Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

La Cité d’argent: Saga d'aventures jeunesse
La Cité d’argent: Saga d'aventures jeunesse
La Cité d’argent: Saga d'aventures jeunesse
Livre électronique282 pages3 heures

La Cité d’argent: Saga d'aventures jeunesse

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Plongée dans les profondeurs marines avec cette nouvelle aventure au royaume de Nilgir !

La princesse de Nilgir et son père sont sains et saufs grâce à l’expédition de Line, Léonie, Maël et Owen aux frontières du royaume.
On ne peut en dire autant d’Ellora, la sœur d’Owen, toujours retenue par la magie de Miranda dans une mystérieuse prison sous-marine.
Alors qu’une guerre s’annonce contre le Pays de Gemme et que la révolte gronde dans le cœur de ses sujets, la princesse décide d’aider son ami à délivrer la jeune esclave.
Reste à trouver où se cache cette cité engloutie…

Après L'Œil de Tolmuk et Les Sphères de Kumari, découvrez sans attendre le troisième volet de la saga fantasy d'Anaïs La Porte !

EXTRAIT

De l’air ! De l’air !
Une violente quinte de toux agita le roi de Nilgir et le tira d’un sommeil de souffrance.
Quand elle cessa, il inspira de toutes ses forces. Mais l’air ne parvenait pas jusqu’à ses poumons. Son ventre se gonfla, alors que la sensation d’étouffement empirait de seconde en seconde.
Que m’arrive-t-il ? Vais-je mourir ?
Une seconde quinte déchirante le prit et il ouvrit les yeux. Dans la pénombre de sa chambre, un nuage irisé se dissipait. La poussière sortait de sa bouche.
Le bruissement d’un vêtement lui parvint. Quelqu’un se tenait à son chevet et tentait de lui venir en aide.
Dans une dernière crise terriblement douloureuse, il sut que sa fin était proche. Miranda avait gagné.
— Line, souffla-t-il. Amenez-la-moi…
Il sombra dans le vide terrifiant qui précède la mort.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Anaïs La Porte, née en 1984, a grandi sur l’île de la Réunion et l’océan de son enfance emplit toujours son imaginaire. Ingénieur de Centrale Nantes, elle travaille actuellement pour un établissement public et l’eau est son quotidien.
Très tôt, elle tombe amoureuse des livres et de la littérature sous toutes ses formes. Elle reçoit plusieurs récompenses pour ses nouvelles.
Encore lycéenne, elle trace les grandes lignes d’une saga, Les Puissances de Nilgir, en se fondant sur cette certitude : nous avons tous en nous une Puissance, un don qui nous rend uniques et qui, cultivé, nous permet de nous épanouir réellement.
LangueFrançais
Date de sortie7 juil. 2017
ISBN9791094140314
La Cité d’argent: Saga d'aventures jeunesse

Auteurs associés

Lié à La Cité d’argent

Titres dans cette série (4)

Voir plus

Livres électroniques liés

Fantasy et magie pour enfants pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur La Cité d’argent

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    La Cité d’argent - Anaïs La Porte

    cover.jpg

    Anaïs La Porte

    LA CITÉ D’ARGENT

    LES PUISSANCES DE NILGIR

    TOME III

    Illustrations Ophélie La Porte

    img1.jpg

    À Antoine,

    mon amoureux à moi.

    img2.jpg

    Les tomes précédents

    L’ŒIL DE TOLMUK

    Maël, le mousse du Vogue-Espérance, promet au capitaine de mener sa fille Line, ainsi que Léonie et Owen, jusqu’à Nilgir. La plupart des gens rêvent de se rendre dans ce pays où chacun peut développer un pouvoir magique, appelé Puissance.

    Le jeune homme ignore alors que ses compagnons de route ne sont pas ce qu’ils prétendent être.

    Owen est l’esclave de Miranda, ennemie jurée de Nilgir. Envoyé pour tuer la princesse de ce royaume, le garçon est contrôlé par sa souveraine au moyen de l’œil de Tolmuk, un troisième œil magique gravé sur son front. La vie de sa sœur est en jeu, comment refuser d’obéir ? Son amitié naissante pour ses compagnons de route le fait douter de plus en plus.

