutes les meilleures histoires parviennent à le faire. »
TAHIR SHAH, auteur de La Maison du Calife

LangueFrançais
ÉditeurBadPress
Date de sortie7 juin 2021
ISBN9781667403311
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    Aperçu du livre

    Mille et un Maléfices - Andrew Cairns

    PARTIE 1 – EUROPE

    1

    Rocky, mon ex, avait sacrifié notre enfant aux forces du mal pour son profit personnel. Elle méritait de mourir !

    Je finis par trouver l’endroit au plus profond de la Forêt Noire. C’était un immense domaine, constitué d’un imposant manoir, de diverses dépendances et d’hectares de jardins, qu’un mur de trois mètres de haut hérissé de piques anti-intrusion et de caméras de surveillance isolait du reste du monde. Pour couronner le tout, la résidence stéréotypée de gens riches était gardée par deux vigiles vêtus de noir qui patrouillaient en compagnie de deux rottweilers.

    Lorsque je passai devant en jetant un regard discret depuis l’autre côté de la route, les chiens grognèrent après moi derrière l’immense portail en fer forgé, qui était apparemment la seule entrée de la propriété. Comment aurais-je pu du reste pénétrer à l’intérieur, sans parler de me lancer à l’assaut de Rocky et de son diabolique partenaire ?

    Je me cachai derrière les arbres en face du portail, suffisamment loin pour que les chiens ne puissent pas me renifler, mais assez près pour détecter tout signe d’activité. Il ne se passa rien pendant trois heures et le ciel commença à s’obscurcir. Je n’avais pas envie de m’attarder dans les ténèbres et j’étais sur le point de partir lorsque le portail s’ouvrit soudainement et un des vigiles sortit. Avait-on détecté ma présence ? Mon cœur s’affola, je m’accroupis derrière le plus gros arbre que je pus voir. Lorsque je jetai un autre coup d’œil, je vis avec soulagement qu’il s’était simplement posté près d’un des montants du portail, se tenait au garde-à-vous et surveillait la route comme s’il attendait quelqu’un.

    Cela ne rata pas, car une grosse limousine aux vitres teintées arriva cinq minutes plus tard et entra directement dans la propriété, sans même ralentir pour adresser un signe de reconnaissance au vigile. Après le passage de la voiture, ce dernier balaya rapidement la route du regard, puis entra à l’intérieur et le portail se referma immédiatement derrière lui.

    Une forteresse imprenable, pensais-je. Il faudrait être Rambo pour entrer là-dedans. Puis, juste au moment où je m’apprêtais à partir, j’entendis rire. Je regardai au-delà du portail et pus juste apercevoir Rocky et un grand type blond, que je reconnus comme étant son mari, d’après les photos que j’avais vues de lui sur Internet. Et d’après ce que j’avais lu à son sujet, ce mec était une ordure finie, responsable de la destruction d’immenses parties de la forêt équatoriale à cause de ses plantations de palmiers à huile non durables dans plusieurs pays, dont la Côte d’Ivoire. Il était également soupçonné d’engager des miliciens et mercenaires locaux pour intimider les villageois et les expulser de leurs maisons s’ils se mettaient en travers de ses projets ambitieux ; certains de ceux qui avaient résisté et refusé de partir avaient été assassinés. Je les regardai avec dégoût se balader main dans la main en direction des deux clébards et commencer à les caresser.

    Alors que je retournais discrètement à l’endroit où ma voiture était garée, à environ un kilomètre de distance, une idée germa dans mon esprit : Rocky avait lancé sa série d’agressions à mon encontre en lançant sur moi un chien féroce à Abidjan ; et si je m’arrangeais pour que les chiens de garde l’attaquent et la tuent, elle et son ignoble nouvel époux ? Quel juste retour des choses ce serait ! J’avais récemment lu un article sur un toxico qui n’avait pas eu de bol, car il s’était fait dévorer par son chien. Des autopsies de lui et de son labrador d’ordinaire très docile avaient révélé qu’il s’était injecté de l’héroïne et que le cabot avait avalé deux tablettes d’acide. Où se procurait-on du L.S.D. ? À Amsterdam, bien sûr.

