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Mémoires d'une amnésique: Roman
Mémoires d'une amnésique: Roman
Mémoires d'une amnésique: Roman
Livre électronique188 pages2 heures

Mémoires d'une amnésique: Roman

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À propos de ce livre électronique

Une naïade (à fossette), des faunes (cruels) et une carpe (mythomane).
Une jeune fille délicieusement impudente que ses parents choisissent d’unir à un islamiste octogénaire. Elle est la naïade au sourire ravageur.
Des frères musulmans qui haranguent les chats de gouttières, une crapule sans vergogne et sans-emploi qui jette son dévolu sur la jeune fille, un réseau de commères et des parents écartelés par un cadre socio-culturel qui les dépasse. Ce sont les faunes.
Une grand-mère marocaine, désinvolte et mythomane, qui décide, avant que le rideau ne lui soit tiré sous le nez, d’écrire ses mémoires pré-posthumes. Elle préfigure la carpe.
Embarquez dans le train de vie de ces personnages hors-norme.


À PROPOS DE L'AUTEURE


Diplômée en littérature et civilisation françaises, et inspirée par des auteurs contemporains, Hinda B. Alter écrit ce livre pour satisfaire son désir de coucher les mots et de se raconter.
LangueFrançais
Date de sortie17 nov. 2021
ISBN9791037739117
Mémoires d'une amnésique: Roman

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    Aperçu du livre

    Mémoires d'une amnésique - Hinda B. Alter

    Hinda B. Alter

    Mémoires d’une amnésique

    Roman

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    © Lys Bleu Éditions – Hinda B. Alter

    ISBN : 979-10-377-3911-7

    Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

    Préambule

    On me parle souvent, dans mes rêves, d’une carpe séculaire, écaillée par mille siècles de mythologies. Je serai la seule, m’assure-t-on, à pouvoir la saisir.

    Elle ondoie dans les eaux troubles et profondes d’un lac.

    Autour de ce lac se dresse une inquiétante forêt de saules pleureurs recourbés par l’âge. Selon les légendes ancestrales que je m’invente, elle est peuplée de faunes à la barbe longue et drue. Prenez garde, me murmure-t-on, car ce sont de redoutables phallocrates, fourbes et cruels, qui n’hésiteraient pas à vous trancher la gorge si vous vous approchiez de trop près.

    Parfois, on y croise des naïades à fossette dont la chevelure d’ébène tisse et détisse des récits enchanteurs. On m’assure que ce sont les mythomanes les plus éhontées qui soient.

    Sur le chemin escarpé qui mène à ce marais, je ne sais pas encore de qui je dois me méfier le plus.

    Le faune

    Chapitre I

    Pardon, je ne le referai plus !

    J’ignore tout de l’art romanesque et parce que je n’y connais rien, je débuterai prudemment par un fait divers à l’eau de rose. L’anecdote se perdrait dans les banalités affligeantes de votre quotidien si elle ne me concernait pas personnellement. C’est ce qui en fait tout son charme, je ne vous contredirai pas sur ce point.

    Si ça ne vous ennuie pas trop et au risque de gâcher la mise en scène élaborée qui va suivre, permettez-moi de faire fi de toute règle. Je ne poserai aucune unité ni de lieu, ni de temps et encore moins d’action. Les Boileau n’auront qu’à se taire !

    La mise en situation sera brève.

    Je suis issue de la transhumance post-protectorat que convoquèrent, dans une ivresse qu’elles crurent à tort inextinguible, Trente Glorieuses en manque de main-d’œuvre. Je vis le jour dans la salle d’accouchement d’une maternité publique, seconde de trois filles. Dès mes premières heures et avant même la naissance de la petite dernière, j’étais déjà, et de loin, la plus accomplie des trois. Ce matin-là, malgré mes suppliques répétées, la sage-femme de service refusa de cocher la case « pupille de la nation » sur le formulaire qu’elle tenait à la main. J’insistai. Je sanglotai. Rien ne fit céder la scélérate. Elle m’enfourna dans un panier en osier et me confia aux soins de deux étrangers dont j’ignorais tout et qui ne m’inspiraient rien qui vaille.

