Ma Sadhana: De la petite fille à la femme chamane
Par Agnès Jeannot
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À propos de ce livre électronique
L'auteure inspire à l'éveil et délivre de précieux conseils dirigés vers une quête du bonheur, de paix et de liberté à être soi.
Ce livre est un trésor de découvertes, riche de sujets distincts et dans lequel beaucoup de femmes se reconnaîtront.
Agnès Jeannot
Agnès Jeannot, chamane contemporaine, habite à Perreux, village médiéval de caractère, dans la Loire. L'auteure est une vieille âme amérindienne incarnée dans un monde cartésien et dans lequel elle a sombré. Mais, elle a osé mettre un pied sur son chemin d'éveil et avancer doucement vers la lumière. Auparavant aide-soignante, elle est à présent Maître Reiki Usui. Elle a reçu de nombreux enseignements sur la voie du bouddhisme et du chamanisme amérindien, ce qui lui a permis d'ouvrir les portes sur l'existence invisible. Elle a une passion pour la vie et est animée par tout ce qui vibre autour d'elle. Elle est une femme accomplie et réalisée dans sa mission de vie : elle guide et accompagne les personnes souhaitant soigner leur âme À l'âge de 49 ans, son roman-mémoires et de développement personnel s'est révélé comme nécessaire dans ce cheminement et pour inspirer les autres.
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Aperçu du livre
Ma Sadhana - Agnès Jeannot
Prologue
Mercredi 05 août 2020 j’avais à l'esprit, depuis la veille au soir, l’envie d’écrire un livre.
Cette même soirée, ma fille était à la maison et me confiait, elle aussi, son envie secrète d’écrire mais elle n'avait jamais franchi le pas, du moins pas encore. Je lui souhaite de réaliser ce rêve, elle a la vie devant elle.
J'étais excitée à l'idée d'entamer cette aventure, inquiète de me trouver en tête-à-tête avec moi-même, d'aller puiser des mots dans les profondeurs de mes souvenirs et pas non plus rassurée d'aller réveiller des maux dans la noirceur de mes nuits. C'était pourtant dans le calme nocturne que se révélait le moment le plus propice à l'inspiration, que les meilleures connexions synaptiques ont eu lieu.
J’imaginais un livre qui viendrait mettre un point final à une partie de ma vie, non, que dis-je, à une partie de mon moi . J'avais besoin de faire la paix avec ce moi véritable que je ne connaissais pas encore. Le jour de mes 46 ans, le 26 juillet 2020 sera révélateur.
J’avais eu plusieurs fois envie de retracer mon existence. J’aurais pu tenir un journal, comme le fait ma mère, et le laisser à l’abandon dans un tiroir de mon bureau métallique pour que mes enfants le trouvent à la fin de ma vie. Eh bien ! Non, je décide de me lancer dans l’écriture d’un roman autobiographique, comme mon père a d'ailleurs toujours rêvé de le faire. En même temps, je souhaitais que mon histoire soit inspirante et apporte une certaine guidance au lecteur ou à la lectrice à qui je m'adresse.
Entre nous, je n’ai jamais rendu une rédaction correcte à mon professeur de français, ni même un résumé de livre satisfaisant. Ces livres de poche qu’on nous imposait à lire et que je ne lisais pas, simplement pour être libre de mes choix. A contrario, j’accrochais bien avec l’orthographe mais sans se leurrer je n’étais pas vouée à devenir, modestement, écrivaine.
À l'âge de 40 ans, avec les copains d'une troupe du Roannais, j’avais quand même tenté plusieurs fois l'expérience de l’écriture théâtrale de spectacles musicaux. Cette année 2020, je décidais de ne pas me réinvestir, certainement un signe pour me laisser l’accès à l’écriture d’un autre genre!
