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Je m'appelle Joseph: Roman d'aventures
Je m'appelle Joseph: Roman d'aventures
Je m'appelle Joseph: Roman d'aventures
Livre électronique190 pages2 heures

Je m'appelle Joseph: Roman d'aventures

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À propos de ce livre électronique

Lorsque les communistes arrivent au village, les habitants doivent fuir. Keej, chef du village, se retrouve à prendre un nourrisson sous son aile.

Ce fut ainsi que Keej, le chef du village, entra malgré lui dans la vie de Joseph. Keej était un vieil homme de soixante ans passés, il assistait Alexandre au dispensaire, quand il ne pêchait pas ou qu'il ne réglait pas les problèmes internes au village. Keej n'avait pas eu d'enfant, sa femme était morte quelques mois après leur mariage, avant de lui donner une descendance. Il l'aimait tellement qu'il était resté célibataire jusqu'à maintenant. Pressés par l'arrivée des communistes, tous les habitants du village fuirent. Keej avait décidé que chaque famille prendrait une direction différente, la guérilla n'ayant pas assez d'hommes pour se lancer à la recherche de tous. Sans véritablement comprendre pourquoi ni comment, la nourrice de Joseph, devenue sa mère adoptive, lui apporta l'enfant et lui dit :
- Prends-le avec toi et va le cacher !

Découvrez un roman aux parfums d'Asie et suivez les aventures haletantes de Joseph !
LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie5 août 2020
ISBN9791023616262
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    Aperçu du livre

    Je m'appelle Joseph - Timothée Valentin

    JE M’APPELLE MARTIAL

    Dans la salle de gym d’un palace parisien, Martial, un jeune homme à la trentaine bien entamée, courait à plein régime sur un tapis de course flambant neuf. Il avait réglé le moniteur au niveau 13, et c’était déjà son maximum. Écouteurs sur les oreilles, les yeux écarquillés sur sa propre réflexion, il était en transe. Les spectres de ses mentors – acteurs, sportifs de haut niveau et autres écrivains – apparaissaient à ses côtés les uns après les autres, se succédant et chassant le fantôme du précédent d’un revers de main. Tels des coaches, ils se penchaient à son oreille pour lui délivrer des punch lines qui le motivaient, allant même jusqu’à le faire pleurer d’émotion. Il n’était pas tard, mais l’obscurité hivernale avait déjà recouvert la ville. Projetée sur les murs, l’ombre de Martial dansait en cadence avec son souffle bruyant. Dans la salle, il n’y avait que lui et un autre homme, caché dans l’ombre d’un spot de lumière. Le ventre bedonnant, avachi sur un vélo en mode promenade, il regardait Martial s’épuiser et souffrir du coin de l’œil. Intérieurement, il enviait ce jeune garçon bâti comme un dieu grec. Alors, comme foudroyé par le désir de changer, empli d’une soudaine motivation, il augmenta la vitesse d’un petit niveau, ce qui lui tira laborieusement une goutte de transpiration perlant sur sa tempe droite. Il continua d’observer Martial, comme s’il regardait une compétition sportive à la télé. Martial ne s’était même pas rendu compte de la présence de l’individu et, bien qu’à bout de souffle, bien qu’il fût au sommet de sa propre tolérance à la douleur, il augmenta encore la vitesse du tapis. Il expirait de plus en plus fort, poussait des cris pour se motiver et s’adressait à lui-même en fulminant des : « Allez, come on ! » Soudain, il hurla longuement tout en appuyant sur l’interrupteur d’urgence. Le tapis s’arrêta net, Martial se laissa tomber à genoux et poussa des haros de colère, encore et encore. L’autre homme, effrayé et ne sachant plus quoi faire, quitta alors la salle en trottinant bêtement. Martial ne le calcula même pas. Affalé sur le tapis, la tête entre les mains, il se mit à pleurer et se frappa le visage, furibond. « Putain ! Putain de merde… Je suis devenu une ordure… une pute, un cadavre de rat d’égout, une nausée, une saloperie indigeste et fière, un cancer du foie, pire encore, une maladie incurable. Mais bon Dieu de merde, qu’est-ce qui m’arrive… ? Comment en suis-je rendu à ce point de médiocrité ? »

