Suspense Une liaison dangereuse
Ce que je regrette le plus dans cette histoire, ce n’est même pas qu’elle se soit achevée par un meurtre. Non, le plus insupportable pour moi, c’est d’admettre que je n’ai anticipé aucun des événements. Je croyais connaître l’homme que j’aimais, mais en réalité j’ignorais tout de ses véritables sentiments…
Je ne suis pourtant pas naïve, mais je ne me posais aucune question tant j’étais convaincue que rien ne pouvait nous arriver, ni à mon mari ni à moi, et que nous allions vieillir sereinement, main dans la main, comme ces couples harmonieux qu’on voit dans les publicités…
Mon mari avait 46 ans. Moi, je suis légèrement plus jeune que lui. Nous nous étions mariés à la fin de ses études de médecine. A cette époque, nous n’avions guère d’argent mais, très vite, mon mari avait acquis la réputation d’être un excellent cardiologue.
Dix ans plus tard, il donnait des cours à la faculté de médecine et présentait des conférences jusqu’aux Etats-Unis. Je l’aimais toujours autant qu’à l’époque de nos fiançailles, mais je l’admirais encore davantage. Je me répétais que j’avais beaucoup de chance de partager la vie d’un homme aussi brillant, et je n’avais qu’un seul reproche à lui adresser : sa passion de la chasse.
Le premier week-end de chaque mois, il participait à des battues au sanglier dans les forêts normandes et, deux fois par an, il allait chasser le buffle en Afrique. Moi qui suis émue chaque fois que je peux observer un animal dans son milieu naturel, je m’indignais que mon mari rapporte fièrement des trophées à la maison. D’ailleurs, la seule vue des fusils et des carabines qu’il entreposait dans la chambre d’amis me glaçait de répulsion.
Pendant que mon mari était à son cabinet, j’occupais mon temps en écrivant pour les enfants des histoires joyeuses et optimistes, bien moins effrayantes que les traditionnels contes de Perrault ou de Grimm. J’étais parfois gênée quand je comparais mes modestes droits d’auteur
