Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Malaise sur la Côte Lorientaise: Un polar au suspense intense
Malaise sur la Côte Lorientaise: Un polar au suspense intense
Malaise sur la Côte Lorientaise: Un polar au suspense intense
Livre électronique262 pages3 heures

Malaise sur la Côte Lorientaise: Un polar au suspense intense

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

L'amour et l'argent peuvent rendre capable de tout, même du pire...

À Quimperlé comme à Lorient, la vie s’écoule paisiblement. Trop, au goût de ces quelques notables qui se réunissent pour des orgies aux dépens de jeunes filles naïves. L’une d’elles, Lise, meurt. Accident ? Homicide volontaire ? En tout cas, pour Jo qui lui vouait un amour fou, la vie va basculer…

Deux ans après, alors que le temps semble avoir effacé ce sombre souvenir, survient une succession de meurtres. Certes, le criminel semble particulièrement retors, mais saura-t-il échapper à l’équipe aguerrie d’OPJ, Aubain et Voirin, secondée par de fins limiers, les inséparables Fanch et Antoine, et leur auxiliaire Paotr à la truffe duquel rien n’échappe ?

Marie Vaillant nous invite à suivre l'enquête endiablée de l'équipe d'OPJ sur le terrain des fraudes, de la prostitution et des meurtres

EXTRAIT

« La valeur n’attend pas le nombre des années », disait Corneille.
Bien que très jeune encore, Nicole disposait déjà d’un ensemble de valeurs très prometteuses, hélas non cotées en bourse, mais clairement soutenues par ses talents de femme d’affaires. Douteuses cependant, les affaires. Elle assurait avec discrétion le rôle d’entremetteuse dans des soirées du « demi-monde » lorientais.

Au départ, ce ne fut pas le fait d’une irrésistible vocation, seulement le résultat d’une pressante nécessité de s’assurer un salaire. Nicole avait honnêtement obtenu son bac, tout au moins, nul n’en avait médit ; les vacances étaient depuis longtemps terminées, et aucun des commerces sollicités sur la place de Quimperlé n’avait répondu favorablement à sa demande d’emploi. Ceux de Lorient ne s’étaient pas montrés plus accueillants.

A PROPOS DE L’AUTEUR

Marie Vaillant est née et a grandi à Quimper. Peintre et sculpteur, elle a exposé à Pont-aven. Elle a aussi créé et posé un calvaire à la pointe de Bellangenet, en Clohars-Carnoët. À Tahiti, elle a travaillé la pierre locale pour l’évêché de Papeete. Voici quelques années, elle a troqué le ciseau du sculpteur pour la plume de la romancière pour signer ici son quatrième roman à suspense : Malaise sur la côte lorientaise.

À PROPOS DE L'ÉDITEUR

"Depuis sa création en 1996, pas moins de 3 millions d'exemplaires des 420 titres de la collection « Enquêtes et suspense » ont été vendus. [...] À chaque fois, la géographie est détaillée à l'extrême, et les lecteurs, qu'ils soient résidents ou de passage, peuvent voir évoluer les personnages dans les criques qu'ils fréquentent." - Clémentine Goldszal, M le Mag, août 2023
LangueFrançais
Date de sortie28 juin 2016
ISBN9782355504396
Malaise sur la Côte Lorientaise: Un polar au suspense intense

En savoir plus sur Marie Vaillant

Auteurs associés

Lié à Malaise sur la Côte Lorientaise

Livres électroniques liés

Fiction psychologique pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Malaise sur la Côte Lorientaise

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Malaise sur la Côte Lorientaise - Marie Vaillant

    Ce roman se déroule en 1979, dans l’ancien Centre Hospitalier de Saint-Nazaire, désormais désaffecté. Cet ouvrage de pure fiction n’a d’autre ambition que de distraire le lecteur. Les événements relatés ainsi que les propos, les sentiments et les comportements des divers protagonistes n’ont aucun lien, ni de près ni de loin, avec la réalité et ont été imaginés de toutes pièces pour les besoins de l’intrigue. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existant ou ayant existé serait pure coïncidence.