J'avais placardé de post-it roses mes passages préférés d'un roman. Je m'étais clapie d’admiration pour les mots accolés les uns aux autres qui décrivaient de douces et profondes émotions d'amour dans un lien d'amitié. J'avais partager cela avec mon ami Nico qui m’assurait que j'étais tout à fait capable, moi aussi, d’écrire de tels mots pour décrire d’aussi grandes émotions. Il croyait en moi et cela m'a donné des ailes, il a été ma locomotive énergétique.
Il est tant d'autres choses encore. Cet homme-là, je..
Je te parlerai de lui un peu plus tard.
Ce soir-là, ma décision était prise : j'allais écrire un livre et il était le premier dans la confidence.
Mon roman raconte les souffrances d’une enfant devenue adolescente puis mère. Comment j'ai sombré en ayant pourtant « tout pour être heureuse ». Cette phrase maudite qui m’a tant fait culpabiliser. N’avais-je pas le droit de me sentir malheureuse ?
J’avais dans la tête depuis hier soir le besoin et l’envie d’écrire CE livre. Mais il n’était pas question que le lecteur s'ennuie en découvrant ligne après ligne mon parcours de vie, année par année les événements marquants des 365 jours qui défilent sous nos pieds, sous nos mains qui travaillent, au travers de nos rides qui sillonnent à présent nos visages : le mien et celui de mon tendre mari.
Il est question de laisser source d'inspiration à découvrir ces tribulations, ce cursus de développement personnel, ce parcours de flamme jumelle, ce cheminement vers la guérison de l'âme, cette vie romancée qui est la mienne.
Il était 1h36 quand mon mari et mon fils, à moitié endormis et en quête de breuvage nocturne, me découvraient dans le salon, en tenue légère, installée dans le canapé avec un cahier à la couverture jaune sur les genoux et un stylo mordillé à son sommet, habituellement destiné à noter les courses.
Je ne savais pas comment procéder, dans quel ordre commencer, mais je venais d'achever ce que serait le prologue de MON livre.
- Chapitre 1 -
La petite fille
« Votre fille a une luxation congénitale de hanche ».
Ce vendredi 26 juillet 1974, le jour de ma naissance, cette hanche gauche devenait l’héroïne diabolique de mon existence.
Mon papa Jean-Pierre et ma maman Marie-Josette, jeunes mariés et parents, ont dû jongler entre leur travail et les allers-retours à Lyon pour mes différentes opérations et hospitalisations.
Ma mère travaillait en équipe dans une usine de tissage et mon père conduisait des engins dans une entreprise de travaux publics en plus d'être pompier volontaire. Il leur fallut faire de nombreuses concessions, et la situation devait être pesante parfois épuisante et éprouvante.
Mettre au monde un enfant différent est un poids. Je ne les ai jamais entendu se plaindre, j'ai reçu de l'attention et de l'amour comme une autre enfant.
J'ai été appareillée de différents dispositifs orthopédiques qui me maintenaient la jambe en abduction (écartée). Mes parents m'ont prodigué des soins au quotidien jusqu'à mes 3 ans. Je ne sais plus à quel âge j'ai pu faire mes premiers pas, mais je me souviens très bien de ce tricycle rouge avec lequel j'arpentais les allées du jardin ouvrier où mes parents cultivaient un petit lopin de terre.
Nous habitions le village de Saint-Symphorien-de-Lay.
J’avais 5 ans quand mes parents et moi quittions « la cagna ». C’est ainsi que l’on surnommait cet appartement du bourg, un peu humide, petit et vétuste . Démuni de salle de bain, Maman me lavait dans la bassine disposée dans l’évier de la souillarde, une pièce d’eau séparée de la cuisine par un rideau. Au centre de la pièce se trouvaient un poêle à bois, une sommaire table en formica et ses 4 chaises sans oublier le buffet assorti.
