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Les Sphères de Kumari: Saga d'aventures jeunesse
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Les Sphères de Kumari: Saga d'aventures jeunesse
Livre électronique257 pages3 heures

Les Sphères de Kumari: Saga d'aventures jeunesse

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À propos de ce livre électronique

Les 4 amis réussiront-ils à mener à bien leur mission ?

Au terme d’un voyage riche en événements, Line, Léonie, Maël et Owen parviennent au royaume de Nilgir. Accompagnée de ses trois amis, la princesse redécouvre la magie de son royaume, les Puissances. Elle n’a qu’une hâte : retrouver son père qu’elle n’a pas vu depuis dix ans. Mais une fois arrivés à Écrin, la capitale, tous quatre ne découvrent qu’une vaste esplanade vide. Où sont passés les habitants ?

La suite de L’Œil de Tolmuk vous promet encore bien des aventures palpitantes !

EXTRAIT

Nilgir, seul pays au monde où chacun peut développer une Puissance, un don magique, était protégé par des murailles invisibles contre les attaques extérieures.
Sauf contre une. Toute règle a son exception. Miranda sourit à cette idée. Elle-même faisait bon usage de l’exception en question à l’instant même.
Mais si le roi de Nilgir souffrait d’une maladie incurable grâce à ses efforts, elle ne pouvait oublier que le plan pour tuer son héritière avait échoué. L’erreur avait été, elle le comprenait maintenant, d’utiliser un esclave sans courage pour mener à bien cette mission.
La menace qui pesait sur Ellora, la sœur jumelle de ce dernier, n’avait pas suffi. Non seulement Owen n’était pas parvenu à supprimer la princesse, mais il s’était allié à elle. Et quand Miranda avait tenté de les éliminer tous deux à grand renfort de magie cristalline, une aide imprévue s’était manifestée.
La souveraine du Pays de Gemme avait la certitude qu’Owen et Léonie se trouvaient à l’abri des frontières nilgiries. Il était facile de deviner ce qui allait maintenant se produire : le retour de la princesse en son royaume, le douloureux déclin du roi, la nouvelle reine de Nilgir, inexpérimentée, mais en bonne santé.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Cette saga de fantasy jeunesse a un charme simple qui fonctionne : un univers visuel, 4 héros qui ont tous une place, une histoire bien menée, une écriture agréable, précise, sans chichis. Je lirai le tome 3. - Norlane, Babelio

À PROPOS DE L'AUTEUR

Anaïs La Porte, née en 1984, a grandi sur l’île de la Réunion et l’océan de son enfance emplit toujours son imaginaire. Ingénieur de Centrale Nantes, elle travaille actuellement pour un établissement public et l’eau est son quotidien.
Très tôt, elle tombe amoureuse des livres et de la littérature sous toutes ses formes. Plusieurs de ses nouvelles ont été publiées.
Encore lycéenne, elle trace les grandes lignes d’une saga, Les Puissances de Nilgir, en se fondant sur cette certitude : nous avons tous en nous une Puissance, un don qui nous rend uniques et qui, cultivé, nous permet de nous épanouir réellement.
L’aventure débutée avec L’Œil de Tolmuk continue aujourd’hui avec Les Sphères de Kumari.
LangueFrançais
Date de sortie12 juin 2017
ISBN9791094140192
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    Aperçu du livre

    Les Sphères de Kumari - Anaïs La Porte

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    Anaïs La Porte

    Les Sphères de Kumari

    Les Puissances de Nilgir

    Tome II

    Illustrations

    Ophélie La Porte

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    Copyright © Yucca Éditions, 2016

    Tous droits réservés pour tous pays

    À mes quatre grand-mères,

    de sang et de cœur.

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    RÉSUMÉ DU LIVRE PRÉCÉDENT

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    Maël, le mousse du Vogue-Espérance, promet à son capitaine de mener sa fille Line et deux autres adolescents, Léonie et Owen, jusqu’à Nilgir. La plupart des gens rêvent de se rendre dans ce pays où chacun peut développer un pouvoir magique appelé Puissance.

    Maël ignore alors que ses compagnons de route ne sont pas ce qu’ils prétendent.

    Owen est l’esclave de Miranda, ennemie jurée de Nilgir. Envoyé pour tuer la princesse de ce royaume, le garçon est contrôlé par sa souveraine au moyen de l’œil de Tolmuk, un troisième œil magique gravé au milieu de son front. La vie de sa sœur est en jeu, comment refuser d’obéir ? Mais peu à peu, une amitié se tisse entre les quatre adolescents, rendant plus difficile sa mission d’assassin.