    ***

    Par un heureux hasard, un de mes potes écossais, Bruce, vivait à Amsterdam. Deux semaines après mon voyage de reconnaissance à la nouvelle résidence de Rocky, je commençai à mettre mon plan à exécution. J’appelai Bruce et j’organisai une visite pour le week-end suivant. Célibataire endurci, il avait toujours deux ou trois petites amies à la fois. Nous avions été à l’université ensemble et étions devenus de proches amis pendant notre année Erasmus à Paris. Il avait pas mal bougé au fil des années et travaillé aussi à Paris pendant un moment avant de s’installer à Amsterdam pour prendre un nouveau boulot. Il venait régulièrement à Paris le week-end voir une de ses petites amies, une Chinoise répondant au nom de Lihua.

    Je quittai le travail de bonne heure ce vendredi-là pour attraper le train rapide qui arrivait à Amsterdam vers onze heures du soir. Je me rendis à pied jusqu’à l’appartement de Bruce qui était bien situé, à deux pas du centre-ville.

    −  Salut, vieux, ça fait du bien de te voir, le saluai-je. Alors, c’est quoi ton programme ? Des coffee shops ? Le quartier chaud ?

    Il rit : « Tu me connais, sobre comme pas deux. Allons boire un verre, si tu veux. »

    −  Volontiers. L’alcool, la drogue préférée des Écossais. Tu sais, je ne bois pratiquement plus d’alcool maintenant.

    −  Ouais, c’est ça. Allez, Sandy, tu ne vas pas cracher sur quelques bières et tu pourras avoir un joint plus tard, si t’es encore en état.

    Nous allâmes au bar à côté de chez lui, qui était heureusement tranquille, sans les loubards anglais gonflants avec leurs enterrements de vie de garçon qui encombraient en général les pubs et coffee shops d’Amsterdam.

    −  Alors, tu te plais ici ? demandai-je pendant que nous sirotions nos pintes de bière blonde. Mon renoncement à l’alcool avait cédé à ses plaisanteries de macho, sans que j’y oppose beaucoup de résistance.

    −  Ça craint, lâcha-t-il sans détours. Il fait tout le temps froid et il pleut, la bouffe est dégueu, les loyers sont exorbitants et les Hollandais, une bande de connards grincheux.

    −  En tout cas, il y a des minettes, dis-je en lorgnant vers une tablée voisine de jolies jeunes femmes. T’es toujours avec Ulla ?

    −  Oui, mais ça devient un peu trop sérieux. Elle veut qu’on emménage ensemble. Je songe à la plaquer.

    −  C’est pas pour toi, Bruce. T’engager avec une femme, tu finirais par te ranger et avoir une famille, dis-je d’un ton sarcastique.

    −  Exactement, répondit-il en ignorant mes sarcasmes. En plus, elle est secrétaire de direction. Elle gagne juste un peu plus que le salaire minimum, environ mille cinq cents euros par mois.

    Je secouai la tête en le regardant et soupirai. Ses petites amies avaient beau être jolies, sexy, intéressantes et intelligentes, il leur trouvait toujours des défauts et les traitait souvent de croqueuses de diamants parce qu’elles ne gagnaient pas autant que lui.

    Après plusieurs bières, je proposai de finir la nuit avec un joint dans l’un des coffee shops. Je voulais trouver une excuse pour aller dans une des ruelles et me procurer du LSD.

    −  Pas question, dit Bruce. J’suis crevé. Je vais me pieuter.

    Il me laissa le double de ses clés et je me mis en route pour ma mission secrète, la recherche de drogue.

    ***

    Si tu prends les rues les plus minables de ce lieu de perdition, quelqu’un t’offrira forcément quelque chose de plus fort que le hash en vente libre dans les infâmes coffee shops.