    Léonie, qui s’est présentée comme la princesse de Nilgir, semble pourtant très imprégnée par la culture du Periyar. Elle réchappe de justesse à de nombreuses tentatives d’assassinat.

    Line, ses soupçons éveillés, essaie de séparer Owen de leur groupe, contre l’avis de Maël.

    Arrivé aux portes de Nilgir, Owen décide de tourner le dos à Miranda et de laisser la vie sauve à Léonie. La vérité éclate alors : la princesse de Nilgir, c’est Line.

    LES SPHÈRES DE KUMARI

    Les quatre amis sont arrivés à Nilgir, mais leurs épreuves sont loin d’être terminées.

    Owen et Léonie découvrent leurs Puissances : lui peut converser avec les Fabulæ, oiseaux mythiques, elle communique avec les arbres qui scintillent à son contact. Line, en tant que princesse héritière de Nilgir, peut comprendre toute créature vivante sur le sol de son royaume. Elle possède également une seconde Puissance « dormante », celle de fixer les Puissances de ses sujets. Cette Puissance ne sera active que  lorsqu’ elle montera sur le trône.

    En revanche, la Puissance de Maël tarde à se déclarer : ferait-il partie des Non-Puissants, ces personnes qui ne sont pas touchées par la magie de Nilgir ? De mémoire de Nilgiri, les seuls Non-Puissants connus viennent du Pays de Gemme, où règne Miranda l’ennemie jurée du roi.

    La joie des retrouvailles longtemps attendues de Line et son père est ternie par la grave maladie du roi Nader et par les soupçons qui pèsent sur Maël. Quand le garçon est arrêté pour trahison, Line, Léonie et Owen décident de l’aider à s’enfuir. Grâce à la duchesse d’Aube, la grand-mère de Line, ils quittent la capitale avec Maël et un autre prisonnier, Gwaien.

    Cet ancien conseiller de Nader espionnait Miranda. Il sait comment cette dernière est parvenue à empoisonner le roi à distance et connaît un remède : il faut désactiver une protection magique, une sorte de clé nommée « Sphères de Kumari ». Gwaien, ayant pris lui aussi du poison, a perdu sa Puissance ce qui l’a rendu fou. Sans la magie de Nilgir, il a été arrêté comme Maël et n’a pu donner toutes ces informations au roi.

    Line déclare soudain les premiers symptômes de la maladie de son père. Très inquiets, les quatre amis décident de se mettre en quête des Sphères de Kumari.

    Pour la première fois depuis leur arrivée à Nilgir, ils dorment à la belle étoile. C’est alors que Maël découvre sa Puissance : il peut entendre les étoiles chanter les grands récits du passé. L’un d’entre eux concerne les Sphères de Kumari ainsi que leur cachette : elles sont à la frontière entre Nilgir et le pays de Gemme.

    Gwaien disparaît au petit matin. Aidés de Méliose et Citane, deux Fabulæ, les jeunes voyageurs se rendent aux portes de Nilgir et trouvent les Sphères. Miranda ouvre à nouveau l’œil de Tolmuk d’Owen. Elle agresse Maël et jubile tandis que Line s’effondre, affaiblie par le poison. Grâce à Léonie, Owen retrouve le contrôle de son corps et inverse l’effet de l’œil de Tolmuk.

    Furieuse, Miranda lui montre une armée gemmoise en route pour Nilgir, puis sa sœur Ellora, emprisonnée sous les mers. Elle referme ensuite l’œil magique.

    Line reprend ses esprits et manipule les Sphères suffisamment pour dissiper le poison qui la tuait à petit feu, elle et son père. Alors qu’elle récupère ses forces, elle annonce à ses amis qu’elle souhaite désormais aider Owen à délivrer Ellora.

    Prologue

    De l’air ! De l’air !

    Une violente quinte de toux agita le roi de Nilgir et le tira d’un sommeil de souffrance.