    Martial se tut. Face au miroir, il se regarda dans le blanc des yeux, puis, d’une main lourde, il attrapa une serviette posée sur l’accoudoir du tapis de course. Sans se lever, il sécha la sueur de son visage et la susceptibilité qui lui coulait au coin des yeux. Il se releva douloureusement, marcha péniblement, s’approcha du miroir mural de la salle de sport, s’admira, fit bouger sa mâchoire comme un boxeur entre deux rounds pour se détendre les muscles maxillaires, contracta les muscles de ses bras, de ses jambes, s’épiant sous toutes les coutures avec un œil d’expert. Puis son reflet s’adressa à lui :

    –Bon sang, reprends-toi, bonhomme ! Reprends-toi ! Le monde est à tes pieds. Alors pourquoi tu couines comme une petite gonzesse ? Allons, bonhomme, y a pas à redire, t’es le plus beau, t’es fort comme un cosaque, pour sûr tu es le meilleur, une vraie gravure de mode, une star mondiale, mon vieux, ce n’est pas moi qui le dis, ce n’est pas moi qui le veux ! C’est ainsi, tu as du talent ! Alors, qu’est-ce que tu veux de plus ? C’est qui, le maître à bord ? C’est toi ! Et personne d’autre. Alors ? Alors, bonhomme, tu relèves le menton, tu bombes le torse et tu fais ce qu’il y a à faire.

    Martial alla s’asseoir sur le banc, contre son sac de sport en cuir de chez Hermès. De ses entrailles, il en extirpa une bouteille d’eau Veen – provenant des profondes sources finlandaises à vingt-cinq euros la bouteille – qu’il ingurgita d’une traite après s’en être versé cinq euros sur le visage. Puis il fouilla encore l’intérieur de son sac et en sortit son téléphone portable Vertu personnalisé. Il se passa la main dans les cheveux pour se recoiffer, prit une grande respiration et tourna l’appareil vers lui en mode selfie. Puis il s’adressa au minuscule objectif :

    –Salut, les frangibus et frangibuses ! J’espère que vous allez bien et que je vous ai manqué !

    Il accompagna ses propos d’un clin d’œil et d’un sourire pour que l’on comprenne le second degré.

    –Alors voilà, j’annonce ! Je viens de finir ma séance de sport et je vous jure, je me suis déchiré grave comme vous pouvez le voir ! clama-t-il en se montrant à la caméra. Alors maintenant, je pense que je mérite ce rendez-vous galant dont je vous ai tant parlé la semaine dernière. Oui, je sais, vous êtes impatients de savoir avec qui je vais partager un sauna et pas que… ! Attention, j’ai prévu le grand jeu : champagne, fraises et caviar pour la belle. Allez, mes « pioulets », soyez patients. Je vous envoie les photos dès ce soir et je vous promets que la surprise sera de taille !

    Martial finissait toujours ses vidéos avec sa signature move, un clin d’œil qu’il synchronisait avec un léger hochement de tête, tout en faisant claquer sa langue contre ses dents. Martial regarda ensuite la vidéo et, après une brève vérification, la posta directement sur les réseaux sociaux, les uns après les autres : Facebook, Instagram, Twitter, etc. Assis sur le banc, les yeux dans le vide, sa plus grosse addiction posée à ses côtés, il attendait, stoïque, les commentaires et autres likes. Seul dans la salle, on entendait résonner les vibrations et les sonneries qui émanaient de son téléphone à chaque fois qu’il recevait une notification. Du coin de l’œil, Martial regardait l’écran de son téléphone s’illuminer et s’éteindre comme un feu d’artifice. Sans le toucher, il lisait de côté le résumé des différents commentaires qui lui étaient adressés. Bons ou mauvais, haineux ou envieux, adulateurs ou détracteurs, finalement, Martial s’en foutait : peu importait leur contenu, pourvu qu’ils soient nombreux. Soudain, le concierge de l’hôtel entra et s’adressa à Martial :

    –Monsieur Martial, monsieur Martial !

    Les yeux écarquillés, perdu dans un néant d’oisiveté improductive, Martial ne l’entendit pas. Finalement, le concierge donna de la voix d’un ton familier :

    –Martial !

    –Oui ? répondit innocemment Martial.

    –Mademoiselle Gabriella Assomption est arrivée, annonça le concierge avec une exaspération certaine dans la voix et dans le regard, qu’il avait d’ailleurs bien du mal à dissimuler derrière un sourire crispé.

    –Ah, très bien ! Pourriez-vous l’inviter à se mettre à l’aise et à me rejoindre à la piscine ?

    –Très bien, monsieur.