    « La conscience n’empêche

    jamais de commettre un péché.

    Elle empêche seulement d’en jouir en paix. »

    Théodore Dreiser

    Je salue ici les nouveaux lecteurs qui, avec moi, se lancent dans l’aventure, et ceux qui, déjà avertis, m’honorent de leur fidélité.

    I

    « La valeur n’attend pas le nombre des années », disait Corneille.

    Bien que très jeune encore, Nicole disposait déjà d’un ensemble de valeurs très prometteuses, hélas non cotées en bourse, mais clairement soutenues par ses talents de femme d’affaires.

    Douteuses cependant, les affaires.

    Elle assurait avec discrétion le rôle d’entremetteuse dans des soirées du demi-monde lorientais.

    Au départ, ce ne fut pas le fait d’une irrésistible vocation, seulement le résultat d’une pressante nécessité de s’assurer un salaire. Nicole avait honnêtement obtenu son bac, tout au moins, nul n’en avait médit ; les vacances étaient depuis longtemps terminées, et aucun des commerces sollicités sur la place de Quimperlé n’avait répondu favorablement à sa demande d’emploi. Ceux de Lorient ne s’étaient pas montrés plus accueillants.

    Sa présentation n’était certainement pas en cause à moins que ses atouts, un peu trop... évidents, n’aient brutalement réveillé les jalousies corporatives. Dès lors, l’éventail de ses possibilités de carrière commerciale se resserra dramatiquement. Chacun sait que la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a.

    Elle peut aussi le vendre.

    Il serait exagéré de prétendre que la jeune personne fit une étude de marché avant de franchir le pas. Elle se contenta de tester le produit sur un public choisi d’amateurs aisés.

    Les résultats financiers dépassèrent largement ses espérances.

    Sa clientèle se constitua bientôt d’un nombre défini et sagement limité de fidèles habitués. Elle était composée de messieurs de la bonne société en proie au doute sur la fiabilité de leur outillage et qui ressentaient le désir, sinon le besoin, de stimuler une libido sur le déclin.

    Ces messieurs étaient avides de tendre chair fraîche que Nicole se faisait un jeu de leur fournir en faisant appel à un jeune personnel intérimaire.

    Il y avait, dans le cercle de ses amis actionnaires, un certain Marc Autret, issu des couches populaires moyennes et dont les parents s’étaient saignés aux quatre veines pour lui offrir des études de qualité dans un lycée catholique de Quimper.

    Il y avait noué quelques relations plus ou moins amicales avec des jeunes de son âge et en avait cultivé certaines, aujourd’hui fort utiles.

    Il en était ainsi de Kaoziou*, depuis devenu évêque, qui l’avait introduit dans les milieux bourgeois de la ville de Lorient et à qui il vouait une certaine reconnaissance. L’évêque appartenait à une vieille famille morbihannaise de propriétaires terriens dont les biens immobiliers avaient fondu comme les neiges d’aujourd’hui au pôle Nord. Il n’en restait guère, au centre du vieux Faouët, qu’une vieille bâtisse en pierre de taille ayant toujours la fière allure d’une châtelaine, sous la voilette de lierre qui lui masquait la façade.

    Marc Autret était un observateur attentif du fonctionnement des sociétés humaines. Il avait très vite identifié l’énergie qui en actionnait le moteur : sexe et argent.

    Il était intelligent, ambitieux et rigoureusement amoral.

    Il s’intéressa aux activités de Nicole et la plaça très vite sous son patronage.

    Lorsque la jeune femme se faufila dans son cercle de relations sous l’évocateur sobriquet de Ninon, il était déjà à la tête d’une petite entreprise de construction pavillonnaire haut de gamme.

