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Sanglante vérité: Au cœur des collines corréziennes
Sanglante vérité: Au cœur des collines corréziennes
Sanglante vérité: Au cœur des collines corréziennes
Livre électronique169 pages2 heures

Sanglante vérité: Au cœur des collines corréziennes

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À propos de ce livre électronique

Les facettes sombres des milieux policiers corréziens.

Originaire du Nord, Gabriel Marcini est un brillant officier de police qui a réussi à intégrer le commissariat de Tulle et est promis au grade de capitaine. Marié et père d’une petite fille, on lui confie une affaire de trafic de stupéfiants qui parasite tout le Limousin. Gabriel Marcini se lance à corps perdu dans cette affaire infiltrant les milieux de la drogue et traquant la « Black-Dream », cette nouvelle drogue dont Interpol annonçait l’arrivée en France. Quand Marco, l’un de ses indicateurs, se fait assassiner, il va découvrir que ses collègues ne sont pas tout blancs dans cette affaire... À partir de là, tout bascule, sa carrière est remise en question, la sécurité de ses proches est menacée, Gabriel Marcini va devoir jouer serré pour démêler les fils de l’enquête sans subir de conséquences dramatiques.

Découvrez un polar dans lequel l’action côtoie le suspens jusqu’à la dernière page.

EXTRAIT

Les deux voitures se garent sur le bascôté, à la lisière de la forêt, et les six hommes courent sur les cinquante derniers mètres. Ils ralentissent quand ils aperçoivent quelques carcasses automobiles rouillées. Puis le garage entre dans leur champ de vision, un peu en retrait dans le bois. Évitant le moindre bruit, le groupe s’étire et se disperse autour de la construction qui comprend un petit local d’un étage en dur attenant à la partie atelier, un hangar en tôles d’environ soixante mètres carrés au sol. Aucune lumière à l’intérieur. Arme à la main, les gendarmes et le Limougeaud se répartissent sur les côtés tandis que Laurent et Gabriel, coude à coude, approchent de la façade au sommet de laquelle une enseigne minable indique : « RICK AUTOS ».

À PROPOS DE L'AUTEUR

Depuis plus de vingt ans, Frank Klarczyk est un "policier de la rue". Après avoir fait ses premières armes en région parisienne, il a exercé dans le Pas de Calais où sont ses racines. Puis, tombé sous le charme du Sud-Ouest, il a aujourd’hui obtenu sa mutation en Corrèze. Cinéphile et passionné de littérature policière, il apprécie les auteurs américains Harris, Connelly, King, Lehane comme les auteurs français Grangé, Chattam et, surtout, Thilliez. Utilisant sa profession comme source d’inspiration, il nous entraîne dans une enquête rythmée et nous plonge dans le monde, méconnu, de la Police.
LangueFrançais
Date de sortie22 juin 2018
ISBN9791035301552
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    Aperçu du livre

    Sanglante vérité - Franck Klarczyk

    1

    La nuit impénétrable. Le son d’un moteur. Un véhicule approche, vite. Dans cette zone privée d’éclairage public, ses phares blancs tailladent soudain l’obscurité telles deux lames acérées. Les faisceaux lumineux finissent par accrocher une clôture au grillage distendu, avant de s’éteindre. Le moteur s’éteint lui aussi.

    Les secondes s’écoulent, silencieuses, hésitantes…

    À bonne distance, le bruit d’un poids lourd qui semble s’éloigner du quartier de la gare. Ici plus qu’ailleurs, à cette heure tardive, la ville endormie paraît à des kilomètres.

