Amédée Pan - Un billet pour l'Orient
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À propos de ce livre électronique
Telle est l’histoire d’Amédée Pan.
Plongé au cœur des années folles, en 1920, le jeune héros va embarquer à bord du célèbre train l’Orient-Express, où il croisera une bande de détectives en herbe et mènera l’enquête dans une mission de la plus haute importance.
Amédée Pan, un ingénieux mélange d’action, Histoire et fantastique !
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Avis sur Amédée Pan - Un billet pour l'Orient
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Aperçu du livre
Amédée Pan - Un billet pour l'Orient - Virginie Singeot-Fabre
Virginie Singeot-Fabre
Les Chroniques Extraordinaires
d’Amédée Pan
–
Un billet pour l’Orient
Une image contenant texte Description générée automatiquementCouverture : Bertrand Binois
Correction : Natacha Falvo
Loi n°49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse.
ISBN : 978-2-491750-23-7
Dépôt légal septembre 2023
© Editions Faute de frappe
Tous droits réservés.
À Matthieu, Raphaël et Héloïse,
mes amours, ma fierté
À tous ceux que j’aime
Cher lecteur,
Tu trouveras dans cet ouvrage des boutons ON et OFF. Ils te permettront de te situer dans l’histoire : ON pour mon époque, et OFF pour le saut dans le temps.
Bonne lecture,
Amédée.
PRÉAMBULE
29 avril 2080
Cher lecteur,
Te voici arrivé au seuil d’une histoire qui sans aucun doute bouleversera à jamais ton existence. Ce que j’ai vécu, je le considère comme unique et plus extraordinaire que ce que mon imagination aurait pu produire. Ce que j’ai vécu, c’est à toi et à toi seul que je souhaite le transmettre car je pressens que tu es digne de la confiance que je vais t’accorder. Mais avant de t’en raconter davantage, laisse-moi me présenter à toi en toute transparence.
Je m’appelle Amédée Paniewkoczski et j’approche d’un âge vénérable. Je suis né en France d’un grand-père polonais qui a émigré pour creuser le sous-sol d’une mine de charbon dans le Pas-de-Calais. Mes origines étrangères ont connu une cohabitation difficile avec la langue française de mes camarades de classe. Imaginez un nom impossible à prononcer, des consonnes qui se bousculent dans la bouche lorsqu’on essaie de les sortir et des lettres inusitées que seul un joueur de Scrabble® aurait appréciées ! Depuis l’enfance, mon entourage a pris l’habitude de me surnommer Amédée PAN, et personne aujourd’hui ne se souvient de cette part slave de ma généalogie.
Ma foi, quand j’y repense, ce diminutif m’a toujours convenu, heureux que j’étais de pouvoir être accepté malgré ma différence. Seulement, il faut bien avouer que cette intégration n’était que pure façade : introverti, solitaire et rêveur, je passais le plus clair de mon temps à observer la course des nuages au sommet des terrils et l’imperceptible mouvement du vent sur les brins d’herbe des champs environnants.
Pour les autres, j’appartenais à un monde peuplé de chimères impénétrables dont j’étais le seul à détenir les secrets. Même mes parents ne parvenaient pas à communiquer avec moi et y ont d’ailleurs très vite renoncé. Je ne peux pas dire que j’en ai souffert car mon incroyable histoire, que je m’apprête à te révéler, a de loin dépassé toutes les aspirations auxquelles j’aurais voulu prétendre.
Si aujourd’hui, cher lecteur, tu choisis de découvrir mon passé, tu seras témoin que mon surnom, à mes dépens, était prémonitoire. Jamais je n’aurais cru être le jouet d’un destin aussi étrange que facétieux, comme tu pourras le découvrir.
Quant à PAN, il évoque ce petit garçon, Peter, qui souhaite arrêter la course du temps et ne jamais devenir adulte, exilé au Pays Imaginaire. Un enfant perdu, voici ce que j’ai toujours songé être au plus profond de mon cœur, à l’abri des querelles des adultes et des conflits de ce bas-monde.
Mais PAN, c’est aussi ce dieu de la mythologie grecque, mi-homme, mi-bouc, qui terrifie et fige les humains grâce à son pouvoir, qui sème la panique autour de lui. Plus jeune, j’aurais aimé que cet incroyable don me soit accordé pour me débarrasser des indésirables. D’ailleurs, si ces derniers avaient connu mon histoire, si j’avais pu la leur raconter sans être qualifié d’affabulateur, j’en aurais terrifié plus d’un, crois-moi sur parole ! Hélas, je n’aurais pu apporter aucune preuve tangible à mes dires et c’est la raison pour laquelle je me suis tu depuis de nombreuses décennies…
Pour en revenir aux autres, comme je te l’ai dit, je ne peux pas dire que j’aie souffert de mon isolement car j’en étais moi-même acteur pour une large part. Ma vie était peuplée de rêves et ces rêves alimentaient mon existence. Cependant, à mon âge avancé, je pressens que mes capacités déclinent peu à peu. Il est temps que je me livre avant d’emporter mes secrets dans l’au-delà. Tu seras la mémoire de mon vécu, si toutefois tu te sens capable d’accepter une telle mission.
