Vogue Paris

Au-delà de la BEAUTÉ

Durant deux jours, en mai dernier, c’est dans un studio photo du West Side de Manhattan que se sont retrouvées Cindy, Christy, Linda et Naomi (les noms de famille sont-ils vraiment nécessaires ?) pour faire, avec l’humour et la précision chirurgicale qu’on leur connaît, ce qu’elles font le mieux : être des supermodels. Elles ne font la moue devant rien, ni les épaulettes massives, ni les mini-costumes pastel, ni les cravates fines ou les escarpins pointus – une garde-robe pourtant très éloignée des jeans et cachemires douillets dans lesquels elles sont arrivées – et s’amusent de l’air de déjà-vu des portants chargés des looks les plus importants de la saison, qui ne sont pas sans rappeler les créations qu’elles portaient il y a plus de 30 ans. Elles étaient alors des jeunes filles, et les vêtements n’avaient pas vraiment de sens pour elles ; elles ont aujourd’hui la cinquantaine et (à l’exception d’une robe Schiaparelli en jersey dont Christy est tombée amoureuse) rien n’a changé. Même la tenue la plus cool et décontractée – un jean et un débardeur de Matthieu Blazy pour Bottega Veneta – est en cuir. Elles sont les “Supers”, elles peuvent s’approprier n’importe quel look, tout en fredonnant la bande-son du shoot, des vieux tubes de Madonna ou Cindy Lauper, en captant la lumière de manière à créer des formes qui subliment leurs corps, et en s’autorisant subtilement à offrir quelques conseils à l’étoile montante de la photo Rafael Pavarotti sur la meilleure manière de capturer le mouvement des vêtements. Entre les prises, elles vérifient les moniteurs ; en bonnes “bossy ladies” (l’expression est de Cindy), elles proposent quelques ajustements. Naomi n’abandonne jamais ses talons, même lorsque ses collègues sont pieds nus. L’engagement est total. Pourtant comme il doit être étrange de se retrouver dans la version “retour vers le futur” de sa propre vie ! Et plus étrange encore d’avoir passé sa vie à s’efforcer d’être belle alors que l’on est déjà naturellement sublime. Lorsque Edward Enninful, qui les connaît depuis des décennies, évoque malicieusement un épisode de 30 Rock dans lequel le personnage de Tina Fey sort avec un homme (Jon Hamm) si beau qu’il vit sans le savoir dans une bulle de traitements spéciaux et de privilèges, c’est Cindy, qui sourit la première : elle voit très bien ce qu’il veut dire.

Une bulle ô combien grisante, dont l’explosion et le pouvoir de fascination qu’elle exerce encore sur le monde plus de trois décennies après font désormais l’objet d’un documentaire en quatre parties intitulé , qui sera disponible sur Apple TV+ le 20 septembre. Réalisée par Roger Ross Williams et Larissa Bills pour la société de production de Brian Grazer et Ron Howard, Imagine Entertainment, la série brosse un portrait à la fois ample et précis du petit monde de la mode entre la fin des années 1980 et le milieu des années 1990, quand la haute couture passait du statut de hobby de niche pour amateurs éclairés à celui de pilier du divertissement de masse,

Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.

Plus de Vogue Paris

Vogue Paris4 min de lecture
Bien-être À COLLER
Lorsque mon avion traverse une zone de fortes turbulences, j’agrippe instinctivement l’accoudoir d’une main. De l’autre, j’attrape mon oreille. Quelques jours plus tôt, un acupuncteur de la clinique WTHN de New York a déposé une constellation de minu
Vogue Paris3 min de lecture
l’icône: AMY WINEHOUSE
Amy Winehouse, chanteuse fulgurante entrée au panthéon des monstres sacrés, dont l’apogée musical va de pair avec sa vie en chute libre… Treize ans après sa disparition, l’artiste britannique continue de fasciner. Ses chansons mélancoliques et sa voi
Vogue Paris1 min de lecture
Court Magistral
Mannequin Kendall Jenner. Coiffure Tamás Tüzes. Mise en beauté Mary Phillips. Manucure Zola Ganzorigt. Tailleur Hasmik Kourinian. Set design Spencer Vrooman. Production Connect The Dots. ■

Associés