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Évelyne est morte
Évelyne est morte
Évelyne est morte
Livre électronique289 pages3 heures

Évelyne est morte

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À propos de ce livre électronique

«Il resserra sa prise sur la gorge. Les yeux exorbités, la dame tentait vainement de respirer.»

Policier à la ville de Québec, Adam a vu sa vie chamboulée autant par la maladie que par le départ de sa conjointe et de son fils. Mais ses propres malheurs ne l’empêcheront pas d’enquêter sur les circonstances particulières de celui qui frappe soudainement son ami Simon.

Des fillettes disparues, une voisine au comportement étrange, une belle voyante et de mystérieux chats, autant d’éléments qui conduiront Adam sur les traces d’une troublante organisation. Est-il déjà trop tard
pour sauver Simon?

Évelyne est morte, un polar mêlé de fantastique où les apparences sont bien souvent trompeuses...
LangueFrançais
Date de sortie18 janv. 2019
ISBN9782897867973
Évelyne est morte
Auteur

Guy Bergeron

Conseiller informatique résidant à Québec, Guy Bergeron a connu un succès considérable avec La trilogie de l’Orbe et sa fresque L’Héritière de Ferrolia. Après Coeur de Givre et Les âmes perdues, deux récits de la série Légendes d’Arménis, il a adapté à sa manière les grands classiques homériques avec Fils de Troie et Le retour d’Ulysse. Avec Évelyne est morte, il change de registre littéraire et signe un polar fantastique impeccable confirmant l’étendue de son talent.

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    Aperçu du livre

    Évelyne est morte - Guy Bergeron

    PROLOGUE

    « Froid ! J’ai tellement froid ! »

    Évelyne émergeait lentement des limbes de l’inconscience. Peut-être étaient-ce ses frissons qui avaient provoqué son éveil. Alors que ses sens revenaient peu à peu, elle distingua un bruit, celui de gouttes heurtant une surface métallique. Sans qu’elle sache pourquoi, son cerveau enténébré calcula qu’il tombait une goutte par seconde.

    Évelyne entendait également son cœur battre fort à ses oreilles, mais trop lentement. Vint ensuite une douleur dans son coude et son avant-bras droit, un élancement qui lui arracha un hoquet. Elle cligna des paupières et parvint à ouvrir les yeux. Sa vue était aussi trouble que son esprit. Un haut-le-cœur la secoua juste avant de distinguer une forme sombre qui se déplaçait un peu plus loin. Elle échoua à l’identifier. Elle voulut appeler à l’aide, mais de sa gorge sèche et enflée ne s’éleva qu’un grognement à peine audible. Si l’ombre l’avait entendu, elle n’en laissa rien paraître. Évelyne ne se souvenait pas ce qui lui était arrivé. La tête lui tournait. Comment s’était-elle retrouvée ainsi étendue ? Pourquoi avait-elle si mal au bras ?

    Elle tourna la tête vers la droite et, lentement, les brumes s’estompèrent suffisamment pour qu’elle perçoive des taches sur la manche de sa robe blanche des grandes occasions. Sa mère serait furieuse, elle lui avait donné l’an dernier pour son neuvième anniversaire.

    Évelyne avait soif. Elle aurait aimé boire un bon verre d’eau pour chasser ce goût métallique qui lui remplissait la bouche. Elle était trop faible pour demander de l’aide, encore moins pour se lever.

    « Jérémy. »

    Ce nom s’imposa à son esprit confus. Des bribes de souvenirs montèrent à la surface, tel un bouchon de liège lancé dans un lac. Elle se rappelait maintenant pourquoi elle portait sa belle robe blanche. Elle l’avait mise pour Jérémy, son ami, qui l’avait invitée, avec d’autres copains de sa classe, à sa fête d’anniversaire.