    Dans le ciel étoilé, des nuages compacts et lourds s’amoncellent, masquant de plus en plus un maigre croissant de lune. L’orage menace…

    La portière côté conducteur s’ouvre enfin. Le chauffeur descend de son véhicule. Jetant un regard circulaire, il souffle dans ses poings serrés pour les réchauffer. D’un geste discret, sa main passe sur son blouson pour sentir la présence rassurante de son arme. Il se met en marche, se frayant un passage à travers une ouverture dans la clôture éprouvée. Sa silhouette se découpe dans la pénombre que créent les candélabres lointains du parking de la gare. D’un pas prudent, l’ombre de l’homme traverse un large terrain vague au centre duquel s’érige un énorme bloc noir. L’inconnu est à l’affût du moindre mouvement autour de la construction vers laquelle il se dirige.

    Alors qu’il arrive à proximité du haut bâtiment, une seconde silhouette, plus frêle, sort de l’obscurité que lui offrait l’angle d’un mur et le rejoint.

    Une discussion à voix basse s’engage entre les deux hommes. Leurs corps s’animent un instant puis se calment à nouveau, avant d’avancer jusqu’au pied de la façade démesurée. Empruntant une petite porte, les deux ombres disparaissent dans le ventre du bâtiment.

    Une série d’éclairs illumine subitement la vallée juste quelques instants avant que l’impact sonore du tonnerre ne gronde sa rage, amplifiée par l’écho des montagnes alentour.

    Les minutes passent, de nouveau pesantes de silence…

    Par une vitre brisée située à huit mètres du sol gelé, on peut deviner l’immense vide à l’intérieur de ce blockhaus à l’abandon. À l’autre bout de cet espace, un local exigu. À travers ses fenêtres sales, une faible lueur jaunâtre transparaît, dévoilant plusieurs ombres floues aux mouvements ralentis.

    La scène se fige… jusqu’aux premiers cris.

    S’ensuit un tumulte fracassant de coups frappés, de métal jeté et d’os brisés. L’explosion d’une souffrance extrême fuse durant quelques instants, trop longs. Interminables…

    Puis, enfin, à nouveau, le silence mortel de la nuit.

    Deux nuits plus tard.

    Une douce pression, légèrement humide et chaude sur sa joue, lui fait ouvrir les paupières. Couché sur le dos, Gabriel émerge peu à peu d’un sommeil profond sous les baisers de son épouse. Celle-ci a allumé sa lampe de chevet, qui diffuse une lumière tamisée dans la chambre. Serrée contre lui dans ce clair-obscur, Patricia caresse du bout des doigts le visage de son mari.

    « Tu n’as pas entendu ton radioréveil ?

    – Si… bien sûr… » marmonne-t-il l’esprit encore embrumé.

    Gabriel tourne la tête vers les stores de la fenêtre et constate qu’aucune lumière encore ne filtre de l’extérieur.

    La femme plonge son regard d’un bleu intense dans les yeux noisette de son mari :

    « Il est encore tôt…, murmure-t-elle, sensuelle. Tu te sens la force de me gratter le dos ?… Ça fait longtemps…

    – C’est une question piège ? » interroge son mari, heureux de se laisser prendre au jeu.

    Il glisse la main sous le satin noir. Un baiser langoureux les unit, stimulant leurs sens. Puis les caresses se font plus ardentes, mais la tête blonde de leur petite fille de cinq ans apparaît au pied du lit et stoppe net les prémices de leurs ébats :

    « Coucou les amoureux ! » dit en riant la gamine qui était entrée dans la chambre en silence. Les amants s’écartent aussitôt pour laisser leur petite fille enjouée se glisser entre eux.

    La maman fait un bisou rapide à son mari :

    « Je vais préparer le petit déjeuner. » Elle se lève avec énergie et, comme elle enfile sa robe de chambre, elle ajoute, pour sa fille : « Fais des chatouilles à papa Manon, il aime ça » et elle quitte la chambre, tandis que la gamine se jette sur son père pour s’exécuter. Tous les deux chahutent avec bonne humeur.

    Dans la cuisine, Patricia, habillée maintenant, remplit le lave-vaisselle.

    À table, la petite Manon, toujours en pyjama, termine son bol de chocolat. Elle interroge assez fort :

    « Papa ?

    – Oui ? entend-on d’une autre pièce.

