La potence et la rédemption
Le lit était en fer et grinçait abominablement. Un équipement précaire, comme on en voit dans les vieux films d’après-guerre, constitué d’un chevet branlant et d’une chaise écaillée dont les copeaux de peinture tombaient sur le linoléum, meublait sommairement la chambre. Je me souviens qu’elle était grande et très vide. Il n’y avait rien sur les murs délavés, à part l’ombre portée d’un crucifix qui me faisait peur et qui se distordait, inquisiteur ou grotesque selon l’heure et la lumière qui filtrait à travers les persiennes closes. J’avais la jambe droite immobilisée dans un plâtre, qu’une potence suspendait au-dessus du drap. Une broche d’acier me traversait le talon et me torturait à chaque respiration, et la vue de cet instrument m’évoquait un supplice médiéval dans cet environnement glauque et inamical. J’étais au bord de la nausée. Un poids de fonte se balançait au moindre de mes mouvements, comme un métronome entêtant. J’allais devenir fou si l’on ne m’expliquait pas ce que je faisais dans cet austère hôpital aux allures d’hospice abandonné. Aucun visage familier n’était encore venu me rassurer. M’expliquer que j’allais me réveiller, que c’était un mauvais rêve aux portes closes, aux fenêtres obturées. Me dire que j’étais vivant et que j’en sortirais un jour. Tout était si flou dans ma pauvre tête! Aucun bruit ne me parvenait du couloir. Je me sentais seul au monde alors que j’avais la vie devant moi… Lorsque la porte s’ouvrit enfin.
Il neigeait abondamment dans le portillon de départ. De gros
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