    Il était aussi l’heureux propriétaire de l’une des plus belles résidences des abords de l’étang du Ter, proche de la ville de Lorient. Il en avait confié la construction à sa propre entreprise, ce qui, en principe, le mettait à l’abri de toute malfaçon. Dès l’achèvement des travaux, gros œuvre, finitions et décoration, il s’en montra suffisamment satisfait pour s’en servir comme référence publicitaire pour ses affaires puis, l’imagination ne lui ayant jamais fait défaut, il l’utilisa aussi et plus particulièrement selon sa vocation première, comme maison de plaisance, au sens strict du terme. Cela faisait à présent quelques années qu’ensemble, Ninon et lui, y organisaient périodiquement des parties fines dont la finalité était de distraire ses amis et relations d’affaires. Nicole était tout aussi entreprenante et inventive que le promoteur ; elle sous-traitait la partie prestations de services et recrutait le personnel féminin dans le petit monde lycéen dans lequel elle s’immisçait à la faveur de son jeune âge.

    Elle invitait pour chaque occasion – le diable seul sait avec quels arguments – quelques jeunes filles souvent mineures, mais toujours jolies, des quartiers ouvriers de banlieue.

    Sans doute ces demoiselles étaient-elles réellement naïves car, ce soir-là, et sans plus s’en étonner, celles qui furent sélectionnées par Nicole se laissèrent convier à une soirée qualifiée par leur hôtesse de réception mondaine. Elles ne s’informèrent ni de l’adresse, ni du nom, ni de la raison sociale de leur hôte et n’en parlèrent à personne.

    Ninon leur promettait la soirée de leur vie, ce en quoi elle ne mentait pas. Quoi de plus tentant pour ces gamines ?

    Elles s’étaient toutes pomponnées et maquillées avec soin en vue de l’événement et, bien évidemment, elles étaient toutes en beauté lorsqu’elles suivirent Nicole vers le gros 4x4 de location avec chauffeur qui les attendait, en face de la mairie de Lorient.

    La soirée dont il est question, fut cependant marquée d’un incident qui devait avoir des suites très regrettables.

    — Si vous êtes gentilles et si vous savez vous y prendre, vous pourrez facilement vous faire un bon paquet d’argent, leur déclara d’entrée de jeu l’hôtesse.

    Dès lors, Lise Le Bars qui s’était laissé tenter comme les autres, comprit ce dont il s’agissait. Brillante lycéenne au lycée Dupuy-de-Lôme, elle était inscrite en classe de préparation aux grandes écoles dans ce même établissement, ce qui n’empêche pas de succomber à une tentation savamment distillée et de commettre parfois quelques imprudences.

    En arrivant à destination, elle s’esquiva discrètement et appela Jo depuis son portable – Geoffroy de son nom de baptême – qui accourut avec son scooter, tel un prince charmant sur son fringant destrier volant au secours de sa princesse. Elle l’attendait à l’extérieur, dissimulée derrière un bosquet, à l’angle de la terrasse, et Jo, curieux du sujet comme on peut l’être à vingt ans, voulut en juger par lui-même ; il s’approcha d’une baie vitrée et balaya la salle de réception d’un regard circulaire.

    Incrédule, il y constata la présence du docteur Louarn, son médecin de famille, ainsi que celle d’un industriel, figure locale que la presse désignait sous le nom de Lefeuvre et qui s’adonnait aux coques, celles de bateaux de régates. Il y avait même un évêque, monseigneur Kaoziou, confesseur de sa mère, et familier de sa maison. Restaient deux autres hommes légèrement plus jeunes que les précédents, qu’il ne connaissait pas. Tous ces messieurs semblaient déjà plus ou moins sous l’emprise de l’alcool – ou de la drogue – et l’ambiance prenait le chemin fangeux de l’orgie romaine. Quant aux jeunes filles, ne sachant quelle contenance adopter, elles s’étaient bien sagement alignées sur un sofa et observaient, médusées, cet édifiant échantillon de la société bourgeoise.