    Léonie, qui s’est présentée comme la princesse de Nilgir, semble pourtant bien marquée par la culture du Periyar, un pays voisin de Nilgir. Elle réchappe de justesse à de nombreuses tentatives ratées de Miranda et Owen pour la tuer.

    Line, ses soupçons éveillés, essaie de séparer le garçon de leur groupe, contre l’avis de Maël.

    Arrivé aux portes de Nilgir, Owen décide de tourner le dos à Miranda et de laisser la vie sauve à Léonie. La vérité éclate alors : c’est en fait Line, la princesse de Nilgir.

    PROLOGUE

    La Forteresse de Gemme brillait de mille feux dans la nuit tombante. La lumière provenait de myriades de bougies au parfum d’amarante, disposées sur les innombrables corniches.

    La salle du trône de Cristal était éblouissante, les lueurs se reflétaient par centaines sur toutes les surfaces : murs dépolis aux teintes blanchâtres, trône translucide ressemblant à un diamant taillé, lustre de gemme aux contours complexes.

    Miranda promena un regard absent sur toutes ces splendeurs qui faisaient son quotidien depuis sa plus tendre enfance.

    Du coin de l’œil, elle devinait les deux esclaves qui emportaient un corps desséché par la magie des cristaux.

    — Majesté ?

    Ignorant le sourcier qui la dévisageait, l’air inquiet, elle se leva du trône d’un mouvement fluide, sa longue robe de mousseline gris argent flottant derrière elle.

    Un grand miroir en pied ornait le fond de l’alcôve où elle se retirait après les audiences.

    Elle y plongea le regard, étudiant son reflet, le même depuis des siècles : un visage ovale, très pâle, à la peau aussi lisse et dure que le marbre poli, des cheveux couleur acier ramenés en arrière.

    Dans le coin extérieur de l’œil gauche, une fêlure, cicatrice remontant à ce jour lointain où elle avait commencé à user de la magie des cristaux.

    Ses yeux gris avaient acquis une brillance particulière quand elle avait créé l’œil de Tolmuk. Sur son front, la marque de ce pays d’Orient tranchait avec sa peau d’albâtre.

    L’œil était fermé. Cela s’était produit brutalement, sans doute à l’instant où Owen avait franchi la frontière nilgirie : l’esclave que Miranda avait envoyé en mission n’ignorait pas qu’une fois en territoire ennemi, cette magie-là ne fonctionnerait plus.

    Elle se retourna. L’homme était encore à demi incliné dans une attitude respectueuse. Il tremblait d’effroi. Il pouvait, étant donné la mauvaise nouvelle qu’il venait de lui confirmer.

    Sécheresse. Le Pays de Gemme n’était plus qu’un vaste désert sans aucune rivière, aucun lac, pas même une petite mare pour alimenter la magie des cristaux.

    Elle l’avait pressenti quand elle avait décidé d’user d’un esclave pour sa dernière tentative contre la princesse de Nilgir. À compter de ce jour elle ne nourrirait plus son pouvoir qu’avec le liquide contenu dans le corps de ses sujets. Ou en tout cas, jusqu’à ce qu’elle ait soumis ses ennemis les plus proches.

    À moins que…

    — Tu dis qu’il resterait peut-être une importante ressource en eau ?

    — Oui, votre Munificence.

    L’homme baissa encore un peu la tête et Miranda devina la suite.

    — Où cela ?

    — Ici, votre Splendeur, sous nos pieds.

    La souveraine du Pays de Gemme haussa un sourcil. Habitué à lui obéir littéralement au doigt et à l’œil, l’un des gardes de la salle du Trône s’avança et s’empara du sourcier.

    Elle se détourna, sourde aux appels désespérés du vieil homme condamné. Encore un incapable, venu lui apprendre ce qu’elle savait déjà.

    Mériac, son grand-père, avait depuis longtemps découvert l’immense nappe souterraine protégée par la Forteresse de Gemme. Il y avait là des millions de barils, toutefois cette eau était inutilisable. La roche était comme une éponge, si l’on vidait cette nappe, le bâtiment risquait de s’effondrer.

    Et il valait bien plus que toute la magie de l’univers aux yeux de Miranda, comme à ceux de son grand-père en son temps.

