L'envers de l'horreur
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À propos de ce livre électronique
Elles en profitent. Elles trichent. Elles jouent. Quand elles vous trouvent, elles vous déchirent. Elles vous ouvrent corps et âme en se nourrissant de votre esprit et de vos cris. Votre douleur les fait grandir.
Ensuite, elles changent de proie. Elles en traquent une nouvelle, car ces créatures ne sont jamais rassasiées. Elles n'en ont jamais assez. Elles ont toujours besoin de davantage de sang, de cris, de blessures et de douleur. Elles ont besoin de vous entendre les supplier et de voir vos yeux se remplir de larmes. Elles ont besoin de s'assurer que vous n'êtes pas heureux et que vous souffrez. Elles ont besoin d'avoir la preuve que vous vivez d'un esprit tourmenté et d'une âme tâchée.
Vos couvertures ne vous protégeront jamais et vérifiez toujours votre garde-robe avant d’aller dormir.
Les médecins me disent... schizophrène.
Je ne savais plus quoi penser. Était-elle fiction ou réalité? De quel monde faisait-elle partie?
Je veux simplement vous avertir que certains êtres, dont nous préférons ignorer la présence, existent. En fait, je ne sais toujours pas ce qu'elle était... Marjoline…
Ce qui me perturbe le plus, c'est que je n'ai aucune preuve qu'elle a réellement existé.
Une histoire, deux versions : l’envers de l’horreur.
Éliane Boulanger-Racine
Éliane Boulanger-Racine fait ses débuts en griffonnant sur des coins de cahiers ou des feuilles, rêvant de devenir auteure. Déjà, étant enfant, elle écrivait des petites histoires qu’elle brochait et vendait dans des ventes de garage. C’est également dans sa jeunesse qu’elle a écrit son premier manuscrit et qu’elle tente sa chance, pour la première fois, en maison d’édition. En grandissant, elle essaie plusieurs styles de romans avant de s’intéresser à l’horreur. Surprenant, puisqu’elle était une grande peureuse, quand elle était enfant. Elle publie finalement son premier roman Lucioles. Étant également une grande lectrice, elle considère les livres comme étant une véritable passion. Elle a trouvé sa voie. Elle est auteure de roman d’horreur.
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Aperçu du livre
L'envers de l'horreur - Éliane Boulanger-Racine
VERSION 1 : CAROLINE
Chapitre 1
Commençons par la fin, si vous le voulez bien
L’histoire que je vais vous partager m’a terrifiée, horrifiée et terrorisée. L’idée de vous la raconter suffit à me faire paniquer.
Ce que j’ai vécu me porte à croire que, parfois, les conséquences de certains évènements nous procurent une sensation de vide plutôt que de plénitude. Dans mon cas, on parlerait davantage de traumatisme.
C’est de l’hôpital psychiatrique d’un petit village perdu que je vous écris ces quelques lignes. Le psychiatre chargé d’assurer mon suivi médical dit que cet ouvrage est la dernière étape de ma thérapie. Il m’a mentionné que je dois « libérer mon esprit » afin de débuter une nouvelle vie.
Il n’a jamais cru à mon histoire et n’y croira probablement jamais. À son humble avis, ce que je raconte provient de mon esprit. Il m’a expliqué que l’esprit peut, parfois, inventer des histoires si crédibles, que tout notre être tend à y croire.
Je ne suis pas folle. Je sais ce que j’ai vu et ce que j’ai vécu.
Je crois avoir retrouvé un équilibre dans ma vie. Du moins, c’est aussi ce que le psychiatre dit. En fait, selon lui, tant que je prendrai mes médicaments, je serai stable, donc lucide et équilibrée.
Bref, ma vie dépend de ces pilules.
Cher lecteur, j’aimerais que tu fasses preuve de l’ouverture d’esprit la plus grande possible. J’aimerais que tu puisses avoir confiance en moi, ou, si cela te semble trop difficile, que tu laisses à ton être la liberté de créer un doute sur la véracité de mes propos.
Pour mon psychiatre, il s’agit d’une thérapie, pour moi, c’est encore un appel à l’aide.
C’est un cri du cœur, c’est un appel de souffrance.
Si tu poursuis ta lecture, je te demande simplement de garder en tête que je ne suis pas malade. Je suis juste comme toi, je veux être comprise.
Chapitre 2
Le déménagement
voyage pour un enfer sans retour
— ON DÉMÉNAGE !!!! criait Maman dans toute la maison, excitée comme une puce.
Papa avait enfin accepté que nous quittions notre vieille baraque. C’est toujours un peu étrange de voir une femme de quarante ans sauter partout comme si elle en avait cinq.
Ça faisait un bon moment que maman lui parlait d’aventure et de son besoin de repartir à neuf, ailleurs. Mon père, plutôt sédentaire, ne voyait pas l’intérêt de déménager alors que nous avions une belle maison confortable et accueillante. Il faut croire que ma mère l’a eu à l’usure et qu’il a fini par céder.