    Comme de juste, après quelques minutes de marche dans l’une des ruelles sombres en plein quartier des coffee shops, un rasta à la mine patibulaire s’approcha et me murmura à l’oreille : « héroïne, coke, LSD ? »

    Je m’arrêtai pour le regarder. Il avait les pupilles si dilatées que ses yeux ressemblaient à des boules de loto ; il avait sans doute avalé un cocktail des drogues mentionnées à l’instant et probablement autre chose.

    Prenant note de mon intérêt, il m’attrapa le poignet et m’entraîna dans une ruelle latérale.

    −  Viens, mon ami, dit-il. On va faire du business !

    −  Je veux du LSD, dis-je. Le plus fort que tu aies.

    −  T’es sûr de pouvoir le supporter, mec ? Tu vas connaître des trips totalement déjantés ! ajouta-t-il dans un éclat de rire, évoquant peut-être une de ses propres expériences sous l’empire de la drogue.

    Il me tendit une feuille bleu clair de buvards de LSD avec des dessins de nuages. Elle ressemblait à du papier pH perforé, du genre de celui que nous utilisions en cours de chimie. Si Fitzy, mon ancien prof me voyait aujourd’hui en train d’acheter des drogues dures, il aurait sûrement une attaque d’apoplexie.

    −  T’es sûr que c’est ce que tu as de mieux ? demandai-je au dealer. Ça doit être assez fort pour rendre un chien complètement dingue, ajoutai-je avec un rire nerveux.

    Il me fixa comme si j’étais cinglé, ce qui était un peu troublant de la part d’un trafiquant de drogues complètement défoncé. Puis il m’arracha la feuille bleue des mains et m’en tendit une autre rouge foncé à la place, avec des petits diables imprimés dessus.

    −  Tu vas être déchaîné comme un loup, mon ami, dit-il en imitant le hurlement des loups pour être sûr que j’avais bien pigé.

    Je faillis me mettre à hurler quand il annonça le prix : cent euros.

    Je ne pris toutefois pas la peine protester ou d’essayer de marchander avec cet énergumène. Je voulais juste en finir avec lui. Je lui remis le fric, le remerciai, puis me cassai. Mais il me retint en m’attrapant sans ménagements par les poignets.

    −  Tu dois trouver la reine des abeilles, qui se cache dans la ruche, lança-t-il en me jetant un regard dément. Trouve-la et détruis-la ! C’est la seule façon de te libérer !

    Je me figeai, interloqué, serrant les drogues dans ma main et le fixant des yeux. Faisait-il allusion à Rocky ? Comment était-il au courant ?

    Il regarda à travers moi, comme s’il observait quelque chose dans le lointain. Puis il se mit à trembler comme au réveil d’une sorte de transe et s’éloigna en traînant les pieds et entonnant One love, la chanson à succès de Bob Marley.

    Ses propos et l’intensité de son regard me disaient qu’il y avait des implications plus profondes que Rocky. La reine des abeilles était quelqu’un ou quelque chose d’autre.

    Mais pour l’instant, je devais m’employer à éliminer Rocky et venger notre enfant.

    ***

    Quand je retournai chez Bruce, celui-ci était encore éveillé et regardait la télé.

    −  Une tasse de thé, ça te dirait ? lui offris-je.

    −  Ouais, volontiers, répondit-il. Comment était le joint ? T’es stoned ?

    −  Cool, mon pote, cool.

    Je ressentais en fait tout sauf ça. Les idées bouillonnaient dans ma tête quant à la façon d’exécuter mon projet de vengeance. Et si le rasta m’avait vendu des saloperies bidon qui n’auraient aucun effet ?

