Un petit coin tranquille
Les copains trouvaient Denis bien imprudent de vouloir prendre le volant après cette soirée plus qu’arrosée. Mais il répondit, euphorique, que ce n’était pas les quinze malheureuses canettes de bière qu’il avait avalées qui pouvaient lui faire grand mal, peut-être tout au plus le griser légèrement.
Les amis, très éméchés eux aussi, le laissèrent donc partir en lui souhaitant d’arriver chez lui en un seul morceau. Puis ils rentrèrent dans le café, titubant et se tenant les uns aux autres, tout en chantant « Ce n’est qu’un au revoir mon pote ! », tandis que Denis zigzaguait jusqu’à sa voiture.
Ses gestes étaient incertains. Il dut s’y reprendre à trois fois avant de réussir à insérer sa clé de contact. Il râla contre ces constructeurs qui, ayant inventé l’ouverture à distance des portières, ne s’étaient pas penchés, tant qu’ils y étaient, sur le démarrage automatique des véhicules.
La voiture fit un bond de deux mètres alors qu’il lui semblait avoir à peine appuyé sur l’accélérateur. Il leva quand même un peu le pied de la pédale et sortit du bourg après avoir tenté de ne pas dépasser les trente kilomètres heure imposés dans le centre-ville. Ce qui n’était pas facile : cette foutue bagnole avait l’air de ne vouloir en faire qu’à sa tête. Il en parlerait à son employé dès le lendemain.
Denis, en effet, était garagiste. Il tenait également une station d’essence près du centre commercial, à cinq kilomètres du bourg qu’il venait de quitter et où il retrouvait chaque fin de semaine des amis de longue date. Comme lui, tous ses amis travaillaient à leur compte : plombiers, électriciens, peintres en bâtiment, maçons… ils opéraient depuis des années dans la région.
Il n’y avait pas grande distraction aux alentours, pour ne pas dire aucune. Un cinéma où, pour rompre avec la monotonie des soirées passées devant la télé, les familles se rendaient avec les enfants les
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