Une petite pièce voisine dépourvue de fenêtre accueillait un canapé en tissu marron, au-dessus duquel, un filet de pêche avec des coquillages et des étoiles de mer venait orner les murs sombres de ce salon. Il y avait aussi un imposant poste de télévision sur un meuble à roulettes que mon père tournait chaque dimanche pour regarder les informations depuis la cuisine. Je crois que c’est aussi dans ce salon que j’avais, au fil du temps, mon lit à barreaux qui devenait trop petit. J’allais bientôt avoir ma chambre « de grande » dans la nouvelle maison.
Laissez-moi te raconter le dernier Noël à « la cagna ». Il m’a profondément marqué.
J’avais commandé un tableau d’écolière au Père Noël sans vraiment croire que mon vœu serait exaucé. C’était un cadeau beaucoup trop gros pour passer par la cheminée. Mais ce 25 décembre au matin, dans mon jogging bleu, en dessous de ma frange noire en escaliers, mes grands yeux noirs innocents s’émerveillaient. Mon sourire est immortalisé sur une photo, à présent jaunie par le temps. J’étais la plus heureuse des petites filles car il était là, au pied du sapin en plastique sans fioriture extravagante, avec en prime quelques papillotes et une clémentine dans mes pantoufles. En faudrait-il si peu de nos jours pour rendre un enfant heureux ?
Le jour du déménagement arrivait, c’était, il me semble, le 1er mai 1979, j’avais presque 5 ans, sortie de tout soucis locomoteur. Nous partions habiter une grande maison dans un hameau retiré à deux kilomètres et demi du bourg.
L’été qui suivait, c'était les grandes vacances et j'étais invitée à passer un week-end chez ma copine qui portait le même prénom que moi.
Nous n’avions guère dormi cette nuit-là, à ricaner et à jouer au loto des animaux. La journée qui suivit, nous avions joué à cache-cache et fabriqué des colliers avec des graines de melons séchées. J’avais hâte, le soir venu, de l’offrir à ma maman. Mes parents arrivaient et j'étais agitée, ma mère l'avait perçu. Ils acceptaient un apéritif avant de m’emmener à la fête du village voisin à Parigny, où je me réjouissais de retrouver Karine, ma « sœur ». Je me rendais, à ce moment-là, aux toilettes. C’est lorsque j'allais pour ouvrir le verrou que je réalisais être enfermée à l’intérieur. Je comprends en écrivant cette dernière phrase la raison certaine pour laquelle, aujourd'hui, je laisse systématiquement la porte des WC ouverte.
À l’autre bout de la maison, personne ne m’entendait appeler au secours. J’avais eu la bonne idée de monter sur la cuvette pour ouvrir la fenêtre et appeler à l'aide. Enfermée, les minutes devenaient longues et rapidement angoissantes. J’avais donc eu l’autre bonne idée de monter sur la chasse d’eau pour accéder à la fenêtre pour que l’on m’entende mieux. Mais il n’y avait pas de garde-fou… Je l’avais vite compris, ce n’était pas une si bonne idée finalement. Je m’étalais quatre mètres plus bas sur un monticule de terre moelleuse, fraîchement apportée la veille par le maître des lieux. Peut-être avais-je ainsi gagné un petit mètre de chute en moins. Une chose est sûre, j’avais gagné ma survie. Quel ange m’avait protégé ?
Sur le dos, la jambe gauche tordue, une dent ébréchée, la tête embuée je ne percevais que de l’affolement autour de moi. Mon esprit était trop occupé par une grande déception avouée à mes parents, qui me confirmaient que je ne pourrais pas me rendre à la fête. Très vite, je reviens à cette réalité laissant place à la douleur, au drame, aux pensées néfastes qui envahissaient mon esprit. Je pleurais comme une enfant, j'étais une enfant.
Le ballet des sirènes et rapidement celui des pompiers chorégraphiaient mon installation de la civière à cet impressionnant camion rouge jusqu'aux urgences de la clinique.