    J’eus une idée en préparant le thé dans la cuisine : il suffisait d’essayer. Sur un chien ? Non, sur Bruce. Ici, tout de suite. Je détachai deux petits buvards à têtes de diables que je mis dans son thé, les laissai fondre avant de les écraser dans le fond de la tasse avec une petite cuillère. J’ajoutai du lait et du sucre et touillai la mixture pour m’assurer que les morceaux de papier resteraient au fond. J’espérai qu’il ne remarquerait rien de bizarre au goût.

    −  Merci, Sandy, dit-il lorsque je lui tendis son mug, en veillant à ne pas lui donner le mien sans LSD.

    −  Il n’y a rien de mieux qu’une bonne tasse de thé, pas vrai ? dis-je en affichant un sourire nerveux.

    −  Sauf le trio infernal, bien sûr. Tu te souviens à Paris ? Vin, femmes et herbe !

    −  Ouais, et ce soir alors ? On se passe d’herbe ?

    Il était sur le point de vivre quelque chose de bien plus hallucinant que du hash, si le breuvage que je venais de concocter pour lui produisait l’effet escompté.

    −  Je compense largement avec le vin et surtout les femmes, fanfaronna-t-il. Je t’ai dit que j’avais commencé à fréquenter en douce cette Japonaise sexy ? Niko, une vraie poupée. Une autre raison pour ne pas rester pieds et poings liés avec Ulla, ou Lihua à Paris. Succulent ton thé, au fait !

    Je craignais un peu que l’eau chaude n’ait affaibli le LSD, mais avant même qu’il n’eût fini sa tasse, je vis que la drogue commençait à agir. Ses pupilles se dilatèrent peu à peu et il jetait des regards circulaires étonnés sur son salon minimaliste comme s’il se trouvait dans Alice au Pays des Merveilles. Après une dernière lampée, il posa sa tasse sur la table de salon, se mit à quatre pattes et commença à caresser les veinures des lames du parquet. Je jetai un coup d’œil dans la tasse : elle était entièrement vide. Il avait avalé les deux doses sans même s’en rendre compte.

    −  Ça va, mon pote ? demandai-je.

    Il répondit par un bredouillis inintelligible et décida de se vautrer par terre, toujours en caressant amoureusement le bois et avec un sourire extatique aux lèvres.

    La drogue agissait de toute évidence, mais je commençais à avoir de sérieux doutes quant à l’obtention de l’effet désiré sur les chiens de garde. À voir Bruce se débattre comme un poisson hors de l’eau, je me rendis compte du ridicule de mon projet de droguer deux rottweilers pour essayer de les inciter à attaquer et tuer Rocky.

    Dans un acte de pur désespoir, je pris les quatre buvards restants et les avalai d’une traite. Pas question toutefois d’avoir mon trip sur le plancher de l’appartement de Bruce. J’arrachai ses clés du clou, enfermai Bruce, puis partis en direction des rues chaudes d’Amsterdam.

    ***

    J’errai sans but au milieu des fêtards nocturnes. Des gens du monde entier venaient ici pour s’éclater, participer à tout ce que la ville avait à offrir : alcool, drogues et sexe. Alors que la drogue prise à l’instant faisait effet, je vis le décor autour de moi dans ses détails les plus moches : le sinistre bourdonnement des néons dans les bars et coffee shops, le stupre poisseux inscrit sur les visages de jeunes mâles sortis pour enterrer leur vie de garçon et la séduction sordide des prostituées en train de parader et de se dandiner, offrant leur chair en location dans les fameuses vitrines des bordels du Quartier rouge.

    Je me retrouvai à marcher de plus en plus vite, puis à courir en essayant de fuir ce mercantilisme détestable et répugnant. Je me concentrai sur ma respiration, sur le contact des vêtements avec ma peau, sur la brise nocturne fraîche qui me caressait le visage, sur le sol dur que mes pieds martelaient et sur le ciel éclairé par la lune au-dessus de ma tête. Je courais en direction de quelque chose.

