Paradis Fatal
Par Rafael Briones
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Aperçu du livre
Paradis Fatal - Rafael Briones
Paradis Fatal
Rafael Briones
Paradis Fatal
Roman policier
LEN
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur aux Éditions du Net
La Fleur de l’Île Rouge, roman (2015)
Le Saphir du Nord, roman (2015)
© LEN, 2018
ISBN : 978-2-411-00053-4
Avant-propos
Arnaud, cinquantenaire dans la force de l’âge, est un épicurien qui adore la nature. Depuis son adolescence, il croque la vie à pleines dents. En dehors de son travail qu’il prend à cœur, il recherche toujours à se faire plaisir et à partager ce plaisir avec ses amis et sa famille, mais sans excès particulier. Ses proches voient en lui le frère ou l’ami idéal, toujours le cœur sur la main. De temps à autres, il aime vivre les extravagances qui lui traversent l’esprit. Son attirance pour les situations nouvelles et hors du commun, va l’entraîner à Madagascar, dans une histoire impensable à l’issue dramatique.
Nb : Toute ressemblance avec des personnages et des faits existants ou ayant existés, ne serait que pure coïncidence et le fait du hasard.
L’inquiétude
Annie n’avait pas de nouvelles de son frère Nono, comme elle le surnommait, depuis la semaine précédant les fêtes de Noël. Arnaud était parti vivre à Madagascar, six mois auparavant avec une femme malgache qu’il avait épousée. Il avait tout quitté pour se refaire une nouvelle vie, comme il disait !
Néanmoins depuis son départ, Arnaud avait gardé le contact avec sa famille et avec ses amis, grâce à Internet. Ce n’était pas toujours régulier, mais il ne se passait pas une quinzaine de jours sans qu’il ne donne des nouvelles de sa terre d’expatriation.
En cette matinée de la veille du réveillon de la Saint-Sylvestre, Arnaud ne s’était toujours pas manifesté. Annie trouva cela d’autant plus surprenant, qu’il n’oubliait jamais les jours de fêtes. Ils étaient pour lui, l’occasion de s’en donner à cœur joie. Peut-être, était-il trop occupé avec ses nouvelles activités dont il avait tant parlé depuis qu’il était à Madagascar ou bien était-il souffrant ?
Annie sortit de chez elle, pour aller rendre visite à Gérard, l’ami d’enfance d’Arnaud, avec qui elle allait passer le réveillon du Nouvel An. Dehors, le froid était mordant ; il avait neigé une partie de la nuit et en ce début de matinée, la température frisait les moins cinq degrés, attisée par une bise piquante. D’un pas prudent, pour ne pas glisser sur la neige gelée, elle traversa la place du centre-ville d’Orgelet. Elle frappa à la porte de la maison de Gérard.
– Salut ! T’es bien matinale, lança Gérard. Entre vite, et laisse le froid dehors.
– Mireille est levée ?
– Bien sûr, tu la connais, elle se lève comme les poules, dit-il hilare.
– On doit aller toutes les deux, faire les courses pour le réveillon, alors il vaut mieux qu’on se rende de bonne heure au marché, dit Annie.
– T’as raison.
– Au fait, tu as eu récemment, des nouvelles de mon frangin Nono ?
– Non, cela fait quinze jours que je ne l’ai pas eu sur Skype.
– Moi, c’est pareil. Tu ne trouves pas cela un peu bizarre ?, demanda Annie.
– Pas trop !, dit Gérard. Tu sais avec son nouvel environnement, il doit avoir l’esprit et le reste bien occupés, répondit-il en rigolant. Il faut dire que sa petite femme est plutôt mignonne, tu n’es pas de mon avis ? Elle doit bien lui remplir ses journées !
– Arrête tes conneries, répondit Annie. Tu es jaloux ? Tu voudrais bien être à sa place, hein ?
– Je t’avoue que le soleil, les cocotiers et les jolies femmes, c’est un programme que j’apprécierais bien pour ma future retraite !
– Tu rêves un peu trop, s’entendit-il dire par sa femme Mireille qui venait de surgir derrière lui.
– Tu sais bien que je plaisante, mon chou !, dit Gérard. N’empêche, je trouve que c’est un petit veinard. Il aura mis longtemps à trouver chaussure à son pied, mais là, il a fait fort !
– D’accord, répliqua Annie. Il a trouvé une jolie femme, mais cela ne fait pas tout. Et cela ne doit pas l’empêcher de donner de ses nouvelles.
– Je crois que tu t’inquiètes un peu trop vite, poursuivit Gérard. Tu sais, d’après ce qu’il dit, ce n’est pas la France là-bas ! Même si c’est le paradis, les problèmes de réseau sont fréquents, les coupures d’électricité aussi. Alors ne te fais pas de soucis, tu verras pour le Nouvel An, il va nous faire signe !