    Après quelques années d’un répit trompeur, je fus employée au titre honorifique d’aide-ménagère à mi-temps. L’autre partie de mes journées, je me plongeais avec ferveur dans mes obligations scolaires. Houspillée par mes sœurs, malgré l’adoration que je leur portais, abusée par des parents interculturellement tiraillés, je compris très tôt que seule l’éducation me sortirait du mauvais pas dans lequel on m’avait fourrée.

    Mais laissez-moi vous narrer les faits qui nous occupent, dans leur entière véracité et tels que je me les rappelle vaguement.

    J’entrai dans ma dix-septième année.

    Fidèle à une théorie rimbaldienne largement répandue sur les bancs de l’école et qui clamait qu’à dix-sept ans, on n’était pas sérieux, j’avais fait le choix de l’affabulation salvatrice. Ce qui arrangeait bien mes affaires pour tout vous dire. Mis à part le lycée, je ne fréquentais malheureusement personne et ce n’était pas faute d’essayer. J’avais des vues graveleuses sur deux ou trois camarades de classe mais aucun de ces benêts ne me portait la moindre attention. Mon impopularité frisait l’indécence, comme l’avait proclamé ma professeure principale – une Trotskyste convaincue – après que j’avais postulé pour le titre de déléguée de classe. Après plébiscite de l’assemblée et décompte des bulletins, je n’avais recueilli aucune voix en ma faveur. Pas même la mienne puisque j’avais voté, par courtoisie, pour mon compétiteur.

    Je n’excellais en rien, exécrais les sciences en général et m’exfiltrais des cours d’éducation physique à la moindre occasion. Je m’exilais alors à la bibliothèque scolaire pour déambuler les rues de Saint-Pétersbourg en compagnie de mon ami Rodion Romanovich Raskolnikov. Lorsque l’étudiant sociopathe retournait enfin dans son taudis, je refermais délicatement la porte derrière lui. Et, batifoleuse émérite, je m’empressais d’assister le chevalier Dupin dans l’élucidation d’un crime délicieusement abscons qui sidérait même les plus accomplis des détectives. Lorsque je me lassais des épuisantes logorrhées verbales du misanthrope, j’allais sonner au deux cent vingt et un Bis de la rue Baker pour une soufflette d’opium et une tasse de thé. Puis le glas sonnait cinq heures et la marquise sortait. Je replaçais les ouvrages sur leurs étagères respectives et quittais l’enceinte scolaire en rasant les murs de peur de me faire épingler pour absences injustifiées aux cours d’éducation physique et sportive.

    Ce jour-là, je trimballais dans ma besace un ouvrage dont j’avais entrepris la lecture plus tôt dans la journée. Je sortais ma « Chronique d’une mort annoncée » du sac quand j’entendis ma mère mugir mon nom. Je compris que mes parents me convoquaient officiellement dans l’espace plastifié du salon. J’hésitai un instant entre une capitulation immédiate et une tentative de fuite. Je me décidai pour la première alternative.

    Les deux m’attendaient de pied ferme. Mon père assis sur son fauteuil de velours vert, ma mère affalée sur la banquette. Là, et après m’avoir sermonnée sur la précarité de mes talents ménagers qui laissaient beaucoup trop à désirer, ils m’annoncèrent brutalement qu’ils avaient trouvé chaussure à mon pied. Je jetai un coup œil soulagé à mes sandalettes élimées et m’apprêtai à les mettre dans le vide-ordures lorsqu’ils se levèrent d’un bond en me rappelant le coût outrancier de mes chaussons. À l’évidence, les Thénardier faisaient référence à une autre paire de chaussures que celle que j’avais aux pieds. On m’ordonna de prendre place sur une chaise et de la boucler un peu. Je m’assis donc et attendis que l’un des deux veuille bien prendre la parole et éclairer ma lanterne. Mon père débuta sa diatribe après s’être longuement raclé la gorge. Ma mère ne le quittait pas du regard.