    Sans eau, pas de magie. Bien entendu, la princesse de Nilgir était désormais rentrée en son royaume. Le plus grand des lacs ne suffirait pas à dégager l’énergie nécessaire pour l’atteindre là-bas.

    Nilgir, seul pays au monde où chacun peut développer une Puissance, un don magique, était protégé par des murailles invisibles contre les attaques extérieures.

    Sauf contre une. Toute règle a son exception. Miranda sourit à cette idée. Elle-même faisait bon usage de l’exception en question à l’instant même.

    Mais si le roi de Nilgir souffrait d’une maladie incurable grâce à ses efforts, elle ne pouvait oublier que le plan pour tuer son héritière avait échoué. L’erreur avait été, elle le comprenait maintenant, d’utiliser un esclave sans courage pour mener à bien cette mission.

    La menace qui pesait sur Ellora, la sœur jumelle de ce dernier, n’avait pas suffi. Non seulement Owen n’était pas parvenu à supprimer la princesse, mais il s’était allié à elle. Et quand Miranda avait tenté de les éliminer tous deux à grand renfort de magie cristalline, une aide imprévue s’était manifestée.

    La souveraine du Pays de Gemme avait la certitude qu’Owen et Léonie se trouvaient à l’abri des frontières nilgiries. Il était facile de deviner ce qui allait maintenant se produire : le retour de la princesse en son royaume, le douloureux déclin du roi, la nouvelle reine de Nilgir, inexpérimentée, mais en bonne santé.

    À moins que le père, ignorant ce qui avait provoqué sa maladie, ne contamine la fille à son tour.

    Miranda revint à pas lents vers son trône et caressa du bout des doigts l’accoudoir aux angles aigus.

    Une fois sa princesse morte, Nilgir n’aurait plus de souverain. La lignée royale serait éteinte et une guerre civile serait à prévoir. Rien de plus simple, dans le chaos qui s’ensuivrait, que de s’emparer des rênes. Le but poursuivi par Miranda, et par Mériac avant elle, serait enfin atteint.

    Un soupir échappa des lèvres fines de la maîtresse du Pays de Gemme. Tout cela semblait bel et bon, mais jamais les Gemmois ne parviendraient à envahir Nilgir tant que la frontière resterait fermée. Il aurait fallu accéder aux sphères de Kumari. Et pour cela, être de sang royal nilgiri.

    Justement.

    Dans un tourbillon de mousseline argentée, Miranda s’assit sur son trône. Ses yeux réduits à deux fentes grises, elle laissa une idée se développer dans son esprit, tel un cristal croissant par germination.

    Cette fois, elle n’aurait ni esclave effrayé à sa disposition ni œil de Tolmuk pour le surveiller. Il fallait accepter de s’en remettre à l’ingéniosité de son pion.

    Un pion qui ignorerait même son rôle. Qui ne serait pas mû par la peur de Miranda et des sévices qu'elle risquait de lui infliger, à lui ou à ceux qu'il aimait.

    Elle était persuadée d’avoir enfin trouvé un moyen de pression véritablement efficace : un sujet fidèle peut accomplir de grandes choses par amour pour son souverain.

    I - LA VILLE CACHÉE

    img4.png

    Je reste avec vous… pour le moment ! (Owen)

    1

    Quoi ?

    Une bourrasque déséquilibra Maël, le faisant vaciller. Owen ne bougea pas : il était abrité par les grandes ailes rouge et or de Méliose le Fabula, cet oiseau mythique qui règne sur les Montagnes Bleues et la frontière septentrionale de Nilgir. Line et Léonie se tenaient à côté du mousse, toujours dans les bras l’une de l’autre. Elles semblaient figées par la surprise.

    Maël les dévisagea tous les trois, s’attardant sur Line qui était cramoisie. Le vent rabattait ses cheveux bruns sur ses yeux baissés et elle ne prit pas la peine de les repousser.

    Incroyable, songea-t-il. C’était devant mon nez depuis le début. Une gigantesque mascarade. Et je n’ai rien vu. Quel nigaud !

    Il recula d’un pas. Line ne bougeait toujours pas, vivante expression de la honte et du regret.

    Deux ans ! Il avait passé deux ans comme mousse à bord du Vogue-Espérance. Elle lui en avait fait baver, cette petite peste, cette soi-disant fille du capitaine. Pourtant il en était venu à…

    Non… « aimer » était trop fort, bien sûr. Mais il avait appris à l’apprécier, au terme de ce voyage vers Nilgir. Et maintenant, il découvrait qu’elle lui mentait depuis le premier jour. Il se serait giflé d’avoir été si crédule.