Nous vivions dans la même demeure depuis ma naissance. Rendue à l’adolescence, je dois dire que je la connaissais par cœur et qu’elle avait une certaine valeur sentimentale pour moi. Ces murs renfermaient mille et un souvenirs ; des chicanes, des pleurs, de la romance ainsi que des fous rires incontrôlables.
Comme cette nouvelle ne m’enchantait pas, j’allai dans ma chambre, mis mes écouteurs et montai le son de la musique au maximum. Je me couchai dans mon lit et fixai le plafond. Je n’avais pas l’énergie de faire des boîtes et je me doutais bien que le temps restant entre maintenant et le déménagement devait se compter en jours. Vu l’excitation de maman, je devais m’y résigner rapidement. Je regardai l’état de ma chambre et le nombre de choses qui y logeaient. Je me sentis submergée par une tâche insurmontable. J’étais d’humeur nostalgique, triste et découragée.
C’est un peu plus tard et bien obligée de faire face à la réalité, que je descendis rejoindre mes parents pour le souper. Je m’assis à contrecœur, sachant très bien qu’ils souhaiteraient aborder la grande nouvelle.
Honnêtement, j’avais envie d’être partout, sauf là. Franchement, j’avais envie d’être avec tout le monde, sauf eux.
— Dans combien de temps on déménage ? demandai-je, pour briser le silence qui commençait à être lourd, sans ressentir la moindre envie de connaitre la réponse.
— Trois semaines, dit papa.
Surprise, je crachai ma gorgée d’eau sur ma mère, tout aussi surprise que moi, mais pas pour la même raison.
— Ouache, Caro ! C’est dégueulasse ! dit-elle en frottant sa blouse.
Je fis comme si je ne l’avais pas entendue. J’étais estomaquée.
— Où va-t-on ? demandai-je.
Mon père échangea un regard sérieux avec ma mère. Il semblait hésiter à me répondre ce qui fit augmenter drastiquement ma crainte. S’il était aussi incertain, c’était que cela n’allait assurément pas me plaire.
Il délaissa le regard de ma mère pour me fixer. Ce fut à la suite d’un profond soupir qu’il m’avoua ce que je redoutais.
— Nous nous éloignerons considérablement d’ici...
Je clignai des yeux, incrédule.
— Peux-tu répéter ? demandai-je, poliment.
Il soupira une seconde fois.
— On quitte la ville pour un village, Caro, me répondit ma mère, désinvolte, ne semblant pas remarquer la colère qui grandissait en moi.
Ce fut mon tour de soupirer.
— Vous vous rendez compte que tous mes amis sont ici ? Que mon école est ici ? Que mon enfance est ici ? Et vous me demandez, comme ça, de tout abandonner en trois semaines ? demandai-je, froidement.
Mes parents eurent une réaction de parents, sachant que leur enfant, n’ayant pas atteint sa majorité, était obligée de suivre le projet.
— Tu vas voir, je suis sûre que tu t’y plairas ! Et tu te feras beaucoup de nouveaux amis, tu es tellement gentille ! dit ma mère, se voulant rassurante.
Je me retirai de la table et poussai violemment ma chaise contre le mur. L’impact laissa une marque bien distincte sur celui-ci ; symbole de ma colère et de ma détresse.
Je montai à l’étage en prenant soin de frapper dans le sol avec mes talons et me rendis à ma chambre pour m’y enfermer en claquant la porte, réalisant du même coup que je n’avais rien mangé.
C’est en me laissant tomber sur mon lit, désemparée et impuissante, que je me mis à pleurer. Vivement ma majorité, je n’aurai plus à suivre mes parents au doigt et à l’œil dans tous leurs projets stupides.
Chapitre 3
Aux portes de l’enfer
Nous étions tous dans notre minuscule voiture ne sachant pas qu’une malédiction allait, bientôt, s’abattre sur notre petite famille.
Je regardais, par la fenêtre du véhicule, les arbres et les maisons défiler.
Je finis par apercevoir une grande maison, de deux étages, semblant avoir également une cave, visiblement condamnée. Ce n’était pas un palais, mais elle était plus grande que l’ancienne. Le toit y était noir et la porte aussi. Pour se rendre à l’entrée, il y avait un petit chemin de gravelle bordé par une fine clôture blanche. Les fenêtres étaient grandes et entourées de vigne.
C’était vraiment, je dois l’avouer, un endroit magnifique, charmant et rustique.
Une grande clôture blanche pointue en fer forgé encadrait la demeure.
Je commençais à croire que cet évènement, qui me rebutait autant, pourrait devenir agréable.
Je sortis, enfin, de la voiture, me sentant soudainement libre et légère. Je sentis mon corps se déplier et craquer quelque peu. Il y eut une douce bourrasque et je me laissai imprégner de sa douceur en ouvrant mes bras, laissant le vent caresser mon visage et faire danser mes cheveux.
Je souriais. Je ne savais pas pourquoi, mais je souriais.
L’aventure ne serait peut-être pas aussi pénible que je l’avais imaginée. En effet, le soleil resplendissait et me laissait croire à une nouvelle vie. Il éclairait mes pas jusqu’à la porte d’entrée, projetant mon ombre derrière moi.