    Évelyne se souvint de l’après-midi chaud et humide où elle s’était amusée dans un parc rempli de jeux. Elle avait eu peur de grimper sur la tête immense du clown gonflable et de glisser sur sa longue langue rouge qui s’étirait jusqu’au sol. Il y avait aussi des balançoires et un kiosque, où Jérémy lui avait acheté une limonade avant de l’entraîner dans un petit sentier menant au bord d’une rivière. Seuls, assis sur un banc de grès, ils avaient siroté leur breuvage en silence, en se tenant par la main.

    La limonade terminée, Jérémy s’était tourné vers elle et lui avait souri. Puis il avait approché son visage du sien. Par gêne, elle s’était détournée. Son ami avait alors pris doucement son visage dans ses mains, puis il l’avait embrassé... sur la bouche.

    Elle se souvint de la panique qui s’était emparée d’elle. Et si quelqu’un les avait vus ? Et si sa mère était venue la chercher plus tôt que prévu ?

    Évelyne avait repoussé Jérémy en lui disant d’arrêter, que ce n’était pas bien à leur âge. Elle revit le regard d’abord triste de son ami, puis la colère s’allumer au fond de ses jolis yeux noisette. Il s’était levé et était parti sans un mot, en courant dans le sentier. Des larmes avaient alors brouillé la vision d’Évelyne. Pendant de longues minutes, elle avait pleuré, seule, à se demander si elle avait bien fait de repousser Jérémy, s’il allait rester son ami. Son « BFF » comme ils se plaisaient à dire.

    Que s’était-il donc passé ensuite ? Elle n’en avait aucune idée... ou plutôt si... sa mémoire tentait de replacer les pièces du casse-tête. Elle se souvint avoir sursauté en entendant du bruit dans les buissons. Elle n’avait pas eu le temps d’en voir l’origine. On lui appliqua une serviette qui sentait plutôt fort sur le visage.

    Par la suite, plus rien. Elle ne comprenait pas où elle était et pourquoi elle avait si froid et si mal au bras.

    Son cœur tambourinait dans sa poitrine... de plus en plus lentement. Son regard flou suivit la manche relevée de sa robe. Son avant-bras et sa main pendaient dans le vide. Son coude, à peine supporté, pendait à moitié dans le vide. C’était probablement ce qui lui causait de telles douleurs.

    Évelyne constata avec détachement que le bruit de gouttes provenait de son propre sang qui coulait d’une plaie à son poignet. Le sang s’écoulait de chaque côté de celui-ci et se rejoignait dessous, formant une minuscule rivière qui tombait, goutte à goutte.

    Elle avait tellement froid. La tête lui tournait et elle se sentait légère... et cette fatigue qui l’accablait.

    « Je vais me reposer », se dit-elle.

    Évelyne ferma les yeux.

    CHAPITRE 1

    Alexandra Tanguay et Simon Larrivée étaient surexcités. On l’aurait été à moins. À bord de leur vieille Honda 2007, ils remontaient l’autoroute Henri IV en direction du bureau du notaire Bourgault, à Val-Bélair. Ils allaient enfin devenir officiellement propriétaires d’une maison située à Sainte-Foy, devenu un arrondissement de Québec depuis la grande fusion des villes.

    Le couple avait d’abord été séduit par le quartier foisonnant d’arbres matures. Les maisons de briques, généralement bâties dans les années 1970, offraient des terrains de tailles plus que respectables. Leur future résidence était en vente depuis plusieurs mois. Le prix avait déjà été révisé à quelques reprises. Alex et Simon avaient compris pourquoi lors de leur visite. La propriété ne payait pas de mine. À l’extérieur, la brique de la cheminée s’effritait à cause d’infiltrations. Les arbustes et haies avaient été négligés. À l’intérieur, les planchers de chêne avaient besoin d’un sablage en profondeur afin d’enlever les traces noires où le vernis avait disparu depuis longtemps. La boîte électrique devait être remplacée, tout comme les fenêtres à l’avant.

