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L'émancipation d'une femme: Roman
L'émancipation d'une femme: Roman
L'émancipation d'une femme: Roman
Livre électronique193 pages2 heures

L'émancipation d'une femme: Roman

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À propos de ce livre électronique

Lorsqu'elle apprend que son mari la trompe et que sa maison a été frappée par la foudre, Iris décide d'y voir les signes pour commencer à réaliser ses rêves...

Nous vivons actuellement une époque où la médiatisation du combat des femmes pour faire valoir leurs droits est en plein essor et ce livre est un hymne à cette émancipation des femmes mais avant tout, le récit d’une « madame tout le monde » qui s’adresse à toutes celles et tous ceux qui veulent croire en un monde plus juste où chaque âme devrait pouvoir trouver sa place.
C’est un hymne d’espoir où de nombreuses personnes, quelques soient leurs origines, sociales, ethniques ou familiales, pourraient s’identifier à différents moments de leurs vies. J’ai donc abordé en regard de mon propre vécu des sujets variés que j’ai aimé mettre en lumière par des mots personnels et illustrés. Des thèmes difficiles, comme la F.I.V (un véritable combat contre la stérilité) et les violences faites aux femmes, d’autres sensibles, comme les appartenances religieuses, les inégalités sociales et le travail difficile des soignants ou encore des sujets plus universels, comme l’amour et ses nuances, l’amitié et la famille.

Ce roman raconte le désir d'Iris de vivre enfin libre, autonome et de suivre ses rêves, malgré les nombreuses embûches posées sur son chemin.  Le personnage attachant, ses mésaventures et sa force font de ce roman une pépite littéraire inspirante.


EXTRAIT

La nuit sombre m’empêchait de voir à plus de dix mètres. Aucun éclairage ne perçait ce voile noir qui s’était abattu sur la ville. Arrivée à proximité de chez moi, j’aperçus des gyrophares. Ils éclairaient le pâté de maisons tels des stroboscopes. Je voyais deux camions de pompiers et trois voitures de police.
La rue grouillait de monde, ce qui m’empêchait d’approcher. Une torche à la main, un agent se dirigeait vers moi. Même si j’étais curieuse de connaître l’origine de cet attroupement, je n’avais qu’une envie : retrouver mon lit pour éviter Franck. En baissant la vitre, je me demandais ce que voulait ce grand gaillard.
— Bonsoir madame, où allez-vous ?
— Chez moi, 4 rue Paul-Gauguin, pourquoi ?
D’une voix forte, se retournant vers ses collègues, il s’écria :
— C’est elle ! C’est la propriétaire !
Ma première pensée fut celle d’un cambriolage mais la présence des pompiers me fit oublier cette hypothèse.
— Madame, veuillez nous suivre s’il vous plaît. Garez-vous.
Je m’exécutai tout en demandant d’une voix fébrile :
— Qu’est-ce qui se passe ?
— Madame, votre maison a été touchée par la foudre.


À PROPOS DE L'AUTEUR

Je me nomme Célia colombe Kei Taud, j’approche à grands pas de mes trente-sept ans. Née à Mulhouse, divorcée, célibataire et sans enfants, je croque la vie à pleines dents en dansant dans ma cuisine sous le regard médusé de mon chat. De nationalité française, d’origine italo-ivoirienne, mon métissage m’a toujours porté par ses notes chaleureuses et musicales que j’aime distribuer lorsque j’exerce mon métier d’aide-soignante depuis 16 ans. Un métier où l’art du dorlotage des corps et des cœurs m’anime avec passion.
LangueFrançais
Date de sortie4 nov. 2019
ISBN9782851139429
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    Aperçu du livre

    L'émancipation d'une femme - Célia Colombe Kei Taud

    Le vent

    Emmitouflée dans mon plaid gris, une tasse de thé vert à la main, j’étais installée confortablement dans ma véranda. L’esprit songeur, j’observais le « Maître de l’air » qui faisait danser les branches de mon cerisier dans un ballet impétueux, et virevolter quelques pétales blancs au passage. J’enviais cette liberté qu’incarne le vent.