    – C’est toi qui me conduis à l’école aujourd’hui, en partant à ton travail ? »

    La maman répond :

    « Non, chérie, c’est moi qui t’y conduis. Papa part plus tôt aujourd’hui. »

    Gabriel entre dans la cuisine élégamment vêtu d’un pantalon velours et d’une chemise de bonne coupe. Tout en resserrant son nœud de cravate, il se penche pour embrasser sa fille :

    « Demain, je te conduirai, Manon. Promis.

    – Promis ! » répète la petite toute joyeuse.

    L’homme attrape sa mallette posée sur une chaise et se rapproche de son épouse qui lui dit :

    « Vous savez que vous me plaisez avec votre cravate, capitaine ?

    – Non, madame, répond son mari en la serrant dans ses bras. Votre mari n’est encore que lieutenant… »

    Ils s’embrassent avec tendresse. Patricia passe sa main dans la chevelure brune de son mari. Brusquement, il écarte un peu la tête en émettant une légère plainte.

    « Qu’est-ce que tu as ? »

    Sans lâcher son épouse, Gabriel passe une main sur l’arrière de son crâne :

    « Je ne sais pas, j’ai une bosse, on dirait. »

    Patricia en profite pour le mettre en boîte :

    « Tu dis que tu n’es pas encore capitaine, mais tu attrapes déjà la grosse tête ! »

    Les amants se mettent à rire, goguenards, faisant rire aux éclats leur petite fille. Gabriel embrasse à nouveau son épouse et ajoute, un ton plus bas :

    « Ce soir, on reprendra où on en était… »

    Patricia ironise :

    « Pour cela, mon capitaine, il faudrait que vous rentriez à des heures plus décentes que ces derniers jours.

    – Mais si tu veux continuer à m’appeler « capitaine », je ne dois pas rechigner à faire des heures supplémentaires, chérie », puis il conclut en sortant :

    « À ce soir ! Travaille bien à l’école, Manon ! »

    À l’extérieur, le même scénario se répète depuis trois jours : le ciel étoilé de la nuit se charge d’un épais tapis de nuages gris et compacts dès potron-minet, rendant ces matinées de fin novembre lugubres à souhait.

    « The Edge », Adam Clayton et Larry Mullen Junior entament l’intro de « I still haven’t found what I’m looking for » tandis que Bono entonne : « I have climbed highest mountains. I have run through the fields. Only to be with you… »¹

    Au cœur d’une campagne limousine de nouveau revêtue d’un voile de givre ce matin, Gabriel quitte le village d’Aubazine au volant de sa voiture, une Peugeot 307 dont l’habitacle vibre au son du groupe irlandais U2.

    Guettant la moindre plaque de verglas dans le halo de ses phares, il roule avec prudence sur la route de Vergonzac, pour descendre dans la vallée et arriver enfin sur la départementale 1089.

    Il marque un temps d’arrêt au stop : à droite, en amont, la ville de Tulle, préfecture de la Corrèze – ; à gauche, la cité de Brive-la-Gaillarde, sous-préfecture du département. À mi-chemin entre ces deux circonscriptions de police, il prend à droite et se met à longer la rivière « à contre-courant ».

    Le flot de circulation est important à cette heure.

    Ça n’a vraiment rien à voir avec le trafic parisien, sourit intérieurement le policier. Il pense cependant à lever le pied à l’entrée du tunnel de Bonnel, songeant à un accident meurtrier qui s’y est produit voici peu de temps.

    La ville de Paris, il l’avait pratiquée durant neuf ans. D’abord en tant que gardien de la paix, puis en tant qu’officier, à l’obtention de son concours de lieutenant de police. Rappelé par ses racines du Nord, il avait ensuite demandé un poste dans la circonscription de Lille. Il aurait pu poursuivre sa carrière là-bas, mais Patricia, née à Brive et « coujou² » de pure souche, n’aspirait qu’à une chose : revenir dans son Limousin natal et se rapprocher de sa mère.