– J’espère, dit Annie.
– Allez, on y va, lança Mireille.
Les deux amies sortirent bras dessus, bras dessous, afin de faire leurs emplettes pour le dîner du réveillon.
Le lendemain soir, comme chaque année depuis plus de dix ans, Annie et son mari Patrick recevaient chez eux, sa plus jeune sœur Corinne avec son copain Luc, Gérard et Mireille, Michel et Martine pour fêter l’arrivée de la nouvelle année. Michel était un ami de longue date d’Arnaud ; ils s’étaient connus au club de tir à Lons-le-Saunier.
La neige avait fait de nouveau son offensive, une vingtaine de centimètres recouvrait les routes du village. Corinne, Michel et leurs conjoints, qui habitaient Lons-le-Saunier, étaient venus ensemble avec le 4x4 Toyota de Michel. La neige n’allait pas perturber leur réveillon ; cela ne les empêcherait pas de faire la fête jusqu’à l’aube. Ils dormiraient sur place, Corinne chez Annie, et Michel chez Gérard.
Cette année, pour la seconde fois, le boute-en-train qu’était Arnaud lors de ces réunions festives, manquait à l’appel. Son absence allait être au cœur de leurs discussions tout au long de la soirée.
– C’est quand même fou ce qu’il a pu changer, dès qu’il a rencontré cette femme malgache, dit Gérard son ami d’enfance.
– Ouais, répondit Michel. Les quelques mois où elle a vécu à Orgelet avec lui, Nono ne sortait même plus avec nous pour boire un coup.
– Elle lui a tourné la tête cette Sandra ! Moi, je te le dis, ajouta Annie.
– C’est vrai qu’il ne s’est jamais vraiment attaché à une gonzesse en particulier, dit Gérard. Dès que l’une d’entre elles se montrait trop possessive, il l’envoyait promener, même quand on était ado.
– Elle a dû l’ensorceler, dit Corinne. J’ai lu qu’à Madagascar, la sorcellerie était très présente.
– Arrête, dit son copain Luc. Tu y crois toi à ces trucs-là ? C’est des histoires de gonzesses, ça.
– Balivernes, tout ça. Moi, je te dis qu’il est tombé amoureux de cette femme, dit Patrick.
– Moi, je crois plutôt que c’est elle qui est tombée amoureuse de son fric, argua Annie.
– Tu vois tout de suite le mal, répondit Mireille. Moi, je l’ai trouvée sympa, le temps qu’elle a vécu ici. Elle m’a semblé très attachée à Arnaud.
– Oui, au point de lui faire tout vendre et de retourner dans son pays, avec le magot, dit Annie.
– Essayons de positiver un peu les potes, dit Michel. Même si je n’ai pas approuvé la décision d’Arnaud de tout plaquer, personne ne l’a forcé. Il faut respecter son choix.
– C’est vrai, ne lui jetons pas la pierre, ajouta Gérard. Levons nos verres à notre ami et frère et souhaitons-lui beaucoup de bonheur et une grande réussite dans son coin de paradis.
– Santé !, reprirent-ils tous en cœur.
L’ambiance était à la bonne humeur et c’était le plus important. Néanmoins en cours de soirée, Annie essaya de contacter son frère sur Skype, mais sa tentative fut vaine. Son portable resta muet également. En cette nuit de Saint-Sylvestre, cela n’avait rien d’anormal, car les réseaux étaient saturés, vu le nombre de personnes qui essayait de se souhaiter la bonne année.
Les jours et les semaines suivantes furent à l’image de la soirée du réveillon. Arnaud ne donnait toujours pas de ses nouvelles, malgré les mails répétitifs d’Annie, lui provoquant toujours inquiétudes et insomnies.
À sa grande surprise, fin janvier, Sandra la femme d’Arnaud, répondit à un de ses mails. En quelques mots, elle lui disait que son mari était très occupé par ses affaires, se déplaçant souvent dans des endroits sans Internet ou avec un faible réseau. Il allait très bien et pensait beaucoup à eux.
Annie retrouva une lueur d’espoir. Son frère se portait bien. Tout de même, il aurait pu répondre lui-même ! Elle en fit part à sa belle-sœur qui dit en avoir fait la remarque à Arnaud. Ces nouvelles calmèrent un peu ses angoisses.
Pourtant, elle ne pouvait se résoudre à penser que tout allait bien pour son frère. Gérard et Michel arrivèrent à admettre que quelque chose d’anormal devait se passer à Madagascar.