    Femme indépendante, dans un pays libre, je me sentais pourtant l’otage d’un schéma fantasmé, prisonnière d’une vie que j’avais choisie mais dans laquelle je ne me reconnaissais plus. Au regard de la société, nous étions de bons et serviables citoyens. Un jeune couple dynamique, agréable, à la vie bien rangée, réglée comme une montre suisse et sécurisée par des postes de fonctionnaires, lui enseignant, moi aide-soignante. De surcroît, nous possédions une jolie maison à la barrière blanche, dans une banlieue de la classe moyenne. Le projet de ceux qui sont nés pauvres.

    La pression sociétale se ressentait fortement dans ma vie. Cette société dite « moderne » était inscrite dans une course à l’objectif dont la norme consiste à se marier entre 25 et 30 ans, avec une assise professionnelle, devenir propriétaire d’un bien immobilier. En voulant absolument me conformer à cette norme induite qui façonnait ma pensée depuis l’enfance, je m’éteignais peu à peu, en persistant à croire que le bonheur était d’« avoir ».

    Ainsi, aux yeux de tous, nous étions heureux et ne pouvions que l’être. Je le pensais aussi…

    Toutefois, j’en vins à détester cette cage normée, m’y sentant beaucoup trop à l’étroit comme dans un vêtement mal ajusté à ma morphologie, qui prenait des couleurs ternes.

    Nous venions de célébrer nos onze ans de vie de couple. À ce tableau ne manquait plus que la présence d’un enfant. La graine de ce désir germa en nous, grandissant de jour en jour. Les mois passèrent, ponctués par les tests de grossesse, sans que n’apparaisse la deuxième barre rose. Les rendez-vous chez les spécialistes se succédaient et le désir se modifiait, l’espoir de ce miracle travaillait notre patience et transformait dans son sillage notre amour en une tendresse amicale. Malgré la lassitude, chaque soir dans le tréfonds de la nuit, on pouvait entendre les murmures de mes prières.

    Deux ans s’étaient écoulés sans que rien ne bouge sauf notre relation qui avait évolué en silence. Un mur invisible s’était dressé entre nous, nous éloignant l’un de l’autre. Malgré nos efforts respectifs pour rétablir une communication, rien n’y faisait, le lien était rompu. Je ne voulais et ne pouvais l’admettre. Je persistais à faire comme si de rien n’était : le déni s’avérait un vêtement bien plus confortable que la parure de vérité.

    À force de masquer cette réalité, j’en étais arrivée à me convaincre que tout allait pour le mieux, me rassurant par quelques escapades extratemporelles, qui n’étaient rien d’autre que les souvenirs d’un passé révolu.

    Été 1998, à l’aube de mes seize ans, Chirac, à l’Élysée, faisait des grâces à tout le monde tout en « roulant » les uns et les autres avec le sourire mais bon, de droite ou de gauche, on ne pouvait que l’apprécier alors. On pardonnait et on oubliait, c’était la magie de « Jacques » ! J’étais encore une jeune lycéenne pétrie de rêves. Le « Dîner de cons » sortait au cinéma, le « Nokia 5510 » était en vente dans toutes les FNAC du pays, considéré comme avant-gardiste dans l’avancée technologique. Et pour couronner le tout, la France venait de gagner la Coupe du monde face au Brésil, tandis que l’affaire Lewinsky faisait scandale dans le monde entier. Pour ma part, je disais « bye, bye » à mon célibat sur Ménélik et chantais à tue-tête My heart will go on  de Céline Dion.