    Si Line n’était pas l’enfant de Brieuc, mais bien la princesse de Nilgir, qui était Léonie ? Et que venait faire Owen dans tout ça ? Car il avait joué un rôle dans leur aventure, Maël en était désormais persuadé.

    La pluie commença à tomber en un déluge cinglant dans l’obscurité naissante.

    — Nous devrions nous abriter.

    C’était Léonie qui avait parlé d’un ton plein de compassion. Maël comprit que cette compassion s’adressait à lui. Il lui faisait pitié en plus ?

    Line n’avait toujours rien dit, elle ne le regardait même pas.

    Le mousse eut l’impression que plus rien n’avait d’importance. Il sentit l’incongruité de sa présence ici. N’avait-il pas tenu la parole donnée au père de Line ?

    Non. Pas le père de Line. Le capitaine du Vogue-Espérance.

    Brieuc lui avait fait promettre de les amener à Nilgir. En réalité, il voulait que la jeune fille parvienne chez elle. Mission accomplie. Maël pouvait disposer.

    — Je suppose que je vous fais mes adieux ici, s’écria-t-il sèchement.

    Le visage de Léonie se peignit d’une expression étonnée.

    — Comment ?

    — Mon capitaine m’a fait jurer de vous accompagner jusqu’à Nilgir. Si ce que tu dis est vrai, je peux vous laisser.

    Il se retourna d’un bloc et avança de quelques pas rapides.

    Tout, songea-t-il, je ferais tout pour ne plus voir cette menteuse, cette… princesse cachée.

    Une nouvelle bourrasque le prit à revers et il glissa sur la pierre trempée. Ses muscles fatigués se tendirent d’un coup, protestant à grand renfort de courbatures. Au-dessous de lui, le vide se rapprochait, ce vide auquel ils venaient d’échapper tous les quatre.

    Il allait bêtement tomber à cause de sa sempiternelle maladresse.

    Une main le rattrapa par le col de sa chemise. Puis d’autres mains l’enlacèrent. On l’attira en arrière. Il trébucha et s’écroula sur ses compagnons dans un méli-mélo de bras et de jambes.

    Maël se releva à demi pour ne pas écraser Line. Leurs regards se croisèrent un instant et il eut le souffle coupé par la souffrance qu’il lisait dans ses yeux. Il n’avait plus qu’une envie maintenant : la prendre dans ses bras pour la consoler.

    C’était elle qui l’avait rattrapé, puis Owen et Léonie étaient arrivés à temps pour lui prêter main-forte. Tous quatre se relevèrent et Owen tenta une plaisanterie pour détendre l’atmosphère :

    — Assez de chutes dans le vide pour aujourd’hui !

    Personne ne rit. Par contre, le Fabula qui se tenait toujours à quelques pas derrière eux poussa un petit cri approbateur.

    Line éclata en sanglots. Maël se trouva encore plus bête en voyant les larmes inonder ses joues.

    — OK, arrête de pleurer ! s’écria-t-il, retrouvant sa brusquerie coutumière.

    — Alors, viens avec nous !

    Les mots étaient hachés, à peine audibles.

    Il se sentit ridiculement heureux de l’entendre réclamer ainsi sa présence. Il haussa les épaules pour donner le change et affecta un ton indifférent.

    — Je suppose que je ne peux pas faire autrement, de toute façon. Je vous accompagnerai jusqu’au premier port. Ensuite je trouverai un bateau sur lequel embarquer. Même si je ne suis qu’un mousse.

    Pourquoi cacher sa joie à l’idée qu’elle voulait le voir près d’elle ? Et pourquoi lui rappeler cette pique qu’elle lui avait si souvent lancée ?

    Peu importait, il réfléchirait à tout cela plus tard, quand les émotions de la journée seraient apaisées.

    La jeune fille parut satisfaite de sa réponse et hocha la tête en reniflant bruyamment. Il lui tendit un mouchoir froissé, mais presque propre.

    Léonie se dirigea vers l’endroit où Maël et Line avaient abandonné leurs équipements icares, ces ailes mécaniques qui les avaient menés jusque-là.

    — Récupérons nos affaires et trouvons-nous un abri, dit-elle fermement.

    — Méliose, peux-tu revenir demain matin ? demanda Owen.