    De tels travaux en avaient découragé plus d’un, mais Simon et Alex avaient su voir le potentiel de la propriété. Ils avaient négocié le prix en conséquence, en sachant qu’ils auraient de l’aide de leurs amis pour le nettoyage et la peinture. Le couple avait été séduit par la grande salle familiale au sous-sol qui leur offrait de belles possibilités pour organiser des fêtes et y installer, quand leurs moyens le leur permettraient, un cinéma maison et peut-être même une table de billard.

    À 32 ans, Simon ne voulait plus vivre en appartement. Alexandra était sa cadette de huit ans. Elle venait juste de décrocher un poste d’actuaire bien rémunéré, alors que Simon était vérificateur au Ministère du Revenu depuis déjà quelques années. Ce dernier pourrait facilement se rendre au travail à bicyclette ou en autobus... nul besoin de deux automobiles.

    Simon s’engagea dans la sortie de l’autoroute et prit le boulevard Pie IX en direction sud. Le couple établissait déjà son plan de match des tâches nécessaires avant le déménagement, dans une quinzaine de jours. Alexandra notait les idées qu’ils avaient et les choses à acheter. Simon se tourna vers elle et lui adressa un sourire. Sentant son regard, Alex leva les yeux et lui rendit son sourire. Aucun des deux ne vit le signal d’arrêt ni l’automobile qui arrivait rapidement au carrefour.

    Un coup de klaxon les fit sursauter, puis Simon reporta aussitôt son regard sur la route. L’automobile arrivant à l’intersection allait les emboutir. En une fraction de seconde, son esprit analysa la situation. S’il freinait, la collision était certaine. Sans trop d’espoir d’éviter l’accident, il passa à une vitesse inférieure afin d’augmenter le régime moteur et appuya à fond sur l’accélérateur alors que les pneus de l’autre véhicule crissaient sur le bitume.

    Le moteur anémique de la petite Honda rugit et elle bondit autant qu’elle le pouvait. Simon serra le volant. Il ne pouvait plus rien faire. Alexandra poussa un cri. La collision était imminente.

    L’autre conducteur eut un réflexe digne d’un professionnel du volant. En appliquant les freins, il crampa violemment. Sa BMW dérapa de côté et il évita de justesse l’arrière de la Civic, qui s’éloigna bruyamment.

    Les mains serrant toujours le volant, l’adrénaline courant dans ses veines, Simon ne s’arrêta même pas. Des cernes de sueur se dessinaient sur son torse et sous ses aisselles. Il leva le pied de l’accélérateur, espérant que les battements de son cœur diminueraient à même vitesse que le régime du moteur. Alex lui jeta un regard, une main sur la poitrine.

    — J’ai bien cru que ça y était.

    — Je m’excuse, balbutia Simon en passant son avant-bras sur son front humide.

    — Devrait-on retourner pour nous excuser ?

    Simon se contenta de secouer la tête.

    — Ça nous mettrait en retard pour notre rendez-vous.

    Alex se doutait bien que la honte était le véritable motif de sa décision, mais elle se tut et reporta son regard sur la route.

    Quelques minutes plus tard, le couple arriva chez le notaire. Ils furent soulagés de voir que la voiture du vendeur s’y trouvait déjà. La transaction s’effectua rondement. Seule ombre au tableau, le propriétaire ne leur remit qu’une clé.

    — C’est celle de la porte de côté, affirma-t-il, mais la serrure ne fonctionne plus. Pour en avant, je n’en ai pas. En fait, je ne verrouille jamais les portes de la maison.

    Simon et Alexandra arquèrent les sourcils et jetèrent un regard vers le notaire, qui se contenta de hausser les épaules.

    Quinze minutes plus tard, le couple quitta le bureau, propriétaire d’une maison ayant besoin de beaucoup d’amour et d’investissement.

    images/star.jpg

    Deux semaines s’écoulèrent. L’ancien propriétaire avait vidé les lieux, laissant le cabanon plein d’outils et la pharmacie de la salle de bain principale remplie d’emballages de seringues — il était diabétique —, mais pire que tout, les calorifères étaient remplis de poils de chien. Les travaux commencèrent rapidement. Quelques jours après, le panneau électrique était remplacé, le maçon s’attaquait déjà à la rénovation de la cheminée et la compagnie de sablage de planchers devait passer dans une semaine.