    Nous avions commencé à sympathiser à l’épicerie turque du quartier, échangeant des blagues et des banalités pour enchaîner sur de l’amitié. Nos échanges étaient riches et intellectuellement stimulants, on passait des heures à discuter au coin de mon immeuble, Franck était un homme engagé avec de fortes convictions qu’il savait défendre brillamment, un humour mordant, voire un peu cynique sur les bords et avait de beaux yeux noisette qu’il avait hérités de ses origines portugaises. Quant à moi, je voulais participer au changement du monde, convaincue que cela était possible avec une simplicité enfantine, à condition que l’humanité y soit disposée. Si Platon avait été de notre époque et nous avait rencontrés par hasard, il nous aurait sans doute classés dans ces deux catégories de caractères bien différentes : Franck, dans le tempérament « Duskolos » (vision du verre à moitié vide) et moi dans celui de « Eukolos » (verre à moitié plein). L’attraction de deux natures contraires, que je voyais plutôt comme complémentaires.

    Notre amitié s’engagea rapidement sur le sentier de la séduction, qui se transforma en un véritable lien. Au point d’accaparer toutes mes pensées, ainsi que les siennes, j’ose le supposer. La naissance de l’amour, ce quelque chose de magique et d’envoûtant, est cet état que nous avons vécu nos premières années ensemble. Même si en ce temps nous n’avions rien, nous possédions les trésors de l’univers avec pour seule monnaie, des rêves et des espoirs en poche.

    C’est dans la continuité de ce roman à l’eau de rose que la Cendrillon des HLM, que j’étais, se mariait…Je venais d’avoir 22 ans. Enfin, nous allions nous unir, nous promettre l’un à l’autre en criant notre amour. Vêtue de la traditionnelle robe blanche, la tête voilée de dentelle de Calais, je dévalais tour à tour les marches de la mairie, puis de l’église.

    Mon visage fardé dissimulait le passage de sentiments de joie mais aussi d’appréhension que peut susciter une telle promesse. Que serait la vie si toutes actions et décisions étaient garanties d’avance ? Un long fleuve tranquille qui ne laisserait pas de place pour l’imprévu et l’aventure. Alors parée de mon plus beau sourire, j’acceptai le sceau de l’amour.

    Je soupirais de nostalgie, quand je fus tirée de ma rêverie par le miaulement du chat. « Ah, vous ne vous faites pas ce genre de soucis toi et tes congénères à poil ! C’est vrai, on n’a jamais entendu un chat ou un chien se dire : Oh ! Je vais attendre de faire ma formation de chien de berger et d’avoir une niche en or pour faire des chiots ! »

    Mince ! C’était le moment de prendre la route pour le boulot. Dans la précipitation, j’allais presque oublier ma boîte d’injections hormonales.

    Je revins vite sur mes pas, la boîte m’attendait posée sur la table de la salle à manger où je l’avais laissée la veille. Une simple petite boîte noire qui, de l’extérieur, n’avait rien de spécial et pourtant renfermait tous mes espoirs. Je mis la radio : les infos annonçaient l’augmentation de la population mondiale, qui venait tout juste de franchir le cap des 7 milliards d’êtres humains. Sarkozy était à l’Élysée et 2011 était marqué par des événements plus « bling, bling » : mariage en grandes pompes de William et Kate  ou préparatifs des noces princières d’Albert et Charlène faisaient les gros titres depuis des mois. Qu’allaient donc arborer Kate et Charlène ? Des « pantoufles de vair » ou des claquettes ? Le printemps arabe fleurissait au Moyen-Orient, faisant naître espoir et désillusion. En même temps, un séisme et un tsunami touchaient le Japon, provoquant l’endommagement de réacteurs nucléaires à Fukushima et engendrant des milliers de morts. Heureusement, pour digérer tout cela, « LMFAO » chantait  Party rock and them.

    À 17 h 45, le service d’hématologie, dans lequel j’exerçais comme aide-soignante, était plein. Je venais d’effectuer la dernière « entrée » avec ma collègue infirmière. La patiente était une jeune femme d’à peu près mon âge. On venait de lui diagnostiquer une leucémie et elle sortait de l’entretien médical où avait été décidée son hospitalisation.

    Pendant près d’une demi-heure, nous avons dû expliquer à cette jeune femme les contraintes qu’elle aurait à subir durant son hospitalisation.