    Le Fabula poussa un petit cri et prit son envol, apparemment insensible aux bourrasques qui continuaient à décoiffer les rares arbres parsemant ces sommets.

    Léonie n’avait plus d’ailes à transporter, elle aida donc Line avec ses bagages. Les deux garçons, pareillement chargés, les suivirent le long de la crête rocheuse où ils avaient atterri.

    En redescendant vers le couvert de la forêt, Owen aperçut une sorte de terrier, juste assez grand pour s’y faufiler. Il partit en exploration et revint après quelques minutes.

    — Venez, il y a une grotte où on peut tous tenir assis. On restera au sec, comme ça !

    Les jeunes filles s’engagèrent à sa suite, chacune avec un paquet de provisions sous le bras. Maël remarqua que Léonie, malgré son sang-froid apparent, tremblait légèrement. Après une chute de plusieurs centaines de mètres et un sauvetage miraculeux, elle devait être à bout de nerfs. Line, quant à elle, essuyait ses dernières larmes.

    Il ferma la marche, poussant devant lui un ballot de couvertures. Les quatre voyageurs avaient dû laisser les ailes dehors, à l’abri d’un rocher, car elles ne pouvaient passer dans un tunnel aussi étroit.

    Leur refuge ne valait pas les appartements souterrains des nains de l’île Double. Ils parvinrent néanmoins à s’y blottir à peu près confortablement. Le conduit se prolongeait à l’extrémité de la grotte et débouchait probablement à un autre point de la montagne, car un léger courant d’air froid se ressentait à l’entrée.

    Owen ressortit pour ramasser quelques branchages, puis alluma un petit feu pendant que ses trois compagnons se répartissaient les couvertures. Bientôt, des flammes éclairèrent leur visage, sans avoir suffisamment de force pour les réchauffer.

    Line prit une grande inspiration.

    — Maël, je te demande pardon. Je n’aurais pas dû te mentir. Je le regrette.

    Le mousse sentit sa colère s’apaiser. Pourtant, il était blessé de ce manque de confiance. N’avait-il pas prouvé maintes fois qu’il était prêt à tout pour les aider, Léonie et elle ?

    Line sembla deviner ce qui se passait en lui.

    — Je n’ai pas d’excuses. Seulement… Il est si difficile de savoir qui est ennemi de Nilgir et qui est son allié. Le seul moyen que l’on connaisse pour distinguer un Gemmois d’un non-Gemmois, c’est de voir s’il développe une Puissance.

    — Pas très fiable comme méthode, murmura Owen.

    Maël lui jeta un coup d’œil. La faible lumière projetée par les flammes dansantes montrait peu de son visage, mais son expression s’était adoucie, comme si la peur se trouvait derrière lui. Sa frange de cheveux noirs était plaquée contre son front, masquant son tatouage.

    — Que veux-tu dire ? demanda le mousse.

    — Qu’il est Gemmois, bien sûr, s’écria Line. Et pourtant il a été le premier à manifester sa Puissance à notre arrivée à Nilgir.

    Elle donnait trop d’informations à la fois. Maël leva la main comme pour endiguer ce flot et ranger les idées qu’on lui lançait à la figure.

    — Attends… Owen a donc bien tenté de tuer Léonie ? Qui n’est pas la princesse ? Et il a été sauvé par un Fabula, l’un de ces oiseaux mythiques dont vous m’avez dit qu’ils sont alliés de Nilgir ? Je suis perdu !

    — Peut-être devrions-nous reprendre depuis le début, intervint Léonie.

    Il se tourna vers elle avec soulagement. Avec son esprit clair, elle allait sûrement réussir à démêler l’écheveau d’informations et lui permettre de comprendre tout ce qui s’était passé ce soir.

    Elle lui expliqua qu’elle venait du Periyar, le pays des Dunes au nord des Montagnes Bleues.

    Une tradition très ancienne voulait qu’à chaque nouvelle génération, un Periyar de sa tribu vienne s’installer à la Cour nilgirie avec pour mission de protéger l’héritier du royaume. Léonie avait été choisie quand elle avait deux ou trois ans, car elle était à peu près du même âge que Line.

    — Tu ne ressembles pas trop à une garde du corps, s’étonna Maël.

    C’était peu de le dire : avec ses manières raffinées et sa silhouette gracieuse, la jeune fille rousse n’était en aucune façon taillée pour le combat.

    Elle

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