    Le couple organisa deux corvées les fins de semaine suivantes. Avant de peinturer, il fallut d’abord laver les murs au rez-de-chaussée et au sous-sol. Le propriétaire et son fils d’une vingtaine d’années étaient tous deux fumeurs, l’état des murs et des plafonds en témoignait. Une douzaine d’amis et de membres de la famille se succédèrent pour donner un coup de main, si bien qu’une semaine avant d’emménager, la maison était prête. Ils pourraient emménager et terminer les travaux à leur rythme. Ils n’avaient plus qu’à solliciter l’aide de leurs camarades une dernière fois pour le déménagement.

    Les amoureux ne tenaient plus en place. Ils anticipaient avec bonheur autant leur changement de décor que la fête d’amis qui suivrait immanquablement.

    Le téléphone portable d’Alexandra sonna deux fois. Lorsqu’elle le prit, il était trop tard. Elle consulta son historique et ne vit aucun appel manqué.

    — Une erreur de numéro, je suppose, dit-elle en haussant les épaules et en posant l’appareil sur la console centrale.

    CHAPITRE 2

    —O ù est le papier collant ?

    — Il n’y en a plus.

    — Merde ! Il faudra s’en passer.

    Simon passa une main dans ses cheveux détrempés et s’essuya le front avec le bas de son t-shirt de Pink Floyd. La journée de déménagement s’annonçait torride. Le couple terminait les dernières boîtes lorsque le carillon de la porte résonna. En moins de 30 minutes, tous les participants étaient sur place. Simon servit des cafés et des muffins à la douzaine de personnes venues avec camionnettes et remorques.

    Les déménageurs improvisés s’activèrent. Malgré la chaleur accablante dans l’escalier de l’immeuble, où de grandes fenêtres qui ne s’ouvraient pas laissaient passer les chauds rayons de soleil de la fin juin, il ne fallut qu’un peu plus de quatre-vingt-dix minutes pour vider le quatre et demi, résidence de Simon et Alexandra lors des quatre dernières années.

    Le dernier objet à atterrir dans la petite Civic fut la cage du chat. Gargouille semblait peu enclin à changer d’environnement et le laissait savoir en miaulant de plus en plus fort.

    Le convoi se mit en route et moins d’une demi-heure plus tard, les boîtes et les meubles entraient dans la nouvelle maison.

    Alexandra se tenait près de l’entrée et n’avait que le temps de diriger les gens vers la pièce où ils devaient déposer leur charge. La jeune femme se hâta ensuite de libérer Gargouille dans une pièce, avec un peu d’eau et de nourriture, porte fermée, afin qu’il s’acclimate lentement à son nouveau logis. Très rapidement, tout fut terminé, la vaisselle étant même déjà rangée dans les armoires.

    images/star.jpg

    — Cheap !

    — Quoi ? demanda Simon, faussement offusqué. Tu n’aimes pas les hot-dogs ? Il y a des hamburgers aussi.

    — Avoue que tu trouvais que la pizza coûtait trop cher, le taquina Christian.

    — Attrape ça, ça va te consoler, suggéra Simon, en lançant une canette de bière à son ami.

    La journée était chaude et humide. Plusieurs personnes étaient restées pour profiter du soleil et pendre la crémaillère avec Simon et Alexandra. Le couple se souciait peu que la bouffe et la bière leur coûtent presque aussi cher que s’ils avaient engagé des déménageurs. L’activité offrait un beau prétexte pour faire la fête avec leurs amis et les membres de la famille. Christian était même allé acheter un petit foyer extérieur et du bois pour faire un feu au coucher du soleil.