    Nicole était là aussi, mais se tenait en retrait, n’apparaissant que très furtivement entre les doubles-rideaux ouverts, il semblait qu’elle n’eût pas l’intention de participer aux divertissements. Très discrètement, presque à la sauvette, elle prenait des photos de tout ce beau monde.

    — J’en ai assez vu, c’est à vomir. Allez, viens, allons-nous-en ! dit le jeune homme à sa compagne.

    *

    L’impensable se produisit à quelque temps de là, vers la mi-juillet.

    Lise avait souhaité faire un tour sur la côte et ce que désirait Lise, Jo le voulait aussi. Il n’avait pas de voiture à l’époque, juste un scooter avec lequel ils s’étaient risqués à affronter la circulation dense de la saison estivale. Ils avaient pris la direction de Ploemeur, continuellement doublés de trop près par des automobilistes stressés. Ils s’en étaient prudemment démarqués en prenant l’une des petites routes un peu moins fréquentées, qui mènent vers le Pérello en passant par Kerloret et le Guermeur.

    Enlacé par les bras amoureux de Lise, il chevauchait le vent et possédait le monde. Il était incroyablement heureux et roulait posément pour faire durer l’instant magique. La vie s’offrait à eux, belle et pleine de promesses auxquelles ils voulaient croire. Ils étaient si jeunes encore !

    Le temps était superbe qui incitait au farniente et leur intention était de passer un après-midi tranquille sur le sable en alternant bains de soleil et bains de mer. Ils s’étaient équipés en conséquence et n’avaient plus qu’à ôter pantalon et tee-shirt pour se retrouver en maillot de bain.

    Ils n’en eurent pas le temps. À peine leur moyen de locomotion était-il sur béquille qu’ils se retrouvèrent entourés d’une bande de copains qui leur proposèrent de se joindre à eux pour gagner la plage.

    Seul le diable sait pourquoi ils acceptèrent, d’autant que Nicole faisait partie de leur groupe.

    Nicole que ceux qui la connaissaient pouvaient présenter comme un démon en jeans, furieusement jalouse de la beauté de Lise, de son intelligence, de l’amour que lui portait le romantique et beau Geoffroy, et assez perverse pour y porter atteinte.

    Lequel d’entre eux voulut savoir si oui ou non le petit fort du Talud était habité ? Lequel en posa la question ? Personne ne s’en souvint, mais là n’était pas le problème. La curiosité les mena entre les prunelliers sauvages sur l’étroit chemin côtier qui y mène, et tout de suite après la plage du Petit Pérello, à l’aplomb d’une crique resserrée entre deux pointes rocheuses et ouverte jusqu’au chemin, Nicole se débarrassa de celle qu’elle tenait désormais pour une menace permanente.

    Lise n’était plus une simple rivale à présent, elle présentait à ses yeux un danger en raison de ce qu’elle savait des soirées du bord du Ter. Ne s’étant pas laissé circonvenir, elle pouvait être tentée d’en parler et ainsi mettre fin à un business très lucratif. Nicole avait pris goût à l’argent et méprisait superbement ces empêcheurs de gagner des ronds que sont les scrupules.

    Cela se passa très vite alors que, depuis la falaise, ils regardaient tous un canot pneumatique rebondir sur les vagues en s’approchant du port, de l’autre côté de la jetée. Un coup d’épaule lui suffit pour éliminer la jeune fille qui se tenait imprudemment près d’elle.

    Ce fut bien pensé et efficace.

    Lise chuta de plus de quatre mètres sur les rochers en contrebas et, avec encore plus de violence, Jo fut projeté en enfer.

    *

    Les funérailles de Lise eurent lieu en présence des familles et de leurs nombreux amis, Jo se tint près de son père qui, dépassant sa propre peine, lui entoura brièvement les épaules d’un bras affectueux et Nicole, soupçonnée mais pas encore ouvertement accusée d’avoir poussé la défunte, se tenait néanmoins avec une impudence intolérable au bord de la fosse, au premier rang.

