Tristement célébre
Par Lauren Conrad
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À propos de ce livre électronique
Lauren Conrad
Lauren Conrad is an accomplished designer and entrepreneur, a #1 New York Times bestselling author, and was the star of MTV’s hits Laguna Beach and The Hills. She has been featured on the covers of People StyleWatch, Elle, Glamour, Redbook, Lucky, Cosmopolitan, Allure, Rolling Stone, Us Weekly, and Entertainment Weekly, among many other publications. She lives in Los Angeles, California.
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Aperçu du livre
Tristement célébre - Lauren Conrad
À Max Stubblefield.
Je ne serais pas où j’en suis aujourd’hui sans tes conseils et ton amitié. Merci d’être resté à mes côtés… et d’être « le gars chantant ».
Copyright © 2013 Lauren Conrad
Titre original anglais : Infamous
Copyright © 2015 Éditions AdA Inc. pour la traduction française
Cette publication est publiée en accord avec HarperCollins Publishers.
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.
Éditeur : François Doucet
Traduction : Sophie Beaume (CPRL)
Révision linguistique : Nicolas Whiting
Correction d’épreuves : Catherine Vallée-Dumas, Carine Paradis
Conception de la couverture : Matthieu Fortin
Photo de la couverture : © 2013 Howard Huang
Mise en pages : Sébastien Michaud
ISBN papier 978-2-89752-398-5
ISBN PDF numérique 978-2-89752-399-2
ISBN ePub 978-2-89752-400-5
Première impression : 2015
Dépôt légal : 2015
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque Nationale du Canada
Éditions AdA Inc.
1385, boul. Lionel-Boulet
Varennes, Québec, Canada, J3X 1P7
Téléphone : 450-929-0296
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Imprimé au Canada
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Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Conrad, Lauren
[Infamous. Français]
Tristement célèbre
(Série La rançon de la gloire ; 3)
Traduction de : Infamous.
Pour les jeunes de 13 ans et plus.
ISBN 978-2-89752-398-5
I. Beaume, Sophie, 1968- . II. Titre. III. Titre : Infamous. Français. IV. Collection : Conrad, Lauren. Série La rançon de la gloire ; 3.
PZ23.C655Tr 2015 j813’.6 C2014-942608-9
Conversion au format ePub par:
www.laburbain.com
1
une tournure positive
Madison Parker remplit deux grands verres de thé glacé et s’approcha plus lentement qu’à son habitude de la table dans le coin ensoleillé de sa cuisine.
— J’ai du sucre, si tu en veux, dit-elle en déposant les verres sur deux serviettes en lin rose nacré.
Kate Hayes haussa un sourcil, surprise, et Madison remarqua que son amie avait enfin commencé à suivre certains de ses conseils de beauté. Les sourcils de Kate étaient parfaitement épilés et teints, comme si elle venait de sortir de chez Anastasia Beverly Hills. Adieu, petites chenilles blond roussâtre, vous ne me manquerez pas, pensa Madison.
— Tu as du vrai sucre ? demanda Kate. Je croyais que tu avais seulement du Splenda.
Madison s’assit en face d’elle. Doucement. Il lui fallait plus de temps qu’elle ne l’aurait cru pour se remettre de sa dernière intervention de chirurgie esthétique. Elle était superbe en apparence, mais c’était encore un peu douloureux.
— Je crois que c’est le locataire précédent qui l’a laissé là, répondit Madison. Ça et le miroir hideux dans la salle de bain.
Kate jeta un regard à la ronde dans le petit appartement, comme si elle n’était pas venue s’informer une dizaine de fois de l’état de Madison après l’opération. Kate était la seule personne que Madison était prête à voir, ce qui faisait d’elle son unique source de sushis, de magazines hebdomadaires et de renseignements sur le tournage de la nouvelle saison de La rançon de la gloire. Elle lui racontait à quel point ça allait mal, à quel point les scènes étaient ennuyeuses, à quel point les dîners à l’improviste étaient factices. Et Madison adorait entendre ça.
— Et cette plante-araignée, c’est le locataire précédent qui l’a laissée aussi ? demanda Kate en faisant un signe de tête en sa direction.
— Non, admit Madison, c’est la mienne.