    Entre Brive et Tulle, que trente petits kilomètres séparent, la question ne s’était pas réellement posée. Gabriel aurait accepté l’une ou l’autre ville pour satisfaire son épouse. Il avait même postulé pour le commissariat de Limoges en Haute-Vienne. Mais c’est au chef-lieu d’arrondissement de Tulle que le premier poste de lieutenant lui fut proposé.

    Patricia avait vu cette affectation comme une délivrance et ce qui compte le plus pour son mari est le bonheur des siens.

    Certes, depuis qu’ils ont quitté leur pavillon exigu de Villeneuve-d’Ascq, en banlieue lilloise, pour emménager dans une maisonnette près du lac du Coiroux, à Aubazine, ils vivent dans un cadre exceptionnel où la qualité de vie n’a pas sa pareille. Cependant, sur le plan professionnel, l’officier doit bien avouer qu’il a accusé le coup. Lui, qui aspirait à une activité importante en acceptant un poste en préfecture, était tombé de haut. Il se sentait un peu victime de cette qualité de vie que connaît la région.

    La 307 de Marcini s’engouffre à nouveau dans la montagne. Il traverse maintenant le tunnel de Cornil, le plus long du département. Trois cent quatre-vingt-dix-sept mètres d’un boyau au cœur de la roche noire : oppressants.

    Les parois rocheuses mènent à la vertu, songe le conducteur se remémorant la devise des Tullistes, apprise à son arrivée, même si Gabriel n’a jamais cru à l’augure de ce genre de dicton.

    Le véhicule ressort enfin. Toujours ce ciel noir, de plus en plus pesant. La pluie ou la neige pourrait très bien tomber et la température s’adoucir soudainement. Hiver comme été, une forte amplitude thermique sur la journée n’est pas rare dans la région. Cela aussi l’avait marqué à son arrivée dans le Sud-Ouest.

    Après une période de plusieurs mois d’adaptation à son nouveau milieu de travail, à ses nouveaux collègues, à la population de la ville et à sa délinquance, il s’était finalement rendu compte que l’activité ne manquait pas à Tulle si, évidemment, on ne rechignait pas à traiter nombre d’enquêtes de moindre intérêt.

    Escroqueries, violences conjugales et autres coups et blessures, vols à l’étalage ou à l’arraché, cambriolages en étaient le lot presque quotidien, mais pas des plus captivants pour un enquêteur. Néanmoins, Marcini avait mené et résolu quelques affaires plus importantes – et heureusement plus rares – depuis son arrivée : cas de maltraitance sur enfants, séquestration de personne vulnérable, pédophilie et même barbarie, et, bien sûr, des affaires liées aux stupéfiants. Il réalisait qu’à Tulle, comme partout ailleurs, la drogue était un fléau grandissant. Au sein de l’équipe de la BSU³, le jeune lieutenant s’était fait un cheval de bataille des affaires d’ILS⁴. Il avait, dès lors, trouvé un équilibre entre vies professionnelle et familiale.

    La Peugeot traverse un troisième tunnel, plus petit, celui des Îles, puis poursuit sa route au milieu de la forêt. Quelques kilomètres de plus, le long d’une Corrèze impétueuse depuis les derniers orages sur le plateau de Millevaches, et la nature cède peu à peu la place à la civilisation, de part et d’autre de la chaussée.

    Toujours dans l’espoir de remonter les filières de vente de drogue, Marcini s’intéresse à toutes les affaires touchant de près ou de loin aux produits illicites. Des mises à disposition, par les effectifs de police secours, d’individus trouvés en train de fumer un joint, ou porteurs de quelques grammes de résine de cannabis, aux revendeurs de shit, d’héroïne ou de crack, en passant par les narcodépendants se « soignant » au Subutex ou à la méthadone, Gabriel consultait avec minutie toutes les procédures.

    Et, voici quelques mois, son acharnement l’amena à flairer un gros coup. Une affaire qui, il le sentait, allait marquer un tournant

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