    — Ma fille, prunelle de mes yeux, chair de ma chair, sang de mon sang, et cetera, et le reste. Grâce à la miséricorde de Dieu et par le truchement de Lala Fatima, maquerelle éclairée, nous t’avons trouvé un époux ! Un homme délicieux ! Et islamiste de surcroît ! Je dois dire qu’il m’a fait la meilleure impression et que je le considère déjà comme un fils, bien qu’il soit plus âgé que moi. Mais ne nous attardons pas sur des détails superfétatoires, veux-tu ? Car, à la vérité, je te le dis, ta propre mère lorsqu’elle me rencontra pour la première fois, le soir de nos noces, me trouva fort à son goût malgré les décennies qui nous séparaient. L’homme dont je te parle, véritable prince des mille et une nuits, nous a fait parvenir hier une missive parfumée. Il y déclarait de nobles intentions qui ont attendri mon cœur et allégé le fardeau de nos responsabilités parentales. J’ai même versé des larmes de soulagement. Sais-tu seulement, jeune impudente, à combien s’élèvent les dépenses mensuelles, frais de bouche inclus, dont nous devons nous acquitter, ta pauvre mère et moi, afin d’assurer ta subsistance ?

    Il interrompit sa rhétorique pour résoudre ses calculs mentaux.

    — Environ trois mille sept cents anciens francs annuels que divise douze puisque tu veux tout savoir. Mais laissons-là les querelles pécuniaires ! Le brave monsieur en question, un bourreau des cœurs à ce qu’on m’en a dit, a exprimé dans son courrier le désir de te prendre pour épouse au plus tôt. Le temps presse. Nous avons pris acte de sa requête et après mûre et brève réflexion, nous avons décidé d’accéder favorablement à sa demande en mariage. D’ici l’année prochaine, tu convoleras au bras de ton bien-aimé ! Entre temps, il te reste les plinthes à lessiver et la table à mettre. Voilà, l’audience est levée. Tu peux disposer.

    J’osai à peine imaginer l’odieux personnage à qui ces traîtres infâmes venaient de me promettre. Un moustachu barbu et ventripotent. Un libidineux immoral. Un idéologue à la verve acérée psychologiquement instable. Un eunuque impotent m’aurait rendu service mais restait, pour l’heure, un vœu pieux. Je tournai les talons, non sans les avoir tous deux chaleureusement remerciés pour l’affection sans borne qu’ils me portaient. Puis je me hâtai dans la cuisine pour préparer la table mais surtout pour mettre au point les premiers détails d’une fugue inopinée.

    Lorsqu’enfin mes parents quittèrent le domicile pour vaquer à leurs occupations respectives, je farfouillai dans les tiroirs de leur suite conjugale. Je dénichai, par le plus grand des hasards, le fameux billet doux du prétendant grabataire. D’un terne aussi affligeant que pathétique, la feuille à carreaux cocotait l’eau de toilette bon marché. À l’évidence, l’islamiste était un homme de lettres, si vous me permettez une antiphrase.

    Si le dieu qu’il invoquait en préambule de ses envolées désolantes existait bel et bien – ce qui restait à prouver –, j’espérais qu’il entende mes prières. Il devait bien y avoir une échappatoire à ma sentence. Je me décidai à faire part de mes émois aux seules personnes en qui j’avais toute confiance. Enfin, une confiance plus borgne qu’aveugle puisque je ne sous-estimais jamais vraiment la fourberie dont mes deux sœurs étaient capables.

    Je les convoquai sur le champ pour une réunion au sommet. Dans un préambule éploré, je leur rapportai l’injonction maritale qui venait de m’être imposée. Comme j’avais reproduit à l’identique la note parfumée sur un bout de papier, je m’empressai ensuite de leur en faire une lecture facétieuse en prenant l’accent pied-noir.

    « Louanges à toi, Ô le miséricordieux qui règne sur Terre comme dans les cieux, car de poussière nous retournerons à la poussière, mais surtout les mécréants qui erreront dans les abysses infâmes de la damnation éternelle.

    Salut à vous, misérables géniteurs qui voudrez bien prendre connaissance de l’attestation sur l’honneur qui suit.

    Louanges réitérées au créateur de toutes choses.

