LA COUSINE du Québec
J’ai travaillé pour le grand écrivain Alexandre Hastien durant une quinzaine d’années. Et jamais je n’ai commis d’erreurs. Jusqu’au jour où je les ai bêtement enchaînées.
Jusqu’à ce soir-là, personne n’a su que le romancier Alexandre Hastien avait été assassiné. Mieux qu’un crime parfait, il s’agissait d’un meurtre ignoré, puisque ni la police ni le public ne se sont doutés que cet écrivain aussi discret que prestigieux était mort. Et pourtant, il y a presque trois ans qu’il a fini enterré dans le sous-bois qui borde le parc de sa demeure. Je crois être le seul à pouvoir attester de tout ce qui s’est passé, puisque je logeais chez lui, dans son domaine de la Ronceraye, depuis qu’il m’avait engagé comme secrétaire.
J’ai travaillé à son service durant quinze ans. Au début, je mettais au propre les textes de ses romans et je gérais les rares rendez-vous qu’il accordait aux journalistes. Puis, quand il a commencé à perdre la vue, à 50 ans à peine, il a bien fallu que je prenne davantage d’initiatives.
J’ai tenu ses comptes bancaires, j’ai supervisé l’entretien de la propriété et, peu à peu, j’en suis même arrivé à écrire ses livres, à partir des plans et des brouillons qu’il avait accumulés, puisqu’il était trop perturbé par ses problèmes de vue pour rédiger de nouveaux romans.
J’assurais toutes ces missions en étant heureux d’aider un si grand homme, j’étais même fier de réussir à écrire sous son nom des romans qu’il semblait avoir composé lui-même, puisque aucun critique littéraire n’a jamais soupçonné la supercherie.
Je n’ai commis qu’une seule erreur : un matin, après avoir établi plusieurs chèques à son nom pour payer ses factures, j’ai cédé à une tentation contre laquelle je luttais depuis plusieurs mois. Et j’ai signé un chèque de plus, un chèque de trop, histoire de posséder enfin la voiture de sport que
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