    Le concierge sortit de la salle de gym et Martial le rappela en criant, comme s’il avait oublié de lui dire l’essentiel :

    –Au fait, monsieur André ! Monsieur André !

    Le concierge, un homme impeccablement élégant et légèrement maniéré, revint sur ses pas et passa la tête par l’entrebâillement de la porte.

    –Oui, monsieur Martial ? demanda-t-il d’un air suspicieux.

    –Merci, monsieur André ! s’exclama Martial en accompagnant ses paroles d’un sourire malicieux.

    –Mais je vous en prie, monsieur Martial, répondit le concierge avec un rictus tout en secouant la tête.

    –André !!! beugla encore Martial.

    –Putain, quoi encore ? marmonna André, un peu dans sa barbe, tout en revenant sur ses pas.

    –Je vous ai entendu, André, et j’avoue quand même préférer quand tu m’appelles monsieur.

    –Tu es définitivement con et chiant ! s’écria André en riant jaune. Bon, tu veux quoi ? Je ne suis pas un petit con riche qui joue les arsouilles, surdoué et coqueluche des réseaux sociaux. Moi, monsieur, j’ai copieusement à faire. Entrée, plat et dessert, si monsieur voit ce que je veux dire.

    –Elle est bien gaulée ? demanda Martial.

    –C’est loin d’être un boudin, la demoiselle est bien faite, dit André avec un sourire complice.

    –T’es jaloux, hein ?! Ma foi… c’est normal, je te comprends, mais tu sais, ce genre de gonzesse, ça n’est pas pour des salariés.

    –Je vous reconnais bien là, c’est là que vous brillez le mieux, dans ce rôle qui vous va si bien, celui de la petite miette, monsieur Martial. C’est dommage, tout de même, trop souvent les gens comme toi qui ont du talent le torpillent en vulgarités et vantardises !

    Puis, avant de s’en aller, il ajouta :

    –En plus, je suis de la jaquette, ignorant ! Comme quoi, tu ne t’intéresses vraiment qu’à toi ! Pourtant il y a des indices, j’en porte déjà une, et puis surtout ce n’est pas un secret, des cuisines jusqu’aux chambres de bonne, tout le monde le sait. Mais monsieur Martial a un nombril de la taille du Michigan, alors…

    –André, reviens… évidemment que je le savais. Je déconne… allez, ne sois pas caboche, reviens.

    Martial se leva, s’avança dans le couloir derrière André qui était déjà loin, et lui lança :

    –Je déconne, André, c’est toi qui es trop bien pour ce genre de femme, tu le sais, tu es unique !

    André lui fit un doigt d’honneur sans se retourner, tandis que Martial bougonnait dans sa barbe :

    –Oh ! et puis fais la gueule, pour ce que j’en ai à faire ! Le client, c’est moi ! lui cria-t-il.

    André réitéra son doigt d’honneur. Une fois engouffré dans l’ascenseur, les portes se refermèrent sur son regard dédaigneux.

    Après avoir indécemment pris le temps de s’apprêter et de se pomponner, Martial rejoignit la fameuse Gabriella.