    Ce fut très certainement cette attitude qui souleva en Jo cette immense vague de révolte et ce désir de vengeance. Sur le bord de la tombe, il en fit le serment à la compagne qu’il s’était choisie pour la vie et qui n’était plus.

    Ils avaient été heureux deux ans. C’est court deux ans, mais ils en avaient retiré tant de bonheur qu’ils en avaient été éblouis.

    Deux ans, et déjà c’était fini.

    À l’issue de la cérémonie, ils furent deux dans le groupe de copains à accuser Nicole du geste homicide ; deux témoignages concordants, à la suite de quoi la jeune meurtrière fit quelques mois de préventive mais, lors du procès, Jo s’aperçut que son avocat, nommé Le Menner, était l’un des inconnus présents à la soirée orgiaque des bords du Ter. L’homme de robe avait du talent et de la pugnacité. Il invoqua l’absence de preuves tangibles et fit jouer la présomption d’innocence pour, au final, obtenir un acquittement.

    Au bénéfice du doute, précisa cependant la presse.

    À l’issue du jugement, ne pesaient plus sur cette garce de Nicole que de vagues soupçons de meurtre qu’aucune preuve n’était venue étayer et, à présent, cependant que Lise gisait à deux mètres cinquante sous terre, elle pouvait se promener librement sous le soleil, quelque part, là où bon lui semblait.

    Ainsi donc, s’interrogea Jo, avec un bon avocat, il serait possible de tuer impunément ?

    Eh bien, chiche ! Pourquoi pas ? Il est bon de faire le ménage de temps à autre.

    « Ce n’est qu’un sursis, ma belle », murmura-t-il en sortant du prétoire. « Je tiendrai la promesse faite à Lise. »

    Encore eût-il fallu qu’il retrouve la meurtrière.

    Nicole avait profité de l’acquittement prononcé pour disparaître du paysage lorientais.

    Mais patience ! Il était impossible que le jeune homme s’en tienne là... Vis-à-vis de son infante défunte, ce serait inexcusable. Il retrouverait sa meurtrière. Cette sorte de fille a le vice dans la peau et, étant donné sa prestation dans l’organisation de la soirée sur les bords du Ter, s’il avait quelque chance de la retrouver, ce ne serait sûrement pas chez les bonnes sœurs.

    Menée à terme, cette réflexion l’incita à fréquenter la faune libertine de Lorient. Il s’immergea dans un monde noctambule plus ou moins corrompu, en compagnie de quelques gros commerçants débauchés et blasés. Cependant, par manque de vocation ou d’ambition, il ne tenta pas d’y tenir un rôle prépondérant. Il se cantonna dans la catégorie du petit voyou immature et inconséquent, pas méchant, mais semblant avide d’argent facile et de plaisirs interlopes. Il traficota principalement dans les milieux de la drogue et baguenauda aussi dans ceux de la prostitution sans jamais croiser le chemin de Nicole.

    Elle ne se montrait nulle part.

    En revanche, il y rencontra quelques-uns des hommes investis dans la politique locale et quelques avocats parmi lesquels Le Menner qui ne sembla pas le reconnaître. Il est vrai qu’il avait beaucoup maigri depuis le drame et qu’il gardait à présent les cheveux plus longs, ce qui lui donnait l’air d’un héros romantique.

    L’homme de loi n’y fut pas insensible. Sans perdre un instant, mais en y mettant toutes les subtilités dont sont capables les hommes de robe, il entreprit de faire sa conquête.

    Jo n’avait certes pas prémédité ce qui allait en découler, mais il ne mit pas longtemps à se rendre compte que, suivant les opportunités, l’avocat fonctionnait à l’énergie hybride.

    L’homme était issu d’une haute et ancienne bourgeoisie du Centre-Finistère ayant reçu les reliefs d’un apanage près de Scaër.