Surtout, prends le temps d’y réfléchir quelques instants. Lorsque tu auras pris connaissance de mon histoire, plus jamais tu ne percevras le monde tel que tu l’imaginais. Rien n’est comparable aux expériences que j’ai vécues dans ma jeunesse. Mais surtout, rappelle-toi bien que tout ce que tu découvriras au fil des pages est la stricte vérité. Cette histoire, c’est la mienne, et toi seul en deviendras le digne héritier.
À présent, si tu persistes et penses que ton esprit est capable d’intégrer ce qui va suivre, si tu acceptes de m’accorder ta confiance sur parole, sans que je t’apporte aucune preuve de ce que j’avance, tu peux tourner la page et découvrir mon histoire…
12 janvier 2022
J’étais enfin passé en classe de quatrième, non pas grâce à mes résultats scolaires, mais parce que le triplement n’était pas encore autorisé à l’époque. Cela faisait un peu plus d’un an que je n’avais pas « voyagé », et j’avais retrouvé mes vieilles habitudes de garçon rêveur et solitaire.
Les professeurs se succédaient devant moi, bien décidés à me faire progresser coûte que coûte ou, au contraire, blasés à l’idée que leurs efforts ne mèneraient jamais à rien. J’étais à leurs yeux un adolescent énigmatique et irrécupérable, sauf lorsque les cours d’histoire abordaient un siècle que j’avais pu visiter.
Avertis par mon professeur principal et ravis d’apprendre que je m’intéressais à l’Histoire de notre pays, mes parents profitèrent de mes jours de congé pour m’emmener aux six coins de l’hexagone, dans l’espoir qu’une vocation ensommeillée se réveille enfin.
Un week-end de janvier enneigé – cela devenait de plus en plus rare à cette époque et s’éteindrait au fil des décennies suivantes – mon père installa ses pneus neige et nous embarqua, ma mère et moi, vers un lieu dont lui seul tenait le secret. Du moins, c’est ce qu’il pensait me faire croire, mais je n’étais pas dupe des clins d’œil complices qu’il échangeait avec ma mère. Il fallait que cet endroit soit merveilleux pour qu’il brave ainsi les intempéries et s’engage sur l’autoroute.
Je vissai mes écouteurs sur les oreilles pour m’enfermer dans un monde musical, loin des conversations ennuyeuses de mes parents, et laissai la voiture m’emporter vers cette destination inconnue.
Après un certain temps de route pendant lequel j’avais somnolé, un coup de frein m’indiqua que nous venions d’atteindre notre destination. Je jetai un œil par la fenêtre et n’aperçus autour de moi qu’une forêt et un sol recouvert d’une épaisse couche de neige. Aucune autre voiture n’avait osé s’aventurer dans ce lieu désert et glacial. Pour une surprise, c’était une surprise ! Une mauvaise, devrais-je dire. Comment mon père avait-il pu penser qu’une balade dans un froid polaire pourrait me plaire ? Seule la quiétude des lieux, une fois la portière ouverte, me fascina.
Le répit fut de courte durée car mon père nous invita à le suivre sans plus tarder. Au fur et à mesure que nous avancions, les arbres s’espaçaient, la forêt se raréfiait. Nous dépassâmes deux bâtiments sur notre droite, et découvrîmes une espèce de jardin. À l’entrée trônait une pierre sur laquelle était gravée la tête d’un soldat.
– C’est un monument qui rend hommage aux soldats morts pour la patrie, chuchota mon père qui devinait mes interrogations. Et tout autour du jardin, ce sont des tombes.
– Ne ressens-tu pas l’âme de tous ces combattants ? questionna ma mère. J’en frissonnerais presque.
J’opinai légèrement du chef, et poursuivis mon chemin sans y prêter plus d’attention. Charmante destination pour un dimanche en famille, pensai-je tout bas. Je me demandais bien où mes parents avaient encore décidé de m’embarquer.
Nous continuâmes notre route le long d’une voie de chemin de fer désaffectée. Comment des trains avaient-il pu s’abandonner ici, en pleine forêt vierge ? Je ne distinguais pourtant aucune gare autour de moi.
Enfin, nous atterrîmes dans une immense clairière, comme surgie de nulle part.
– Voici la clairière de l’Armistice, indiqua ma mère. C’est ici qu’a été signé le traité de paix pendant la Première Guerre mondiale. Personne ne pouvait imaginer que des représentants des états se rendraient dans ce lieu désert pour discuter. Te rends-tu compte ?
– Tu oublies de préciser, renchérit mon père, que c’est le même lieu qui a accueilli le deuxième armistice en juin 1940, quand le maréchal Pétain a capitulé face à l’Allemagne. Hitler avait exigé que le traité soit signé à l’endroit exact du premier.
– Une façon d’humilier la France, ajouta ma mère. Fort heureusement, la guerre était loin d’être finie. C’est incroyable, n’est-ce pas ?
Passionnant même… Mes parents venaient de sacrifier un de mes jours de congé pour me parler de guerre dans un lieu complètement vide et glacial. Comme si les cinq jours de collège par semaine ne suffisaient pas à me ruiner le moral. Et puis, entendre ma mère se réjouir de la reprise de la guerre en 1940, c’était quand même étrangement paradoxal pour une pacifiste de sa trempe.
Plutôt que de leur répondre de manière inélégante, je préférai me taire et continuai à les suivre. Nous nous dirigeâmes