Elle suivit le regard de Kate. La plante-araignée était en piteux état et, elle devait le reconnaître, l’appartement était plutôt déprimant. La cuisine était la pièce la plus belle, ce qui était ironique pour la maison d’une personne qui mangeait rarement et qui ne cuisinait jamais.
Elle avait pris cet appartement au lendemain de son départ soudain de La rançon de la gloire, parce qu’il était bon marché (du moins, pour L.A.) et disponible.
Son manque de prévoyance en matière d’immobilier était l’un des seuls points que Madison regrettait. Les journées qui avaient immédiatement suivi son explosion devant les caméras, à l’hôpital, avaient été sombres. Jusqu’alors, elle n’avait pas entièrement eu conscience de ce que PopTV pouvait représenter pour elle, personnellement ou professionnellement, mais maintenant, pour la première fois de sa vie, elle était complètement seule ; elle n’avait absolument rien de prévu sur son calendrier iCal.
Il n’y avait rien à part un rappel pour ses heures de service communautaire, en fait. Comme elle était incapable d’affronter Ryan Tucker (son ex-petit ami ? son ancien plan cul ?), Madison avait déclaré souffrir d’une soudaine et mortelle allergie aux poils d’animaux sur le plateau de tournage et avait demandé d’être transférée ailleurs qu’au Lost Paws.
Connie Berkley, la fonctionnaire au franc-parler du système judiciaire du comté de L.A., avait accepté à contrecœur d’accéder à la demande de Madison, qui avait passé les deux semaines suivantes à ramasser des cannettes de bière, des mégots de cigarette et des emballages de nourriture dans un parc de Los Feliz. Elle avait dû porter des baskets inconfortables et une veste orange Day-Glo hideuse. Par ailleurs, les trois autres personnes avec qui elle avait dû travailler étaient particulièrement déplaisantes. Mais au moins, aucune d’entre elles ne s’appelait Ryan. Du moins, aucune d’entre elles ne lui avait brisé le cœur.
Chaque jour, elle revenait chez elle couverte de sueur, dans son appartement rempli de meubles beaux, mais sans caractère, qu’elle avait obtenus gratuitement chez Crate & Barrel (en échange de sa promesse de faire des photos pour l’un des hebdomadaires). Gaby n’était pas là pour l’accueillir, et il n’y avait pas de caméras pour la filmer. Sans la présence de Kate et de son chien, Samson, Madison se serait sentie très déprimée.
Quand elle s’apitoyait exagérément sur son sort, Madison s’efforçait de se souvenir que les choses pouvaient toujours être pires. Par exemple, elle n’avait pas fait une overdose accidentelle, comme Gaby, et elle n’était pas enfermée en cure de désintoxication. (Pas de tournage possible là-bas !) Gaby suivait un traitement au centre médical Hope de Malibu depuis presque six semaines, maintenant. Elle participait sans doute à d’innombrables séances de thérapie de groupe, et elle était probablement devenue une très bonne joueuse de ping-pong.
Ou était-ce dans les hôpitaux psychiatriques qu’on jouait au ping-pong ? Il faudrait que Madison lui demande, si ce n’était pas indiscret.
Elles avaient parlé quelques fois depuis l’overdose de Gaby, mais le personnel de l’hôpital avait confisqué le téléphone cellulaire de Gaby, et on limitait son temps passé devant un ordinateur, ce qui faisait que leurs contacts étaient brefs. Par ailleurs, dès que Madison avait terminé ses travaux communautaires, elle avait pris le premier avion pour le Mexique dans le but de se ressaisir. C’était sa propre cure de réadaptation émotionnelle.
Elle n’avait dit à personne qu’elle partait (sauf à Kate, qui avait accepté de garder son chien Samson) ; elle avait simplement disparu. Et c’était merveilleux.
Dans une petite ville, à une heure de route de Cabo, Madison avait fait de longues promenades sur la plage, ignoré les cinq mille coups de téléphone de Trevor et pris une décision importante. Elle n’en avait pas fini avec la téléréalité, mais elle en avait certainement assez de jouer les gentilles. Elle s’était fait avoir par Charlie, par Ryan et par Sophie (deux fois). Le temps était venu de se rappeler qu’elle ne pouvait avoir confiance qu’en elle-même.
— Madison, on doit vraiment parler, disait toujours la voix de Trevor dans sa boîte vocale.