    La ville, avec ses bâtiments, ses rues et ses habitants, fit place à des champs, rivières et arbres. Je m’arrêtai finalement dans une forêt, face à l’incarnation de mon esprit animal intérieur : un loup d’un blanc pur. Nous restâmes à nous regarder pendant ce qui me parut une éternité, alors que ma respiration s’apaisait. J’observai chaque détail du loup : son épaisse fourrure, ses yeux de prédateur d’un bleu froid, ses griffes dures, le battement de son cœur... et je devenais peu à peu le loup ! Je voyais le monde à travers ses yeux, percevais les odeurs des plantes et de la faune de la forêt, les sons d’autres animaux nocturnes et le vent, et la terre qui tournait. Mon esprit entra dans le corps du loup, dans son être tout entier et je me mis immédiatement à courir, à vive allure, sur les traces d’une proie quelconque ; je savais bien sûr, au fond de moi, ce que j’allais chasser.

    Je suivis les étoiles, la lune, les pistes anciennes remplies d’odeurs qui existent depuis la nuit des temps, sans jamais m’arrêter pour manger, boire ou me reposer. La faim, la soif et la fatigue étaient absentes de cette expédition à l’objectif unique. Le temps lui-même semblait ne pas compter. Lorsqu’il fit jour, le soleil devint mon guide. Je courus à en perdre haleine, sur des centaines de kilomètres, jusqu’à ce que j’arrive à la colline depuis laquelle je surveillais la nouvelle demeure de Rocky. J’attendis alors, je me familiarisai avec l’environnement en me concentrant en particulier sur le flair des deux chiens de garde.

    La nuit tombait de nouveau lorsque j’entendis une voiture approcher. Puis ce fut la même routine que la fois précédente : le vigile attendait à la porte que la grande limousine noire entre, le portail se refermait, Rocky et son mari sortaient pour caresser les chiens. Sauf que maintenant, c’était à moi d’agir. Je me mis à hurler, faisant passer mon message aux chiens : tuez-les tous les deux ! De la même façon que je m’étais assimilé au loup, je devins les deux rottweilers qui mettaient en pièces Rocky et son nouvel époux.

    Les cris poussés par ces derniers lorsqu’ils furent attaqués alertèrent les vigiles qui accoururent, revolvers au poing. Pas de quartier ! Je sentis le sang gicler de leurs gorges, la vie les abandonner. L’homme fut le premier à mourir dans un hurlement d’effroi et de douleur, mais je n’éprouvai aucune pitié pour son âme noire, voyant en ses derniers instants tout le mal qu’il avait fait au cours de sa vie : des terres entières détruites, des villages déplacés, d’innombrables morts qu’il avait provoquées directement et indirectement par son appât du gain et sa soif de pouvoir.

    Puis ce fut au tour de Rocky, dont je sentis le débit sanguin ralentir, le pouls s’affaiblir alors qu’elle rendait l’âme. Je vis dans ses derniers instants les méfaits qu’elle avait commis, les vies détruites, une en particulier, celle de mon fils, tué dans un horrible sacrifice aux forces du mal. Alors que les mâchoires des rottweilers étaient encore refermées sur les deux victimes agonisantes, les vigiles se mirent à tirer sur eux. Juste avant de quitter les corps condamnés des chiens, je sentis l’assaut final d’une obscurité terrible, émanant de l’esprit de Rocky lorsque je la quittai. Mais ce n’était pas elle ; cela venait d’un être encore plus mauvais et puissant, son mentor en sorcellerie sans aucun doute, qui sentait en quelque sorte la fin de son apprentie dans le mal.

    Criblés de balles et hurlant à la mort, les chiens s’éloignèrent des deux victimes. Une fois ma vengeance consommée, je réintégrai le corps du loup. C’était fini. Je jetai un dernier regard à la scène et vis un garçon sourire et faire un signe de la main depuis l’une des fenêtres du manoir. Il devait avoir dans les treize ans. C’était mon fils ! Il avait quelque chose de moi dans les yeux. Il était beau ! Pendant un court instant, je pensai, souhaitai, priai pour qu’il soit véritablement

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