Mon cœur d’enfant, curieux, m’emplit soudainement de bonheur.
J’entrai dans la maison à la recherche de cette pièce qui serait mon havre de paix. Elles étaient toutes très vastes. La maison en comptait trois destinées à être des chambres : une pour moi, une pour mes parents et une chambre pour les invités.
J’avais choisi une pièce avec une très grande fenêtre, exactement de ma grandeur, faisant face à la rue. J’y déposai ma valise et m’assis sur le sol de ma nouvelle chambre, face à cette fenêtre. Je regardai le soleil qui en prenait possession, et je pensais à l’avenir.
Je me demandais ce qui allait se passer, maintenant.
Sans le savoir, l’horreur m’observait, alors que je commençais à peine à nager dans le bonheur.
J’entendis le camion de déménagement arriver environ une heure plus tard. Le travail des déménageurs se trahissait par les craquements des lattes de bois de l’escalier. Ils entrèrent avec mes meubles, je leur montrai à quel endroit je voulais chacun d’eux.
Cela goûtait bon. Cela goûtait le chocolat.
J’étais loin de me douter que j’allais bientôt en savourer l’amertume.
Une fois le déménagement terminé, je n’eus pas la force de défaire mes boîtes tout de suite. Je me laissai tomber sur mon lit et, doucement, je m’endormis pour la nuit.
Chapitre 4
Les présentations
Un soir de juin, environ un mois après notre arrivée, je sortis à l’extérieur et je me couchai sur notre grande balançoire, qui trônait au milieu de notre nouvelle cour. Je dois mentionner que celle-ci était un atout incroyable pour notre maison.
Moi qui avais besoin de grands espaces et de liberté, je n’allais pas en manquer ici.
Je me laissai bercer en fermant les yeux afin de profiter pleinement du moment. Je sentais la brise du vent chaud, la fraîcheur de la nuit qui tombait et la délicatesse de la fine pluie qui commençait à s’incruster dans ce moment magique.
J’aime la pluie. J’aime sa froideur, sa violence et sa force. J’aime sa douceur et son réconfort.
Je restai dans la balançoire jusqu’à ce que l’averse décide que je doive rentrer.
Je montai à ma chambre et me déshabillai pour mettre mon pyjama et me coucher. La chaleur de mes draps me fit un bien incroyable lorsqu’ils entrèrent en contact avec le froid des petites gouttes de pluie qui perlaient sur ma peau. Je fermai la lumière sur ma table de chevet et me recroquevillai dans mes couvertures.
Je fermai doucement les yeux, un sourire se dessinant sur mon visage.
Je fus réveillée vers 23 h 45 par trois petits cognements à ma porte.
« Entrez », dis-je.
J’attendis, mais la porte ne s’ouvrit pas.
Cinq minutes plus tard, je les réentendis. Ce devait être mon imagination. Je tentai de me rendormir.
Lorsqu’ils se firent entendre pour la troisième fois, je me levai et me dirigeai vers la porte. Le sol craquait sous mes pieds. Je sentis mon cœur battre de plus en plus fort, accompagnant mon sentiment de peur grandissant.
« Tu regardes trop de films Caro, relaxe. Tu verras bien qu’il n’y a rien ! » me dis-je.
Ma main se posa sur la poignée de la porte. Elle était glaciale. Cette sensation polaire coursa partout dans les veines de ma main puis de mon bras. Elle fit vibrer mon sang jusque dans mes tempes.
Je tournai la poignée et ouvris la porte. Il n’y avait rien. Je regardai à droite puis devant moi ; inutile de regarder à gauche, il y avait un mur. Personne n’aurait pu se tenir là. Du moins, personne de vivant.
« Tu vois bien qu’il n’y a rien, tu te racontes encore des histoires. »
Je refermai la porte et me retournai en fermant les yeux. Lorsque je les ouvris, je la vis, dans ma chambre, grâce à la lumière de la lune qui passait au travers de mes rideaux ouverts. Ce qui semblait être une petite fille se tenait debout, devant moi. Elle tendait les mains vers moi et riait, comme si elle s’amusait, comme si elle voulait jouer. Ses cheveux noirs parfaitement coupés lui arrivaient aux hanches. Un toupet coupé carré rendait ses yeux à peine visibles. Elle avait un petit ruban bleu attaché en nœud sur le côté droit de sa tête. La jeune fille était vêtue d’une petite robe noire avec une ceinture, tout aussi bleue que le ruban dans ses cheveux, attachée en une boucle géante dans son dos.
La fillette restait au même endroit et riait toujours en tendant les mains vers moi.
Elle était honnêtement magnifique.
De surprise, je perdis l’équilibre et tombai à la renverse. Je reculai sur le sol en poussant sur mes bras et mes pieds. Mon corps restait face à elle. Désirant la surveiller, ne voulant pas qu’elle m’approche. Haletante, j’attrapai la lampe sur ma table de chevet et me relevai. J’étais prête à me servir de l’objet comme d’une arme. Même si je tremblais, je ne reculais plus.
Je ne voulais