    Ce fut Le Menner lui-même qui le pria de s’installer chez lui. Jo n’y résista pas très longtemps. Il fit bientôt taire sa répugnance et s’installa à demeure, en pensant que si l’un des protagonistes de la sauterie des bords du Ter savait où se terrait Nicole, c’était probablement celui-là. Investir son domaine privé reviendrait à le tenir dans son champ d’observation rapprochée.

    D’autre part, le jeune homme était curieux de savoir ce qui avait motivé le zèle exceptionnel que l’avocat avait démontré lors du procès. Il doutait que ce fût le désir de venir en aide à une pauvre fille en détresse.

    Préalablement à sa mise en examen, avait-il eu affaire à elle ? La connaissait-il en dehors des rendez-vous de parloir ? Ce n’était pas certain car, au bord du Ter, elle paraissait soucieuse de se soustraire aux regards des invités et faisait preuve d’une grande circonspection en prenant des photos. Que voulait-elle en faire ?

    Obéissait-elle à une demande de Marc Autret, le maître des lieux, ou était-ce une initiative personnelle ? En ce cas, il en entendrait parler, maintenant qu’il était dans la place.

    Et de fait, cela ne tarda pas outre mesure. L’opération commença par un subtil effet de miroir.

    Le Menner était assis à son bureau, face à une grande glace rétro dans laquelle il pouvait voir son compagnon de dos, assis et paraissant rêver devant la fenêtre ouverte.

    Ce n’était pas tout à fait exact. Jo était au contraire très attentif à ce qui se passait dans la pièce. Comme le ferait un animal domestique tout dévoué à son maître, il suivait attentivement le reflet de chacun de ses gestes sur la porte laquée d’un secrétaire placé sur sa gauche.

    Depuis quelque temps, insensiblement comme lors d’un changement de saison, un discret coup de froid s’était installé sur leur relation, immédiatement ressenti par la sensibilité à fleur de peau du jeune homme, lui indiquant qu’il était temps d’agir.

    Un refroidissement dont il ne parvenait pas définir l’origine malgré un regain de vigilance. Bien sûr, le maître avait des soucis d’ordre professionnel, mais il en était ainsi depuis le début de leur histoire. Ce ne pouvait être l’explication de ce manque d’empressement qui perdurait entre eux depuis quelque temps déjà. Il y avait autre chose...

    Une femme ? Nicole peut-être ? Curiosité suffisamment motivée pour qu’il y porte quelque intérêt.

    À coup sûr, une femme viendrait ruiner les plans patiemment élaborés durant de trop longs mois, au prix d’une humiliation difficilement subie et qu’il n’oublierait pas de porter à charge dans cette affaire. Et si c’était Nicole ? Ah ! Si c’était elle, alors, il pouvait espérer que, bientôt, l’épreuve prendrait fin. Comment ? Il n’en savait rien encore, mais il s’y emploierait.

    Jo ne releva pas l’apparente indifférence de son partenaire, mais patiemment, discrètement comme un chat dans son panier guette une souris, il redoubla d’attention et se mit à observer Henri avec l’espoir de percer ce passionnant mystère.

    L’avocat venait de glisser quelques grosses coupures dans une enveloppe Kraft de format A5, sur l’angle supérieur gauche de laquelle il ne traça que ses initiales LMH, sans en mentionner le destinataire, avant de la faire adroitement disparaître dans la poche de sa veste.

    Il usait d’une discrétion qui dessina un sourire fugace sur le beau visage de l’observateur. En plus de ceux qu’impliquait une vie dissolue, Henri avait donc un nouveau secret.

    Un secret peut-être sans importance, mais dont il tenait volontairement écarté le compagnon qui partageait sa vie.

    Enfin, songea Jo, quelque chose bougeait.

    Se pouvait-il que le contenu de cette mystérieuse enveloppe soit une explication au coup de froid qui s’était installé dans les relations entre Le Menner et lui depuis

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1