    Alexandra profita de son passage aux toilettes pour jeter un coup d’œil à Gargouille. La bête était toujours terrifiée par les cris et rires des invités, mais lorsque sa propriétaire referma la porte, le chat sortit de derrière les boîtes empilées et vint se frôler contre la jambe d’Alex. Elle se pencha et passa la main dans son pelage long et soyeux. Le ronronnement de Gargouille la fit sourire, jusqu’à ce que Simon l’interpelle.

    — Alex, la police est ici. Ne me dis pas que les voisins se sont plaints du bruit. Il est à peine 19 h. Ça commence mal…

    Alexandra se hâta de rejoindre Simon à la cuisine alors que les invités se trouvaient dans la grande cour arrière, occupés à manger, à boire ou à se lancer le ballon de football. Une auto-patrouille de la ville de Québec s’était garée devant leur entrée. Deux agents en descendirent et s’avancèrent dans l’allée en jetant un coup d’œil à la ronde. Simon se hâta de rejoindre les agents alors qu’ils atteignaient le balcon.

    Le stress le quitta d’un coup lorsqu’il reconnut l’un des policiers.

    — Adam ! Quelle belle surprise ! Je ne savais pas que tu faisais de la patrouille, et dans notre quartier en plus. Je suis content de te revoir. Dis-moi, as-tu reçu une plainte pour le bruit ou tu nous rends une visite de courtoisie ?

    Simon s’était lié d’amitié avec Adam au cégep. Ils avaient joué ensemble pour l’équipe de hockey de F.-X. Garneau, tout comme Christian. Ils s’étaient perdus de vue lorsqu’Adam avait commencé sa carrière de policier à Sept-Îles. Il avait finalement pu être transféré dans sa ville natale où il travaillait depuis maintenant une dizaine d’années. Alors que Christian et Simon étaient demeurés très proches, les aléas de la vie avaient fait qu’Adam n’avait jamais repris contact avec ses anciens amis.

    — Ne crains rien, le rassura Adam. J’ai rencontré Christian à l’épicerie l’autre jour et il m’a dit que tu allais emménager dans le coin. Je serais bien venu t’aider, mais, comme tu vois, je travaille. Au fait, je te présente Sandra, ma partenaire. Je me suis dit qu’on pouvait bien prendre quelques minutes pour te saluer en passant.

    Simon jeta un regard à l’intérieur de la maison et vit Christian qui approchait. Son ami lui adressa un clin d’œil.

    « Cachottier va ! » songea Simon.

    Au loin, un grondement se fit entendre. Simon leva les yeux et il vit qu’une épaisse couche nuageuse avançait rapidement du nord-ouest.

    — Rentrez quelques instants. J’ai bien peur qu’un orage nous tombe dessus.

    Adam jeta un regard du côté de sa partenaire, qui hocha la tête en souriant.

    — D’accord, mais nous ne pourrons évidemment pas rester longtemps.

    — Vous aurez quand même le temps pour un morceau de gâteau au chocolat ?

    Alexandra vint embrasser Adam, qu’elle connaissait peu. Elle ne l’avait vu qu’une fois ou deux. Christian, quant à lui, serra la main de son ami et il lui asséna quelques tapes dans le dos.

    — Content que tu sois venu, Adam. Il va falloir qu’on se voie plus souvent. Tu devrais venir souper un de ces quatre. Sandra aussi.

    — Je vais te laisser mes coordonnées avant que tu partes, reprit Simon. Mais venez vous asseoir.

    À l’arrière de la maison, on se hâta de rentrer les chaises et la table pliante avant que la pluie ne s’abatte. Certains descendirent dans la salle familiale et branchèrent la console Wii. Quatre d’entre eux saisirent les instruments du jeu Rock Band et tentèrent, tant bien que mal, d’interpréter la chanson Barracuda du groupe Heart. Les autres demeurèrent à l’étage pour jaser. Alex servit deux généreuses portions de gâteau aux policiers pendant que Simon donnait un verre de lait à Sandra et un verre d’eau à Adam.

    — Comment va Marjo ? demanda Simon.

    — Nous ne sommes plus ensemble depuis presque deux ans, répondit Adam avant de prendre une grosse bouchée.