    Quand elle cessa, il inspira de toutes ses forces. Mais l’air ne parvenait pas jusqu’à ses poumons. Son ventre se gonfla, alors que la sensation d’étouffement empirait de seconde en seconde.

    Que m’arrive-t-il ? Vais-je mourir ?

    Une seconde quinte déchirante le prit et il ouvrit les yeux. Dans la pénombre de sa chambre, un nuage irisé se dissipait. La poussière sortait de sa bouche.

    Le bruissement d’un vêtement lui parvint. Quelqu’un se tenait à son chevet et tentait de lui venir en aide.

    Dans une dernière crise terriblement douloureuse, il sut que sa fin était proche. Miranda avait gagné.

    — Line, souffla-t-il. Amenez-la-moi…

    Il sombra dans le vide terrifiant qui précède la mort.

    Une rumeur traversa le mur brumeux de son inconscience. Qui se trouvait là, avec lui ?

    — Line ?

    Il ouvrit les yeux avec difficulté. Plusieurs silhouettes se pressaient autour de lui, mais aucune n’appartenait à sa fille. De dépit, il voulut se détourner, mais ce simple geste lui coûtait trop.

    — Votre Majesté ?

    À contrecœur, il tourna la tête vers l’homme qui avait parlé.

    Cheveux roux tressés en entrelacs autour d’un visage tatoué. Novak.

    — Sire ? insista son protecteur periyar. Comment vous sentez-vous ?

    Nader prit une inspiration qui éclaircit ses idées, chassa l’ombre de la maladie.

    Il revivait.

    — Je crois… que je vais beaucoup mieux, murmura-t-il. Que m’a donné le médecin ? Où est-il passé d’ailleurs ?

    — Je suis là, votre Majesté. Mais… je ne vous ai rien prescrit. Rien de nouveau, en tout cas.

    Nader inspira encore. Alors qu’il savourait la sensation de l’air dans ses poumons, la signification de la réponse le frappa.

    — Alors comment se fait-il… ?

    — Par les Puissances ! Vos ongles ! Sire, ajouta le médecin avec un temps de retard.

    Étonné, le roi leva une main devant ses yeux. Ce mouvement l’épuisa, mais il ne le regretta pas : ses ongles avaient retrouvé une couleur rosée.

    Envolé, le blanc crayeux de la maladie. Que s’était-il passé ?

    Comme si cette vue lui avait rendu des forces, il s’assit. Il se sentait léger, nettoyé, purifié.

    Suis-je bien guéri ? J’ai besoin d’en être sûr.

    D’un ton de commandement qu’il avait trop peu utilisé ces derniers temps, il s’écria :

    — Qu’on m’amène un des chiens du palais !

    Il croisa le regard interloqué de Novak. Celui-ci secoua la tête.

    — Sire, vous avez interdit la présence d’animaux à Nouvel-Écrin.

    Le roi retint une exclamation d’impatience.

    J’avais oublié…

    À cause de sa maladie, il s’était tenu à l’écart de ses sujets non humains : ne plus les comprendre lui était devenu insupportable. Pour cacher son embarras, il parcourut sa chambre d’un regard ennuyé.

    Rien n’avait changé depuis leur déménagement sous terre. Les murs de nacre étaient recouverts d’épaisses tapisseries blanches et bleues aux armes de Nilgir : le dauphin et le Fabula. Ces tentures le protégeaient de la lumière artificielle de Nouvel-Écrin, trop crue pour ses yeux épuisés.

    Près du lit à baldaquin, la table de travail, depuis si longtemps désertée. De l’autre côté du lit, un paravent de soie brodée masquait l’alcôve où on l’habillait chaque matin, de plus en plus difficilement à mesure que la maladie volait ses forces.

    Tout dans cette pièce rappelait au roi son état et le mettait mal à l’aise. Il avait hâte de pouvoir s’asseoir à son bureau.

    Ses doigts se serrèrent autour d’une plume imaginaire, prêts à signer n’importe quel décret qui passerait par là.