À la mi-février, un mail inquiétant vint renforcer leurs craintes. Sandra leur disait que son mari était malade. Il avait été hospitalisé. Comme à Madagascar, dans les hôpitaux, il fallait faire l’avance de tous les soins et des médicaments, elle avait besoin d’argent pour payer tous ces frais. Annie essaya d’en savoir plus, mais Sandra resta évasive sur ce dont il souffrait. C’était suffisamment grave pour susciter un traitement spécial et coûteux. Elle demandait à sa belle-sœur de lui faire parvenir vingt mille euros. Désarçonnée par la demande, Annie lui répondit de but en blanc, qu’elle allait réfléchir au moyen de lui faire parvenir l’argent.
Il n’était pas question pour elle, de lui envoyer quoi que ce soit. Cela lui semblait curieux, alors qu’Arnaud et elle avaient quitté la France avec un joli magot.
Cette fois-ci, Annie pensa que la situation de son frère était très préoccupante. Elle réunit ses amis afin de prendre une décision : aller à Madagascar pour se rendre compte sur place de ce qu’il se passait réellement. Annie, Luc le compagnon de Corinne, Gérard et Michel ses deux meilleurs amis, seraient du voyage. Ils devaient se libérer de leurs activités respectives pendant quinze jours, ce qu’ils firent sans problème particulier.
Cela faisait presque deux ans jour pour jour qu’Arnaud avait posé son premier pied à Madagascar, quand ils prirent les billets d’avion. Une fois cette démarche accomplie, ils prétextèrent d’apporter une aide financière, pour informer Sandra de leur venue la dernière semaine du mois de février. Cette dernière parut un peu surprise, mais leur fit savoir qu’elle et Arnaud seraient enchantés de les recevoir.
Un départ subit
Depuis plus de quinze ans, Arnaud habitait à une vingtaine de kilomètres de Lons-le-Saunier, dans la petite cité jurassienne d’Orgelet. Il s’y était installé en temps qu’artisan plombier-couvreur, après avoir travaillé de nombreuses années pour divers patrons à Lons.
Son besoin d’indépendance et surtout son goût pour la nature l’avaient conduit dans cette petite ville de moins de deux mille habitants. Il y avait acheté une vieille bâtisse accolée d’une grange sur un terrain de près de trois mille mètres carrés. Avec beaucoup de goût, il les avait rénovées toutes les deux pour en faire sa maison d’habitation et son atelier. Un parc arboré agrémentait la propriété.
Sa sœur Annie dans un premier temps, puis son ami Gérard, conquis par le charme de la petite cité jurassienne, l’avaient rejoint à leur tour dans cette charmante bourgade.
À cinquante et un ans, Arnaud était toujours célibataire. Ce n’était pas qu’il n’aimait pas les femmes, bien au contraire, mais il n’avait pas réussi à trouver celle qui pourrait partager sa vie. Son côté bon vivant et son côté « les copains d’abord » lui avaient joué certains mauvais tours. Alors, il allait d’aventure en aventure au gré de ses envies et de ses rencontres.
Cependant, cette instabilité sentimentale commençait à lui peser. Il se disait qu’une femme à ses côtés, comme l’avaient ses deux amis Patrick et Michel, cela ne devait pas être si mal que ça. Leurs couples duraient depuis plus de vingt ans, avec des hauts et des bas certes, mais ils étaient toujours ensemble.
Les dernières fêtes de fin d’année qu’il avait passées avec eux et ses deux sœurs, lui avaient définitivement donné l’envie de rechercher une compagne pour aborder en sécurité et avec sérénité, la retraite qui s’annonçait.
Il était vrai que financièrement, sa situation était plutôt confortable. Grâce à l’héritage substantiel qu’il avait reçu au décès de son père, sa maison était payée ; il possédait un 4x4 Jeep Cherokee récent et un fourgon Peugeot Boxer, pour son travail ; les deux véhicules avaient été achetés au comptant. Le sérieux de son travail lui assurait des revenus plus que convenables. Il avait un compte épargne retraite qui lui assurerait une rente de plus de mille euros à soixante ans. Son compte en banque affichait un solde à plus de quatre zéros, le cinquième n’était pas loin.
En général, Arnaud travaillait seul. De temps en temps, il faisait équipe avec Gérard qui était lui aussi artisan, mais en tant qu’électricien. Ses notions en plomberie lui permettaient d’apporter son aide à Arnaud. Pour les gros chantiers, ce dernier engageait des intérimaires. C’était beaucoup moins contraignant que d’avoir des employés à temps plein.
En dehors de son travail, Arnaud avait deux activités sportives, le tir et le tennis. La première lui apportait un équilibre psychologique, la seconde dans laquelle il se défoulait, un équilibre physique.
Début janvier 2012, à l’occasion d’une séance au