Jeux amoureux
Marjorie alluma les lampes du salon dès qu’elle sortit de la salle de bains, puis se dirigea nonchalamment vers la grande fenêtre qui donnait sur la colline. Les rideaux transparents, à demi fermés, ondoyaient mollement sous l’effet d’un léger courant d’air.
Elle portait ce long peignoir de satin, couleur saumon, dont elle aimait sentir le contact sur sa peau humide les soirs d’été en sortant du bain. Elle écarta les rideaux et laissa les persiennes ouvertes.
Un vent tiède lui caressa le visage, faisant vibrer ses cils et ses cheveux. L’atmosphère était lourde, électrique, la nuit chargée de nuages. A des kilomètres à la ronde, la nature semblait se tendre comme un arc dans l’attente impatiente de la pluie.
Là-bas, sur la colline, à plus de cinq cents mètres, le lotissement de pavillons que construisaient Tom et son équipe d’ouvriers se profilait faiblement sur le ciel noir. Les bâtisses du chantier étaient silencieuses. Leurs masses grises, trouées d’ouvertures rectangulaires, ressemblaient à des ruines fantomatiques. On était dimanche. Tom et son équipe n’y avaient donc pas travaillé.
Pourtant, Tom s’y trouvait. Comme convenu. Invisible, guettant patiemment dans l’obscurité du chantier désert. Il était là depuis un quart d’heure, attendant qu’elle se décide à agir. Elle, Marjorie, sa femme, qui s’apprêtait à entrer en scène et avait décidé, ce soir, de le faire attendre plus longtemps que la première fois. Elle regarda l’horloge, et son cœur se mit à battre un peu plus fort quand elle constata qu’il était précisément 22 heures.
L’heure qu’ils avaient fixée.
Elle s’assit sur le canapé le plus naturellement possible, prit la télécommande sur la table basse, alluma le téléviseur. Elle se brossa les cheveux avec une désinvolture sensuelle et ostentatoire, faisant rouler leur masse souple d’une épaule à l’autre en quelques mouvements de tête. Puis, manifestement indécise, elle éteignit le téléviseur
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