    Nader s’abandonna contre les oreillers duveteux et regarda Novak.

    — Il n’y a donc aucun animal dans Nouvel-Écrin ? Alors je me rendrai à la surface.

    Déjà, le médecin secouait la tête d’un air réprobateur et s’apprêtait à parler quand un page le prit de vitesse.

    — Votre Majesté…

    Le roi se tourna vers l’enfant blond.

    Arthur. Il a pour Puissance l’ubiquité.

    La vivacité de sa mémoire étonna Nader. Il venait de passer de longs mois dans une brume de souvenirs confus, mais tout était redevenu clair en quelques instants.

    — Qu’y a-t-il ?

    — Dame Réhanne… Elle a gardé des chats dans son appartement.

    Nader sentit des regards horrifiés se fixer sur lui. Son médecin, ses soignants, tous paraissaient attendre une explosion de colère.

    Seul Novak demeura imperturbable : il se contenta de hocher la tête pour confirmer que le page ne mentait pas. Il s’en était assuré grâce à sa Puissance télépathe.

    Songeur, le père de Line se renfonça dans ses oreillers. La veille, il aurait laissé sa rage éclater en apprenant que sa belle-mère avait désobéi à ses ordres. Mais alors, chacune de ses pensées était tournée vers la douleur qui le broyait.

    Désormais, il contrôlait ses émotions. Il allait leur montrer comment un roi se comportait : calme en toutes circonstances.

    — Qu’on me les amène, dit-il d’un ton égal.

    L’expression de soulagement sur le visage du médecin lui déplut. Elle fut compensée par la profondeur de la révérence du page, jusqu’à terre.

    Arthur se releva et plissa les yeux. Il envoyait son double éthéré dans la Tour d’huître, à la recherche d’une vieille dame et d’un chat.

    Nader détourna la tête. Même le roi devait respecter l’intimité de ses sujets quand ils usaient de leur Puissance.

    Il se souvint avoir réclamé sa fille pendant la dernière crise. Il regarda Novak.

    — Pourquoi Line n’est-elle pas ici, auprès de moi ?

    Encore une fois, il ressentit cette impression que tout le monde se recroquevillait, en prévision d’une explosion de colère. Tout le monde sauf Novak. La réputation de sang-froid des Periyares n’était pas usurpée.

    — Votre Majesté, la princesse ne se trouve plus à Nouvel-Écrin.

    Nader resta muet une longue minute. Que voulait dire Novak ? Avait-il bien entendu ?

    Il finit par retrouver la parole.

    — Comment ? Depuis quand ?

    Le protecteur soupira et le roi s’énerva.

    — Répondez !

    Ils n’auront pas mis longtemps à épuiser mes réserves de patience, songea-t-il. Qu’a donc encore inventé ma polissonne de fille ?

    Novak expliqua d’un ton posé.

    — Deux gardes du préfet étaient chargés hier de l’expulsion de deux Non-Puissants. Alors qu’ils s’apprêtaient à exécuter l’ordre, la princesse a surgi sur le chemin de ronde. Le dernier prisonnier a sauté à l’eau… et Son Altesse l’a suivi. La protectrice et l’autre invité l’ont imitée.

    Un froid intense remplaça la satisfaction de la guérison. Nader ferma les yeux et se concentra sur son souffle.

    — Votre Majesté, continua Novak, le préfet Drian a mis les deux gardes aux arrêts. Il est en train d’organiser les recherches en surface.

    Nader crispa les doigts sur ses draps humides de sueur maladive.

    Comment Drian a-t-il permis une chose pareille ? Il aurait dû veiller sur Line plus que sur moi-même.

    Le roi lâcha le couvre-lit et rouvrit les yeux, encore bouillant de colère. Il contint son humeur de son mieux.

    — Pourquoi ne m’a-t-on pas prévenu plus tôt ? articula-t-il.

    — Votre crise vous a laissé inconscient toute la soirée et toute la nuit, Sire.