    Gabriella était une YouTubeuse colombienne ultra connectée, ultra connue, ultra sollicitée, et surtout ultra belle. Une beauté naturelle, de celle qui est enviable, une peau mate parfaite, des lèvres pulpeuses, des yeux d’un bleu-vert improbable, hypnotique – elle en jouait beaucoup, d’ailleurs, puisqu’elle disait que son succès ne tenait qu’à ses yeux. Une fois que le follower avait plongé ne serait-ce qu’une œillade dans son regard, il ne pouvait plus s’en détacher. Et ça, c’était vrai ! Elle s’était fait connaître en postant des vidéos d’elle brute, face caméra, sans maquillage ni artifice vestimentaire, récitant des poèmes dans des lieux insolites, finissant souvent les vers en larmes, émue par ses propres rimes. Ses poèmes relataient les difficultés générales de la vie dans les ghettos, les injustices sociales, la pression des réseaux sociaux et, surtout, le pouvoir indécent et l’impunité des barons de la drogue. Cela lui avait valu l’exil forcé, et elle avait trouvé asile en France, menacée de mort par les narcos et autres politiciens qu’elle accusait de viol. Sa vie ne tenait plus à grand-chose. Alors qu’elle surfait confortablement sur la vague du succès, un beau jour, un hater dénonça le fait qu’elle n’était pas l’auteur de ses poèmes, mais juste une interprète. Cette annonce fut reçue par les fans comme une trahison, et alors qu’une véritable déferlante de haine s’abattait sur elle via les réseaux sociaux, la belle, l’imperturbable, la forte, ne se laissa pas impressionner ni même déstabiliser : elle n’avait pas dit son dernier mot. Dans une vidéo identique à celle de ses poèmes, elle avoua tout d’abord, sans le moindre remords, qu’elle n’avait jamais dit ouvertement qu’elle en était l’auteur. Puis elle anéantit l’armée de ragots en un petit tour de main et retourna la situation à son avantage, dénonçant à son tour l’injustice des réseaux sociaux. Elle raconta simplement son parcours de petite gamine née dans une favela, violée à plusieurs reprises, prostituée par son propre oncle à l’âge de treize ans, et vendue aux narcos comme esclave sexuelle. Et ça, c’était vrai ! Elle s’était même gardée d’en raconter les détails, bien trop crus et violents pour ses jeunes fans. Elle ajouta que son auteur – peu importait son nom – n’avait jamais reçu aucune attention de la part de qui que ce soit, jusqu’au jour où il avait rencontré Gabriella et lui avait demandé de lire ses textes face caméra. Telle était la vérité, c’étaient les fans eux-mêmes qui étaient à l’origine du rejet de cet artiste. Gabriella reçut des millions d’excuses, ses fans finissant par se sentir personnellement coupables. Le poète fut édité en son nom et Gabriella revint au sommet de la gloire. Comme Martial, elle se perdit dans la fame et devint vendeuse de vent, de rien, postant des vidéos de ses journées, entre paillettes et déjeuners dans des restaurants étoilés.

    Comme Martial, elle avait compris l’importance du renouveau sur les réseaux sociaux, pour le maintien et surtout le développement de ses revenus, déjà indécemment injustifiés. Les deux infatués ne se connaissaient finalement que via les réseaux sociaux et autres médias interposés, où ils s’étaient gentiment courtisés. Gabriella avait inauguré les flatteries en postant sur Twitter que « Martial, en plus d’être l’écrivain le plus talentueux de sa génération, était très beau, et que ses vidéos comme ses romans étaient devenus une véritable source d’inspiration pour elle ». Sans attendre le crépuscule, Martial lui avait retourné le compliment en postant publiquement sur Twitter une véritable déclaration d’amour : « Je voudrais que le monde entier sache à quel point tu es merveilleusement, incroyablement, inimaginablement belle. Je voudrais te montrer à l’univers le temps d’un éclair, puis m’enfermer avec toi, seul, et te regarder pendant l’éternité. » À peine avait-il posé les yeux sur elle, sur sa beauté colombienne, qu’il avait eu l’envie effroyable d’écrire, ajouta-t-il. C’était évidemment très exagéré, d’autant plus que la première phrase n’était même pas de lui mais de Barjavel dans La Nuit des temps, mais hormis quelques aficionados de la littérature française qui heureusement ne s’abaissèrent à aucun commentaire, personne ne releva le plagiat. En vérité, l’intérêt de Martial pour la belle était bien plus bestial que cela. Martial avait surtout très envie de la baiser et de pouvoir s’en vanter sur les réseaux sociaux. Ça ferait parler de lui un bon bout de temps et augmenterait un peu plus les ventes de ses romans. Il y voyait même l’opportunité de sortir une réédition.

    Lorsque Martial pénétra dans l’enceinte de la piscine – privatisée pour l’occasion –, Gabriella, posée délicatement sur une chaise longue, comme une pièce de joaillier dans son écrin, l’attendait en peignoir. Martial trouva la scène surfaite, trop travaillée, mais s’en contenta finalement très volontiers. Lorsqu’il arriva à sa cheville, elle se releva, intimidée par ce jeune homme qu’elle admirait. Un peu troublé, Martial tomba immédiatement sous le charme de cette muse à qui il vouait un véritable culte sexuel. Il avait le trac, les mains moites et le cœur qui battait, mais il ne voulait pas se dévoiler, alors il feignit l’assurance :

    –Le naturel te va bien mieux que l’écran de mon téléphone. Je suis heureux de pouvoir enfin te rencontrer en chair et en os.

    –Merci, je suis émue, je dois dire, et très intimidée aussi, répondit Gabriella.

    –Ne le sois pas, restons simples, veux-tu, et buvons du champagne en dégustant des fraises et du caviar russe !

    –En toute simplicité, en effet ! dit-elle en souriant.

    Malgré

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