Elle prenait un plaisir fou à supprimer tous ses messages. Elle lui parlerait quand elle serait prête à le faire.
Mais, le moment de retourner à L.A. était arrivé bien trop vite. Et s’il était parfaitement possible de planifier son retour à l’ombre d’une hutte palapa, sur une plage du Mexique, elle pouvait difficilement effectuer son retour en y restant.
En arrivant à l’aéroport de Los Angeles, son premier appel avait été pour son chirurgien plasticien habituel. Il était grand temps qu’elle se paie une liposuccion au laser, parce que tout le gras qu’elle avait mangé pendant qu’elle était « heureuse » avec Ryan s’était accumulé sur son ventre. Le docteur Klein, qui avait un talent exceptionnel pour flairer les bonnes affaires (et qui, par le fait même, avait refait le nez de Madison), lui avait proposé un bon prix en échange de sa participation à son communiqué de presse « Je ne vous le dirai jamais ». (« Je suis toujours superbe en sortant de chez le docteur Klein. Quelle opération a-t-il exécutée ? Je ne vous le dirai jamais ! »)
Elle sourit en y pensant. Elle pourrait sûrement proposer un arrangement semblable au docteur Burton la prochaine fois qu’elle aurait besoin d’une retouche au Botox. (Elle avait vraiment hâte d’être arrivée au bout de ses remboursements à Luxe Paris pour le collier que Charlie avait volé ; c’était humiliant de devoir faire du troc pour des interventions cosmétiques).
— La Terre appelle Madison, dit Kate en passant la main devant son visage.
Madison se tourna vers elle.
— Quoi ? Tu me parlais ?
— Oh, je te pose seulement la même question depuis au moins cinq minutes, répondit Kate, semblant un peu vexée.
— Désolée. Pose-la encore ; je t’écoute, maintenant.
Kate but une gorgée de son thé glacé, puis elle se leva pour prendre le sucre.
— Iras-tu voir Gaby quand ils la laisseront sortir ? Nous serons toutes là, tu sais. Ça veut dire que l’équipe de PopTV sera là aussi.
— Est-ce que je dois te rappeler que je ne fais plus partie de l’émission ? demanda Madison.
Kate roula des yeux.
— Pas la peine, j’étais là, dit-elle. Mais ce sera un moment important pour l’émission. Et je croyais que la présence des caméras pointées sur toi te manquait. Être à l’antenne est presque aussi essentiel pour toi que… le fait de respirer.
Madison n’avait rien tourné depuis six semaines. Évidemment que ça lui manquait. Celui qui avait dit que les diamants étaient les meilleurs amis des femmes n’avait visiblement pas considéré les caméras dans sa réflexion.
— Pas vraiment, dit-elle d’un ton dédaigneux.
Kate, qui cherchait toujours le sucre, remarqua le magazine Gossip que Madison avait laissé bien en vue sur le comptoir.
— Hé ! C’est le numéro qui parle de toi ?
Madison hocha la tête, incapable de réprimer un petit sourire satisfait. Dès que les ecchymoses s’étaient estompées, elle avait organisé une séance photo sur la plage de Malibu et une entrevue exclusive avec une journaliste du magazine Gossip. Elle lui avait parlé de ses travaux communautaires « enrichissants », qui lui avaient permis de revoir ses priorités. Elle avait évité avec brio les questions de la journaliste concernant les problèmes qui étaient survenus sur le plateau de La rançon de la gloire. Comme Trevor avait exclu son coup d’éclat du dernier épisode de la saison précédente, personne ne savait vraiment ce qui s’était passé. Et comme seulement deux épisodes de la deuxième saison avaient été diffusés à l’heure actuelle, les rumeurs allaient bon train, ce que Madison aimait. Moins elle en disait, plus les gens voulaient en savoir.
La fin de l’article était encore plus succulente. L’auteur laissait entendre que si Madison Parker devait quitter l’émission, La rançon de la gloire deviendrait vraiment barbante.
— Alors, les travaux communautaires t’ont amenée à « revoir ton style de vie », hein ? fit Kate en levant les yeux du magazine. Tu as compris à quel point « il était important » pour toi de redonner à ta communauté ? continua-t-elle en éclatant de rire. Tu es géniale, Mad, vraiment géniale.
— J’essaie, dit Madison. Aimes-tu ma référence trèèès subtile à Carmen Curtis ?