    Je soussigné Abdullah Ben Abdulila, islamiste, imam autoproclamé, octogénaire respecté de la communauté salafiste et catéchumène convaincu, fils légitime d’Abdullah Senior et de Fatima, consent par la présente à prendre pour légitime seconde épouse, une de vos trois filles (à discrétion de l’autorité paternelle comme le précise une sourate). Les tâches liées à cet engagement nuptial incluent : l’usufruit absolu sur la personne précitée, un droit de cuissage étendu à la fratrie, les coups et blessures malencontreusement infligés à la plaignante, l’obligation de corvées domestiques, le port d’un voile intégral qui couvrira les velléités adultères de la nymphomane, le droit à la répudiation immédiate en cas de subterfuges et la lapidation éventuelle de la scélérate en cas de légitime défense.

    Le montant de la dot vous sera notifié lors de la cérémonie officielle. L’association n’accepte ni le paiement par carte ni par chèque. Merci de prévoir des liquidités et de bien vouloir nous renvoyer l’original du certificat de virginité par retour de courrier.

    Pour faire valoir ce que de droit. »

    L’aînée réfléchit à la situation dans laquelle je me trouvais désormais. Dans un élan fraternel, et parce que, des trois, elle était la moins farouche, je tentai de la convaincre du potentiel marital du séducteur islamiste. Je lui vantai son franc-parler évident, la probabilité statistique du trépas prochain du vieillard et un envol prématuré et inespéré du nid familial. Rien n’y fit. J’arguai que le port d’un voilage en acrylique lui permettrait de masquer la surproduction de sébum qui lui suintait le visage. Qu’elle avait ingrat, ajoutai-je pour clore ma plaidoirie. Elle me décocha une droite que j’esquivai d’un coup de pied habile. Dans ma dérobade pourtant astucieuse, je perdis l’équilibre et envoyai mon coude dans la prunelle de la benjamine. La prunelle des yeux de ma mère. S’en suivit une mélopée pleurnicharde entremêlée de trémolos aigus qui n’annonçaient rien de bon. Je lui couvrais la bouche en la menaçant de bricoles à venir lorsque ma mère franchit le seuil de la pièce et attrapa la pleureuse dans ses bras, une poignée de mes cheveux de la main droite, l’oreille de l’aînée de la gauche. Elle en traîna une jusque dans la cuisine, déposa l’autre devant la porte de la salle de bain et nous ordonna de nettoyer les lieux de fond en comble tandis qu’elle cajolait la fayote qui pleurait encore.

    En farfouillant dans un tiroir de la salle de bain, je tombai sur un article de presse qu’on avait oublié là. J’envoyai l’éponge en paille de fer dans le lavabo et décidai d’en entreprendre la lecture.

    Un quotidien des plus sérieux (Le Monde pour ne pas le citer) annonçait le démantèlement sur le territoire national d’un réseau de pédophiles lubriques si vous me permettez un pléonasme cette fois. Selon l’éditorialiste, les prédateurs obscènes qui œuvraient dans l’ombre bleue de leur écran-minitel représentaient un panel socioprofessionnel des plus prometteurs. Parmi la clique des vicelards, on retrouvait au hasard d’un clic des retraités philatélistes, des enseignants dévoués corps et âme à la cause éducative, des pères de famille épanouis et j’oublie sûrement deux ou trois prêtres touchés par la grâce. Toutefois, au détour d’un alinéa, je découvris, à ma grande stupeur, le patronyme surcomposé (Tariq Ben quelque chose) d’un imam du coin. Un homme exquis, par ailleurs, qui prie cinq fois par jour, prêche à ses disciples avec ferveur et verse l’aumône le vendredi quand il ne part pas dans les bois en imperméable.

    Un instant, je goûtai aux délices éphémères de l’espérance. Le fameux : et si ? Se pourrait-il que l’immonde briscard dont j’étais la promise fut un des leurs ? Je savourai l’instant où je lui annoncerais que j’avais passé l’âge d’or de l’ingénue impuberté tant convoitée par sa meute puisque j’allais sous peu fêter mes dix-huit ans. Enchantée par la perspective d’une éventuelle rétractation nuptiale, je me rendis en sautillant dans la cuisine où j’interrogerai ma mère.

    Je retrouvai la marâtre tout occupée à éplucher ses légumes. Le foulard élimé qu’elle nouait sur la tête lui faisait office de tablier capillaire. Je lui fis remarquer, puisqu’elle ne me demandait pas mon avis, que le port d’une burka intégrale lui permettrait de se prémunir de toute odeur

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