    Elle n’aurait plus droit au contact physique, ne pourrait être ni touchée ni caressée, sans compter que la chimiothérapie aurait des effets notoires sur sa fertilité.

    Je sortis épuisée de cet entretien. En refermant la porte de sa chambre, j’aperçus l’horloge principale qui affichait 18 h 20 « Ça va, je suis encore dans les temps pour mes injections. »

    — Elsa, excuse-moi, je te rejoins dans dix minutes pour les transmissions, je dois juste me rendre dans le vestiaire.

    Surprise, Elsa acquiesça d’un hochement de tête.

    J’arrivai au vestiaire et vérifiai que personne n’y était. De mon casier, je sortis la petite boîte noire. Baissant mon pantalon, je partis à la recherche de la zone la moins endolorie entre mon ventre et mes cuisses pour me piquer. Je pris dans ma main le petit stylo rempli d’hormones : mon geste s’arrêta net à quelques centimètres de ma peau.

    Je n’y arrivais plus. Tout mon être rejetait ce protocole de PMA (procréation médicalement assistée). Culpabilité, attente, sautes d’humeur, changement du taux hormonal, perte de libido, stress, hypersensibilité. Depuis 2005, la PMA transmettait de l’espoir à des couples procurant plus de 800 000 naissances par an, en France. C’était la solution qui nous avait été proposée dans notre combat contre la stérilité, une lutte qui s’avérait épuisante. L’acte le plus naturel au monde était devenu le parcours du combattant. La désillusion avait pris l’ascendant, je m’effondrai en larmes sur le banc, le pantalon baissé, incapable d’en supporter davantage. J’avais la désagréable impression que mon corps me trahissait, pendant que mon époux s’échappait de son propre corps.

    Perdue dans mes pensées, je n’avais pas vu le temps passer. Elsa, inquiète, avait décidé de venir voir si j’allais bien. Elle me trouva en sanglots.

    — Iris, ça ne va pas ?

    Je lui expliquai la situation et elle me proposa spontanément de me faire les injections. Le geste fut simple et rapide.

    — Ne t’inquiète pas Iris ! Vous allez y arriver, je sais que c’est plus facile à dire qu’à appliquer mais soyez patients.

    Ces paroles pleines de bienveillance, je les entendais de tous nos proches, à la longue, elles étaient devenues assassines. La journée arriva à son terme. Comme un automate, je repris le chemin pour rentrer. Je me garai le long de la barrière, coupai le moteur et je décidai de patienter quelques instants, tout en consultant mon téléphone.

    Deux appels en absence s’affichaient. « Vous avez un nouveau message », annonçait la boîte vocale. C’était la voix de la sage-femme : « Bonsoir, Madame… On arrête, vous ne vouspiquez pas ce soir… » Je ne comprenais pas. Pourquoi un tel message ? La veille nous avions eu notre consultation à l’hôpital mère-enfant, où l’on nous encourageait dans notre processus. Je sortis étourdie de la voiture. La lumière de la cuisine s’alluma et j’aperçus la silhouette de Franck. J’inspirai profondément avant de franchir le seuil de la porte, essayant de dissimuler mon malaise et de me donner une contenance.

    Franck avait à présent 35 ans, ses tempes commençaient à se parsemer de cheveux blancs. Comme le bon vin, je trouvais qu’il s’améliorait avec le temps. Mais la flamme fougueuse qui l’animait autrefois se colorait d’une certaine aigreur. Ouvrant la porte, je le découvris installé à la table de la cuisine, un verre de whisky-cola à la main.

    Cela ne présageait rien de bon ; contrairement à moi, il n’aimait pas l’alcool. Ce soir-là, il buvait pour se donner du courage.

    — Iris, tu es déjà rentrée ? Je ne t’avais pas entendue, dit-il surpris comme s’il n’avait pas entendu le moteur de la voiture quelques minutes plus tôt.

    — Salut chéri !