Kate lut rapidement le reste de l’article :
— « Je crois que plus de jeunes célébrités devraient faire des travaux communautaires », affirme Madison en buvant une gorgée de son thé vert, lut Kate à voix haute. « Personne ne devrait être au-dessus de la loi, que l’on ait volé une voiture, un collier de diamants ou un vêtement de styliste. »
Kate leva des yeux écarquillés.
— Madison, ce n’est pas très subtil comme allusion.
Madison haussa les épaules.
— Carmen ne lit pas ces magazines, de toute façon, et je doute que tu lui en parles, même si elle est ta nouvelle colocataire.
— En effet…, répondit Kate.
Trevor leur avait demandé, à Carmen et elle, de déménager dans l’appartement de Madison et Gaby ; l’équipement de tournage s’y trouvait déjà, et il était inoccupé de toute façon. Madison savait que Kate n’était pas parti-culièrement heureuse de cet arrangement. Elle ignorait pourquoi Kate et Carmen avaient autant de difficulté à s’entendre (bien qu’elle devinait que cela avait probablement quelque chose à voir avec leur habitude de choisir le même mec, que ce soit un bel acteur australien ou un musicien stagiaire tatoué…).
Samson entra en trottant dans la pièce et s’écroula aux pieds de Madison. Elle se pencha pour lui flatter la tête.
— Et toi, tu es mon service communautaire, hein, gros toutou ? Si je n’avais pas été aussi altruiste, j’aurais pris un minuscule chihuahua comme Paris Hilton.
Kate s’étouffa avec son thé.
Madison la fusilla du regard.
— Quoi ?
— Excuse-moi, dit Kate en s’essuyant la bouche et en souriant, mais le mot « altruiste » n’est pas le premier qui me viendrait en tête pour te décrire.
— Bien sûr que non, dit Madison. Ce serait « fabuleuse », n’est-ce pas ?
— Oh, absolument, répondit Kate. Alors, fabuleuse Madison, viendras-tu avec nous quand Gaby sortira de l’hôpital ? Parce que, personnellement, j’aimerais beaucoup que tu viennes, et je suis certaine que Gaby aussi. Je suppose que Sophia est censée être une version 2.0 de Madison, mais je dois te l’avouer, ça ne fonctionne pas très bien. Les tournages en ta compagnie me manquent. C’est loin d’être aussi amusant depuis ton départ.
Quelle douce musique pour Madison !
— J’aimerais être présente pour Gaby, mais je ne suis pas certaine que ce soit le bon moment…
Elle s’arrêta pour savourer l’instant.
— OK, je peux te faire une confidence ? J’ai effectivement l’intention de revenir. J’attends simplement que Trevor accepte mes conditions.
Les yeux de Kate s’agrandirent.
— Vraiment ? Oh, mon Dieu ! C’est la meilleure nouvelle de l’année.
Elle semblait sur le point de sauter sur Madison pour la serrer dans ses bras.
Madison leva la main. Elle aimait bien Kate, vraiment, mais jamais elle ne se livrerait à ce genre d’effusions. Par ailleurs, elle avait toujours mal partout. Elle se leva pour verser le reste de son thé dans le pot de sa plante-araignée. (Des nutriments supplémentaires, non ?)
— Oui, dit Madison avec un sourire de contentement, je crois que les choses sont sur le point de prendre une tournure positive.
En dépit de ses paroles, Madison était un peu inquiète du fait que Trevor puisse lui en vouloir de l’avoir ignoré aussi longtemps, mais c’était comme ça. Trevor pouvait-il vraiment la blâmer ? Il était très bien placé pour savoir qu’en amour comme à la guerre (et comme en téléréalité), tous les coups étaient permis.
2
les règles de la cohabitation non officielle
Carmen tenta d’ouvrir la porte de la salle de bain (verrouillée), puis elle frappa lourdement. Oui, il y avait une autre salle de bain dans l’appartement qu’elle partageait avec Kate, mais c’était dans celle-ci que se trouvait son rouge à lèvres préféré.
— Une minute, fit une voix masculine.
Carmen soupira. Drew. Encore lui.
