im était une célébrité dans les milieux financiers, comme dans les clubs de Singapour. C’était l’un des meilleurs traders et les banques se l’arrachaient. Par ces temps de crise, un homme avec un flair tel que le sien, anticipant ce qui allait grimper ou descendre à la Bourse, était une mine d’or. Il avait déjà gagné beaucoup d’argent, il en avait dépensé beaucoup. Quand il n’avait pas les yeux rivés sur les écrans, il fréquentait les endroits branchés de Singapour, apparemment insouciant du lendemain et toujours prêt à faire la fête.
Il avait des relations dans le monde entier via les réseaux sociaux mais peu d’amis proches, à part Milan, un Serbe expatrié qu’il avait hébergé et qui avait, lui aussi, réussi dans le monde des traders.
Milan faisait partie des rares personnes à en savoir un peu plus sur l’enfance de Kim qui avait grandi dans l’une des îles du nord de la Malaisie et était venu, comme lui, tenter sa chance à Singapour après des études d’économie à Kuala Lumpur. Un père à la tête d’une flottille de pêche, des frères et sœurs éparpillés dans le Sud-Est asiatique, qui tous avaient bien réussi. Leurs confidences n’allaient guère plus loin, emportés qu’ils étaient dans le tourbillon de leur vie trépidante.
Kim, avec sa réputation de jeune trader favorisé par la chance, papillonnait avec bonheur et légèreté. On ne lui connaissait pas d’aventure durable, à part peut-être celle qu’il avait eue avec Melinda Teng, la fille du richissime promoteur immobilier Bob Teng.
Leur liaison tapageuse avait fait les délices de la presse people et encore plus leur brouille fracassante : Melinda avait accusé Kim de l’avoir trahie avec une star de Bollywood.
Ce n’était pas la première fois que Kim trompait la pétulante Melinda ; mais elle n’avait pas supporté de le trouver au lit avec la pulpeuse actrice indienne dans une suite du Raffles alors qu’elle présidait, sur la pelouse de l’hôtel, un dîner de sponsors en faveur du climat.
Un mois plus tard, la
