Mon cœur à son passé renonce
Pierre de Cléry et Hughes de Beaumont tombèrent donc en garde pour un assaut en quinze touches que Cléry remporta haut la main, au grand dépit de son partenaire qui fit semblant d’oublier la protocolaire poignée de main par laquelle les tireurs se saluaient avant de se séparer.
– Eh bien, en voilà un qui n’est pas content ! ironisa Arnaud en regardant le vicomte s’éloigner.
– Quel mauvais joueur ! Il a contesté presque toutes mes touches et il n’a même pas salué à la fin de l’assaut. Tu te rends compte !
Pierre était révulsé par une telle conduite, mais il voulait oublier l’incident. Il s’enquit d’un nouvel adversaire, plus aimable, qu’il trouva sans difficulté.
Son niveau de fleurettiste qui frisait l’excellence, auquel s’ajoutait une réputation de parfait gentilhomme, lui valait d’être recherché par tous. Il n’en retirait cependant aucune vanité, et quand par hasard il trouvait meilleur que lui, il ne s’en offensait pas, bien au contraire ! Il félicitait son adversaire, le remerciant avec chaleur et sincérité d’avoir si bien tiré.
Cela lui arriva quand il rencontra un grand jeune homme un peu timide que personne ne semblait connaître, hormis maître Signac. C’est lui-même qui le présenta à Cléry, il se nommait Gilbert Cauduet et arrivait de province.
Pierre lui proposa aussitôt un assaut que le jeune tireur accepta avec joie. La confrontation fut superbe. Les deux jeunes gens rivalisèrent d’adresse et de technique, et quand Gilbert mit la dernière
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