    En l’embrassant, je lui fis face.

    — Iris, ce que j’ai à dire n’est pas facile… Voilà, depuis quelque temps, je ne suis plus heureux, cette situation m’est insupportable…

    Il prononçait cela sur un ton monocorde. Un lourd silence s’installa durant plusieurs minutes sans que je ne réagisse.

    —  Franck, c’est la peur d’être père qui te fait dire ça ? 

    — Non, tu ne comprends pas, je n’en peux plus, je ne sais plus où j’en suis… Je suis désolé, je ne t’aime plus, Iris.

    « Ce n’est pas possible ! » Cette phrase martelait mon esprit comme un forgeron martèle l’acier. Je n’en croyais pas mes oreilles, cependant, son regard désabusé me faisait comprendre que c’était bien réel.

    — Deux ans que nous attendons ! Dans cinq jours, je passe au bloc ! Et c’est maintenant que tu te réveilles ?!

    — Eh oui ! Ça fait deux ans, depuis ma dépression, que mes sentiments ne sont plus les mêmes. D’ailleurs, je crois que c’est en partie parce que je ne t’aime plus que je suis tombé malade…

    J’ouvris la bouche mais aucun son ne sortait. Après un long silence, j’entendis enfin ma voix : « C’est dégueulasse... »

    Cassure, déchirure, blessure... Ces mots n’étaient en rien comparables à la douleur que je ressentais, le processus de création avait engendré son contraire : la destruction – black-out total. Seule la sensation de compression dans ma poitrine me rappelait que j’étais encore vivante. En comparaison, les profondeurs de l’océan devaient être plus douces que cet état dans lequel j’étais plongée de force.

    Mes jambes ne me soutenaient plus, je m’écroulais sur le carrelage froid de la cuisine, pleurant à m’en noyer.

    — Iris, Iris ! Réponds-moi ou j’appelle les pompiers ! 

    Je me redressai tant bien que mal, m’adossant contre le mur. Ses lèvres remuaient : « On fait quoi ? » C’était incroyable, presque risible. Après cela, il osait me demander ce que nous allions faire ? La décision, il avait eu le temps de la prendre en deux ans. Il gémissait :

    — Tu ne comprends pas que je souffre ?

    Je m’étais en effet rendu compte qu’il s’était éteint lors de ce processus. Son infertilité, à l’origine de notre parcours, l’avait plongé dans un désespoir sans nom, devant lequel je m’étais sentie impuissante. Culpabilité, honte, colère, l’opération d’une varicocèle, les spermogrammes à répétition, le traitement de stimulation… Sa souffrance s’était transformée en gouffre, le conduisant à l’enterrement de ses émotions. Symboliquement, la puissance d’un homme réside dans sa capacité à se reproduire. Il se voyait comme un eunuque. Quant à moi, descendante d’une longue lignée matriarcale, je vivais cela comme le deuil d’une partie de ma féminité. C’était le pouvoir de l’inconscient collectif, l’histoire de l’humanité. Ah, la reproduction ! Cette passation de l’héritage génétique pour la survie de l’espèce humaine.

    — Ça va ? me demanda-t-il, préparant le terrain à l’annonce de prochaines nouvelles.

    À ce moment précis, j’aurais sans doute tout donné pour être un vampire assoiffé de sang et lui sauter à la gorge, afin de le sécher comme de la viande des Grisons. Je m’abstins de toute réponse et j’entrepris de me rendre dans le garage. Il s’agissait plus d’un débarras bordélique où les chaussures régnaient en maître dans un entassement pyramidal à côté duquel trônait mon vieux poste de radio. J’insérai le CD de Tupac et allumai une cigarette. Franck ouvrit brutalement la porte ; en levant les yeux, je lui posai alors la question qu’il semblait tant redouter.

    — Il y a quelqu’un d’autre, Franck ?

    — Arrête tes conneries. Il n’y a personne ! 

    Cela sonnait faux. Son haleine empestait le mensonge, une odeur fétide

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