    Simon se sentit rougir jusqu’à la racine des cheveux. Il remarqua le regard furtif que porta Sandra à son confrère. Était-ce de l’inquiétude, de la pitié qu’avait discernée Simon dans ce bref coup d’œil ?

    — Désolé, Adam, je ne savais pas…

    — Ce n’est pas grave, ne t’en fais pas avec ça.

    Le lourd silence qui suivit fut interrompu par un roulement de tonnerre. L’orage se rapprochait, comme il arrivait souvent lors des jours d’été chauds et humides.

    — C’est une belle maison que vous avez et c’est un quartier paisible. Vous serez bien ici, dit Adam.

    Simon comprit que le policier souhaitait changer de sujet. Il le connaissait assez pour savoir qu’il n’aimait pas tellement parler de lui.

    — Nous n’avons à peu près jamais de plaintes dans les environs, ajouta Sandra. Il y a bien le petit parc derrière chez vous où nous devons intervenir à l’occasion avec des adolescents un peu bruyants, comme pour le petit sentier qui longe la rivière, mais rien de grave.

    — C’est une grande maison, vous avez de la place en masse. Va falloir que vous remplissiez ça d’enfants, lança le policier en riant.

    — Alexandra et moi y pensons, intervint Christian, mais il ne faut pas le dire, Simon n’est pas au courant.

    Les policiers et le couple s’esclaffèrent.

    — Maintenant que nous avons la maison, nous allons sérieusement y songer, confia Alexandra. J’avoue que ça ne me tentait pas d’élever de la marmaille en appartement.

    — Des petits Simon qui courent partout, quel cauchemar. Je ne veux pas voir ça, dit Christian avant de s’éclipser vers la salle de bain.

    — Nous avons été chanceux, nous n’avons pas payé la maison trop cher, continua Alexandra. Le propriétaire était malade, diabétique, je crois. Nous avons trouvé plein de seringues dans la pharmacie. Il vivait avec son fils, jeune adulte, et un chien. Je me demande à quand remontait leur dernier grand ménage, la maison était vraiment dégueulasse, avec des poils de chien partout. Tu aurais dû voir la crasse quand nous avons lavé les murs.

    — Nous n’avons vu le fils qu’une fois lors d’une de nos visites, renchérit Simon, et il nous a paru plutôt étrange. Peut-être un peu simple d’esprit.

    — Sa lenteur d’esprit peut certainement s’expliquer par les couteaux au bout noirci que nous avons retrouvé dans l’atelier. Il faut croire qu’il s’adonnait parfois à la consommation de produits illicites, ajouta Alex en souriant.

    — D’ailleurs, il faut que je vous montre quelque chose d’étrange au sous-sol. Venez voir, renchérit Simon. Vous n’allez pas en revenir.

    — Je vous laisse, reprit Alex, je vais aller jeter un coup d’œil au chat.

    Simon descendit, en compagnie des policiers. La salle familiale était plutôt grande. Dans un coin, une partie des invités s’était regroupée près des musiciens improvisés, installés sur des chaises pliantes ou des boîtes qui n’avaient pas encore été ouvertes.

    — Nous allons enlever ce tapis dès que nous le pourrons, se hâta de préciser Simon, en pointant le recouvrement de plancher défraîchit. Il est plutôt repoussant. Nous avons eu beau le nettoyer... enfin. Ce que je veux vous montrer est par là.

    Simon pénétra dans la pièce faisant office d’atelier. Des armoires de rangement s’étendaient de chaque côté.

    — C’est ici !

    Simon ouvrit une des portes d’armoire, découvrant un panneau électrique neuf.

    — Tu voulais me montrer ton nouveau panneau ? demanda Adam en arquant les sourcils.

    — Non, regarde l’intérieur de la porte. Tu vois ce taille-crayon qui est vissé sur une planche ? Regardez comme c’est étrange. Une phrase a été inscrite sept fois en lettres attachées. Je parie que c’est le fils de l’ancien

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