Tous les jours, à la clinique, les va-et-vient des blouses blanches qui, à l’identique des personnages de télé-réalité, représentaient un panel type de personnalités : La fausse gentille qui venait se planquer pour jouer avec moi et laissait le boulot aux autres ; celle qui râlait tout le temps ; celle qui faisait entrer la bonne humeur dans ma chambre, qui venait m'écouter et considérer la solitude de mon petit cœur et la douleur de mon petit corps ; a contrario, la soignante formatée par excellence, très protocolaire qui tentait de rassurer l’enfant que j'étais, avec des phrases pré-conçues ; et le clou final : « la pète-sec », les cheveux noirs au carré et au regard profond, semblant avoir noyé son âme dans le pétrole, qui, voulant se donner un air supérieur aurait pu terroriser un lion affamé.
Et puis, tous les jours mes parents me rendaient visite, eux qui portent encore aujourd’hui l’empreinte de culpabilité de m’avoir mise au monde avec cette malformation. Tout au moins, ma mère, qui apaise ce sentiment, en étant active à mes côtés. Ma mère est très active, elle a besoin de se mettre en mouvement et de se sentir utile pour les autres.
Karine venait me voir souvent accompagnée de sa mère qui est aussi ma grand-mère de Parigny, sinon elle parcourait la distance qui nous séparait avec sa bicyclette rouge. Nous sommes toutes deux liées comme deux sœurs, simplement là l’une pour l’autre et mutuellement déchirées quand l’une manque à l’autre. Karine est la petite sœur de mon papa, elle est donc ma tante. De cinq ans mon aînée, notre relation est plutôt placée sous le signe de la sororité. Nous entretenons un lien d'âme dont la source d'amour semble intarissable.
J’ai aimé la chaleur et le sentiment d’amour de ces visites-là, mais aussi celles de ma famille et de mes copines, qui équilibraient la balance avec les sentiments liés à la douleur, la solitude, l’enfermement, la déscolarisation et la privation de liberté motrice.
La simple pensée de ces poids au bout de mon lit qui maintenaient mon fémur en traction, et que malencontreusement mes visiteurs accrochaient parfois par mégarde, m’irradie l’os et me parcourt de frissons.
En revanche, j’ai le souvenir qu’être une enfant hospitalisée permettait de recevoir de chouettes cadeaux, comme ce camion citerne auquel je repense. Il était doté de chaque côté, d’un tuyau rigide que je détournais en paille à boire tout en m’amusant à faire des bulles dans l’eau.
Je me souviens également de ce train noir à construire, offert par ma grand-mère paternelle, avec lequel j’ai tant pris de plaisir à l'assembler qu’à le faire rouler indéfiniment sur ses rails bleus. Ma propre fille a joué avec, elle aussi, de longues heures. Je me souviens des aimants rouges et bleus qui permettaient d’accrocher les wagons entre eux. Je m’amusais à forcer le bleu et le bleu ou les deux rouges ensemble, mais rien n’y faisait. Tout est une question d’énergie, de polarité... comme avec les humains : quand ça colle, ça colle, et si ça ne colle pas, alors il vaut mieux ne pas insister, ça ne collera pas ! Ce cadeau était déjà une leçon de vie.
Jusqu’à l’âge de 6 ans, j’ai accumulé un palmarès impressionnant d’anesthésies, ce petit moment de flottement où les rêves les plus fous s’offrent à toi. Puis les piqûres, comme on dit si bien lorsqu’on est enfant, je crois ne m’être jamais habituée. Tu diras ce que tu voudras, ça fait mal une aiguille ! Enfin, les pansements tenus par un sparadrap marron, heureusement qui n'est plus commercialisé, car il s’accrochait telle une sangsue et provoquait une telle douleur tant il était collé à ma peau fine de gamine. Il en suivait généralement une odeur d’éther, ce liquide froid qui venait éliminer le résidu de colle résistant sur l’épiderme.
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