    Pourquoi Line avait-elle quitté la ville ? Qu’est-ce qui avait pu la pousser à se jeter ainsi à l’eau, alors que cette rivière souterraine menait tout droit à la passe aux Perles ?

    Nader ne craignait pas pour la vie de sa fille : elle possédait la Première Puissance, elle saurait communiquer avec les monstres marins qu’il avait placés là lui-même, quelques mois auparavant.

    Avait-elle décidé de suivre le garçon Non-Puissant ? D’une secousse de la tête, le roi chassa cette idée grotesque. Line n’avait pas encore l’âge de s’amouracher du premier venu. Elle n’était qu’une enfant un peu trop têtue.

    — Que le préfet la retrouve. Je me moque des moyens qu’il jugera nécessaires : gardes de Nouvel-Écrin ou troupes en surface. La protection de la princesse, y compris contre elle-même, fait partie de ses attributions. Vous pourrez le lui rappeler. Qu’il la ramène saine et sauve à Nouvel-Écrin.

    Novak acquiesça, mais Nader vit à son regard vague qu’il réfléchissait.

    — Quoi d’autre ?

    Il connaissait son protecteur. Grâce à sa Puissance télépathe et à sa nature observatrice, il avait dû relever quelques indices au cours de la journée que sa fille avait passée au palais. Il retrouverait sa trace, le roi n’en doutait pas.

    — Votre Majesté, je pense que le préfet aura besoin d’aide. L’un des compagnons de la princesse a des affinités avec les Fabulæ, comme vous le savez.

    Nader acquiesça en tentant d’ignorer un pincement au cœur.

    À cause de la maladie, il avait rompu ses rares liens avec ces immenses oiseaux, alliés de sa famille depuis des générations. Ils s’étaient regroupés dans leurs Montagnes bleues.

    Apprendre que le jeune garçon, l’ami de sa fille, pouvait communiquer avec eux avait réveillé l’amertume du roi.

    Mais c’est terminé. Je suis sûr que je peux de nouveau les comprendre.

    — Je pense, continuait Novak, que Son Altesse va faire appel à eux pour se déplacer. Elle possède la Première Puissance, ils seront prêts à l’aider. Ils lui permettront de couvrir une distance bien plus grande qu’à pied, tant qu’elle restera à l’intérieur de nos frontières. Nous devrions lancer des recherches dans les quatre autres cités. Et commencer par Aube.

    — Aube ? La ville la plus éloignée de Nouvel-Écrin ?

    — Oui, Sire. Le duché de la grand-mère de la princesse, où sa mère est née. Où elle-même s’est rendue, toute petite.

    — Vous croyez que la duchesse est au courant de cette fuite ?

    Novak haussa les épaules.

    — Je le saurai bien vite, votre Majesté.

    Nader contempla de nouveau ses ongles à la couleur rosée. Il fronça les sourcils. Plus il pensait au départ de Line, moins il le comprenait.

    — Mais pourquoi est-elle partie ?

    Sa voix tremblait plus qu’il ne l’aurait voulu. Un roi ne doit pas faire preuve de faiblesse ou de doute. Mais lui nageait en plein brouillard.

    Novak parla tout bas.

    — Je crains que votre fille ne soit pas prête à assumer ses responsabilités d’héritière du trône de Nilgir. Souvenez-vous de votre discussion avec elle, hier…

    On frappa un coup discret à la porte. Nader inclina la tête et le page ouvrit.

    La haute silhouette de la duchesse d’Aube s’encadra dans l’embrasure. Elle portait un chat blanc aux prunelles turquoise.

    Près d’elle se tenait le double éthéré d’Arthur. Sans prêter attention aux personnes autour de lui, il marcha d’un pas fluide jusqu’à l’autre Arthur, celui de chair et d’os. Dans un bref éclair, les deux versions du page se fondirent en une seule.

    — Votre Grâce, dit Novak à la duchesse d’Aube, approchez, je vous prie.

    La vieille dame avança dans un murmure de soie violette. Nader lui lança un coup d’œil hésitant. Leurs relations étaient très mauvaises depuis qu’ils étaient venus s’installer sous terre.