Un mois auparavant, elle se plaignait du fait qu’elle voyait à peine son meilleur ami d’enfance, et maintenant, elle avait l’impression de le voir partout. À la table du petit déjeuner, mangeant ses céréales. Dans le salon, assis sur le sofa, regardant une partie des Lakers. Dans la salle de bain, gardant ses produits cosmétiques en otage. Comme disait le père de Carmen : « Il faut faire attention à ce qu’on souhaite. »
Elle retourna avec humeur dans la salle à manger, où on avait installé les caméras. Kate était assise à table et mangeait un bol de Froot Loops. Elle en mangeait deux ou trois boîtes par semaine ; elle avait l’appétit d’un gamin de 12 ans. Heureusement pour elle, elle semblait avoir également le métabolisme d’un gamin de 12 ans.
— Le tournage commencera dès que j’aurai fini ça, dit Kate.
L’aversion de Trevor pour l’enregistrement de scènes où les filles mangeaient était bien connue.
— J’étais affamée, ajouta-t-elle.
— Il n’y a pas d’urgence, dit Carmen. J’espérais simplement mettre la main sur mon rouge à lèvres…
— Tu es ravissante, comme toujours, dit Laurel derrière les caméras.
Carmen éclata de rire en s’installant à sa place désignée à table.
— Comme si je pouvais te faire confiance, dit-elle. Tu veux seulement commencer au plus vite.
Laurel haussa les épaules.
— Que veux-tu ? Le temps, c’est de l’argent.
Quelques instants plus tard, Kate avait fini ses céréales, et Bret, le cadreur, avait pris place derrière sa caméra Sony haute définition, mais Drew n’était toujours pas sorti de la salle de bain. Carmen était agacée de ne pas avoir pu mettre du rouge à lèvres. Elle aurait le teint plus pâle à la caméra, ce qui convenait bien pour les scènes matinales, mais un peu moins bien quand il était 11 h et qu’elle se sentait prête, par ailleurs, à affronter le monde. Sa chemise en soie à motifs floraux exigeait un peu de rouge à lèvres Funny Face de NARS.
Kate enleva une miette de Froot Loops de sa chemise avant d’adresser un petit sourire à Carmen.
Carmen le lui retourna, bien qu’elle fût encore agacée, puis elle but une gorgée de thé. (C’était parfaitement acceptable de boire devant la caméra.)
— Alors, crois-tu que Gaby sera différente ? demanda-t-elle à Kate, exactement comme elle était censée le faire.
— Je crois qu’elle sera en paix, répondit Kate.
Carmen rit.
— « En paix » ? Ce n’est pas ce qu’on dit quand quelqu’un meurt ?
Kate parut légèrement offensée.
— Tu sais ce que je veux dire. Elle sera en paix émotionnellement.
— Excuse-moi, je blaguais, dit Carmen avant de se mordre la lèvre et de baisser les yeux sur sa tasse.
Pour plusieurs raisons, Carmen avait été heureuse d’emménager avec Kate : a) tout d’abord, elle n’avait pas d’autre endroit où aller et b) elle croyait qu’elles pourraient enfin faire la paix. Mais jusqu’à présent, les choses s’étaient avérées plus difficiles qu’elle ne l’avait imaginé. Elles ne cessaient de se froisser mutuellement pour des peccadilles. Par exemple, Carmen avait invité quelques amis sans en parler à Kate, puis Kate avait mangé les restes de nouilles chinoises de Carmen. Carmen avait mis l’un des deux pulls convenables de Kate dans le sèche-linge, ce qui l’avait fait rétrécir, puis Kate avait émis un commentaire caustique sur le fait que les membres de la royauté hollywoodienne ne savaient pas grand-chose du vrai monde…
Elles s’aimaient toujours ; vraiment, elles s’aimaient bien. Mais pour une raison ou une autre, elles avaient de la difficulté à le montrer.
Carmen se demandait si les choses pourraient redevenir comme elles étaient avant l’arrivée de Luke Kelly dans leur vie. Évidemment, Carmen était vraiment heureuse qu’il soit effectivement passé dans leur vie, mais il avait indéniablement compliqué les choses. Avant Luke, Kate et Carmen étaient de bonnes amies, et Carmen commençait à comprendre à quel point ce pouvait être difficile de trouver de vraies amies.
Elle leva les yeux. Il était temps de s’y mettre et de donner du matériel à la caméra.
— Gaby m’a envoyé une lettre il y a