    Mais Réhanne affichait son expression habituelle, sereine et déterminée.

    Comme elle ressemble à sa fille et à sa petite-fille en cet instant, songea Nader avec un pincement au cœur.

    Elle déposa le félin sur le couvre-lit. Le roi avança une main hésitante vers la fourrure soyeuse de l’animal.

    Un miaulement.

    Une étincelle au plus profond de son être.

    Je la comprends. Elle se nomme Esgarade.

    Nader la prit dans ses bras avec bonheur. Il commença à lui parler. Son émerveillement devant les réponses, formulées en langage de chat, ne tarissait pas. La finesse de l’esprit d’Esgarade dépassait de beaucoup celle de ses courtisans.

    À chaque miaulement, il éprouvait cette impression fabuleuse, que chacun expérimente grâce à sa Puissance. C’était comme si un pan de son âme s’était rouvert, comme si un de ses sens était réapparu.

    Il croisa le regard de Novak. Le protecteur n’usait de magie avec lui que sur son autorisation.

    Nader hocha la tête. Les yeux verts de Novak se rétrécirent alors qu’il écoutait ses ordres.

    Retrouvez ma fille. Mettez tous les moyens en œuvre pour cela : gardes des préfectures, Communicateurs. Et toutes les ressources du Collège des Puissances.

    PARTIE I

    LE MANOIR D’AUBE

    img3.jpg

     « Si nous retournons à Nouvel-Écrin, jamais on ne nous laissera partir ! » (Line)

    1

    Dans un soubresaut, la nacelle dorée s’éleva dans le ciel. La princesse de Nilgir gémit et ferma les yeux.

    Loin de s’atténuer, les secousses augmentèrent, tandis que Méliose et Citane se hissaient de plus en plus haut.

    Ils gagnèrent bientôt un courant d’air frais.

    — Cap au sud ! s’écria le Fabula.

    La Première Puissance s’éveilla dans l’esprit de Line, traçant ses délicates arabesques.

    Elle rouvrit les yeux et regarda autour d’elle. Allongée dans le fond de la nacelle, la tête sur les genoux de Léonie, elle ne voyait pas grand-chose du paysage environnant.

    Owen se tenait à la patte dorée de Méliose et lui parlait à voix basse.

    Léonie fixait Line avec un mélange d’inquiétude et de tendresse. Son visage surprit la princesse. Miranda n’y était pas allée de main morte quand elle l’avait attaquée : la joue droite griffée, la lèvre inférieure fendue et gonflée, un hématome sous l’œil gauche. Et chaque mouvement de la protectrice trahissait les bleus dont elle devait être couverte.

    Maël, agenouillé près des deux jeunes filles, frictionnait les bras de Line pour la réchauffer.

    Lui aussi avait été frappé par Miranda : un coup sur le crâne lui avait laissé une bosse qui déformait encore son front.

    Line grimaça lorsque son ami toucha l’égratignure au-dessus de son coude. Elle était si percluse de douleurs qu’elle en avait oublié cette éraflure, récoltée au cours de leur équipée dans la rivière souterraine.

    Un mélange d’odeurs peu ragoûtantes parvenait à ses narines : l’iode de la mer, les minéraux de la plaine de la Lune et même un léger parfum de vomi – Owen avait vu l’estomac d’un monstre marin de trop près.

    En toute honnêteté, tous les quatre avaient besoin d’un bon bain et de vêtements propres, après leurs aventures.

    Personne, en les rencontrant, n’aurait imaginé qu’ils avaient dormi l’avant-veille dans le palais du roi de Nilgir.

    Maël interrompit ses frictions et pesta contre l’absence de couvertures.

    Line posa une main timide sur son bras et sourit :

    — On est tous sains et saufs, c’est le plus important, non ?

    Ses ongles ressortaient sur la peau hâlée du jeune homme et elle les contempla un instant.

    Guérie. Je suis guérie.

    — Comment te sens-tu ? demanda Léonie qui ne l’avait pas quittée des yeux.

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1